tw : mort, deuil
@Ottis Heimann Il a eu tout et il n'y a eu plus rien. L'euphorie, le cœur qui pulse, la faim dans le bide, son sourire triste, et ta belle comédie qu'il ne croyait pas. Et puis il n'y a eu plus rien, le noir, le vide immense, l'inconscience et pas un seul mot qui ne voulait s'échapper de tes lèvres lorsqu'on essayer de te faire parler en vain. Le mal était fait, il l'était déjà depuis la veille, depuis l'instant où t'as tenu au fond de la paume de ta main la libération par l'immersion. Ce sommeil et cette paix que tu rêves de provoquer depuis des jours mais que t'es pas foutue d'adopter. Car à chaque fois que tu fermes les yeux tu la revois. Tu les revois toutes les deux. Leurs traits abandonnés par la vie. Gemma il y a cinq jours, ta tante il y a dix mois. Et lorsque tu chasses ces visions d'horreur, une autre s'immisce dans ton esprit, celle de celui que t'aimes dans le même cercueil, précipité à l'intérieur par les jours qui passent et qui t'échappent. Alors lorsqu'il s'est absenté, même juste une minute, lorsqu'Ilhan est parti te chercher à manger, t'as plus supporter cette vision qui s'imposait même lorsque t'avais encore les yeux ouverts. T'as pas su retenir tes doigts qui ont envoyé quelques messages comme des bouteilles à la mer et t'as pas attendu de réponses pour calmer la crise. T'as regardé longuement le cachet dans ta paume tremblante et tu ne l'as plus vu car il a disparu dans le fin de ta gorge. T'as juste voulu dormir, te reposer, oublier, tout oublier.
Tes yeux se sont ouverts dans une chambre d'hôpital, une perfusion dans le creux du coude et les néons de la chambre te grillant les iris. Ilhan endormi à côté dans un fauteuil et les larmes qui ont noyés tes joues lorsqu'il t'a expliqué que le comprimé de fentanyl en plus de l'alcool, t'avait fait tomber dans les pommes et t'avais valu un lavage d'estomac la veille au soir. Comment t'as pu tomber aussi bas, Katalia ? Penser un seul instant que l'automédication suite à la rencontre d'avec un dealer allait pouvoir apaiser toutes les douleurs dans ton cœur ? C'est le petit matin et il est part finalement se chercher un café, après de longues minutes à t'appliquer à calmer les pleurs. Qu'est ce que les autres vont penser ? Qui est au courant ? Comment gérer cette situation ? Toutes ses questions ridicules se bousculent dans ta tête et tu grimaces car celles-ci te font mal. Tu cherches ton téléphone du regard, il est impossible à trouver. Est-ce qu'Ilhan l'a gardé avec lui pour éviter de le perdre ? Tu regardes un peu autour de toi, jusqu'à tomber sur la porte qui se pousse de nouveau tu sais à quelle heure va revenir le médéc- tu redresses le nez pour croiser son regard et attendre sa réponse mais c'est un autre regard que tu vois. Ton cœur bondit tandis que tu voudrais juste disparaitre, qu'il ne te voit pas comme ça et que t'ai pas à croiser ses pupilles des tiennes déjà humides Ottis…
(Katalia Borgia)