In a bad shape

In a bad shape

ft Nessa

«Just leave me alone, I don't need you to know I exist»

Le ciel n’est pas clément lorsque Vanessa décide de sortir prendre l’air. Elle vient de terminer une rude matinée de cours et a besoin de prendre l’air. L’air frais de l’automne a poussé les élèves à se retrancher dans les couloirs de Harvard, et elle a du mal à supporter cette surpopulation. Le bruit, les discussions, les rires, les bousculades qui arrivent inévitablement lorsque deux personnes essaient de se croiser dans certains endroits exiguës…
Elle ajuste son casque et lance sa playlist préféré en sortant par la porte principale. La voilà enfin dans ma bulle. Il ne lui reste plus qu’à trouver un coin tranquille dans le parc. Alors qu’elle quitte le bâtiment, elle sent la brise tenter fouetter mon visage et elle se réjouit d’avoir revêtue un manteau ce matin. Elle n’ai jamais été bien sensible au froid, il faut bien cela quand on ne sait jamais si on va pouvoir porter un manteau potable au confin de l’hiver, cependant elle n’a pas envie de prendre froid et de devoir rater certains cours du premier semestre. Sa première année à Harvard lui a apprit à ne compter que sur elle-même et elle n’a pas été de tout repos. Alors cette année elle va devoir en faire deux fois plus pour être certaine de rester à la hauteur.

Après quelques pas dans les jardins, Nessa m’approche d’un banc vide et s’y installe en tailleur. Elle sort mon ordinateur de mon sac et se plonge dans mon dernier devoir d’informatique. Développer à le don de la détendre, et même si les techniques et langages qu’ils apprennent sont plus complexes que ce qu’elle a eut l’habitude de faire jusqu’à présent, elle résoudre ces casse-tête et apprendre, surtout apprendre.
Dans son casque, une chanson du dernier album d’Ed Sheeran démarre, et elle commence à dodeliner la tête, à la fois concentrée sur mon développement et à fond dans ma musique. Nessa est contente que personne ne puisse connaître le contenu exact de sa playlist. En effet, au milieu du hardrock et du rap, quelques chansons plus romantiques dénotent avec le côté rebelle qu’elle dégage. Pourtant, elle n’a jamais réussi à étouffer ce côté romantique que son coeur continue d’entretenir. Heureusement, ce dernier ne prend vie que dans les chansons qu’elle écoute et les livres qu’elle lit, et d’aucune mesure dans sa vie de tous les jours. Il ne manquerait plus qu’elle décide de se jeter au cou de tous les hommes peuplant Harvard comme certaines des cheerleaders.

Cela fait plus d’une demie-heure que Vanessa est dehors et son nez a prit une légère couleur rouge à cause du froid, quand des sons lui parviennent entre les différentes notes de musiques.
“Eh la geek. Comment ça va ma bichette ? Tu ne voudrais pas laisser ce genre de métier aux hommes et retourner faire du tricot ?”
Elle ne relève pas les yeux et fait mine de ne pas les entendre. Ce discours elle l’a entendu de la bouche de trop de monde pour être touché d’aucune façon. Ce ne sont que des fils à papa qui ont l’impression qu’ils peuvent donner des leçons à tout le monde. Ils verront bien quand elle sera à la tête de sa propre entreprise, et qu’elle aura assez d’argent pour acheter la leur… Bon d’accord, elle rêve peut être un peu trop là !
Un léger sourire se dessine sur ses lèvres, une erreur qu’elle n’aurait sans doute pas du faire.
“Qu’est-ce qui te fait rire ? Regarde-moi quand je te parle.”
Nessa les sens se rapprocher, jusqu’à ce que des pieds apparaissent dans son champ de vision. Une forte odeur de cigarette, et d’autre chose de moins légal, vient lui agresser les narines, mais elle se retient de tousser. Cela ne ferait qu’attiser leur agressivité. Si elle ne relève pas, ils finiront bien par se lasser.
Malheureusement pour elle, la bande ne semble pas vouloir lâcher leur victime car une paire de bras vient se positionner sur le dossier du banc. Nessa tente de rester concentré sur son travail, mais à la même vitesse que ses mains volent sur le clavier, sa colère s'accroît

In a bad shape

ft Nessa

«Just leave me alone, I don't need you to know I exist»

