JORDAN MINH ► ngoc thi nguyen

(1) robin un prénom de garçon pour une petite fille, tes parents (malgré leur statut social, appartenant à la haute société depuis quelques générations) sont des gens un peu en marge comme toi, t’as suivi faut croire. un prénom de garçon pour une fille pas comme les autres. (2) petite fille bien trop souvent moquée, les gens pas comme les autres ça plait pas. les enfants peuvent être mauvais, vraiment. robin. prénom de garçon et ça choque, ça plait pas, ça provoque des moqueries, railleries incessantes. (3) depuis toujours enfant renfermée, depuis toujours à part, dans ton coin, peut être que ça cache quelque chose. les moqueries n’arrangent rien, t’as la rage, la haine qui monte en toi, envers tes parents de ne pas t’avoir un prénom normal, un prénom de fille, envers toi, de détester les choses que les filles de ton âge sont censées aimer, d’aimer ce que les garçons adorent et que les filles sont censées détester, envers les enfants, d’être si intolérant face à la différence.(4) un jour, de nouvelles moqueries mais là c’est trop, tu craques parce que tu ne peux plus, la goutte d’eau qui fait déborder le vase. haine incontrôlable, incontrôlable comme toi qui s’est jeté sur cette fille qui répétait sans cesse que tu ne pouvais pas être dans le vestiaire des filles, que t’étais pas une fille sinon tu ne t’appellerais pas comme ça. haine qui monte, tu te retrouves sur elle, à lui asséner des coups à répétition. autour de toi ça cri, ça hurle, comme si tu étais plus là, tu n’entends pas ton prénom qu’on prononce, tu n’entends pas les supplications. corps léger qui vole, on t’attrape, te soulève, tu ne vois même pas la mare de sang qui recouvre le carrelage. hors de contrôle. t’as huit ans et une petite fille est dans le coma par ta faute. (5) de là, exclusion de l'école, suivi psychologique obligatoire. le juge pour mineur avait été clément, il savait qu'il n'était clairement pas dans ton intérêt de t'éloigner de ta famille, seulement, si t'étais amenée à récidiver, alors tu serais envoyée en centre pour mineur. tes parents ont du payer des dommages et intérêt, ils avaient les moyens pourtant malgré ça tu t'en voulais. suite à ton renvoi, il aurait fallut te trouver une nouvelle école, sauf que voilà, quand on envoie une petite fille à l'hôpital à coup de poings, bien peu d'école veulent vous avoir comme élève. papa, maman eux non plus ne semblaient pas enchanter à l'idée de te rescolariser si vite, alors comme une évidence, les cours à la maison se sont imposés. (6) l'école à la maison, ta mère a fait comme elle a pu, elle t'as appris tout ce que tu devais savoir, sauf que voilà, du coup, encore plus en marge, encore plus à part des autres enfants de ton âge, encore plus introvertis, encore moins mêlée aux autres. toujours les visites hebdomadaires chez le psy, il te fallait un défouloir, quelque chose dans laquelle tu pouvais extérioriser la haine que tu avais pu emmagasiner en toi, lors de toutes ces années. c'est comme ça que la MMA s'est présentée à toi, surtout si tu voulais revenir dans la société, retourner à l'école. cinq ans plus tard, tu fais ta rentrée au lycée, ton niveau n'est pas si misérable, tu te plonges dans tes études corps et âme.(7) tu réussis plutôt bien, ouais, t'as même terminé tes études, passionnée par le journalisme, par l'idée de dénoncer les injustices, de mettre la lumière sur des sujets qui passent bien souvent à la trappe, t'as décidé de lancer ta propre chaîne d'information, choisissant twitter comme plateforme. Souvent sous forme de vidéos, quelques fois sous formes d'article, c'est de cette façon aujourd'hui que tu gagnes ta vie.(8) pourtant, toujours du genre à être en marge de la société, t'as une sorte de double vie, on dit que la nuit les démons sortent, ton démon à toi c'est les courses, transformant les rues de boston comme ton terrain de jeu, toujours passionnée par les voitures. c'est devenu ta seconde vie, dans le milieu tout le monde te connaît, t'as fait ta place, et même, tout le monde te respectes. À force c'est même toi qui prends les paris, tu mènes la danse ouais. (9) aujourd'hui t'en es là, toujours suivie par ton psy, avec ton compte certifié twitter qui s'est fait quelques enemi parmi les politiciens notoires, dans ta salle de MMA quand t'as l'impression que tu vas vriller, la nuit dans les rues de boston.