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CAN YOU FIX THE BROKEN
ft. #rplibre

T'as eu un créneau pour enregistrer une maquette, parce que ton groupe est parti en éclats après la mort de Mav et ton départ précipité. T'as eu un créneau et pourtant, t'es pas la plus heureuse qui soit de te trouver dans ce studio avec ta guitare, ta basse, tes textes et tes partitions. On lit ta souffrance dans ton regard azur, ce regard que tu peines à adoucir en ce moment. T'essaies, pourtant, d'être la personne que t'as toujours été avec tes potes, mais quand le masque tombe, on voit toutes tes fêlures. Toutes tes cicatrices enfouies. Tous les regrets que t'as accumulés ces derniers jours, les messages que t'écris mais que t'envoies pas. Que t'enverras jamais, parce que tu te laisses pas le droit de le faire. Tu te laisses pas le droit d'entrer et sortir de sa vie à ta guise. T'as plus que ta musique pour te sauver la vie. Ta musique et tes regrets qui te donnent des coups dans la clavicule.

Tu poses tes partoches sur le pupitre. T'attrapes ta basse pour lancer la première salve mélodique, tu sais que l'arrangement se fera plus tard. Tu fais le job, t'as tout dans ta tête. Tu poses ton instrument, tu prends la guitare. Tu inspires, expire lentement. « You don't want me, no, you don't need me like I want you oh, like I need you.. » Elles sont dures tes paroles, pas vrai ? Elles te heurtent, te bousculent, te déchirent l'âme. « and I want you in my life.. and I need you in my life. » Tu continues malgré les larmes qui cherchent à s'échapper, t'es fière, t'es pudique. Pourtant, tes mots, ils sont là, ceux que tu sors pas de toi-même. Ils sont là, en train de s'enregistrer sur une console, sous un regard que tu ne vois pas, dans ton dos.
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ft. @Lana Killbane

Calliopé ne sait pas pourquoi ses pas la guident dans cette aile d'Harvard. Peut-être beaucoup de mélancolie et une insouciance passée presque enfantine. Un mois et demi qu'ils sont sortis de ce calvaire, tout du moins en apparence, mais les souvenirs de la brune coulent à flot, la tiraille de tous les côtés. Ce mois lui a fait revivre des douleurs passés, sa psy a dû la mettre devant le fait accompli : au fond, sa mère et Keith n'étaient pas si différent l'un de l'autre, leurs moyens étaient similaires, bien que la mère de Calli ait opté pour une prison psychologique.

Et cette musique parvient à ses oreilles, des notes emplies de tristesse, et cette voix, qui accompagne ça. Calliopé ne peut s'empêcher d'aller voir. Elle si attirée par la musique mais qui n'arrive à jouer aucune note depuis cet événement, comme si une barrière invisible s'était hissée entre elle et son clavier. Mais ces paroles ne laissent sur leur chemin que de la tristesse, Calli le sent. Et elle aperçoit ce visage, cette fille qui a partagé ce calvaire, qui l'a contacté un jour sur meets, Lana. Elle ne sait pas vraiment comment se manifester mais elle a été témoin d'un moment beaucoup trop intime pour partir en silence. Elle cherche silencieusement un paquet de mouchoirs dans son sac et le mode sur la console, prête à partir. Mais elle n'arrive pas à quitter cette pièce, son inconscient la force à rester alors même qu'elle sait que c'est indiscret. "Je... Lana..." balbutia-t-elle sans vraiment savoir quoi dire. Un comble pour elle...
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ft. @Calliopé L. S.-Warner

Tes mots ne sont que le reflet de ton âme. Tu le sais, t'es pas une fille heureuse, t'es plus une fille heureuse depuis trop longtemps. T'es l'obscurité, la douleur, t'es coincée dans un carcan dans lequel la vie t'as emmurée. Six années à voir un psy et t'as jamais vraiment réussi à te sortir de ta première cage, que Keith t'enfermait dans la seconde, faisant renaître des souvenirs non cicatrisés de ton passé. Il t'a poussée à tout plaquer, après vingt-six jours passés dans ta cage miteuse, à te dégoûter de tout ce que tu aimais. Ta musique, c'était ton exutoire et pendant un temps, elle a été ta plus sombre torture, jusqu'à cette nuit froide, perdue entre deux états, à la suite d'un cauchemar trop réel où elle est redevenue ton alliée.

