Hum. Alors par où je commence ... par le commencement me direz-vous ? Ben pour une fois vous avez raison tiens. Donc commençons par mes parents.
Ma mère. Milady Jane Mary FitzRoy descendante directe (du moins c'est ce qu'elle dit) de Henry FitzRoy fils illégitime de Henry VIII d'Angleterre. Bref, ma mère a du sang bleu dans les veines et ne le cache franchement pas. Elle est typique des anglaises. Grande, brune, la peau pâle et aussi froide que la glace elle même. Franchement, si je ne craignais pas qu'elle en crève de rage, j'appellerais ma nourrice "maman" et elle je l'appellerais juste Madame. Ou Milady. Ca la tuerait je crois. Et ça ne me ferait ni chaud ni froid.
Mon père, El Signor Agustino Médicis. Et bien sûr tout le monde connaît la famille Médicis hein ? Qui ne la connaît pas en Italie ou dans le monde entier. Mon père a donc aussi du sang bleu dans les veines mais il est plus simple. Mon tendre papa, si doux, si chaleureux, si contraire à ma génitrice. Je l'aimais tellement. Oui à l'imparfait ...
Mes parents ne se sont jamais aimés. Enfin je pense que ma mère n'a jamais aimé mon père. Lui par contre a peut-être aimé sa femme je l'ignore. Il y est attaché ça par contre c'est sûr. Mais c'est un mariage arrangé, ils étaient alors très jeunes. Ma mère avait dix-huit ans tout juste, mon père vingt. Ce n'est pas un âge pour se marier. Ou du moins ce n'est pas un âge pour se marier sans être amoureux. C'est peut-être pour cela que ma mère est si froide, si distante, si aigrie ? peut-être qu'elle aimait quelqu'un d'autre que mon père mais elle n'a pas eu le choix de dire non à leur mariage. Et quand je suis arrivée je crois qu'elle m'a détestée parce que je ne permettais pas un divorce pour "non enfantement" ou qu'importe comment vous appelez ça ...
Je suis arrivée un an après leur union. Ils n'étaient pas beaucoup plus vieux. Ma mère aurait voulu un garçon. Mon père lui était très heureux d'avoir une fille. Il disait qu'ils auraient tout le temps d'avoir d'autres enfants. Il m'a chéri. Pas ma mère. Du plus loin que je m'en souvienne les seules fois où elle se préoccupait de moi, c'était pour me faire des remarques plus ou moins blessantes, humiliantes, cruelles. Le genre "Cassiopéa tenez vous droite je vous prie ! On dirais une mendiante réclamant un morceau de pain !" ou encore "Seigneur Dieu, Cassiopéa mais regardez moi cette tenue ! Avez-vous décidé de devenir une de ces pauvres qui encombre le monde et nous pollue l'atmosphère ?" Et tout ça sur un ton bien dédaigneux, bien désagréables, bien ... royal. Ma mère m'horripile. C'est ma nourrice, Clara que je considère comme ma mère. Elle a été tout ce que ma génitrice n'a pas voulu être. Aimante, douce, chaleureuse, maternelle, protectrice. Une confidente. Une amie.
Dix ans après ma venue au monde j'eu un petit frère. Entre temps ma mère avait fait trois fausses couches qui détruisait mon père et je crois, la tuait elle aussi à petit feu. Mais enfin, il eu un bébé. Et un fils en plus. Alessandro. Mon Alessandro. Il était ma lumière, tout mon monde. J'aimais tant m'occuper de lui, le chouchouter, le dorloter et lui chanter des chansons. Il était tout pour moi. C'était mon petit frère adoré. Ma mère s'occupa un peu plus de lui qu'elle ne s'était occupé de moi mais à peine. Ma mère n'est pas franchement un modèle d'amour maternelle ... plutôt celui de l'iceberg qui a fait couler le Titanic.
Mon enfance passa, morne et triste à en mourir. Je n'avais pas le droit de fréquenter les écoles ou les collègues publics, ni même privés d'ailleurs. J'avais des précepteurs à domicile, et aucun ami. Heureusement que j'avais Alessandro sinon je crois que je me serais suicidé. Si si j'vous jure c'était une torture. J'aurais tout donné pour que ça change. Enfin ça c'est ce que je disais avant. Parce que maintenant je regrette tellement d'avoir formulé ce voeu. Non je n'aurais pas tout donné. Pas tout sacrifié. Pas lui en tout cas ...
Je venais de fêter mes seize ans. A souffler les bougies. A formuler le voeu que ma vie change, que je puisse vivre enfin "normalement" et pas comme une princesse trop fragile. Le ballon que tira Alessandro s'envola dans les airs, retomba au milieu de la rue. Et mon petit frère n'avait que six ans. Six ans à peine, et personne pour l'arrêter dans sa course. Il était si plein de vie, si souriant. Il riait tout le temps et son rire laissait une traînée de joie dans son sillage. Même notre mère était moins froide quand il était là, quand il riait. Il lui arrivait même de sourire. Ma mère sourire ... vous vous rendez compte ? Mais il était si petit ... et c'était son ballon ... il a fait ce que les enfants font tous. Il a couru pour aller le chercher. Sauf qu'une voiture passait à ce moment là, beaucoup trop vite pour s'arrêter à temps ... Je me rappelle de tout, de chaque secondes qui passaient au ralenti. La voiture. Et Alessandro qui se redressait, son ballon en main, sans comprendre pourquoi ma mère criait, pourquoi je hurlais, pourquoi papa courait vers lui en faisant de grands gestes affolés, pourquoi tous les serviteurs, gardes du corps et compagnie se précipitaient en tentant d'arrêter le pire. Mais on n'arrête pas le temps, on ne le fige pas. On ne peut voir que le pire se produire sans s'arrêter ...
