Tears in heaven ♦ Candice

Un article de la presse Harvardienne avait attiré mon attention. Un article commémoratif et ayant un aspect de rapide rubrique nécrologique. Je lisais attentivement ce dernier, quand des noms me sautaient aux yeux. Sarah, Freya, Michaëla, Zareen, Savannah, Lullaby, mais un plus particulièrement. Katarina. Les larmes me montaient aux yeux à chaque fois que je repassais sur son prénom. Je ne voulais pas y croire. Pas elle, elle ne pouvait pas m'abandonner de cette façon. J'essayais de la joindre des jours entiers, sans la moindre réponse, laissant des messages du genre "Eh Katon, rappelles moi, j'ai de quoi passer une bonne soirée, même si j'suis en fauteuil" Je n'ai jamais reçu son appel, je préférais joindre le Central, qui m'affirmait son décès. Je remerciais l'agent, avant de m'effondrer en larmes. Je n'aurai jamais imaginé une telle chose. Prenant mon courage à deux mains -ou du moins à deux roues de fauteuil- je traversais Cambridge, une bouteille de vodka dans mon sac et des clopes, ainsi que de l'herbe. Je prenais le chemin du cimetière, espérant trouver sa stelle. Je voyais celles de toutes les victimes de cet attentat, avant de voir la sienne. Je me postais devant cette dernière, une pauvre fleur trouvée sur le chemin à la main, que je jetais avant de sortir la vodka. "Tu vois Kat, j'suis là, et j'bois avec toi, comme on a toujours fait...j'ai ramené d'la weed aussi, et j'espère que là où t'es, t'en fume de la bonne avec Bob Marley..." Les larmes me montaient encore une fois aux yeux alors que j'ouvrais la bouteille. "Na zdarovié..." dis-je avec un accent tout pourri et une voix tremblante. Son petit accent terriblement envoûtant me manquera. Puis plus loin, je voyais une fille qui me disait vaguement quelque chose, s'approchant vaguement de l'endroit où je me trouvais.

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Ca faisait plus d'un mois que les bombes avaient explosé à Harvard et je n'avais toujours pas eu le courage d'aller fleurir les tombes de mes proches décédés. C'était trop dur pour moi, je n'arrivais pas encore à m'imaginer qu'ils étaient morts et que , de ce fait, je ne les reverrais plus jamais. J'avais déjà perdu des proches comme des arrières grands parents mais je m'attendais à leur mort au regard de leur age avancé mais là, il s'agissait d'adolescents, qui ne méritaient pas de mourir, pas comme ça ni maintenant. Depuis la bombe et surtout depuis mon réveil, je n'arrivais pas à sortir de cette spirale infernale de dépression. Mais j'avais vu des films ou quoi et apparemment on acceptait mieux la mort de ses proches en faisant le deuil et quoi de mieux que de commencer par aller sur leur tombe ? Je me rendais donc au cimetière de Cambridge, un bouquet de fleurs à la main afin d'en déposer une sur toutes les tombes sur lesquelles je devais me recueillir. Il y en avais pas mal, déjà celle de Juliet, celle de Kovu, mais aussi de Maddox et d'Acker également. Quatre tombes, c'était quatre de trop. J'arrivais au cimetière avant de me diriger vers la tombe de Juliet et après y avoir déposé une fleur et sorti un mouchoir pour essuyer mes premières larmes je vis une autre fille non loin de là, je crois qu'elle s'appelle Gwen ou quelque chose comme ça. Je lui fis un signe amical de la main avant de passer à la tombe de Kovu, mon partenaire de danse, j'avais appris il y a peu de temps sa mort par le biais de son ex copine torrey, j'avais d'ailleurs fais une bourde enfin bref passons. Mes larmes se faisaient de plus en plus présentes et je n'arretais pas de renifler. Mon paquet de mouchoirs se termina rapidement, j'aurais du en prendre plusieurs .. Peut etre que la fille en fauteuil aurait un mouchoir pour moi ? Mais je n'osais pas la déranger en plein recueillement ..

