the devil's back (libre et multiple)

Huit soleils couchants. Huit personnes sont arrivées depuis que je suis ici. Sans doute que les murs de cette cellule commencent à être trop étroits pour que je ne sois pas un lion en cage. Si jusqu'à maintenant, je réussissais à relativiser sur ma condition et sur ce qui pouvait bien ce passer, le cynisme a laissé place à l'angoisse, aux images que j'avais su oublier pendant quelques semaines. Le moindre bruit plaintif me rappelle celles et ceux qui avaient partagé mon sort des années auparavant. Faisant les cents pas dans ma cellule, je marmonnais. « Allez, putain... j'suis plus là-bas, c'est pas pareil... oublie ça, c'est pas les mêmes conditions, personne va te dire que t'es une mauvaise personne parce que je suis qui je suis... » Grand soupir, espérant que personne n'a entendu ces pensées presque trop audibles au coeur de la nuit. M'approchant des barreaux, je lançais un « Vous pioncez tous ? ».

la position idéale n'existe pas ici. tu tournes, dans tous les sens. tes heures de sommeils sont moindres et les ronflements de certains te réveillent sans cesse. paupières qui s'ouvrent, fixant le plafond. yen a une qui dort pas et que se croit toute seule aussi apparemment. fronces les sourcils, long soupire d'agacement bien audible qui s'échappe. tu te mets en position assise. tourne la tête en direction de la voix qui résonne. t'as froid, en plus de ça. comme depuis ces trois derniers jours - nooon. plus maintenant en tout cas ! et rien que pour ça... OUI, t'es une mauvaise personne. faisant référence à ce qu'elle venait de balancer, se parlant à elle-même, sans aucun doute. tu viens frotter énergiquement ton visage. regard désespéré au plafond tandis que tu reprends une position couchée... les nerfs d'avoir le sommeil coupé chaque nuit - filez moi des somnifères... s'il vous plait. tu regardes tes doigts. t'as déjà plus de peau. et il semblerait que t'es presque plus d'ongles non plus. le stresse qui te gagnes peu à peu.

@Lana Killbane

Alors que j'étais prête à lâcher l'affaire, une voix résonne, avec agacement sûrement. L'allusion à mes paroles que j'aurai préféré garder le moins audibles possibles me font baisser la tête, avec un soupir entre désespoir et frustration. « Dis toi que j'suis pas la pire entre ces murs, ça va t'consoler. » soufflais-je à l'intention de cette voix, qui se veut finalement plus plaintive à l'attention de celui ou ceux qui nous détiennent entre ces murs. « Tu sais, c'est une récompense pour lui, de t'offrir le luxe d'un sommeil complet. Si tu veux quelque chose, va falloir lui faire plaisir. Et de ce que j'vois au travers de cette cage, t'es pas la meuf la plus gérable quand tu veux. » Parce qu'en vrai, aucun de nous n'est vraiment gérable ici. Il nous dompte qu'à l'usure, au gré de la fatigue grandissante. Il veut pouvoir nous contrôler comme de bêtes marionnettes. Si tu fais ce que je veux, tu auras quelque chose. Manipulation qu'il semble maîtriser avec perfection, puisque moi-même, je me suis adoucie à force de manque de sommeil, de nicotine, d'alcool.

