Mercredi 30 Décembre. 06:30 pm
Assis seul dans la cabine d’essayage, je sentais la crise d’angoisse monter le long de mon corps. Je la sentais se propager lentement à l’intérieur de mon être. Les doigts qui tremblaient. Le cœur qui cognait trop fort. La température qui ne cessait d’augmenter. La sensation que le monde se mettait à tourner sous mes pieds. Mes prunelles se posaient une nouvelle fois sur l’écran de mon téléphone. Les mots n’avaient pas disparu. Ils étaient toujours là. Ils m’impactaient toujours autant. Je savais que je ne pouvais pas m’y soustraire. Je savais que je n’avais pas le choix. Je devais obéir. Ça faisait parti du contrat. Ça faisait parti de cette négociation qui remontait à plus d’un mois. Soupirant, je rangeais le téléphone dans mon sac à dos avant de jeter un coup d’œil à mon reflet. J’étais venu dans ce magasin m’acheter un costume pour la soirée de demain. Une soirée que je préparais depuis des jours déjà. Une soirée que je comptais passer en compagnie de Mio Amore pour le remercier de sa présence tout au long de l’année, pour m’excuser de tout ce que je pouvais lui faire subir et pour lui montrer à quel point je l’aimais. Une soirée qui risquait de tomber à l’eau à cause des ordres que je venais de recevoir. Des ordres qui me poussaient à quitter la boutique après avoir acheté ce costume au cas où… Pour une autre occasion peut-être. Écrivant un message à mon petit-ami pour lui signaler que j’allais manger avec un ami à l’extérieur et que je ne rentrerai qu’en fin de soirée, je sortais dans la rue prêt à me rendre là où je devais.
Mercredi 30 Décembre. 08:15 pm
Le rouge carmin tâchait mes doigts et je m’acharnais à le retirer dans la salle de bain de cet hôtel. Incapable de croiser mon reflet après ce que je venais de faire, je n’osais pas lever les yeux du lavabo qui se tâchait de rouge. Je frottais. Encore et encore. Je frottais jusqu’à m’en faire mal comme pour oublier ce que je venais de commettre. Et, finalement, coupant l’eau, je me mettais à sangloter sans être foutu de me contrôler. Qu’étais-je en train de devenir ? Qu’étaient-ils en train de me faire ? Être un prostitué pour Rob n’avait pas suffit, il faisait de moi un meurtrier à présent – même si j’en étais déjà un depuis des années, mais ça une seule personne le savait. Rob avait eu une querelle avec un homme et j’avais dû m’en occuper pour lui. Lui prouver que je tenais ma parole. Lui prouver qu’il pouvait relâcher Elie. J’avais retrouvé l’homme dans le bar de l’hôtel quelques heures plus tôt et j’avais suivi les consignes à la lettre. Le draguer, laisser l’invitation pour une chambre et le quitter sans qu’on me voit partir avec lui. Attendre dans la chambre que l’homme se pointe et il s’était pointé. Et là… Là, j’avais dû le tuer. Là, j’avais reçu des coups parce qu’il savait ce défendre cet homme. Là, j’avais fini par ôter la vie à un homme avant de quitter précipitamment la chambre en envoyant le code par texto aux personnes chargées de s’occuper du reste. Ce n’était pas mon rôle à moi. Moi j’avais fait ce qu’on m’avait demandé avant de me précipiter dans cette chambre pour tenter de tout effacer. Pour tenter de m’effacer.
