« Milena… attend s’il te plait. » Elle me regardait déjà avec les yeux plein d’eau et je voyais clairement le doute sur son visage. Elle ne me croyait pas. Ou du moins, elle ne savait plus qui ou quoi croire. Ça me brisait le cœur, mais qu’est-ce que je pouvais encore faire? « Je n’peux plus Castiel… Et puis… il y a un autre… » Elle n’avait pas besoin de terminer sa phrase pour que je comprenne. Il y avait un autre mec dans sa vie, un connard avait prit ma place et je ne pouvais rien y faire. Tout le monde m’avait laissé, pas seulement elle. Personne ne me croyait totalement, même mes parents doutaient de moi! Elle prit son sac et se retourna, ne s’arrêtant qu’une fois sur le seuil pour me regarder une dernière fois, une larme roulant sur sa joue. C’était terminé, pour de bon.
C’était le deuxième jour d’audience et c’était enfin au tour de mon témoin de venir témoigner à la barre. Je commençais à croire qu’on y arriverait jamais, que j’aurais à tout jamais l’air coupable aux yeux du jury parce que c’était définitivement le cas présentement. Cette petite garce avait l’air beaucoup trop parfaite pour qu’on ne croie pas à son témoignage, pour qu’on n’achète pas ses larmes et son air complètement détruit. À moi on ne me la faisait pas. Peut-être que papa avait de l’argent, mais pas suffisamment pour empêcher mon pote de dire la vérité. « Monsieur Lincoln jurez vous de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité? Dites je le jure. » « Je le jure. » Je déglutis et m’enfonçai dans ma chaise en regardant nerveusement mon avocat. Il hocha simplement la tête et, comme tout le monde présent, j’écoutai ce que ce mec avait à raconter. Comment il s’était trouvé dans la pièce adjacente quand Athénaïs avait tout fait pour essayer de m’amadouer et que je l’avais rejeté. Comment il l’avait entendu dire que je ne m’en sortirais pas aussi facilement et comment il avait même eu la chance de la voir alors qu’elle jouait l’aguicheuse et qu’elle jurait de me faire payer de la rejeter ainsi. Jamais un seul instant n’avais-je même posé une main sur elle et c’était la vérité. Mais cette vérité, tout le monde ne la croyait pas. Je fermai les yeux et tout me revint en tête comme si c’était hier. Mon cœur se serra en revoyant Milena s’en aller.
Assit tranquillement dans le local de musique, j’avais ma guitare sur les genoux et je gribouillais sur une feuille quelques paroles lorsqu’elle entra simplement, refermant la porte derrière elle. Comme toujours, elle avait ce petit sourire mesquin sur les lèvres et portait des vêtements beaucoup trop révélateurs pour une fille de son âge. Elle n’avait même pas encore dix-huit ans, où est-ce que le monde s’en va?! « Salut Castiel… Qu’est-ce que tu écris? C’est une chanson pour moi? » Je levai la tête vers elle et soupirai. C’était au moins la millième fois en un mois qu’elle essayait de me draguer, sans succès. J’étais bien amoureux de Milena et pas question de faire quoi que ce soit pour la blesser. Surtout pas avec une petite chipie d’Eliot en première année. « Non, c’est un truc pour un cours, rien de plus. » Elle s’avança et glissa une main sur mon torse en passant derrière moi. J’arrêtai de gratter ma guitare pour donner un coup d’épaule histoire qu’elle me lâche. « Athé, s’il te plait… Je t’ai déjà dis que j’étais en couple. » Elle soupira bruyamment et prit une moue boudeuse avant de sourire à nouveau en me regardant par en dessous. « Tu sais Castiel…. J’obtiens toujours ce que je veux… » J’arquai un sourcil et la regardai de la tête aux pieds. Aucun besoin d’introduction, j’avais tout lu sur les filles comme elle sur le dos des portes de toilettes. « Mh hum. » Je baissai à nouveau les yeux sur ma guitare et ne lui portai plus attention ce qui, apparemment, ne la découragea pas, au contraire. « Oh, monsieur joue les mecs difficiles à avoir? J’adore quand tu me résistes comme ça… » Je la regardai à nouveau, fronçant les sourcils. Elle était folle ou quoi? Ou alors juste taré, j’avais été clair non? « Athé, tu devrais t’en aller. » Elle s’approcha et me prit ma guitare des mains pour la poser plus loin avant de revenir vers moi et de poser les mains sur mes cuisses. Je poussai rapidement ses mains de là. « Qu’est-ce que tu fou? Arrête et va-t-en! » Elle se renfrogna et recula d’un pas. « Tu crois que tu vas t’en tirer aussi facilement Castiel? Tu crois qu’on peut me dire non à moi? Tu vas payer cher crois moi! Tu aurais du en profiter quand t’en avais encore la chance… » Elle se recula encore un peu et me regarda de la tête aux pieds. Je la toisais d’un air mauvais. Elle ferait mieux de s’en aller avant que je ne m’impatiente d’avantage. « Sors. » Elle pinça les lèvres et renifla d’un air dédaigneux avant de sortir rapidement en faisant claquer ses talons.
« Concernant les chefs d’accusation de tentative de viol et d’agression sur une mineure à l’attention de monsieur Castiel Weaver ici présent, le jury déclare l’accusé non coupable. » Un grand soupir de soulagement quitta mes lèvres et sembla m’enlever un poids énorme de sur les épaules. J’étais non coupable! Je sortis du palais de justice en espérant voir mes amis, mais personne n’était là pour m’accueillir. Ni même à mon retour à la maison. Pire, une lettre sur mon bureau m’annonçait que je devais quitter la maison dans les plus brefs délais. Tout le monde me haïssait et, que je sois coupable ou non n’avait plus d’importance à leur yeux. Elle n’avait peut-être pas remporté le procès, mais elle avait tout de même gagné; elle avait détruit ma vie.