Panique pas, panique pas, respire. Alex s'il te plait fais un effort. T'as froid, puis chaud, normal c'est ton corps réagis à la situation. Redescend en pression s'il te plait. Putain j'arrive pas à redescendre. Je n'arrive plus à savoir combien d'heure me sépare entre mon kidnapping et mon enfermement ici. Bordel. Je vois flou, tout s'estompe, j'arrive pas à me concentrer. J'arrive pas à me calmer s'il vous plait, sortez-moi de là s'il vous plait. J'ai entendu une voix, puis une deuxième, qui c'est... Il faut que je me relève. Je peux pas rester comme ça. Oui fait autre chose Alex, dégourdis toi, occupe-toi, rapidement. Alleeeezz. Outch, mon dos, je suis resté trop longtemps recroquevillé contre le mur. Je mets deux doigts contre ma gorge pour calculer mon pouls, okay, je suis un peu au-dessus. « Il y a quelqu'un ? S'il vous plait ? Je comprend rien à ce qui se passe... » dis-je en chuchotant pour éviter de déranger le taré qui m'a enfermé ici. Je semble pas être le seul en tout cas, c'est triste comment le fait de ne pas être seul me rassure. J'ai peur cependant que mes crises de claustrophobie revienne assez rapidement.

Nouvelle voix masculine qui s'élève dans l'assemblée endormie. Voix qui chuchote, qui me pousse à tendre un peu plus l'oreille. Je peux bien comprendre son envie de sauver le sommeil des autres, mais dans le vaste espace qui nous entoure dans nos pauvres cellules minuscules, le bruit est amplifié mais l'acoustique tend à déformer un peu les choses. « Bienvenue en enfer, mon frère. Tu es le douzième membre de cette...sombre merde qui vient de te tomber sur le coin d'la gueule. » Résumé brut et direct, pour lui permettre d'atterrir directement plutôt que de se retrouver à errer dans un état second encore trop longtemps, comme j'avais préféré le faire à mon arrivée. « T'en fais pas, on finit par s'y faire. On apprend à vivre comme ça, avec nos démons qui reviennent. » Lèvres pincées, larme qui perle le long de ma joue, je soupire pour retrouver un peu de sérénité. Parce que rassurer les autres, c'est une chose. Mais se rassurer soi-même, c'est autre chose.

Hum... Je sais pas si la porte est plus froide que cette remarque glaçante qui ouvre mon esprit en deux, comme une lame. J'essaye de capter d'où vient le son de sa voix, pour avoir un repère. Il me faut un repère pour me donner une idée de l'espace de l'endroit. Punaise je commence à vriller. Il faut que je continue à lui parler. « D'accord, hum... Je pense que vous avez déjà tout essayé pour vous barrer j'imagine ? », je commence à avoir une bouffée de chaleur. Putain ça commence à venir. Il faut que j'inspecte chaque endroit de la pièce, il doit bien avoir une arrivée d'air, quelque chose. je regarde autour de moi, je commence à donné de léger coup contre le mur pour essayé de voir ce qui est creux ou non. Fais chier putain. Rien de rien. Je commence à pousser les objets violemment et à faire plus de bruit. Sans trop le vouloir je me heurte contre tout ce qu'il est possible de se heurter dans cette pièce. Calme toi calme toi.

@Lana Killbane

Il y a de quoi devenir fou. C'était toujours la même rengaine à chaque nouvelle arrivée. Comment, pourquoi ? Toujours fournir les mêmes informations, les seules en notre possession. Le mec est imbu de lui-même, se sent fier de sa petite collection de talents qui grandit chaque jour. Pas d'issue, pas de possibilité d'appeler à l'aide, juste lui et ses petits discours à la con, ses rencards avec une certaine Gabriella, la liberté pour celui qui nous séquestre sans vergogne. Hochement de tête dans ma cellule. « Certains essayent encore, d'autres sont résignés, mais on a tous essayé, ouais. J'ai rien trouvé de mieux que d'apprendre à faire voler des avions en papier pour communiquer. » Avions qui volent parfois vers la cellule numéro deux où se trouve Ahri, quand j'ai la certitude que Keith n'est pas dans le coin. J'entends qu'il entre en crise de panique. « Eh, mec, calme toi... respire doucement et écoute ma voix. Comment tu t'appelles ? » Ici, patience et pédagogie sont de mise, parce que les angoisses sont nombreuses, et j'ai souvent été sujette à ce genre de manifestations de mon corps et mon esprit pour comprendre ce qu'il est en train d'endurer.