Ma journée à l'université se terminait maintenant. Mais j'avais encore tellement de choses à faire : je devais passer au bureau pour récupérer des dossiers et ensuite aller à la cour pour une affaire assez importante. Je n'allais pas m'ennuyer. Comme à leurs habitudes, certains élèves souhaitèrent me voir après le cours. J'avais beau leur dire ne pas avoir le temps, les questions fusaient. Je décidais donc de rester quelques minutes pour leur répondre et s'il s'agissait de grosses questions, je leur proposais alors de venir me voir personnellement plus tard. Une fois terminée, je regardais ma montre: 30 minutes étaient passés, et merde. J'allais être en retard. Pour ne pas changer. Je sortis alors du bâtiment et me mis presque à courire pour rejoindre ma voiture. Mais sur le chemin, à l'extérieur, je vis un attroupement de garçons. Bizarre. En temps de chaleur, je n'aurais pas relevé, mais là, il n'y avait personne dehors... Leur comportement était bizarre. Je m'avançais et plus je m'approchais plus je pouvais entendre qu'ils étaient en train d'intimider une personne. Mais quels connards. Je priais alors pour que je ne vois pas mon fils parmi eux.

Une fois à leur hauteur, ils ne me virent même pas, tellement ils étaient concentrés à se moquer de la personne, que je ne pouvais même pas voir. Je toussais fortement pour qu'ils se retournent et me regardent. Ils devaient être une dizaine, mais ne me faisaient pas peur. Peu importe qu'ils sachent ou non que je suis professeur. Après avoir été emmerdé plusieurs fois par des camarades de classe, j'avais pris des cours d'auto-défense, sait-on jamais. "Je vous dérange?" Ils se mirent alors tous à rire. Moi non. Un des garçons commença à vouloir me déstabiliser. "Oh je connais les mecs de ton genre, ça parle, mais ça n'agit jamais." Je posais mes affaires par terre. Prête à me battre si besoin, même si je pouvais perdre mon poste par la suite. Mais ce genre de comportement avait le don de m'exaspérer. Toujours là pour intimider, mais dès qu'on parle d'actions, ils ne sont plus là. La preuve, ils se décidèrent à partir. Et là, enfin, je pus voir une jeune fille assise sur son banc, qui n'avait rien demandé à personne. Je lui souris. "Vous allez bien?" Je repris mes affaires au sol et m'assit à ses côtés. Juste de quoi être sur qu'elle aille bien. De toute façon, j'étais déjà en retard.

In a bad shape

ft Nessa/Rebecca

«Just leave me alone, I don't need you to know I exist»

Vanessa essaie de ne pas montrer l’effet que la proximité de cette bande a sur elle, mais elle commence à avoir de plus en plus de mal à faire semblant de ne pas les avoir entendu. Après tout aucun casque ne pourrait couvrir le souffle bruyant et désagréable du jeune homme qui s’est penché derrière elle. Il se permet même de souffler la fumée de sa cigarette à son visage.  La jeune femme n’est pas contre la nicotine, elle a l’habitude de fumer quelques cigarettes en fin de journée et n’hésite pas à fumer des joints quand son moral est au plus bas, cependant elle préfère être décisionnaire du moment où elle a envie que son odorat soit assaillis par ces odeurs.
Elle est sur le point de répondre à ses détracteurs quand une fois se fait entendre dans son dos. Au rire de la bande, Vanessa se dit que la personne qui a tenté de lui venir en aide s’est peut être mise dans le pétrin toute seule. Après tout, cette bande a tout l’air d’avoir envie de s’en prendre à quelqu’un, et d’en venir aux mains si nécessaire.
"Oh je connais les mecs de ton genre, ça parle, mais ça n'agit jamais."
Un sourire se dessine sur les lèvres de Nessa. Enfin quelqu’un qui ose leur dire une vérité qui blesse sans doute leurs égaux. Bien faire pour vous espèce de lâches. Vanessa relève la tête et croise le regard de sa sauveuse. Il s’agit d’une femme certainement un peu plus vieille qu’elle. La sacoche qu’elle pose par terre semble indiquer qu’il s’agit d’une enseignante mais à Harvard les enseignants et chercheurs se croisent souvent, alors Vanessa n’en mettrait pas sa main à couper.
La femme prend une pose qui montre au petit gang d’imposteurs qu’elle est prête à se défendre s’ils décident d’en venir aux mains, et cela leur suffit pour partir, la queue entre les jambes.
Les épaules de Nessa se détendirent aussitôt, et la jeune femme prit une grande inspiration, comme si elle respirait pour la première fois depuis l’arrivée incrongru de ces élèves. Alors qu’elle s’attend à ce que sa sauveuse continue sa route, cette dernière s’assoie à ses côtés. Nessa la regarde un moment sans esquisser un mouvement. Allé ma belle, tu ne vas pas pouvoir passer la pause déjeuner dont tu rêvais. Et puis elle mérite bien que tu lui parles un minimum, elle t’a tiré d’un mauvais pas. Elle fait descendre son casque sur ses épaules sans éteindre la musique, de manière à toujours entendre le murmure de cette dernière.
“Oui merci pour...pour ça.” dit-elle en désignant le goudron devant le banc, comme si le fantôme de la scène qui venait de se dérouler s’y trouvait encore.
Ses yeux passent de son écran d’ordinateur au visage ouvert de la femme, clairement mal à l’aise. Elle n’a jamais été très bonne pour engager la conversation. Une de ses mains se dirige vers son visage et elle commence à se ronger les ongles.
Parle Nessa, dit quelque chose !
“Il y a vraiment des crétins partout. Je ne pensais pas en voir autant à Harvard.”
Voilà, un fait. Rien de grandiose, et rien qui n’invite à la discussion, mais c’est toujours mieux que rien.

