CYRA LAJANI ► mishti rahman

bitch i'm a cow ; veganisme en vogue, les consciences qui s'animent quand à quoi demain sera fait, cyra elle avait toujours vu l'état critique du monde à ce niveau. culture familiale de la sacralisation des animaux, le respect et l'admiration de ceux qui ne représentent aux yeux de certains qu'une simple denrée. les lajani ils ne sont pas comme ça, un jardin exotique dans la maison de vacance, immense étendue où la faune et la flore sauvage avait accès en toute circonstance sans que l'homme n'intervienne jamais. havre de paix pour tous, le simple bruit d'une fontaine qui clapote pendant que les oiseaux viennent s'y rafraîchir. le désir de stopper toute consommation animale, plus dur qu'il n'y paraît puisqu'à l'heure actuelle elle stagne au stade de végétarienne. lucky number seven ; née le sept du septième mois, en mille-neuf-quatre-vingt-dix-sept, cyra n'est autre que la septième enfant du coup lajani. la plupart y verront des coïncidences, futilités même. en quoi cela serait un message du destin ? elle n'en sait rien encore, elle attend patiemment que cela se révèle, à guetter les signes, trouver une justification farfelues, mystiques à des évènements banaux juste sous la justification que tout est lié. elle aura même été jusqu'à l'inscrire sur la peau de sa nuque à l'encre noir, numéro sept en caractère bengali. cold in my kingdom size ; princesse des temps modernes d'un père roi d'une société d'exportation, le climat parfois rebelle et la colère d'un peuple qui en a marre des inégalités force le clan lajani à se réfugier dans l'une des immeubles blindés du centre-ville. famille qui vit sur cinq étages dans la dernière partie de la tour illuminée. vue à couper le souffle sur l'entièreté de la ville, les nuits qui sont illuminées par des étoiles fictives. un château fort dont elle ne peut sortir qu'accompagner des employés ou encore de ses frères, même les trajets à l'université se font sous l'étroite surveillance familial. monde extérieur hostile, que l'on qualifie de bombe à retardement, mais elle voit les choses autrement, des découvertes à faire et des gens à rencontrer. warm me up and breathe me ; les vacances dans la maison plus dans les terres, toujours jalousement surveillée, un périmètre à ne pas dépasser et des capes allant jusqu'à recouvrir le visage de voile à supporter. un goût amer de prison résidentiel à l'adolescence. elle veut découvrir les endroits d'où vient sa famille, courir les pieds nus dans la a boue et s'écrouler dans les champs à en avoir le ventre qui se tord dans tous les sens. plusieurs fois elle fait le mur avec ses soeurs, parvient à tromper la garde rapprochée. les nuits sont humides, belles, elles déambulent dans les rues, rient à gorges déployées dans les bars, s'étonnent de ce monde nocturne qu'on leur a toujours caché. you're the white swan in the photograph ; la nuit où tout bascule, alcool qui se dilue dans les veines et qui sera accusé d'être une intoxication alimentaire le lendemain. cyra qui hurle son bonheur, bouche dont le sourire ne se détache pas, les joues rosies par l'ambiance chaleureuse de cet endroit qu'elles ont apprivoisé le temps de quelques heures par semaine. pourtant tout vole en éclat, excès de violence dans le coin, des voitures qui brûlent et les gens qui hurlent. incompréhension quand à la foule qui déferle dans les rues, réclame justice et égalité du peuple. elle va découvre la mysère, les estropiés, les enfants mal-nourris à moitié morts dans les bras de leurs parents, les victimes d'une société favorisant la richesse au plus petit nombre. you should see me in a crown ; incrédule, le monde ne peut pas être aussi moche, elle qui n'en voyait que le bonheur qui pouvait en irradier. elle se renferme un peu plus et se rattache à ce qu'elle a connu, ce qui la rassure. les contes de fée de sa gouvernante. elle s'y retrouve dans ses histoires, jeune fille perdue qui n'attend que d'être sauvé, qu'un homme affronte tous les dangers de l'univers pour venir la sortir de sa torpeur, qu'elle puisse finalement vivre elle aussi, ne plus être otage. elle l'imagine qui vient l'arracher à sa torpeur, lui promettant qu'ils changeront tout le mauvais ensemble, construirons un idylle dans une utopie, et c'est comme ça qu'elle s'endort chaque soir.