Tu déploies tes émotions comme tu peux, tout dans la voix, rien sur le visage, du moins tu essaies, parce que c'est dur en ce moment de ne pas craquer. T'es plus aussi hermétique qu'avant, plus aussi froide que ce que tu étais. T'as découvert que les sentiments pouvaient t'atteindre, que tu pouvais en souffrir, comme t'avais pu t'en réjouir quelques semaines avant. Mais le temps n'a jamais été de ton côté, et les coups durs, eux, se sont glués à toi depuis que t'as dix-sept ans. C'est qu'une suite d'évènements qui s'enchevêtrent sur toi, t'apprennent à devenir plus forte alors que t'es au trente-sixième dessous. Tu chantes, tu termines ton premier set, tu souffles un coup quand tu entends une voix dans ton dos, une voix qui connait ton prénom, et tu te retournes, brusquement, découvrant Calliopé, avec qui tu as pu discuter après toute cette histoire, cette merde que vous avez vécu ensemble. Tu feins un sourire en posant ta guitare sur sur son socle, demandant quelques minutes à la personne derrière la console. « Hey.. Comment tu vas ? » Tu sais que ta question est stupide, pourtant tu la poses quand même, parce que tu sais pas quoi dire.
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ft. @Lana Killbane

Calliopé admire Lana, au fond, sans l'avouer à haute voix. Même si elle se doute que ce n'est pas évident pour la blonde non plus, elle arrive à rejouer, faire cette chose rassurante, qui démange Calliopé, sans qu'elle arrive à jouer une seule note sans trembler de tout son corps. Et elle ne sait toujours pas comment affronter ça, comment le surmonter, reprendre goût à cette musique qu'elle a longtemps détesté, la coupant de tout. Au fond, c'est un pan entier d'elle qui s'est écroulé, sur lequel elle s'est appuyé pour grandir, peut-être la seule chose par le biais de laquelle elle pouvait obtenir un peu de reconnaissance et d'attention de la part de sa mère. Pourtant, elle aussi aurait tant à dire, à exprimer, mais ce n'est devenue qu'une source d'angoisses incontrôlables, pire que tout ce qu'elle avait pu connaitre jusque là. Alors elle camouflait son malaise, ses difficultés par des rencontres avec ses amis et des rendez-vous avec cette fille qui lui plaisait temps, pour oublier la musique, pour ne pas penser qu'à ça. Mais était-ce vraiment la bonne solution ?

C'est sûr qu'avoir entendu la voix de Lana, percer le silence, ne l'a pas laissé insensible. Calliopé l'envie peut-être un peu, d'avoir un moyen d'exprimer ses sentiments, alors qu'elle les refoule, ne les dévoile pas à ses proches, parce qu'elle n'aime pas être étouffée. La musique, sa musique lui servait beaucoup à ça, transmettre ce qu'elle avait sur le cœur, même parfois sans mots. Juste pouvoir jouer avec le sentiment du moment, qui traverse le corps, le cœur et l'esprit. Mais elle sait qu'elle peut répondre sincèrement à Lana, même si elle se connaissent finalement si peu. Elles ont partagés un évènement tellement dur, qu'il est plus facile de se comprendre maintenant, bien que des douleurs plus anciennes puissent venir s'ajouter. Mais aucun n'en est sorti indemne. "Je sais pas vraiment... Des hauts, beaucoup de bas, et de la colère", souffla-t-elle. "Et toi ?" Cette colère n'était sûrement pas nouvelle, mais fleurissait depuis cet évènement qui leur était commun, comme une réponse à toute cette souffrance endurée.

