You make me feel good ♦ Calhen

J'avais toujours eu un certain dégoût pour cette fameuse Saint-Valentin. C'était la pire fête commerciale de l'année. Franchement. Et puis, il y avait tant d'hypocrisie alentours. Ces couples qui se font et se défont toute l'année. Rares étaient les couples qui gardaient encore la symbolique de cet événement. Enfin, cela ne me concernait pas. Vu que je n'étais pas en couple. Malgré tout, je ne pouvais qu'observer les « dégâts » de cette fête sur le visage de nombres de passants, tendrement enlacés. Je me demandais combien d'entre-eux, allaient fêter ce jour l'année prochaine. Bref, je me demandais pourquoi j'étais aussi pessimiste tout à coup. Bah après tout, si les gens étaient heureux. Je me sentais toutefois très bien en célibataire. Cela me convenait parfaitement. En même temps, j'aurais préféré que certaines habitudes sont abandonnées, comme celle d'offrir des chocolats à sa tendre et chère moitié. Parce que là, cette file d'attente commençait à venir à bout de ma patience. Heureusement qu'une seconde vendeuse arriva en renfort derrière une autre caisse du comptoir. Je lui passais commande tandis que mon regard errait sur l'assistance. Un sourire s'afficha sur mon visage tandis que je prenais le paquet en tendant un billet de vingt dollars. Je sortais de la boutique. Je m'avançais ensuite vers cette silhouette familière que j'avais aperçu alors que j'étais à l'intérieur. Je tendais le paquet devant la demoiselle. « Tu as le droit de succomber à la tentation. Ils sont excellents. » J'en prenais un avant de tendre à nouveau le paquet à Eliah.

Le destin faisait décidément tout aujourd'hui pour tester sa volonté et pour qu'elle succombe à la tentation. Et n'importe quelle sorte de tentation. La file d'attente qui s'était formée à l'intérieur du magasin avait eu pour effet de la décourager. Tous ces gens qui attendaient pour acheter leur cadeau. Non, elle n'irait pas se mêler à eux. Elle repasserait plus tard , en espérant qu'il y ait moins de monde. Elle détacha enfin son regard des chocolats situés dans la vitrine et décida de reprendre la suite de son shopping. Mais, alors qu'elle était sur le point de partir , elle tomba presque nez à nez sur Calhen qui tendait devant ses yeux un paquet rempli des chocolats qu'elle convoitait tant. Comme un cadeau tombé du ciel.Un sourire se dessina sur son visage quand elle aperçut ces chocolats devant les yeux et encore plus quand elle vît le Mather. Il était toujours là au bon moment. Elle s'était enfin décidée mais là, il remettait totalement en cause sa décision. Ou alors, il lui facilitait le choix. Oui,c'était plutôt cela. Elle piocha donc un chocolat : «Merci, c'est exactement ce que je voulais entendre mais ce n'est pas un cadeau pour ta petite amie ? » La dernière fois qu'ils s'étaient vus, il était célibataire mais peut-être que ça avait changé entre temps et qu'elle n'était pas au courant.

La Saint-Valentin avait quand même de bons côtés. Les chocolatiers faisaient leur possible pour innover et nous proposer de nouvelles créations. Et je m'étais fais plaisir une nouvelle fois. Même si la file d'attente était un peu longue, j'avais réussi à passer dans les premiers, ce qui fait que je n'avais pas trop attendu en fin de compte. Je me retrouvais face à Eliah. Cela faisait un moment que je n'avais pas vu la jolie brune. Il faut dire que j'étais sans cesse en mouvement. Aux paroles de la jeune femme, je haussais doucement les épaules. « Absolument pas. Je suis toujours libre comme l'air et heureux de l'être. » Je me bougeais de devant la porte d'entrée du chocolatier pour laisser les autres clients entrer. Puis je demandais: « Et toi alors, personne d'aussi généreux que moi pour t'offrir des chocolats? » Je prenais un nouveau carré que je mettais dans ma bouche. Je marchais un peu avec elle tout en observant les alentours. « Ça fait un moment qu'on ne s'est pas vu, qu'est-ce que tu deviens? » Depuis que j'étais arrivé à Harvard, j'avais retrouvé pas mal de connaissance et finalement, New York ne me manquait plus tellement. En même temps, dès que j'avais quelques heures ou quelques jours de liberté, je quittais souvent la ville pour visiter le coin ou aller passer du temps avec des amis, en Floride ou encore au Mexique.

