JERICHO NGUYEN ► Im Changkyun

( un ) Tu as vu le jour en Australie, à Melbourne plus précisément. Tu as pointé le bout de ton nez le cinq août quatre-vingt-dix-sept. C’était une journée chaude et humide, voir suffocante ce qui est plutôt rare sur cette partie du globe à cette période de l’année. À croire que ta venue au monde était un mauvais présage.

( deux ) Tu es enfant unique, du moins c'est ce que tu crois et sait jusqu'à présent. Ton père est d'origine vietnamienne, ta mère Australienne. Tes parents se sont rencontrés lors d'un voyage d'affaire et depuis, ils ont choisi de s'établir parmi les kangourous à l'autre bout de la planète. Ta mère pratiquait la pédiatrie. Pratiquait parce qu'elle n'est plus de ce monde. Ton père est un homme d'affaire qui possède plusieurs compagnies dont il est le grand manitou. Il manipule de l'argent sale, baigne dans les complots et les trucs pas nets. Tu ne sais pas grand- chose sur lui en vrai et c'est peut-être mieux ainsi.

( trois ) Tu as rencontré Léonie à l’âge de huit ans. Tu t’en souviens,car c’était l’euphorie totale à Melbourne. Les élections, ce truc d’adulte que tu ne comprenais pas trop à l’époque. Vos familles se sont liées étrangement vite, complicité et partenariat suspect entre vos deux papas. Tu ne t’es jamais posé de réel question, tu t’es simplement contenté de devenir son ami.

( quatre ) Quelques jours après ton anniversaire de neuf ans, ta vie à basculée. Tu n'as jamais eu à te plaindre de ta famille. Ta mère t'aimait plus que sa propre vie et compensant largement pour l'absence et la carence d'amour de ton père. Ce dernier ayant accumulé une dette considérable, s'est mis à dos quelques malfrats. Un prix sur la tête de ton père, ils ont simplement débarqué chez toi en plein jour. Tu venais à peine de rentrer de l'école, sagement posé à la table pour faire tes devoirs pendant que ta mère cuisinait non loin de toi. C'est devant ton regard apeuré qu'ils l'ont sauvagement abattu d'une balle dans la tête. Une vie pour une autre, ils en ont rien à foutre eux. Ces images repassent sans cesse dans ta tête, comme la bobine d'un film détraqué. Tu revois son corps frêle s'écrouler lourdement sur le sol, tandis qu'une mare de sang se forme sous sa tête. Le regard vide d'expression et de toute compassion des hommes venus de nulle part te toisant comme si tu étais le prochain à charcuter comme un porc. Tu ne sais toujours pas pourquoi tu es toujours là...

( cinq ) Tu pratiques le sport depuis que tu es en âge de le faire. Tes parents t'on inscrit dans toutes les activités sportives inimaginable. Que ce soit la natation, le foot, le baseball ou encore le basket ball... tu excelles dans à peu près tout. C'est dans le sport que tu t'es réfugié après la mort de ta mère. Tu t'es tué à l'entraînement jour après jour, amené à repousser tes limites physique pour voir à quel moment ton corps allait flancher. À ton grand désespoir, tu tiens toujours debout, plus vigoureux que jamais.

( six ) Parmi tous les sports, tu as choisi de t'investir à la fois dans la natation, le foot américain et le basket. Tu as toujours sû trouver le juste équilibre entre les trois et faire concorder tes horaires pour être en mesure de tout faire. Du plus loin que tu te souvienne, tu fais partie d'une équipe sportive et tu accumules les trophées. Tu donnes ton cent dix pourcent chaque fois que tu mets le pied dans un gymnase. Tu n'as toujours eu qu'un objectif en tête, attirer les recruteurs. Pour toi, ils étaient la porte de sortie idéale pour te propulser hors du nid familial. Niveau stats, tu es difficile à battre. Tu es le prodige, l'étoile montante de demain.

( sept ) C’est grâce au foot que tu as fait la connaissance d’Isaak ton meilleur ami. Vous n’aviez pas grand chose en commun. Lui extraverti et toi, loup solitaire. Il a su se façonner  une place de choix dans ton coeur et depuis, vous êtes inséparables. Il est ton second souffle lorsque tu as l’impression que les sables mouvants de la vie, t’avalent entièrement. Il t’a toujours accompagné lorsque tu étais au plus bas, sans jamais poser de question. Tu as mis du temps avant de lui parler de la mort de ta mère et aujourd’hui, plus que jamais, il se tient fièrement à tes côtés. Il te fait sortir de ta zone de confort et tente de te faire voir la vie sous un autre angle.