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ft. @Calliopé L. S.-Warner

T'es plus que l'ombre de toi-même, et tu fais rien pour arranger ton état. Tu te complais dans ce que tu deviens, dans l'obscurité qui t'anime. Tu fais de ton mieux pour qu'elle te serve à quelque chose, qu'elle anime ton inspiration comme elle te consume de l'intérieur. T'es un animal blessé par ses propres choix, tu te tire des balles dans le pied et tu te plains silencieusement de tes erreurs. Tu les couches sur papier, avec des mots, des notes qui se dessinent au hasard de tes pensées, visualisant les accords, les ponts dans un coin de ta tête. T'es née pour ça, pour ta musique et tu te sentais pas prête à l'abandonner pleinement. Si ce n'était pas elle qui était présente dans ta vie pour te sauver, tu ne serais sans doute pas ici, tu aurais pété les plombs, tu aurais fait une grosse erreur laissant les personnes qui tiennent à toi dans un chagrin incommensurable. Et tu ne pouvais pas abandonner Clary, ni Adriel, et malgré tout ce que tu lui avais laissé croire, tu ne pouvais pas abandonner Hayley non plus. Chacun gère ses crises comme il peut, et tu t'es raccrochée à ce peu de choses qu'il te restait de ton humanité. Toi, que tu ne voyais plus que ce numéro de disparition.

Ton exutoire, il est là. Parce qu'en parler, tu ne sais pas encore le faire. T'as essayé, mais les mots manquaient, l'angoisse grandissante t'empêchant de te plonger de nouveau dans cet enfer. T'as pas su en parler totalement à toutes les personnes qui voulaient t'aider. T'es pas une fille qui se dévoile, si bien que t'as mis plus de cinq ans à oser dire qu'on t'a envoyée en thérapie de conversion un mois avant tes dix-huit ans de but en blanc, à un groupe d'inconnus. Puis à une fille à qui tu croyais pouvoir faire confiance et qui t'a trompée, dupée. Et enfin, tu as su t'ouvrir un peu plus sur le sujet, t'as appris à en parler sans te sentir honteuse, expliquant sans doute tes actes foireux sans mettre de mots dessus.
T'es surprise de voir Calliopé ici, l'ayant que très peu remarquée lors de votre captivité. Deux inconnues qu'une tragédie unit. Le même fardeau à porter. Tu la comprends, parce que toi aussi tu la sens, cette colère qui gronde en ton fort intérieur. « Pareil.. Beaucoup de bas, la sensation de ne pas mériter les hauts et les éloigner de moi.. » souffles-tu dans un léger ricanement dépité. Ton visage se baisse légèrement, les mains glissées dans les poches de ton blouson de cuir qui ne te quitte presque jamais. « Qu'est-ce que tu fais là ? » demandes-tu alors, relevant tes opales sur elle. Situation bien étrange, si bien que tu ne sais quoi dire qui ne semble pas stupide.
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ft. @Lana Killbane

Impossible de savoir vraiment pourquoi ce blocage s’était créé en elle, pourquoi elle ne pouvait plus jouer une note sans manquer de fondre en larme. Et elle ne voulait pas paraître faible, pas maintenant. Elle voulait continuer à avancer, vivre sa vie, rencontrer quelqu’un avec qui elle serait heureuse pour enfin aller de l’avant et laisser derrière elle cette enfance heureuse, qu’en apparence. Elle n’avait manqué de rien, matériellement, mais elle n’avait pas grandi avec l’amour de sa mère et loin de celui de son père. Une adolescence un peu bancale, où elle vivait par procuration, pour faire plaisir à sa mère. Sa mère vivait à travers elle. Calliopé avait seulement été son exécutrice, très précieuse, qui avait raflé plusieurs prix importants. Jusqu’à ce qu’elle envoie tout valser, qu’elle abandonne tout temporairement. Pour y revenir plus tard, d’elle-même, pour elle. Mais elle avait l’impression que ce qui s’était passé au mois d’octobre était la chose de trop, qu’elle ne pourrait jamais retrouver cette envie qu’elle avait de jouer, qu’elle ne pourrait jamais finir avec ses angoisses. Même sa rencontre avec Mizuki ne réglait pas tout. Cette jeune femme lui apportait beaucoup de bonheurs, beaucoup de sourires mais elle ignorait la vérité que Calliopé avait savament tenté de dissimuler, pour ne pas qu’elle la découvre toute seule. Et il y avait son père, qui avait réapparu dans sa vie après tout ça, qui tentait de l’aider comme il pouvait mais se sentait désemparé face à tout, qui essayait de rattraper ces années perdues avec sa fille.