En apprenant que Calhen était toujours célibataire, elle ne pût s'empêcher de ressentir une petite satisfaction , comme un soulagement.Enfin une bonne nouvelle dans cette journée ! Et puis,enfin, quelqu'un qui pensait comme elle.C'est sans doute pour cela qu'ils s'entendaient aussi bien et que tout semblait simple entre eux. A priori,les règles du jeu étaient claires depuis le début. Et pourtant, les règles avaient déjà été modifiées dès le début car selon les règles du jeu,après leur vacance passée ensemble, ils n'auraient jamais dû rester en contact, ni se revoir. Mais, le destin le voulait autrement. Et pour une fois, elle n'en voulait pas du tout au destin qui faisait plutôt bien les choses.Selon elle,Calhen était juste parfait : beau, intelligent, attentionné ... et célibataire. Ce qu'elle ne manqua pas de lui faire remarquer,arborant son léger sourire charmeur et innocent à la fois.«C'est parce que tu es le seul homme parfait que je connais » Faisant mine de réfléchir à ce qui s'était passé dans sa vie, elle arbora une petite moue sceptique alors qu'ils s'éloignaient du chocolatier et qu'ils arpentaient la rue commerçante : « Une étudiante sérieuse et sage,tout ce qu'il a de plus ordinaire. Mais toi,fais-moi rêver, raconte moi un peu ta dernière destination de rêve » lui demanda-t-elle avec son petit air curieux.Ils avaient en commun leur passion du voyage, c'est d'ailleurs ce qui les avait rapproché.Mais depuis qu'elle était à Harvard, elle n'avait plus vraiment le temps de voyager entre ses études et le poste qu'elle avait décroché.

Je n'avais jamais vraiment respecté les règles qui m'entouraient. C'était d'ailleurs bien pour cette raison que j'avais passé quelques mois à l'académie militaire de West Point. On avait tenté de me remettre dans le droit chemin. Mais j'étais un électron libre et j'étais le seul à édicter les règles que je suivais. Les autres, je les oubliais. Surtout quand elles avaient pour sujet, une jolie brune. J'avais rencontré la jeune femme lors d'un voyage et depuis, nos chemins n'avaient cessé de se croiser. C'était surement le destin. En tout cas, cela m'arrangeait. Eliah était loin d'être d'une compagnie déplaisante. J'appréciais la jeune femme qu'elle était. Amusante, douce, intelligente, elle avait de nombreuses qualités et ce n'était pas pour rien que l'on avait déjà partagé un lit ensemble. Aux paroles de la jeune femme, je ne pouvais m'empêcher de lui offrir un sourire franc. « L'homme parfait? A ce point? Et bien, je ne savais pas que j'avais autant de qualités. » J'étais amusé par ses propos, ne sachant pas vraiment si elle était sérieuse ou si elle me charriait comme cela nous arrivait parfois. Je fronçais ensuite les sourcils à sa phrase suivante. « Sage? Depuis quand es-tu sage? » Je l'observais. Avec moi, Eliah avait toujours eu un coté fou que j'adorais. Mais peut-être qu'elle s'était assagie. Qui sait. « Je suis allé en Nouvelle Zélande. Il y a avait de belles vagues là bas. » A vrai dire, voyager était une de mes passions et je crois que j'étais incapable de m'en passer. « Et j'ai fais un détour à Wellington pour un festival de jazz. J'avoue malheureusement que le coin devient de plus en plus touristique. »

