ARTHUR JAKOWSKI ► adam gallagher

'L'Amérique, je veux l'avoir et je l'aurais'. Comme les paroles d'une chanson d'un célèbre chanteur, l'Amérique, c'était aussi le rêve de ce jeune polonais. Alors, à sa majorité, il avait pris son sac à dos et était descendu dans le pays de l'oncle Sam. Si il n'avait pas percé dans la chanson, comme il l'aurait souhaité, il était devenu mécanicien, prenant le premier boulot qu'on lui offrait, dans un garage de Staten Island. Il avait rencontré l'amour et avait eu des enfants. Les enfants avaient eu des enfants. Bref, et si on arrêtait de raconter la vie du grand-père d'Arthur pour se consacrer à la sienne?
26 décembre 1991, Staten Island. Des cris dans une salle d'accouchement, ceux d'un joli petit garçon, né d'une mère américaine et d'un père aux origines polonaises. Arthur Marek Jakowski, 3 kg 250, 50 cm. Des sourires et des larmes de joies. Car Monsieur et Madame Jakowski l'avaient tellement attendu cet enfant. Tellement de fois ils l'avaient prié, espéré? Maintenant qu'il était là, ils avaient décidé de le choyer, l'entourant d'un amour, quelque fois un peu trop envahissant. Et c'était dans cet amour qu'Arthur avait grandi, entre une maman fleuriste et un père avocat spécialisé dans les divorces. Quand Arthur fit ses premiers pas, ses parents voulurent lui donner un petit frère ou une petite soeur. Ils essayèrent alors à de nombreuses reprises. Et à de nombreuses reprises, ils échouèrent. Si la religion les aidait à surmonter les épreuves, ils durent se tourner vers la médecine. 8 années après la naissance d'Arthur et 3 fécondation in-vitro plus tard, ils eurent deux adorables petites filles. Arthur n'avait pas tout de suite compris l'intérêt d'avoir deux petits êtres humains ne faisant que pleurer et les réveillant tous au plein milieu de la nuit, il avait alors eu une période de jalousie. Et voulant à tout prix avoir l'attention exclusive de ses parents, il avait accumulé les bêtises et ses notes chutèrent. Il dû donc recommencer son année scolaire. C'est à ce moment qu'il rencontra Jeremy, ce petit garçon, ce nouveau camarade de classe. Très vite, ils devinrent inséparables. Arthur et Jeremy, c'était jamais l'un sans l'autre. Comme des frères. Et comme des frères c'est ensemble qu'ils grandirent. Et ensemble qu'ils devinrent adolescents. L'adolescence et son lot de complications. Les garçons se rebellèrent. Contre leurs parents, contre leurs professeurs, contre le monde entier. Et si ce n'était pas suffisant, ils trouvaient toujours une nouvelle bêtise à faire. Au départ, les bêtises étaient gentilles: sonner aux portes et courir vite avant que la personne ne sorte, casser un oeuf sur la tête d'un professeur -ce qui leur avait valu quelques heures de retenue-, ... Bref, les deux adolescents se croyaient invincibles. A 16 ans, ils fumèrent leurs premières cigarettes. Et à 17 ans, ils se prirent leur première cuite. Toujours avec des gens plus vieux qu'eux, des jeunes adultes qui leur payaient les consommations. Des mauvaises fréquentations. 13 octobre 2008. Une date à marquer au fer rouge pour Arthur. Le décès de Jeremy d'une overdose. Un électro-choc pour le jeune américain. Même si lui n'avait jamais touché à la drogue, même si il ne savait pas que Jeremy le faisait - apparemment celui qu'il considérait comme son frère avait des secrets - Arthur se sentit coupable. Coupable de n'avoir rien vu, coupable de n'avoir pas pu sauver son meilleur ami. A partir de ce moment, Arthur changea du tout au tout.Terminé les bêtises: il stoppa l'alcool, la cigarette et les mauvaises fréquentations. Ses parents - qui jusque là étaient désemparés face à la situation - lui apportèrent tout le soutien nécessaire. Arthur se rapprocha alors de sa famille, surprotégea ses soeurs de peur qu'un jour, elles finissent comme Jeremy. Et il transforma son chagrin en quelque chose de positif: il savait ce qu'il voulait faire dans la vie: soigner les autres, les aider avant qu'il ne soit trop tard. Alors Arthur bossa, ses résultats grimpèrent en flèche. Il fut donc admis à l'université à ses 19 ans.            

Un jour je suis né. Depuis, j'improvise. Rentrée scolaire 2011. Les premiers pas d'Arthur à Harvard. Au départ, ce n'était que pour un échange universitaire. Une année loin de New-York, loin de sa famille. Et puis il l'avait rencontrée, celle qu'il croyait être l'amour de sa vie. D'une année à Harvard, il avait finit par terminer ses études là-bas (ses bons résultats scolaires ayant appuyés sa demande d'inscription définitive). Juin 2014. Un mois qui se devait d'être exceptionnel. Arthur validait sa dernière année. Son cursus avait duré 4 ans (dont une année à New-York). Presqu'autant que sa belle histoire d'amour. Puisqu'elle le plaqua quelques jours seulement après sa réussite. Et malgré le contrat qu'il venait de signer au Massachussetts General Hospital, malgré l'appartement qu'il venait de louer, son monde s'écroula. Arthur se plongea alors dans son travail. Et ce n'est que quelques mois plus tard qu'il accepta de ressortir avec ses amis. Et maintenant? Arthur travaille toujours comme infirmier dans le même hôpital. Si sa vie professionnelle est une réussite, si il a réussi à trouver un équilibre entre son travail et ses amis, Arthur reste cependant un handicapé de l'amour, refusant de retomber amoureux de peur de souffrir à nouveau.