And now i'm dancing with your ghost. Non qu'il ait un jour aimé danser avec elle. Au début peut être, cette séduction mécaniquement codifiée au laissé aller flagrant pour se retrouver deux nuits plus tard dans les bras d'amantes auxquelles il aura oublié le nom dans la nuit même. Elle était belle, les lèvres scandaleusement rouges sur la peau laiteuse, les cheveux sombres, les yeux ou se jouaient un théâtre d'émotions - pupille discrète ou iris prédateur, il avait jamais vraiment réussi à discerner - elle lui plaisait comme un bon livre plaît. On le goûte, on le dévore, on s'attache jusqu'à tard le matin pour un dernier chapitre. On est addict et on finit. On se lasse et on l'oublie. Elle n'était qu'un fichu bouquin sur une étagère branlante devenue
solide par l'alliance.Né dans un milieu petit-bourgeois de parents imbus d'eux mêmes vivants au dessus de leurs moyens ayant inculqué à leur progéniture l'unique besoin de plus - un ersatz d'ambition enterré sous la gène extrême d'un qu'en dira-t-on à leurs yeux inévitable - père propriétaire d'une petite chaîne d'usines de textile, mère commerciale ((démon avide droguée à la publicité mensongère en réalité)). Déclaré ainé par la volonté d'un très haut adulé par ses géniteurs - qu'il méprise, tous autant qu'ils sont - suivit par des jumeaux, un garçon et une fille dont il est peu proche. Relation sans sens réel, ils ne s'adressent la parole qu'au nouvel an mais tueraient les uns pour les autres sans hésiter. How accurate.
Gamin à l'intellect brutal, Minjae est académiquement brillant. Possède une intelligence émotionnelle plutôt fucked up aussi. Classé parmis les cinq meilleurs élèves de Busan au 수능((suneung)) il accède sans grande difficulté ((aidé par un coach en réalité dont il ne clamera jamais l'existence, malgré les rumeurs fondées murmurées dans les couloirs)) à l'université la plus réclamée de Seoul et quitte par la même occasion famille et amis - qu'il ne regrettera que peu - pour intégrer le département d'économie & politique.
Il l'a rencontrée sur les bancs en bois d'une salle banale - de celle qu'on voit partout dans ces fichus dramas - a croisé son regard volontairement. Pour lui dire, pour lui avouer une existence si effacée à ses yeux d'héritière chaebol. Un affront qui aura plu il suppose. Ils avaient 19 ans, ne se sont plus lâchés. Passion fulgurante échappée aux regards toxiques de médias et d'une famille trop conservatrice. ((il se rappelle à quel point elle aimait transgresser, comment il la faisait se sentir vivante.)) Il ne se rappelle pas un jour l'avoir réellement aimée. Au début, peut être. Quand tout n'était qu'un jeu - as de pique & dame de cœur dans un paquet de cartes à la Alice in Wonderland ou le joker seul compte - pour elle.
Une course pour lui. Accepté par la famille grâce à un charisme scandaleusement hérité de son père ((unique trait pour lequel il oserait montrer une once de respect à son aîné)) et une habilité à s'adapter qu'il a toujours su user.
Parasite venu s'amouracher - consciencieusement - d'une famille riche et puissante en apprenant les codes et usages comme on avale sans réfléchir des lignes de cours pour se fondre dans le décor du brillant et de la lumière. L'or de sa vapeur rouge
sang sans contrefaire.
One must live. Il l'a épousée après cinq ans de relation, un mariage grandiose aux lumières froide et à la beauté ((presque figée)) Une place de choix au sein du conseil d'administration de Lotte ainsi que des actions importantes dans l'entreprise. Le mouton noir des Shin, mais il n'a jamais abandonné son nom. [...] aujourd'hui veuf, sans enfants. A vingt cinq ans. Mais toujours sa place.
Elle s'appelait Yuna.
***
((a year and half
before the death))
Pas de deux devient valse à trois. L'amour s'est éteint au profit d'un confort relatif trouvé dans des habitudes à la langueur terrifiante.
Sirius c'est l'ouragan. Une tempête, le genre incontrôlable à tout détruire sur son passage. Moins de raison, plus de sentiments. Tout le monde déraille, c'est cent fois, cent fois trop mal. Le point d'interrogation venu s'additionner à leur couple dysfonctionnel pour y prendre une place de choix. Amant(s). Yuna, lui, Minjae dans une spirale infernale ou chacun sans l'avouer y aura trouvé son compte. Amour à trois c'est dangereux mais ça lui plaît.
Pour une fois qu'il y arrive, à développer ses sentiments. Trois éléments en équilibre instable sur un fil rouge qu'on appelle communément limite. Le vide sous leurs pieds ((fallait bien qu'ils tombent un jour)).
***
((two hours
before the death))
YUNA POV //
trigger warning, noyade.