( huit ) Deux-mille-onze, une année très importante pour toi. C’est là où tout a commencé. Quelques mots ont suffit à convaincre ton père de te laisser partir. Un fardeau de moins sur ses épaules, une épine de moins dans le pied. Tu as quitté l’Australie pour venir habiter Boston avec la famille de ton meilleur ami. Ils t’ont accueilli comme un membre à part entière de leur fratrie. Ils ont veillé à ce que tu reçoives la meilleure éducation possible, que tu intègres les équipes sportives les plus en vogues et les plus prestigieuses pour ne pas que ton talent se flétrisse. Tu n’as jamais manqué de rien.

( neuf ) Pour se donner bonne conscience, ton père verse chaque mois, une somme phénoménale sur ton compte en banque. Un moyen facile pour lui de se faire croire qu’il est un bon père et qu’il remplit son rôle de meneur à la perfection. Tout ce qu’il veut, c’est prendre le mérite pour tes exploits sportifs et ajouter tout cela au compteur pour faire fructifier ses entreprises.

( dix ) Deux-mille-quinze, la majorité ! Le jour même de tes dix-huit ans, Isaak et toi avez fait l'acquisition d’une grande baraque. Comme ses parents ne manquent pas de fric ( et toi non plus d’ailleurs ) vous avez pu vous permettre ce luxe dans l’espoir de fonder une coloc éventuellement. Qui dit Harvard dit étudiants, qui dit Colocation dit party, soirées, délires, sexe et drama.

( onze ) À ta grande surprise, la destinée a fait en sorte que ton chemin de vie croise à nouveau celui de Léonie. Tu ne t'attendais pas à la voir débarquer à Harvard, ni à ce qu'elle intègre la coloc, tout s'est fait tellement vite. Peu de temps après son arrivée, son père t'a contacté personnellement pour te demander de veiller sur elle et t'assurer qu'il ne lui arrive rien. Il a été clair sur un point; aucune relation amoureuse permise entre vous. Tu as volontiers agréé à sa demande sauf que les choses ne se sont pas déroulées comme tu l'avais imaginé. Ton coeur a flanché, sa beauté ta désarmé. Tu es sorti avec elle pendant deux ans, jusqu'à ce qu'elle quitte Harvard pour un voyage humanitaire. Léo... c'est ta première fois. Ton premier baiser quand tu étais gosse, la première fille que tu as mis dans ton lit et puis ton premier amour. Son départ était un bon prétexte pour mettre un terme à votre histoire. Tu as trouvé une excuse bidon pour justifier ta décision, tout en gardant en tête les paroles de son père. Tu l'as laissé partir comme un con, préférant suivre la raison plutôt que ton coeur.

( douze ) L'échec cuisant de ta relation avec Léo t'a fait comprendre que l'amour ce n'est clairement pas pour toi. Tu préfères tomber amoureux à chaque seconde pour être en mesure d'oublier la seconde qui suit. Tu affectionnes la chair et non l'âme, tu es sauvage pas de place pour la tendresse. Tu es l'amant d'une nuit, toute relation que tu entreprends se termine de façon tragique, comme un récit signé de la main de Shakespeare. C'est un coeur en lambeau que tu laisses sur ton sillage, la détresse d'un palpitant laissé à l'abandon, t'en a rien à foutre.

( treize ) La Colocation ça te plaît bien ! Après le départ de Léo tu as fait la connaissance de cette petite intello. Jeune fille timide et charmante, fragile comme une fleur qui menace de se casser à la moindre bourrasque de vent. Tu as décidé de la prendre sous ton aile, de veiller sur elle. Elle est une source infinie de bonne humeur et désormais, elle fait partie intégrante de ta vie, comme cette petite soeur que tu n’as jamais eu. Elle parvient même à te faire oublier miss Burgess par moment.

( quatorze ) Avec Isaak vous avez jeté votre dévolu sur Harvard dès que vous avez posé vos valises à Boston. C’est avec lui que tu as fait les démarches, désireux de le suivre partout ou il va. Avec les années, tu t’es découvert une passion pour la mode et étrangement, tu es plutôt doué avec une aiguille et du fil. Personne n’est au courant de cet amour florissant pour la création de vêtement, c’est ton petit secret à toi… que tu partages désormais avec la doyenne. Tu as choisi d’intégrer le cursus de design de mode histoire de voir ou tout ça te mènerait, tu signes d’ailleurs tes créations sous le pseudonyme d’Euphoria, hors de question qu’on découvre ton identité… la mode, ça n’a rien de très masculin, mais avant tout, ton domaine d’étude principal est l’art et techniques du sport.

( quinze ) Bric à Brac; tu fais parti de l’équipe de foot universitaire, tu dragues absolument tout ce qui bouge, tu adores teindre tes cheveux ( t’aime bien attirer l’attention de la gente féminine avec ça. ) , Accro au café, tu fumes en cachette ( c’pas bon pour les sportifs. ), Tu enchaînes les coups d’un soir, t’as un petit chat qui s’appelle kooky, t’es fan de lecture, tu te balade en moto, t’aime les sensations fortes, tu détestes ton père, tu rêves de visiter la chine, la corée et le japon.