ARIZONA P. EASTWOOD ► Ashley Olsen

« Essayez de remonter le plus loin possible. »
Arizona réfléchi un instant. Finalement, d’où est-ce que toute cette histoire s’était-elle déclenchée ?
« Je crois que ça vient de ce jour où Maman et sa copine étaient sur la véranda. Yavait ce garçon, William, il était venu avec sa mère. Il m’a fixé droit dans les yeux et m’a proposé du chocolat. Je ne saurais l’expliquer mais il est devenu mon meilleur ami en quelques secondes. C’est stupide, pour du chocolat en plus… Mais bon, ça s’est passé comme ça. »
Le psychiatre, tout en notant ce que la jeune fille lui racontait leva un sourcil en signe d’incompréhension.
« Vous voulez dire que si vous avez essayé de tuer votre mère avec cette chaise, c’est parce que ce garçon vous a proposé du chocolat ? »
La blondinette commençait à s’impatienter. Oui, bien sûr, c’était logique : un garçon me propose du chocolat et je tente d’assassiner ma mère. Tout à fait normal ! Elle avait vraiment l’impression qu’il se moquait d’elle.
« Non, si j’ai voulu la frapper avec cette chaise, c’est parce qu’elle n’est qu’une conne égocentrique qui s’est sentie obligée de ruiner ma vie puisque massacrer son mariage n’a pas suffit. »
Le psychiatre hocha la tête, pris notes des propos de la jeune fille et haussa les épaules l'air de dire " je ne me sens pas concernées par vos dires , mais continuez je vous prie" .
« Ecoutez, continua t-elle, la seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir pu terminer ce que j’ai commencé. Elle s’est fait le père de William ! Papa était dévasté et vous n’imaginez même pas comment était Mme Blackburn qui était quand même sensée être sa meilleure amie ! On ne s’est plus parlé pendant presque six mois avec Will ! Et quand on a finalement réussi à se pardonner, elle a encore tout foutu en l’air et depuis on ne se voit plus… Par sa faute. Elle méritait cette chaise dans la tronche. C’est tout ce que j’ai à dire. »
La jeune fille ramassa son sac et s’empressa de sortir en épongeant les larmes qui lui coulaient sur la joue avec la manche de son pull. Elle n’aimait pas parler de ça. Et encore moins à un psy payé par cette garce. La rupture avec William avait probablement été la chose la plus dure qu’elle n’eut jamais vécu. Elle l’aimait vraiment. Et lui aussi l’aimait, elle le savait. Mais ils avaient fini par céder à la pression que leur mettaient leurs parents. C’était tout de même compréhensible. Personne ne veut que son enfant fréquente la progéniture de la personne qui vous a volé votre raison de vivre. Mais après tout, entre eux deux, c’était pur et innocent. Trop compliqué, cependant. Et revoir le garçon à Harvard n’était pas la chose la plus facile.

En arrivant dans cette université, Arizona avait décidé de changer. Elle avait retenu la leçon avec son père : quand on est trop gentil, on se fait entuber profondément. Et elle, elle ne serait JAMAIS cette fille « gentille ». Pour cela elle s’est forgé une carapace de petite garce afin que personne ne vienne la faire chier, s’est mise à travailler comme une malade, décidée à obtenir un poste où les gens auraient plus peur d’elle qu’autre chose et intégra les eliots, confrérie parfait pour la nouvelle elle. Vous imaginez le choc quand William est tombé sur son ancienne petite amie/meilleure amie, découvrant à la place d’une fille pleine de vie et prête à tout pour s’amuser, une petite garce hautaine et un poil coincée ? Mais Arizona n’y prêta pas attention. Il ne fallait pas se laisser prendre par les sentiments. Parce que les sentiments, c’est ça qui vous détruit. La seule chose réelle c’est le mérite et le succès. Et c’était la seule chose qu’elle allait obtenir. Rien d’autre.