BISHA BENNETT ► dorina gegiçi

On espère à peu près tous la même chose, qu'la vie soit belle et tranquille, avoir une famille heureuse, une maison, des amis sur qui compter.

C'était ça la philosophie d'ton grand père, il avait eu tout ça et bien plus encore comme il aimait le dire. Jeune adulte il avait mis aux oubliettes tout les conseils que son père lui avait donné, pour être un homme droit, un homme honnête. Quand on met un pied dans le milieu on s'attend à avoir tout ce qu'on veut le plus rapidement possible, mais on peut aussi perdre tout ce que l'on a en un claquement de doigt.
Membre influent de la mafia albanaise, il était devenu au fur et à mesure le chef de son clan, une vie à jouer avec la liberté.

Fallait bien commencer quelque part et c'etait pour un cageot de cerise qu'il avait passé son premier séjour en prison, pas seul non, son ami, comme un frère, toujours ensemble ces deux là. Inséparable, une amitié à toute épreuve, c'était ce qu'il avait toujours cru.
À leur sortie, ils avaient intégré une organisation qui ne leur convenait pas, ils avaient essuyé des balles, tué des hommes, c'était pas ce qu'il voulait, pas son genre.
C'était le genre de type qui rassemble, cette famille autour de lui, les tziganes sont des mecs sur qui ont peut compter les yeux fermés dès qu'ils vous laissent rentrer dans leurs cercle proche.
Il avait rencontré sa femme lors d'une soirée, un coup de foudre comme on en connaît peu et de cet amour était née une jolie brune à la peau matte, elle faisait le bonheur de ses parents.

Dix années de braquage avec la fine équipe, du propre ils avaient fait, véritable organisation militaire, de sa première équipe il avait retenu une seule chose : valait mieux passer vingt heures à bosser que vingt ans au placard.
Ils faisait les gros titres, les unes des journaux locaux.
1977, fin du règne, passage par la case prison, le grec les avait balancé, tout ce qu'il avait toujours cru. Sa femme elle avait écopé de 30 mois de prison et pour la sauver de cette vie, il lui avait demandé sa main, on peut pas parler de complicité quand on est mariés.
Alors à sa sortie elle avait récupéré sa fille et avait tenté, tant bien que mal d'élever sa fille en attendant la sortie de son mari.
La princesse grandissait et alors qu'elle devenait une femme, elle avait rencontré celui qui deviendrait ton père, un américain cherchant à démarrer une nouvelle vie, c'est avec ta mère qu'il l'avait trouvé. Plus tard c'était à eux de se dire oui, un mariage plein de joie, danse, sourire, musique, mais il manquait une personne, la plus importante. Le grec n'était pas une balance, c'est souvent les plus proches qui trahissent, son frère de connerie, son frère d'une autre mère, il avait sauvé sa peau en vendant celle de ton grand père. Il était parti et personne savait où, il vivait reclus, comme la balance qu'il était.

La jolie brune avait un ventre rond, un garçon arrivait alors que les affaires continuait, un ami fidèle de la famille s'était arrangé pour envoyer la nouvelle petite famille loin de tout ça et c'est de cette façon qu'ils étaient arrivés à New York. Là ils pourraient tout recommencer à zéro, sans subir les choix de vie du père.
Un couple amoureux, un enfant et bientôt d'autres suivraient, un garçon, l'aîné, deux jumeaux, toi et un autre garçon et une petite dernière, désormais c'était ça la famille.
Depuis le chef de famille était sorti de prison et il se rendait parfois en Amérique, les bras chargés de cadeaux pour ses tendres petits enfants, le plus de gamins possible sur les genoux il vous racontait ses histoires sous les gros yeux de ta mère qui avait peur que cela inspire l'un d'entre nous. Elle avait grandi avec un père en prison, ne voulait pas vieillir avec un enfant au même endroit.

Bisha toi, tu connais les histoires sur le bout des doigts, t'es fière de qui tu es, de ton grand père, clairement c'est ton héros, sa vie tu la vois comme un film, t'en as beaucoup rêvé. Pourtant tu sais à quel point ça a pu être dur, c'était pas une vie, entre les descentes de flics au réveil, les hélicos qui encerclent la maison, des armes pointées sur vous, camions blindés et autre engin qui ramène à la dure réalité.
Des fois tu rêves à la vie de gangster et puis tu te ravises bien vite, tu penses à toutes ces choses qui pourraient te détruire, assez de drames dans cette famille.
Aujourd'hui la solution c'est qu'ils vous rejoignent tout deux, grand mère et papi, qu'ils s'éloignent de ces affaires parce qu'il a finalement toujours un pied dedans. Rien n'est terminé, les fantômes du passé sont là.

Finalement toi t'as voulu jouer à l'héroïne tout d'abord en sauvant des vies, membres de l'équipe d'urgentistes de Boston, t'en as vu des sales trucs, tellement que t'as décidé de te poser, dans un environnement plus tranquille, infirmière du centre médico-social de l'université, on pourrait se demander ce que tu fous là avec la carrière que tu as mais t'as besoin de tranquilité, la bobologie y a rien de mieux.