Mercredi 30 Décembre. 09:30 pm
Éteint. Déconnecté. Perdu. Je l’étais depuis une bonne heure déjà. Installé au bar du Nephilim, j’enchaînais les verres sans réellement les voir. Les images se rejouaient dans ma tête encore et encore. Le rouge avait fini par quitter ma peau quand bien même j’avais encore l’impression de le voir. J’avais l’impression qu’il ne s’effacerait jamais et que tout le monde pouvait le voir. Ça faisait peur. Ça faisait mal. J’étais venu à Boston pour être libre. Au final, après deux années de liberté, je me retrouvais à nouveau prisonnier d’une vie que j’avais détesté. Une vie qui était pire ici qu’en Italie parce qu’ici j’avais mes proches. J’avais des personnes à qui j’étais forcé de mentir pour tenter de les protéger. Les larmes me montaient aux yeux et de je demandais un nouveau verre de la main. Vêtu d’un jean, d’un tee-shirt et d’une veste que j’avais acheté en sortant de l’hôtel avant de brûler mes vêtements de la journée, j’avais l’impression de me sentir observé. Partout. Tout le temps. Est-ce qu’on me regardait vraiment ? Est-ce que j’hallucinais seulement ? Je n’en savais rien. Peut-être qu’on me regardait à cause des marques sur mon visage. Je m’étais pris des coups contre cet homme. Ma lèvre était ouverte. Un hématome commençait à prendre vie au niveau de mon œil. Et je boitais encore plus parce qu’il avait fallu que je tombe sur ma jambe droite sans faire exprès lors de la bataille. Peut-être qu’on me regardait à cause de mon air un peu trop abattu et perdu. Putain, je n’en savais rien. Portant mon nouveau verre à mes lèvres, j’avais envie de m’effacer. J’avais envie de quitter Boston. Là. Ce soir. Je ne pourrais pas continuer cette vie là. C’était trop compliqué. Ça faisait beaucoup trop mal. Mordillant ma lèvre, je tournais sur mon tabouret pour observer les alentours à la recherche d’une distraction. À la recherche d’un signe qui me pousserait à rester. Fouillant dans les poches de mon jean, j’en retirais une pilule que je glissais dans ma bouche sans attendre. Il fallait que j’oublie ce soir avant de faire une bêtise comme monter dans n’importe quel avion en abandonnant mon téléphone là. Fermant les yeux, j’avalais la pilule avant de me retourner vers le bar pour demander un nouveau verre. Une nouvelle dose d’alcool pour m’aider à effacer l’horreur qui pulsait dans ma tête. Une nouvelle dose d’alcool pour tenter d’oublier le monstre que la Mafia était en train de façonner lentement. Un monstre écorché. Un monstre dominé. Un monstre obéissant. Un monstre qui n’avait pas hésité ce soir. Un monstre qui m’effrayait. Et si j’étais comme mon père ?
Assis seul dans la cabine d’essayage, je sentais la crise d’angoisse monter le long de mon corps. Je la sentais se propager lentement à l’intérieur de mon être. Les doigts qui tremblaient. Le cœur qui cognait trop fort. La température qui ne cessait d’augmenter. La sensation que le monde se mettait à tourner sous mes pieds. Mes prunelles se posaient une nouvelle fois sur l’écran de mon téléphone. Les mots n’avaient pas disparu. Ils étaient toujours là. Ils m’impactaient toujours autant. Je savais que je ne pouvais pas m’y soustraire. Je savais que je n’avais pas le choix. Je devais obéir. Ça faisait parti du contrat. Ça faisait parti de cette négociation qui remontait à plus d’un mois. Soupirant, je rangeais le téléphone dans mon sac à dos avant de jeter un coup d’œil à mon reflet. J’étais venu dans ce magasin m’acheter un costume pour la soirée de demain. Une soirée que je préparais depuis des jours déjà. Une soirée que je comptais passer en compagnie de Mio Amore pour le remercier de sa présence tout au long de l’année, pour m’excuser de tout ce que je pouvais lui faire subir et pour lui montrer à quel point je l’aimais. Une soirée qui risquait de tomber à l’eau à cause des ordres que je venais de recevoir. Des ordres qui me poussaient à quitter la boutique après avoir acheté ce costume au cas où… Pour une autre occasion peut-être. Écrivant un message à mon petit-ami pour lui signaler que j’allais manger avec un ami à l’extérieur et que je ne rentrerai qu’en fin de soirée, je sortais dans la rue prêt à me rendre là où je devais.