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Entre deux visites des tombes de ses amis, la jeune fille me fit un signe amical de la main, que je lui rendais. Il me semblait que c'était Candice, une Eliot qui ne semble pas tellement comme ses semblables, du moins ceux que j'ai connu à l'époque où j'étais dans cette maison. Je reposais mon regard sur la tombe de Katarina, lisant les inscriptions. "Ici repose Katarina S. V. Aleksovski, décédée dans l'exercice de son devoir." Je baissais les yeux, sortant mon téléphone pour regarder les photos des soirées qu'on avait passé ensembles. Malgré son côté égoïste et froid, elle était pleine de vie et surtout, une sorte de meilleure amie avec ses avantages. Mon meilleur plan cul, peut-être même, ma meilleure histoire, dans un sens. C'est maintenant qu'elle n'est plus là, que je me rend compte à quel point elle était importante pour moi. Peut-être même bien plus importante que ce que je me l'étais imaginé. L'annonce de son départ ne m'aurait pas autant ébranlée si il n'y avait seulement que de l'attraction physique. Je m'étais attachée à elle sans faire attention, sans avoir pu lui dire vraiment. Je commençais à pleurer à chaudes larmes, en me disant que désormais, je ne la verrais plus jamais, et qu'il fallait que j'avance sans elle. Elle était une sorte de pilier quand j'allais mal, qu'ils prévenaient tous les flics parce que j'faisais n'importe quoi. Elle venait toujours, partageant avec moi alcool, drogue et un lit, comme deux amantes. Je sortais un paquet de mouchoir, avant de boire à nouveau. J'avais besoin de compagnie sans la sienne, besoin de quelqu'un qui me dise, qu'un jour ça ira mieux.

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Elle m'avait rendue mon signe de la main, avant de se replonger dans sa tristesse. Elle me faisait de la peine à pleurer sur cette tombe mais je n'étais pas mieux, j'étais même sans doute pitoyable. J'étais passée à la tombe d'Acker, je n'arrivais toujours pas à croire qu'il était parti pour de bon. Ca devait faire vraiment con, la fille qui pleure sur la tombe de ce qui peut s'apparenter à son ex alors qu'elle est en couple et heureuse hein ? Mais je ne pouvais pas m'en empêcher. C'était dans ma nature d'être sensible et je n'arrivais sans doute plus à changer. D'ailleurs je m'en voulais de ne pas avoir pus lui dire au revoir, je m'en voulais pour tous mes proches morts et partis bien trop vite à mon goût. J'essuyais mes larmes avec la manche de mon pull mais celle-ci se retrouva rapidement trempée. Je remarquais qu'elle avait sorti un paquet de mouchoirs, peut être que si je lui demandais poliment elle accepterait ? Je m'approchais d'elle Euh, dis est ce que ça t'embête si je t'emprunte un mouchoir ? Je suis trop bête je n'en ai pas prévu assez et ... dis je entre deux reniflements. Et quoi candy ? Je ne voulais pas vraiment avouer que je risquais d'en avoir besoin, je n'étais pas encore allée sur la tombe de mon cousin, mais ça risquait d'être fort en émotions. La plupart du bouquet restant était pour lui mais je ne savais pas encore si j'aurais le courage d'aller le déposer sur sa tombe. Je voulais lui demander si elle allait bien mais ça aurait été stupide vu le contexte.

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Je savais que j'avais d'autres personnes à voir, mais je voulais rester auprès de Katarina, allez savoir pourquoi. J'avais Lullaby, un véritable coup de coeur à l'époque, bien qu'elle était en couple avec Calhiel et enceinte. Elle n'avait pas eu le temps d'accoucher que la mort frappait à sa porte. J'avais Savannah, avec qui c'était une amitié étrange, Sarah également. Mais j'étais là, immobile, à me dire que c'était impossible, malgré toutes les confirmations que j'avais eu. C'était trop irréaliste pour moi, j'espérais que c'était qu'un cauchemar et que le réveil allait bientôt sonner, ou bien que j'étais dans le coma, sur le point de me réveiller, et de voir tous ces gens près de moi. Mais il n'en était rien, j'avais beau me pincer, la douleur était là et la mort les avaient emportés. Candice s'approchait de moi, me demandant des mouchoirs, car elle n'en avait pas prit assez. Je cherchais le second paquet que j'avais pris au cas où et lui donnais. "Tiens...j'comprends ce que tu vis, c'est pas la première fois que j'me retrouve dans un cimetière à pleurer quelqu'un..." J'essuyais mes larmes, alors que le souvenir de ma mère revenait. Mais c'était trop dur à accepter. Perdre tant de gens en l'espace de deux ans, et Dylan qui est partie je ne sais où avant l'attentat, j'étais perdue, effondrée et me sentais terriblement seule. "Je..." Tu quoi, Gwen ? "...Rien, oublie..." Je m'effondrais en larmes, encore une fois, me repliant sur mon fauteuil.