In a bad shape

ft Nessa

«Just leave me alone, I don't need you to know I exist»

Malheureusement de nos jours beaucoup de personne passent leur chemin en voyant ce genre de chose se passer. Chacun pour soi. Et je trouve cela malheureux car le jour où ça peut nous arriver, on aimerait qu'une personne vienne nous aider. Je ne pouvais donc pas passer à côté et faire mine de rien. Moi qui avait vécu de l'harcèlement scolaire. Je crois aussi au Karma, alors j'essaie de faire le plus de bonnes choses, afin d'avoir un bon Karma et jusque là, j'en ai plutot un bon. Je m'asseyais a côté de la jolie blonde. Car oui, cette jeune fille était très jolie et ça devait être pour ça que ce groupe de mecs avaient commencé à l'emmerder. Pour eux, une jolie fille ne pouvant pas être plus forte qu'eux derrière un ordinateur. Pourtant c'est fini cette époque là. Peu importe ton sexe, tu peux travailler dans n'importe quel domaine. "Je vous en prie." Au vu de son comportement, je voyais qu'elle ne souhaitait pas que je m'éternise à son côté. Pas de soucis. De toute façon, j'ai des choses à faire aussi de mon côté. Seulement, avant de partir, je souhaite tout de même m'assurer qu'elle aille bien et que le groupe ne reviendrait pas après mon départ. "La jalousie entraine la connerie." Lui répondis-je. Pour lui faire comprendre que ce n'était pas de sa faute, mais bien de la leur. "Vous les connaissiez?" Je n'allais pas lui dire, mais je comptais bien prévenir le doyen de l'université que de l'harcèlement peut se produire au sein de l'établissement. Je ne peux pas ne rien faire.

In a bad shape

ft Nessa/Rebecca

«Just leave me alone, I don't need you to know I exist»

Vanessa continue à jouer avec ses mains pour se donner une contenance. Elle ne veut pas paraître mal polie, mais elle sait que sa nervosité met souvent les autres mal à l’aise. On lui a déjà répété dans le passé à quelle point elle pouvait paraître froide et distante. La plupart du temps cet effet repoussant est recherché, mais dans d’autres situations elle aimerait pouvoir être plus sociable.
Quand la femme lui parle du fait que la jalousie entraine la connerie, Nessa approuve de la tête. Ces petits cons auraient sans doute agi autrement s'ils ne s’étaient pas senti menacés par ses capacités.
“Non je ne les avais jamais vu auparavant.” répond Nessa à sa question. “Enfin, je veux dire qu’ils ne sont dans aucun de mes cours. Et vous ?”
Elle s’empresse de rectifier ses dires car elle ne peut aucunement attester qu’elle ne les avais jamais vu. Elle les a peut être croisé au détour d’un couloir, mais elle ne se souvient pas leur avoir adressé la parole ou avoir croisé consciemment leur regard..
“Vous… vous enseignez ici ?” demande Vanessa en pointant sa sacoche. "Je... j'étudie l'informatique"

In a bad shape

ft Nessa

«Just leave me alone, I don't need you to know I exist»

