Me retrouver au sein de cette salle d’interrogatoire ne me plaisait guère. Je haïssais cette sensation qui venait s’abattre douloureusement sur moi. Est-ce que j’étais considéré comme coupable ? Non, sans doute pas. Cependant, être au sein de cette pièce me foutait les jetons. Les mauvais souvenirs liés à mon père remontaient à la surface et je détestais ça. Ça faisait mal. Ça me foutait en l’air. Et, putain, j’avais peur aussi. J’avais peur que mon passé soit découvert. J’avais tellement de choses à cacher et, même si ce n’était pas en lien avec l’affaire, l’angoisse refusait de me quitter. Je n’allais pas parler de mon passé. Il n’y avait aucune raison que je le fasse. À l’instant même où les disparitions s’étaient faites plus nombreuses et sans rapport avec moi, j’avais su que la piste de la Mafia pouvait être écartée. Ce n’était pas eux qui avaient emmené Lukas malgré tous les cauchemars qui se jouait dans ma tête. Non… Lukas avait disparu et je ne savais rien. Je n’avais pas la moindre piste. Je ne savais pas comment le retrouver. Ni lui. Ni Nixon. L’angoisse bouffait mon ventre. La fébrilité ne cessait d’augmenter alors que la question directe et froide tombait dans la pièce. Elle était soufflée par l’une des deux femmes que je ne connaissais pas. Je marmonnais vaguement une réponse avant de reprendre le dessus parce que les souvenirs du passé cognait. Je ne devais pas me montrer faible même si je l’étais. Alors, plus sûr de moi, je reprenais la parole. Provoquant. En colère. Ce n’était peut-être pas ce qu’il fallait, mais c’était ce que je faisais. Mon cœur battait plus fort dans ma poitrine. Mes doigts tremblaient et je faisais d’énormes efforts pour me contrôler et ne pas partir en crise violente. Ce n’était pas la chose à faire. Une nouvelle voix se faisait entendre. La demoiselle assise aux côtés de celle qui avait posé la première question m’offrait un sourire rassurant. C’était comme si elle cherchait à me détendre et à me mettre en confiance. Ce n’était pas chose aisée à faire. Elle n’y parviendrait pas. J’aurai tant aimé que Côme m’accompagne et sois derrière moi. Sa présence aurait su m’apaiser. Ma jambe s’agitait sous la table tandis que mes prunelles rencontraient celles de la demoiselle parlant pour me garantir leurs recherches de Lukas et Nixon. Je ne pouvais m’empêcher de rouler des yeux à ces mots parce que, merde, ça ne bougeait pas. Elle soufflait qu’ils étaient là pour moi. Du même côté que moi. Est-ce que je comprenais ? J’acquiesçais doucement sans piper mot. Que pouvais-je bien dire de toute manière ?
Je finissais par tendre la main pour attraper le verre d’eau posé devant moi. Il fallait que je me calme. Il fallait que je sache me contrôler. Après une brève gorgée, je reposais le verre sur la table et la femme qui venait de parler reprenait la parole pour me poser des questions. Est-ce que Lukas m’avait donné des informations sur ce concours ? Est-ce que j’avais son invitation en mail ou en papier ? Je mordillais ma lèvre hésitant quelques instants. J’avais des informations à partager bien évidemment. J’avais des réponses à fournir à ces questions. Mais est-ce que je le pouvais vraiment ? Est-ce que ce n’était pas juste une perte de temps ? Relevant les yeux, mes prunelles venaient se poser sur Crystal. Son regard me fixait et je pouvais y lire ce qu’elle ne pouvait me dire. Ce tu peux nous faire confiance que j’avais du mal à réellement croire. Ce n’était pas aisé pour moi de faire confiance en général. Dans cette situation, cela l’était encore moi. Soupirant, je me détournais de son regard avant de glisser une main nerveuse dans mes cheveux. Il fallait que je réponde. Ma langue glissa sur mes lèvres et je soufflais « Je… F*ck… Non… Non, Lukas ne m’a pas donné beaucoup d’informations. De base, il ne voulait même pas me parler de ce concours. Je ne savais même pas qu’il s’était inscrit. Il voulait m’en faire la surprise, mais je… Il a appris qu’il ne pourrait pas avoir accès à son téléphone pendant qu’il serait là-bas… Question de confidentialité je crois… Alors il m’en a parlé et je… Il était censé partir que pour une semaine… » Ouais, c’était bien ça. Lukas m’avait écrit tous ces mots. Je m’en souvenais parfaitement pour les avoir relu encore et encore. Je pouvais les retrouver dans notre conversation Meetsenger s’il le fallait. Les sourcils froncés sous la concentration, je tentais de me souvenir ce qu’il m’avait dit sur l’invitation. Et, lentement, je finissais par reprendre « Ce… C’est un mail… Il a reçu un mail… Mais, je n’ai pas vu l’invitation moi… J’étais pas à Boston… Alors j’sais pas ce qu’elle contenait… J’sais pas où il devait aller et je… J’sais rien de plus sur ce concours… Sur le coup je… J’étais juste heureux pour lui alors je n’ai pas posé de questions… » Non. Je n’avais pas cherché à l’interroger un peu plus sur toute cette histoire. Nous avions plutôt préféré du manque qui aller pulser en nous. Alors, là, soudainement, face à ces femmes, la culpabilité venait tordre mon ventre. J’aurai dû prendre le temps de le questionner plus. J’aurai dû essayer d’obtenir des informations. Bordel oui, j’aurai dû. Jouant nerveusement avec mes doigts, je gardais les yeux baissés en demandant « Mais je… Vous savez que Nixon aussi est parti à ce concours hein ? » Relevant les yeux sur les trois femmes présentes dans la pièce, j’appuyais mon dos contre le dossier de la chaise tout en détaillant « Nix’ a été sélectionné lui aussi… Il s’est absenté pour les mêmes raisons et sous les mêmes conditions… Pas de téléphone… Une semaine d’absence… Et… Il… Il n’est pas revenu non plus… » La nouvelle me percutait une nouvelle fois et je fermais les yeux sous la douleur qui venait m’envahir. Cette foutue douleur qui charcutait mon cœur. Je mordais ma lèvre pour ne pas sangloter. Et je restais immobile dans l’attente des autres interrogations.
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