Alors oui, peut-être qu’égoïstement elle envie Lana, qui arrive à chanter, à faire ce qui la passionnait. Certes, ça devait être différent d’avant, différent depuis tout ce qui c’était passé. Jamais elle n’aurait pensé pouvoir envier quelqu’un qui arrivait à faire de la musique, elle qui un temps aurait voulu ne plus jamais en entendre parler. Mais au fond de son coeur, quand elle avait entendu la blonde, elle n’avait eu qu’une envie : pouvoir chanter à ses côtés, ou jouer un morceau de piano pour l’accompagner. Pourtant elle en était incapable et ça lui crevait le coeur, sa vie était vide sans ça. Alors, le fait qu’elles partagent le même sentiment la rassure un peu. Elle sait que pour elle c’est une histoire de temps, que ça lui reviendra aussi, mais qu’il lui faudrait peut-être plus de temps qu’à d’autres. Quant à ce qu’elle faisait là, elle ne saurait répondre précisément. "Je tournais en rond chez moi… J’avais besoin de sortir un peu et je suis venue me perdre ici… J’y passais tellement de temps au début de mes études..." A l’évocation de ce passé en apparence plus joyeux, sa gorge se serra, se retenant d’enchainer sur un “et toi” qui était plus qu’évident. Et pourtant, elle tentait de ne pas perdre la face vis-à-vis de sa cadette, elle devait tenir bon.
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ft. @Calliopé L. S.-Warner

Tout est si différent. Un retour en arrière douloureux, un passé que tu avais tant souhaité oublier et qui s'est de nouveau fait une place dans ta vie, trop grande, trop torturante, trop violente. Pourtant, t'as pas d'autres choix que d'apprendre à vivre avec tout ça. Avec l'enfermement qui t'a construite telle que tu es maintenant, avec les stigmates d'un passé de torture psychologique basée sur la religion omniprésente, avec les souvenirs de ces murs habillés de groupes que tu adulais et que tu ne peux plus écouter sans voir le visage sadique et le sourire suffisant comme perfide de Keith, les souvenirs des explosifs prêts à mettre fin à ce calvaire jusqu'à la chute de l'homme jusqu'au sol. Traumatismes enfouis au fond et qui, tu le sais, te sauteront à la gueule un jour, sans crier gare, éveillant toute ta rage.

T'as rien à envier à ceux qui ne parviennent pas à reprendre leurs passions. Parce que ce n'est plus la passion qui t'anime quand tu écris et quand tu joues. C'est un besoin viscéral de te prouver que t'es encore debout, que t'es encore en vie, malgré le fait que tu te sentes morte à l'intérieur. Instinct de survie dangereux, qui peut t'aider à courir à ta perte à long terme. Les sensations libératrices de la musique ne sont plus ce qu'elles étaient, et tu fais avec ça. Tu adresses un léger sourire à la brune. « Le besoin de retrouver ce qu'on a été avant tout ça est plus que tentant, j'admets.. Mais faut s'rendre à l'évidence, c'est pas si simple.. J'ai perdu le feu sacré et pourtant j'suis là, plus pour faire passer un message que par envie. On est vivantes, on s'reconstruit sur les vestiges du passé et ça nous rendra plus solides qu'avant. » Ta retraite loin de Boston t'a sans doute rendue un peu plus spirituelle, plus philosophe sur ces moments compliqués, ou bien ce sont tes longues années de suivi psychologique qui ressortent, mais en soi, tu vois la vie ainsi, désormais. Une reconstruction longue qui fonderont et forgeront ce que vous serez à l'avenir.
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