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Je me sentais mal de lui prendre son deuxième paquet de mouchoirs, elle en avait autant besoin que moi. Alors qu'elle me tendait le paquet, je refusais de le lui prendre en entier. Une fois un mouchoir dans les mains je lui tendis à nouveau le paquet Tiens, tu en auras aussi besoin, un mouchoir devrait être suffisant .. réussis-je à dire entre deux sanglots. Et euh je suis désolée pour la personne que tu pleures .. Je me pinçais les lèvres, je ne savais pas qui était cette personne pour elle mais visiblement, elle avait l'air très importante pour Gwen. Alors que je baissais la tête, m'apprêtant à repartir, elle commença une phrase avant de finalement renoncer à parler. Intriguée, je me demandais bien ce qu'elle souhaitait me dire. Vider son sac lui ferait sans doute du bien. Oui ? Je la vis fondre en larmes. Alors certes elle était mather et on ne devait pas vraiment s'allier à eux par fierté mais vous savez quoi ? Moi je m'en fiche de tout ça, j'ai des amis à la Mather House et ça m'est bien égal. Je m'approchais d'elle, m'accroupissant en essayant tant bien que mal de tenir en équilibre. Avec une jambe semi-paralysée et une attelle, ça n'est pas chose facile. Je euh j'suis désolée tu voulais dire quelque chose ? Vas y surtout, ça te fera peut être du bien .. Ses larmes rendirent mes yeux embués à leur tour. Je m'essuyais le visage tout en reniflant.

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Candice ne prenait qu'un seul mouchoir du paquet avant de me le rendre. Je secouais la tête, en signe qu'elle pouvait le garder. Je savais que je risquais de ne pas avoir le courage d'aller voir les autres, surtout Lullaby. Il ne manquerait plus que son mec soit sur sa tombe et ma journée allait devenir le pire cauchemar que j'avais pu avoir. Gardes le, j'aurai pas le courage d'aller voir les autres...pas seule en tout cas. dis-je en baissant la tête, regardant à nouveau la tombe de Katarina. Moi aussi j'suis désolée pour ceux que tu as perdu... Je ne savais pas quoi ajouter de plus. J'étais perdue. Mais après tout, qu'est-ce qu'on peut dire aux gens qui ont, comme moi, perdu des gens auxquels ils tenaient ? On ne peut rien dire de plus. Surtout dans ces circonstances. Alors qu'elle s'en allait, j'avais voulu dire quelque chose, mais finalement je m'étais rétractée. Je ne savais pas pourquoi. Mais alors que je m'effondrais, elle venait vers moi. Elle avait été aussi touchée par la bombe et semblait galérer à se mettre à ma hauteur. Mais elle semblait compréhensive, une qualité rare chez les Eliot. Peut-être qu'elle est l'exception qui confirme la règle, même si par fierté et par vice on se lance des guerres. J'sais pas... J'ai pensé qu'on pouvait s'accompagner mutuellement dans nos recueillements, pour avoir une sorte de...soutien. dis-je entre deux sanglots. Je ne savais pas si c'était une idée géniale, mais je n'avais pas envie de faire le tour de ce cimetière seule. Puis...j'ai des mouchoirs dis-je en riant très légèrement, tout en pleurant à moitié. Rire et pleurer en même temps, c'est assez con en fait, comme concept...

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