Dans les couloirs, une tempête gronde [Lucas/Brooke]

La colère n'était toujours pas descendue et si Brooke n'écoutait que sa conscience troublée par la vodka qu'elle avait bu précédemment, elle ne descendrait jamais et elle allait en vouloir pour Lucas pour le restant de ses jours. Pourtant, dire qu'elle avait des sentiments pour lui aurait été faux. Certes ils étaient amis, parfois un peu plus, mais ça s'arrêtait là. Les limites étaient très claires dans l'esprit de la blondinette. Mais se sentir humiliée, encore une fois, ça non, elle n'arrivait plus à la supporter. Certains la jugeront folle, bipolaire ou que sais-je encore, mais la vérité, elle n'était qu'une femme blessée. En entendant Lucas l'appeler par son prénom, elle se met à accélérer le pas, hors de question qu'il la rattrape et tente de s'expliquer.

Même si elle avait accélérer le pas, ses talons hauts et sa robe longue ne l'aidaient vraiment pas à pouvoir le distancer. Aussi, c'est contrainte et forcée qu'elle se retourne pour lui faire face. Dans d'autres circonstances, elle aurait presque été ravie de l'effet théâtral que lui donnait les pans de sa longue robe noire alors qu'elle faisait demi-tour mais pour l'instant, seule sa propre colère l'obnubilait. Elle sentait que malgré elle, ses yeux commençaient à se remplir de larmes. Frustration, colère, incompréhension, tout se mélangeait en elle et la vodka ne l'aidait vraiment pas à y voir clair. Le regard perdu vers le mur, elle tente de n'accorder aucune attention à ses paroles. Peu importe ses excuses, ce ne seront qu'un espèce de baratin, comme ce qu'on lui sortait à chaque fois. Il n'était qu'un mec comme les autres, voilà qui lui ferait une belle leçon pour l'avenir. Mais elle plonge ses yeux clairs dans les siens quand il hausse la voix, lui ordonnant de le regarder. La colère est littéralement palpable dans cet échange alors qu'il s'excuse déjà. "Si tu voulais juste augmenter ton tableau de chasse pendant cette soirée, je comprends vraiment pas pourquoi tu m'as demandé d'être ta cavalière." Parce que servir de potiche, à gentiment attendre dans un coin en souriant, elle avait donné suffisamment et à présent elle ne voulait plus être cette fille-là, simplement. Elle finit par dégager sa main, essuyant rapidement les quelques larmes qui menacent de faire couler son maquillage. "T'as qu'à retourner t'amuser. Je peux très bien prendre soin de moi-même toute seule !" Une nouvelle fois, elle lui fait dos, reprenant sa marche silencieuse dans les couloirs d'Harvard.

La colère ne faisait que gronder plus fort en elle alors qu'il la reprenait sur ce qu'elle venait de dire. Ne pouvait-il pas tout simplement admettre ses erreurs et s'excuser comme tous les hommes censés l'auraient fait pour calmer la tempête d'une femme sur le point de pleurer ? Mais non, il avait fallu qu'elle tombe sur un type buté qui apparemment ne comptait pas la laisser avoir le dernier mot dans cette histoire. Et les choses risquaient d'être compliquées parce que dans le genre tête de mule Brooke en tenait une couche elle aussi. Elle se radoucit un peu quand il fit une liste des raisons qui l'avait poussé à la choisir elle en tant que cavalière pour ce bal. Peut-être qu'elle avait agi un peu excessivement tout compte fait mais ça, hors de question de l'admettre devant lui. Quand elle veut repartir seule, il l'attrape à nouveau plus fermement. A vrai dire, il lui fait presque mal. Mais contrairement à ce qu'il aurait pu croire, elle ne se débat pas mais ne lui ouvre pas le passage non plus, restant plantée face à lui. Elle fait un pas en avant, presque collée contre lui à présent alors que sa main libre effleure sa chemise blanche. Avec un air innocent, elle relève le regard vers lui, rejetant sa chevelure blonde en arrière d'un mouvement de tête. "Et qu'est-ce que tu comptes faire exactement si je refuse de bouger de là ? " Sa voix se fait suave, presque un murmure même si il ne peut pas en entendre les modulations, alors qu'elle plonge à nouveau son regard clair dans le sien, légèrement apaisé même si toujours couvert d'un voile de larmes.

Satisfaite de l'effet qu'elle réussit à provoquer d'un battement de cil, elle esquisse un léger sourire. Peut-être que l'alcool la rend lunatique, peut-être qu'elle est tout simplement en train de virer folle depuis la tragédie de l'attentat. Peut-être un peu des deux. Mais l'envie d'arracher le visage de Lucas est maintenant bien loin de son esprit. Elle l'écoute attentivement, faisant un nouveau pas vers lui, rompant ainsi tout espace les séparant. Son jeu de caresse contre le tissu de sa chemise n'avait pas cessé et ses yeux bleus continuaient de le fixer avec obstination. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure quand il effleura la possibilité de l'embrasser à cet instant précis. Provocante, peut-être un peu trop comparé à son habitude, ses doigts glissent dans le cou du jeune homme jusqu'à l'os de sa machoire. "Et qu'est-ce que tu décides de faire ?" Elle approche son visage du sien, cherchant volontairement à créer une tension entre eux, à lui faire regretter de l'avoir délaissé quand il pouvait l'avoir elle.

Sentir ses mains dans ses cheveux la couvre de frissons sans pour autant lui faire baisser le regard. Elle ne peut néanmoins s'empêcher d'esquisser une moue de déception quand il l'embrasse sur le front puis sur le joue, son regard se perdant sur le sol carrelé. C'était donc ça qu'il sous-entendait par "je vais t'embrasser" ? Mais finalement, il pose son front sur le sien et leurs regards se croisent à nouveau. Les battements du coeur de la blonde s'accélèrent quand il lui parle doucement avant de se pencher sur elle pour l'embrasser. C'est comme si une vague d'électricité avait parcouru son corps, une vague qui ne lui dit qu'une chose, encore. Ce soir elle le veut pour elle, être l'exclusivité, tant pis pour toutes les demoiselles qui l'attendent encore sur la piste de danse. C'est donc sans résistance qu'elle le laisse faire quand il la soulève du sol, direction le dortoir des Cabot, posant sa tête contre son torse alors que ses bras entourent sa nuque.