Elle avait beau être une fille de diplomate, elle était du genre assez direct,à dire les choses comme elle les pensait , que ces choses soient positives ou négatives. Bien sûr, cela pouvait dépendre des personnes qu'elle avait en face d'elle , elle savait faire preuve de plus ou moins de diplomatie. Alors quand elle lui répondit qu'il était l'homme parfait, il y avait un peu des deux : si elle le disait sur un ton léger et séducteur, en même temps, elle était sincère et le pensait vraiment.C'est pourquoi elle acquiesça par un hochement de tête, confirmant à nouveau alors qu'il fit son modeste : « Ou alors c'est que je n'ai pas encore trouvé la faille et que tu es très bon pour cacher tes défauts » Elle,elle cultivait cette image de fille sérieuse,studieuse,innocente et sage parce que du fait de son milieu, c'est ce que l'on avait toujours attendu d'elle : ce côté conventionnel, très BCBG.Mais, dans le fond,elle adorait jouer de cette image pour surprendre avec son naturel qui était tout autre.D'ailleurs,sa réaction la fit spontanément rire , surtout en repensant aux moments qu'ils avaient passés ensemble. «Tu ne me crois pas ? Moi,j'ai toujours été sage. C'est juste qu'à certains moments, certaines personnes dont on taira le nom ont une mauvaise influence sur moi» lui répondit-elle jouant de son petit air faussement offusquée et innocent , son sourire et son regard en disant long sur ce à quoi elle faisait référence.C'est parce qu'il l'avait connu dans un contexte particulier qu'il connaissait la Eliah naturelle. Car ce qui se passe à l'autre bout du monde reste logiquement à l'autre bout du monde. Elle enviait la facilité à laquelle il partait à l'autre bout du monde du jour au lendemain. La Nouvelle-Zélande , un festival de jazz à Wellington ... Elle imaginait déjà les paysages néo-zélandais , la mer ... Mais quelle déception en ouvrant les yeux et en faisant face à la réalité des décors de Cambridge: « Ça devait être vraiment bien quand même. Je t'avoue que j'ai jamais fait la Nouvelle-Zélande. La prochaine fois, tu m'emmènes avec toi hein ? » lui demanda-t-elle lui faisant les yeux doux pour l'amadouer.

Je crois que c'était ça aussi qui me plaisait chez Eliah. Le fait qu'elle sache faire preuve de diplomatie et qu'elle utilise les bons mots quand il faut, j'appréciais. C'était toujours plus agréable que d'entendre une fille bavarde dont la conversation n'avait aucun sens ou qui été touchée de diarrhée verbale. Je crois que c'était ce genre de filles qui me rebutait le plus. J'aimais les filles intelligentes qui pouvaient tenir une discussion. Puis je ne pouvais m'empêcher de sourire quand elle acquiesça de la tête à ma question. Je riais, amusé à ses propos avant de répondre: « Ah mais tu sais ce qu'on dit, on préfère mettre en avant ses qualités plutôt que ses défauts. » A vrai dire, j'avais des défauts comme tout le monde. Même de gros défauts, mais j'essayais de compenser avec certaines de mes qualités même si je n'étais pas du tout du genre, à me vanter ni quoique ce soit. Puis je reportais mon regard sur Eliah qui parlait de sa sagesse. Son rire était communicatif. « Et bien justement, j'aimerai bien savoir qui se permet d'avoir une mauvaise influence sur toi. » Je ne sentais pas du tout responsable. Ou alors un tout petit peu. Il faut dire que je connaissais une facette d'elle, qu'elle ne montrait pas beaucoup aux autres. Mais j'aimais ça. J'aimais la Eliah un brin fofolle qui fait preuve de spontanéité et qui est toujours partante pour partir à l'aventure. D'ailleurs, elle m'en fit part. Je reposais mes yeux sur elle. « Avec plaisir. Mais je regrette que ça ne soit pas pour ce week-end. Il faut plus d'une journée d'avion. » Je voyais le regard déçu de la jeune femme. Alors je m'arrêtais de marcher pour l'observer et lui proposer: « Écoute, je n'ai rien à faire demain. Tu veux qu'on parte quelque part? » Je pouvais toujours rattraper mes cours et puis ce n'était pas la première fois que je partais sur un coup de tête. « Je peux t'emmener où tu veux. Enfin, faudrait que le trajet en avion n'excède pas dix heures sinon on ne pourra pas profiter du week-end. Partante? »