Elle avait oublié l'effet que cela faisait, d'être invitée par son m a r i. De passer du temps avec lui sans ramener une discussion banale aux affaires en cours, à l'université, à ses amis ou à son narcissisme à peine dissimulé. Elle l'aimait comme on aime une habitude pas trop mauvaise, ni trop dérangeante. Il était son quotidien comme elle était le sien, ils s'en étaient accommodés. Sirius l'aimait réellement, au point ou elle en était - elle s'en fichait - elle l'était, heureuse. Elle portait une robe en tulle rose, très claire, flattant son teint de porcelaine, des talons et un immense chapeau pour la protéger des rayons du soleil. Les bras ballants contre l'embarcadère, la paume contre le menton à attendre Minjae. Une héroïne de Jane Austen venue faire une petite croisière sur le fleuve Han. Le petit bateau en face d'elle brillait d'un éclat immaculé, un capitaine patiemment accoudé au gouvernail. Elle jeta un coup d'oeil à son téléphone, soupira. Minjae ne pouvait pas venir, il était désolé, as usual.
from : Minjae 2:34pm
go without me, i see you later.
Des larmes au coin des yeux, l'envie d'être seule et de le maudire jusqu'à la fin des temps, l'envie de se venger d'une énième humiliation et de se sentir indépendante... Elle monta dans l'embarcation sans regard pour le marin ((un simple geste de la main pour lui dire de démarrer, il n'était pas si bête il comprendrait)). L'air frais contre ses cheveux, les vaguelettes et l'écume mousseuse dû au moteur poussé à son maximum, elle se sentait vivante.
Elle n'avait rien vu venir, ni le choc, ni l'embardée. Surtout pas son propre corps venu dépasser le bastingage et le contact de l'eau froide contre sa peau. Le souffle coupé par le choc. Sans gilet, prisonnière de sa robe, incapable de remonter. Trop loin de la côté pour être aidée, sans nouvelle du capitaine - il a disparu - mauvaise nageuse. La panique l'empêche de respirer ou de réfléchir, le froid la paralyse. Elle se noie doucement, les bras battant l'eau sans résultat. La rivière s'infiltre doucement dans ses poumons, prend possession de son corps, elle coule. Remonte, disparait. Quelques bulles à la surface pour rappeler le désastre puis elle s'efface.
La noyée de Han river. juin 2019.
***
((ten months
after the death))
Le monde tel qu'il l'avait connu n'existait plus vraiment. Il l'avait faite assassiner, de sang froid. Meurtre avec préméditation, corruption de personnel et sabotage. Le genre de crime à demander perpétuité ((à juste titre)). Yuna était morte au nom de l'argent et de la jalousie d'un homme
amoureux incapable de partager. Nobles causes.
Shakespeare couldn't even relate. Le procès débuté en juin de l'année dernière stagnait sans réellement avancer, n'ayant eu de retentissant que sa mise en examen - le mari est toujours premier suspect - et son relâchement, éreinté après 48h de garde à vue. Innocenté après des mois d'enquête menée doucement. Corruption, argent, connaissances. Règne incontesté des empires chaebol auxquels personne n'oserait venir entacher les noms. Il n'avait pas tué Yuna, le bateau avait eu des problèmes. Son nom effacé du dossier, gravé au rouge dans la mémoire coréenne manifestante - bête noire de centaines de netizens - de ceux qui ne croient pas à cette mascarade savamment orchestrée. Maudit pour ne pas avoir été sur le bateau au même moment que sa femme, détesté pour sa nonchalance malgré le scandale.
Les scandales. Révélés à la Corée entière après la disparition de l'héritière, la relation avec Sirius explose dans les médias. Cette catin de Dispatch accrochée au dos de l'idol comme des parasites ((ils ne sont pas si différents, eux et Minjae au final)) à dévoiler sans grande pudeur la passion controversée entre deux hommes et une femme. Les grands tabous du pays du matin calme, triggered par une bande de privilégiés à la gloire dorée venus jouer avec la mort.
Belle bande d'enfoirés. A les voir chuter d'un piédestal de cristal brisé par quelques vocalises de journaux séouliens, ils ont tout perdu. ((Amour gloire et sécurité)) il a vu partir Sirius sans regard en arrière pour lui
sacrifieur sacrifié, c'est tout c'qu'il mérite s'éloigner après l'enquête et l'apparition de son nom dans le dossier, il-ne-savait-trop-où en Amérique. Le scandale est un suicide doucement distillé aux fragrances d'amertume & de vilains secrets...
***
((one year
after the death))
Arrivé à Boston un an après sa mort pour s'éloigner de l'Enfer étouffant qu'est devenu Seoul - avec l'accord d'un beau père au deuil aveugle - inscrit à Harvard pour la rentrée 2020-2021 en PhD. Innocent et auréolé d'une réputation vierge aux USA,
paradis blanc de ses secrets. Sirius en grand dans l'encéphale, hanté toutes les nuits par le fantôme de Yuna qu'il pourrait voir à chaque coin de rue. Phobique du rouge à lèvre et des croisières en voilier, incapable de dormir plus de quatre heures par nuits. Une épave ((il l'a cherché)) au cœur morcelé,
la version hardcore de Pride and Prejudice. Ne sait même pas que Sirius est ici. Dans sa tête tout se bouscule, il voudrait juste redevenir l'être froid et raisonné obnubilé par la seule idée de s'élever. Can't wait for the fucked up reunion.
Ne cesse jamais d'être un monstre Minjae.
* les âges sont en coréen.
Pour l'âge "occidental" il suffit d'enlever une année