Même si elle ne connaissait aucun des garçons, j’allais tout de même faire remonter la chose au doyen. Le harcèlement n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Puis, je ne me souviens pas de tout leur visage, mais seulement de deux. Ceux qui me semblaient être les deux leaders. Il me suffira de faire attention autour de moi et de demander à mes collègues si jamais je les recroise un de ces jours. Car non, je n’allais pas oublier cet incident. Malheureusement pour eux. “Ils ne me disent rien non plus...” Mais plus maintenant. Ils étaient fichés comme harceleur dans ma tête. Ainsi que d’idiots. La jeune fille qui avait l’air plutôt sur la réserve, me demanda alors si j’étais enseignante, tout en m’indiquant par la suite qu’elle étudiait l’informatique. Je lui souris. Il semblait que j’ai plus ou moins gagné sa confiance. “Oui, en effet. J’enseigne le droit et à côté je suis avocate... Ou plutôt, l’inverse.” Je la regardais, elle, puis son ordinateur. “Je parie que vous devez être une bonne élève.” Du moins, elle me paraissait en être une.

In a bad shape

ft Nessa/Rebecca

«Just leave me alone, I don't need you to know I exist»

Vanessa ne sut pas si elle était contente ou au contraire déçu que sa sauveuse ne connaisse pas la bande qui venait de la harceler. Dans le premier cas, elle n’avait pas envie de causer plus de troubles et elle savait que s’ils recevaient une remarque du corps enseignant pour ce qu’ils avaient fait,  ce serait elle qui trinquerait plus tard, car ils trouveraient un moyen de lui faire payer. Dans l’autre cas, elle aurait aimé connaître leur nom pour pouvoir retrouver leur dossier scolaire ou leur réseaux sociaux et leur faire payer de sa manière à elle.
Finalement, les choses sont sans doute mieux ainsi. Elle doit se concentrer sur ses cours et éviter de faire des vagues si elle veut survivre à ses années à Harvard.

Nessa se tourne de nouveau vers son interlocutrice quand cette dernière lui indique qu’elle est avocate en plus de donner des cours. Impressionnant ! Et aussi une autre raison pour laquelle elle doit faire attention avec ses activités peu légale si elle ne veut pas se retrouver avec plus de problèmes sur le dos.
“Bonne, je ne suis pas vraiment certaine.” dit-elle quand l’avocate la compare à une bonne élève. “Je… Je galère un peu depuis l’année dernière dans certaines matières.”
Vous l’aurez compris, si il ne s’agissait pas d’une personne du corps enseignant, Nessa n’aurait jamais osé avouer ses difficultés avec son cursus. Pas question d’avouer ses faiblesses à ceux qui pourraient l’utiliser contre elle.
“Mais je fais de mon mieux.”
Elle hausse les épaules et fais comme si le sujet ne lui pesait pas sur les épaules tous les jours. Elle n'est cependant pas moins curieuse de la façon dont d'autres étudiants s'en sortent à Harvard.
"Vos élèves s'en sortent bien dans votre cours ?"

In a bad shape

ft Nessa

«Just leave me alone, I don't need you to know I exist»

Avoir un élève qui a un peu de mal ne me dérange pas du tout. Du moment que je vois qu’il se donne tous les moyens pour réussir. En revanche, je déteste ces élèves qui ne foutent rien parce qu’au contraire, ils savent qu’ils ont des facilités. En disant cela, je pense à une élève en particulier. J’ai tenté de l’aider, pour qu’elle revienne sur le bon chemin, mais ça n’a pas fonctionné : je me suis donc retrouvée à jouer à la terrifiante professeure. Mais de ce que je pouvais voir de la jeune femme, si elle avait été dans mes cours, je l’aurais apprécié, malgré ses faiblesses (s’il y en avait). “Tant que vous donnez tout ce que vous pouvez c’est l’essentiel.” Lui répondis-je. Je ne savais pas si ses professeurs voient les choses de la même la manière, mais normalement oui. Si elle donne son maximum, on ne peut pas lui en vouloir.

Elle me demanda alors si mes élèves s’en sortaient bien. Je fis un rapide tour sur tous mes élèves et je me mis à rire. “Disons que j’ai de tout... De l’éternel absent à la lèche botte... Au premier élève qui donne tout ce qu’il peut à celui qui se laisse flotter...” Et pour tout ce que je venais de dire j’avais une idée en tête des élèves. “Peu m’importe les notes de mes élèves. Je marche énormément au mérite. Si je vois que l’élève fait tout ce qu’il peut, j’ai envie de l’aider. Le contraire m’agace.” Mais tous les professeurs sont différents.