MONROE BARLOW ► lucky blue smith

((I)) troisième enfant d’une fratrie banale, soudoué. père médecin, mère au foyer. famille aux rêves, aux éclats de rires, aux pas basiques. ils n’étaient qu’une parmi d’autres, au début, avant que le cauchemar ne s’impose, ne s’éveille. cependant, monroe était heureux, de son existence. enfant souriant, éclats de rires contagieux, sans cesse en train de se faire remarquer. petit rayon de soleil qui ne tardera pas à crever. ((II)) besoin de nouveautés, de tranquillité. parents qui décident de déménager, de s’éloigner. maison de rêve, pour un nouveaux départ, pour une nouvelle existence. et pourtant, quand l’enfant de quatorze années pose les yeux sur la bâtisse pour la première fois, les frissons couvrent son derme. quelque chose ne va pas, l’enjouement s’éteint. mais il ne dit rien, après tout, il n’est qu’un enfant, veut juste rester auprès de ses soeurs et de son frère. ((III)) au début, rien d’anormal pour l’enfant. il continue à sourire, à jouer, dans cette demeure à rénover dans le but de la vendre, plus tard. il aime l’odeur de la peinture, la poussière des travaux. il aime, se cacher dans les pièces, jouer à cache-cache avec les siens. les choses changent, petit à petit. au début, ce ne sont que des bruits étranges, dans les murs, la nuit tombée. puis des bruits de pas, qui passes devant sa chambre. il s’éveille, le coeur tambourinant, la peur au ventre. il croit que c’est les autres, qui s'amusent à lui faire peur...ça ne peut être que ça. ((IV)) pas qui deviennent murmures, murmures qui deviennent ricanements. il devient fou, hurle la nuit lorsque son lit tremble, lorsqu’une main l’agrippe, le tire. les marques parsèment son derme pâle, la peur de s’endormir, de ressentir, de souffrir. parce que la douleur a prit sa place, souvent attaquée par des esprits frappeurs. il hurle à la détresse, sans jamais être pris au sérieux...au début. il veut partir, il veut s’enfuir. le rayon de soleil meurt, se laisse engloutir dans l’obscurité. l’enfant ne rit plus, ne courre plus. il reste assis, sans bouger, à observer le vide pour rêver d’un monde meilleur. ((V)) événements marquants qui changeront sa vie à jamais. il finit par fuir. mère devenue étrange, qui met fin à sa vie. les familles d’accueillent s’enchaînent, toutes pas assez prompte à l’approcher, le comprendre, le dompter. il trébuche dans le monde, se réfugiant dans l’art, dans des dessins morbides de visages déformés, de mains aux ongles acérés. un don, selon beaucoup, mais le jeune homme ne fait que montrer ce qu’il a vécu à travers un art plutôt obscure. et il apprend à jouer du piano, de la guitare, aussi, dans une de ses familles...ça l’aidera plus tard, à obtenir une bourse là où l’espoir s’était éteint. ((VI)) ponts coupés avec les siens, il s’éloigne d’eux par peur, par souvenirs, par préservation. il plonge dans la drogue, pour lui-même, oublier les cauchemars qui n’ont jamais cessés. il se bousille, encore et toujours, devient un déchet de la société jusqu’à ce qu’une bourse lui soit octroyée. il a la possibilité de recommencer...une chance inespérée qu’il tentera d’attraper au vol, sans succès. parce qu’il est trop atteint, parce qu’il a du mal à respirer, à exister. il tente de se sevrer, sans y parvenir et devient dealer pour subvenir à ses études...job trouvé dans une chocolaterie, pour maintenir un semblant de normalité. ((VII)) années qui s’écoulent, personne ne sait que sa famille est vivante, du moins, il n’en parle jamais. parce que c’est mieux ainsi, pour eux, pour lui. il cherche tellement à s’enfoncer dans ses propres ténèbres, que la lumière lui semble éteinte depuis longtemps. monroe, enfant de la nuit, enfant en souffrance constante. les émotions sont mortes, cachées, piétinées. et il ne parvient plus à dormir convenablement depuis des années, se bourrant de médicaments, de drogues, pour y arriver. terreurs nocturnes de son passé qu’il cherche à renier. ((VIII)) entre drogues, médicaments, études...il reste isolé de cette société, des siens. parfois, il donne des nouvelles, d’autrefois, il disparaît...se sentant trop oppressé. coupé en deux, brisé, traumatisé. caractère trop ténébreux, cachant bien des cicatrices. il repousse par peur, au fond, qu’on le trouve étrange, trop bousillé. il ricane, là où il a envie de pleurer et il insulte, là où il aimerait être aimé.