JIHO MIN ► lee taeyong

(one) il y a (avait) souvent ce sourire idiot sur ses lèvres. jiho qui sourit pour se persuader que c'est ce qu'il ressent. qu'il ne se sent pas minable à cause des mille remontrances et comparaisons subies durant toute sa vie. à croire qu'il n'a jamais été lui, seulement une échelle avec laquelle ses aînés et cadets étaient jaugés. middle child, malheureux.

(two) il a une soeur aînée, prodige de la famille en musique. le charmant tableau se poursuit avec son frère, sportif de haut niveau et ensuite sa petite soeur, douée en tout. il n'y a que lui qui noircit le tableau, fait tâche avec ses cheveux colorés sur les photos de famille. il est l'erreur.

(three) sensation de n'appartenir nul part et partout à la fois. jiho, perdu dans la famille trop parfaite. le coeur en miettes, un besoin d'appartenance plus fort que le reste. facilité pour la communication, lorsque ce n'est qu'amical et non familial. jiho aux amis de tous les genres, tant qu'il se sent proche d'eux.

(four) adepte des virées en skate, aucun talent particulier hormis le dessin et les chiffres. il n'aime pas le sérieux des mathématiques, ni de la comptabilité mais se trouve étrangement doué dans ces matières ; qu'il juge pourtant ennuyantes au possible. le coeur est mort sous les analyses financières mais si papa peut daigner le regarder, il continuera.

(five) amour des pranks, des soirées interminables. peut-être que c'est pour combler son manque. tout s'est intensifié depuis qu'il l'a perdue. jiho, il est en roue libre. il a besoin d'exister, de se sentir vivant ; quitte à frôler la catastrophe. sports extrêmes pour que le coeur batte, alcool pour que les pensées se taisent. il vrille jiho. il se fait moins jovial qu'avant, comme éteint de l'intérieur. il a mal.

(six) jamais assez. deux mots qui le hantent depuis l'enfance. réprimandes régulières, lui mis à part. sous les yeux de tous ; maman et tous les autres. il aurait eu besoin qu'on l'aime, jiho. pas qu'on le détruise lentement mais sûrement. enfant rieur en public mais mille larmes salées sur ses joues dès la nuit tombée. un mal-être traîné et camouflé derrière des rires trop forts.

(seven) photos qu'il garde précieusement. son amie la plus lointaine disparue, sa relation la plus durable envolée. un manque qui se traduit par mille excès. de l'alcool à l'extasie. de tout au néant, jiho qui vit dans le regret sans rien en dire à personne. parce que lorsqu'il ne s'est pas présenté aux examens, ses parents n'ont pas cherché à comprendre, ni à imaginer sa peine. ils n'ont fait que dire qu'il a ruiné son avenir à cause d'un deuil trop long. ce n'est pourtant qu'une année mais la peine d'un fils n'importe pas.

(eight) et l'envie de tout envoyer valser est grande. le désintérêt pour les cours s'est intensifié, les sorties aussi. les commentaires murmurés, les regards noirs. la colère monte et jiho se laisse lentement prendre dans ce tourbillon infernal. destruction, sauvetage. il est son propre ennemi comme son propre allié. mais ce combat semble si personnel que peu remarquent les cernes sous ses yeux, les sourires différents d'avant. quelques mois déjà et il peine à se retrouver ; si jamais il existait encore. morosité qu'il chasse en souriant, ses sentiments si difficiles à comprendre et à réaliser.