JAMIE-LYNN BLACKWOOD ► annasophia robb

La sirène des pompiers retentissait. Je me sentais proche de l’alarme et pourtant, je ne parvenais pas à me situer. Mes yeux étaient clos, des perles de sang dégoulinaient le long de ma tempe. Je ne ressentais aucune douleur et à ce moment précis, je ne suis pas certaine d’avoir conscience de l’état dans lequel je me trouvais. Moi, Jamie-Lynn Blackwood, fille d’un honnête manutentionnaire et d’une secrétaire orthophoniste. Moi qui ne me suis jamais attirée de problèmes volontairement, qui ait toujours cherchée à contourner les histoires grâce à l’éducation que j’ai reçue. Pourtant, j’étais bel et bien là, dans une ambulance qui roulait à près de 100 kilomètres à l’heure. Dans un état grave, prête à tomber dans un coma profond. Qu’est-ce qui a pu m’arriver ? La suite, c’est à l’hôpital que vous la découvrirez…

J’étais âgé de vingt et un ans seulement. J’avais obtenu mon permis de conduire quelques semaines plus tôt et totalement inconsciente, j’en avais oubliée ma jeune expérience : je roulais à vive allure Je n’avais pourtant pas bu, rien consommé d’illégal et je me retrouvais dans cette chambre d’hôpital, les yeux clos, dans le coma. Injuste vous ne trouvez pas ? Je n’avais pas eus un réflexe assez rapide pour éviter la voiture qui s’engageait dans la priorité à droite, elle avait foncée tout droit dans l’aile de la voiture que je conduisais. Le choc fut si brutal que je perdis immédiatement connaissance. La voiture ? Il n’en restait plus rien, d’ailleurs, les pompiers se demandent encore quelle miraculée je suis. Comment ais-je pus m’en sortir sans séquelles ? Ou du moins presque. C’était un accident terrible. Le conducteur de la voiture qui m’avait heurtée ne fut presque pas blessé. Il sortit rapidement de l’hôpital tandis que moi j’y passais plus de trois mois…

_ Jamie-Lynn ? Mon amour ? Ma mère me caressait la main du bout de ses doigts. Je l’entendais sangloter. On dit souvent que les personnes plongées dans un coma profond vous entendent mais sont incapables de vous répondre. Et bien, je peux affirmer que cela est vrai. Je n’avais qu’un désir, me relever et sécher ses larmes, faire taire ses sanglots : elle qui s’inquiétait tant pour moi. Je savais que cette personne tenait à moi. Je savais qu’il s’agissait de ma mère, sa voix, je la reconnaissais. Concernant mon père, c’était autre chose. Depuis mon coma, je ne parvenais pas à le situer. Qui étais-ce ? J’entendais ma mère employer des termes tels que « ta fille, elle a besoin de son père… » Mais je ne le reconnaissais pas à la voix et à mon réveil, il en serait de même de son apparence physique.

Chaque jour et chaque nuit, ma mère veillait sur moi. Les médecins lui avaient conseillée de me parler le plus souvent possible, que cela accélérerait mon rétablissement. Le docteur ne s’inquiétait pas trop. Il savait que je sortirais de mon coma, la question était de savoir quand ? Ma mère me soutenait le plus qu’elle le pouvait. Elle me massait, me caressait, me parlait avec des mots doux. Elle se confiait à moi et pleurait à mon chevet. J’étais impuissante et je ne me sentais pas capable de me reconnecter. Deux mois passèrent ainsi et ma chère mère tomba en dépression. Elle ne supportait plus cette situation, elle ne supportait plus de venir me tenir compagnie sans que je n’ouvre les yeux et ne puisse la prendre dans mes bras.

Un beau jour pourtant, j’ouvris doucement les yeux. Les médecins commençaient peu à peu à se montrer pessimistes et malgré tout, je sortis de mon coma. Quelle ne fut pas la surprise de la mère lorsqu’elle comprit que j’étais de nouveau consciente. Je passais plusieurs mois dans un centre de réadaptation. Il fallait que je réapprenne à marcher correctement. A me réadapter à la vie. Parce que mes séquelles n’étaient pas physiques. De ce côté-là, j’avais plus ou moins bien récupéré hormis quelques cicatrices plutôt délicates. Les chirurgiens s’étaient très bien occupés de moi.

Non, mes séquelles étaient plutôt d’ordre psychiatrique. Depuis mon accident, je me comporte comme une jeune fille de quatorze ans, en pleine crise d’adolescence. Je n’arrive plus à me comporter comme une adulte. J’étais mâture avant, aujourd’hui je ne suis plus qu’une gamine pré pubère et les psychiatres ont annoncés à mes parents qu’il allait me falloir réapprendre à grandir. Ils ont dit que je devais revivre des expériences qui me feront de nouveaux murir et évoluer. Je resterais cependant plus innocente que les autres mais peut être qu’un jour je me comporterais de nouveau comme une adulte ? ça il ne peuvent pas encore l’assurer. Ma mère s’inquiète beaucoup. J’habite de nouveau avec elle car elle doit me prendre sous son aile. Je fais des bêtises d’adolescente, je tape des crises d’hystérie, je fais des fugues, je sors en boite avec mes amies et fais la folle sans me soucier des conséquences…

Quel âge j’ai ? Vingt et un ans… .Mon rêve aujourd’hui ? Ne pas avoir la trouille des garçons. Je suis consciente que j’ai un problème parce que je ne peux pas vivre de relation amoureuse. J’ai peur des hommes, je me pose plein de questions. Je n’ai pas la maturité nécessaire pour vivre une relation amoureuse et pourtant, j’en ai l’âge et mon corps est prêt lui, à l’inverse de mon esprit. Avant mon accident, j’étais toujours vierge. Croyez-le, ce statut n’est pas prêt de changer et pourtant, j’avais un petit ami avant mon accident. Les choses allaient doucement entre nous mais depuis mon « retour » à la réalité, je refuse de le voir. Je ne peux pas croire qu’il ait pu déposer ses lèvres sur les miennes. Ça me dégoute… Il a beau affirmer que nous étions amoureux l’un de l’autre, moi je n’ai pas de souvenirs de tout ça et je ne peux pas le croire. Il va falloir qu’il me reconquérisse mais ça sera non sans difficulté puisque je m’énerve et refuse qu’il me touche…