Mercredi 30 Décembre. 08:15 pm
Le rouge carmin tâchait mes doigts et je m’acharnais à le retirer dans la salle de bain de cet hôtel. Incapable de croiser mon reflet après ce que je venais de faire, je n’osais pas lever les yeux du lavabo qui se tâchait de rouge. Je frottais. Encore et encore. Je frottais jusqu’à m’en faire mal comme pour oublier ce que je venais de commettre. Et, finalement, coupant l’eau, je me mettais à sangloter sans être foutu de me contrôler. Qu’étais-je en train de devenir ? Qu’étaient-ils en train de me faire ? Être un prostitué pour Rob n’avait pas suffit, il faisait de moi un meurtrier à présent – même si j’en étais déjà un depuis des années, mais ça une seule personne le savait. Rob avait eu une querelle avec un homme et j’avais dû m’en occuper pour lui. Lui prouver que je tenais ma parole. Lui prouver qu’il pouvait relâcher Elie. J’avais retrouvé l’homme dans le bar de l’hôtel quelques heures plus tôt et j’avais suivi les consignes à la lettre. Le draguer, laisser l’invitation pour une chambre et le quitter sans qu’on me voit partir avec lui. Attendre dans la chambre que l’homme se pointe et il s’était pointé. Et là… Là, j’avais dû le tuer. Là, j’avais reçu des coups parce qu’il savait ce défendre cet homme. Là, j’avais fini par ôter la vie à un homme avant de quitter précipitamment la chambre en envoyant le code par texto aux personnes chargées de s’occuper du reste. Ce n’était pas mon rôle à moi. Moi j’avais fait ce qu’on m’avait demandé avant de me précipiter dans cette chambre pour tenter de tout effacer. Pour tenter de m’effacer.
Mercredi 30 Décembre. 09:30 pm
Éteint. Déconnecté. Perdu. Je l’étais depuis une bonne heure déjà. Installé au bar du Nephilim, j’enchaînais les verres sans réellement les voir. Les images se rejouaient dans ma tête encore et encore. Le rouge avait fini par quitter ma peau quand bien même j’avais encore l’impression de le voir. J’avais l’impression qu’il ne s’effacerait jamais et que tout le monde pouvait le voir. Ça faisait peur. Ça faisait mal. J’étais venu à Boston pour être libre. Au final, après deux années de liberté, je me retrouvais à nouveau prisonnier d’une vie que j’avais détesté. Une vie qui était pire ici qu’en Italie parce qu’ici j’avais mes proches. J’avais des personnes à qui j’étais forcé de mentir pour tenter de les protéger. Les larmes me montaient aux yeux et de je demandais un nouveau verre de la main. Vêtu d’un jean, d’un tee-shirt et d’une veste que j’avais acheté en sortant de l’hôtel avant de brûler mes vêtements de la journée, j’avais l’impression de me sentir observé. Partout. Tout le temps. Est-ce qu’on me regardait vraiment ? Est-ce que j’hallucinais seulement ? Je n’en savais rien. Peut-être qu’on me regardait à cause des marques sur mon visage. Je m’étais pris des coups contre cet homme. Ma lèvre était ouverte. Un hématome commençait à prendre vie au niveau de mon œil. Et je boitais encore plus parce qu’il avait fallu que je tombe sur ma jambe droite sans faire exprès lors de la bataille. Peut-être qu’on me regardait à cause de mon air un peu trop abattu et perdu. Putain, je n’en savais rien. Portant mon nouveau verre à mes lèvres, j’avais envie de m’effacer. J’avais envie de quitter Boston. Là. Ce soir. Je ne pourrais pas continuer cette vie là. C’était trop compliqué. Ça faisait beaucoup trop mal. Mordillant ma lèvre, je tournais sur mon tabouret pour observer les alentours à la recherche d’une distraction. À la recherche d’un signe qui me pousserait à rester. Fouillant dans les poches de mon jean, j’en retirais une pilule que je glissais dans ma bouche sans attendre. Il fallait que j’oublie ce soir avant de faire une bêtise comme monter dans n’importe quel avion en abandonnant mon téléphone là. Fermant les yeux, j’avalais la pilule avant de me retourner vers le bar pour demander un nouveau verre. Une nouvelle dose d’alcool pour m’aider à effacer l’horreur qui pulsait dans ma tête. Une nouvelle dose d’alcool pour tenter d’oublier le monstre que la Mafia était en train de façonner lentement. Un monstre écorché. Un monstre dominé. Un monstre obéissant. Un monstre qui n’avait pas hésité ce soir. Un monstre qui m’effrayait. Et si j’étais comme mon père ?
(Neal T. Hood-Spritz)