Il savait alors très bien mettre en avant ses qualités plutôt que ses défauts car jusque là, elle ne saurait pas quel défaut lui prêtait.Ou alors,c'est qu'elle ne le connaissait pas encore assez bien.En même temps, elle n'était pas vraiment sûre de vouloir les chercher pour les découvrir.Quoique même ses défauts, elle était certaine de les aimer.C'était évidemment tout cet ensemble qui faisait qu'elle était attirée par lui et plus encore, qu'elle s'était attachée à lui au fil de ces années. Alors,quand il chercha à savoir l'identité de la personne qui exerçait une mauvaise influence sur elle,elle répliqua par sa petite tête de suspens. A bien y réfléchir, l'influence qu'il exerçait sur elle était absolument positive : elle se sentait bien en sa compagnie , bien et protégée.Et,c'est justement pour cela qu'elle se permettait d'être aussi naturelle. En plus de cela, il la faisait rêver et arriver toujours à la surprendre , comme avec cette histoire de voyage improvisé.Alors qu'elle le devançait de quelques pas, elle s'arrêta à son tour et se retourna pour lui faire face , avant de revenir à sa hauteur le fixant dans les yeux : «T'es sérieux là ? Vraiment ?» Son enthousiasme et sa surprise se lisait sur son visage.Si elle était partante ? Bien sûr qu'elle était partante. C'était le genre d'offre qu'on ne peut pas se permettre de refuser.Surtout qu'il est vrai qu'un petit dépaysement lui ferait du bien en ce moment,elle qui se sentait enfermée dans sa routine.L'arme du regard amadouant avait donc encore marché. Comme souvent.Mais, très vite, ses principes reprirent le dessus.Toujours eux.Elle ne voulait pas passer pour une fille vénale et puis,surtout,elle détestait dépendre de quelqu'un ou se sentir redevable. Tout en soutenant toujours son regard, un sourire timide mais sincère s'esquissa sur son visage : «C'est tentant , bien sûr que c'est tentant.Mais,tu sais, je veux vraiment pas que tu t'y sentes obligé. Je disais ça comme cela. Si tu veux pas ou que tu n'en as pas envie, je comprendrais.»

« Bien sûr. Pourquoi ne serais-je pas sérieux? » Je savais qu'Eliah aimait autant les escapades que moi. Et d'ailleurs c'était lors d'un de ses voyages que j'avais fais sa connaissance. J'avais toujours eu du mal à rester en place. J'avais besoin de bouger. Et très tôt, je me suis prise de passion pour les voyages et la découverte d'autres lieux. Je crois même que je pourrais y passer ma vie. Tellement cela me plait. Malgré tout, j'ai aussi les pieds sur terre et quelques obligations qui m'obligent à avoir un rythme de vie « normal ». Et c'était un peu pour ça que j'étais là à Harvard, et aussi que j'avais passé trois ans à Columbia. Et puis, j'avais les moyens financiers de faire ce que je voulais. J'en profitais donc largement. C'était bien l'une de mes seules addictions. Je la regardais ensuite s'arrêter puis revenir vers moi pour reprendre le fil de la conversation. Là, je ne pouvais m'empêcher de sourire franchement à ce qu'elle me disait. « Je n'ai jamais agi par obligation. » Ouais j'étais même plutôt du genre à agir par affinité et par spontanéité. Je n'étais pas du genre à agir sous le coup d'une obligation quelconque. Ce n'était pas du tout moi. Elle devait le savoir. Je n'étais pas influençable. « Mais non, j'en ai envie aussi. Tu sais bien que j'ai du mal à rester au même endroit trop longtemps. » La bougeotte, vous connaissez? Et encore, c'était loin de la vérité. J'étais incapable de me fixer quelque part. Ce n'était pas pour rien que j'avais voulu être pilote pour l'armée. « Tu as choisi une destination? Le soleil? La plage? »