Mon petit frère est mort ce jour là. Et moi je suis morte avec lui.
- Elle est en pleine dépression et si vous ne la sortez pas d'ici je pense qu'elle ne survivra pas. Laissez la voir du monde, fréquenter d'autres personnes de son âge ... déclara le médecin à mes parents.
J'entendais vaguement les paroles de tout le monde. Ma chambre était plongée dans le noir et j'étais recroquevillée sur mon lit comme chaque jour depuis la mort de mon petit frère voilà un mois. Et j'en voulais tellement au monde entier. Et a cette chienne de vie qui m'avait prit la personne qui comptait le plus au monde pour moi.
Mes parents écoutèrent le doc. Ils m'inscrivirent au lycée - un lycée privé de riches s'entends mais c'était mieux que rien - et là j'appris à revivre un peu. J'y fis les deux rencontres les plus importantes de mon adolescence : Rohan & Tissia. Le premier commença par être mon premier meilleur ami puis mon premier amour. Mes parents l'aimait bien, il était issu d'une noble famille, bien sous tout rapport et je l'aimais comme une folle. Tissia était ma meilleure amie. Nous étions pareilles toutes les deux, comme deux soeurs que rien n'auraient pu séparer. Nous formions tous les trois un trio de choc et ce fut le cas pendant les deux années qui suivirent. J'étais l'une des meilleures élèves de mon lycée, j'étais la capitaine de l'équipe des Cheerleader, j'étais l'une des plus populaires du lycée, je faisais même partie du journal de l'école. Et aussi - plus en secret cette fois - d'un groupe de musique dont j'en étais la chanteuse et parfois la musicienne. Je composais tout le temps. Je dessinais aussi. Bref j'étais la meilleure. J'étais heureuse. Mon frère me manquait mais Tissia et Rohan arrivaient à me faire tout oublier et à me faire avancer. Alors vous me direz ... ben qu'est ce que tu fais là alors ? pourquoi t'es dans cet état ? Ben laissez moi terminer et je répondrais à vos questions.
Je venais juste de fêter mes dix-huit ans. Ca avait été une belle fête. Et même que ce jour là, Rohan m'avait demandé en mariage. Trop jeunes pour ça ? Ben voyons, on n'est pas du même monde mon grand. Dans le mien on se marie jeune et on crève vieux si possible. C'était l'anniversaire de Rohan et j'avais décidé de lui faire une petite surprise. J'étais donc passée chez lui et sa mère m'avait laissée entrer sans problème. Elle m'avait même laissé lui faire la surprise en surgissant dans sa chambre. Sauf que quand j'ai surgit je l'ai trouvé au lit ... avec Tissia. Et là mon monde s'est effondré. Rohan et Tissia. Qui couchaient ensemble. Ma soeur de coeur et mon fiancé. Je n'aurais pas pu avoir plus mal. Je suis restée comme une conne pendant un moment. Et puis j'ai porté ma main droit à la gauche et j'en ai retiré la bague de fiançailles que j'ai jeté par terre. - Tiens je suis persuadée qu'elle t'ira à merveille sgualdrina crachais-je de rage. Et puis je suis partie. J'ai fuis. Mais c'était tellement dur, j'avais tellement mal. Je l'ai avais tout deux aimés comme si ils faisaient partis de moi même, et ça faisait si mal de les voir ensembles.
Quand je suis rentrée, mes parents m'attendaient. Ma mère m'a fait des reproches. DES REPROCHES ?!! Comme quoi c'était de MA faute ! J'ai explosé ce jour là .. Je lui ai dis ses quatre vérités. Qu'elle n'était pas une mère mais un iceberg ambulant. Qu'elle ne savait même pas de quoi elle parlait parce qu'elle était encore plus frigide qu'un cadavre. Que je la haïssais. Que c'était de sa faute si Alessandro était mort. Que de toute manière si j'étais comme ça c'était à cause d'elle. Que sans elle je vivrais bien heureuse. Et encore une fois que je la haïssais. Bref et après avoir dit tout ça, j'ai fais mes bagages et je suis partie. Loin. Très très loin. J'avais, plusieurs semaines auparavant envoyé une candidature à Harvard et j'avais reçu la réponse quelques jours avant. J'avais été acceptée. C'est donc là bas que je me rendis.
Mais j'avais changée. Terriblement changée. D'une enfant sage et pétillante, d'une ado pleine de vie et souriante j'étais devenue une jeune femme rebelle et révoltée, insolente et provocatrice, manipulatrice surtout. Je passais de conquêtes en conquêtes sans jamais me lasser, sans jamais m'arrêter ou m'attacher, j'avais bien trop peur de retomber dans le piège de l'amour et de me voir refaire un coup à la Tissia/Rohan. Je faisais la fête dès que je pouvais, buvant et fumant plus que de raison pour me perdre dans les tourbillons de langueur qui me faisaient oublier la perte de mon frère et la trahison des personnes que j'avais le plus aimés. J'avais pris musique en majeur et journalisme en mineur. J'avais toujours aimé le journalisme. J'avais bien fait parti du journal du lycée en tant que co-rédactrice en chef au lycée. J'avais toujours sût écrire. Et je composais toujours. J'étais une sorte d'artiste torturée par moment mais je préférais être la garce qui passait de conquête en conquête. Je dissimulais même mon identité en prenant mon troisième prénom. Certes je ne pouvais pas changer mon nom pour mon plus grand malheur mais j'pouvais faire comme si de rien n'était. Je faisais comme si je survivais, blasée de la vie et de l'amour. Et pourtant ... pourtant c'est bien à Harvard que j'appris à revivre quoique je puisse en dire. To be continued ...