Jeudi 28 Mai. 08:30 pm
Les yeux rivés sur l’horizon, je me perdais à l’intérieur de ma tête fixant cette eau si loin de moi. Le bruit des vagues parvenaient à mes oreilles. Il me berçait. Il me calmait. Il m’apaisait m’empêchant de beaucoup trop dérailler. Pourtant, malgré tout ça, je n’avais pas osé m’approcher de l’eau. Je n’oserais sans doute pas le faire de la soirée parce que j’avais trop la trouille. Je sentais la peur pulser dans chaque partie de mon être. J’étais tellement effrayé à l’idée de ce que je pourrais commettre comme acte. Les événements du Spring Break se rejouaient dans mon esprit et j’avais peur de les commettre de nouveau ici. Après tout, cela faisait de si longues semaines que la voix à l’intérieur de ma tête me poussait dans de mauvaises directions. Elle me poussait à plonger facilement dans un enfer trop noir à l’encre rouge sang. Elle m’invitait à glisser dans un monde censé me soulager de toute cette douleur qui pesait sur mes épaules. Cela faisait des semaines que je prenais sur moi pour ne pas commettre de conneries. Cela faisait des jours que je tentais de faire taire la voix qui m’invitait au pire. Ce soir, sur Carson Beach, elle me criait de me dépêcher à finir toutes les bouteilles d’alcool qui se trouvaient à côté de moi. Elle me pressait à descendre tout cet alcool. Elle m’invitait à me mettre dans un état trop fou pour ensuite rejoindre l’eau qui pourrait m’avaler et me faire couler. Elle me poussait à tenter de nouveau cette tentative échouée au Spring Break. Mais, je ne faisais rien. Je restais sagement assis sur la couverture dans le sable à fixer l’horizon. Je me laissais simplement emporter à l’intérieur de l’Enfer de ma tête refusant de bouger si ce n’était pour porter la bière ouverte à mes lèvres. Ma vie ne cessait d’être chamboulée ces dernières semaines. Le plus grand chamboulement remontait sans doute à ma dernière discussion avec Mayron. Cette discussion où mon ex m’avait une nouvelle fois demandé si j’étais prêt à tout abandonner pour lui. Une nouvelle fois, May’ avait cherché à savoir si je pourrais laisser tout et tout le monde derrière moi afin de n’être qu’à lui. Exclusivement. Sexuellement. Sentimentalement. Totalement. En étais-je capable ? Je l’avais déjà fait par le passé. Des années auparavant, j’avais été capable de tout abandonner pour Mayron même mon métier de prostitué. J’avais su tout laisser parce que je savais que le jeune homme me comblait totalement. Il savait me satisfaire. Il savait prendre soin de moi. Je pouvais lui faire confiance. Mais, putain, des années auparavant, je n’avais pas autant de personnes à l’intérieur de ma vie. Mon cœur ne battait pas autant pour d’autres personnes. Des années auparavant, je n’avais pas autant de relations alors il m’avait été assez aisé de tout laisser tomber pour le rejoindre dans une relation qui avait été si délicieuse. Mais, dans ce présent si instable et si comblé, en serais-je capable ? J’avais soufflé à Mayron que je pouvais le faire s’il me le demandait. Je lui avais dit que j’en étais capable. Cependant, là, assis seul sur cette plage, je n’étais plus aussi certain de cette réponse. Je n’étais plus aussi persuadé de pouvoir laisser tout et tout le monde derrière moi pour ce garçon qui me faisait autant de bien que de mal. Et l’Enfer était bien loin de s’arrêter là.
Je ne cessais de connaître des chamboulements. Je ne cessais de subir des bouleversements qui foutaient ma vie en l’air. Qui me foutait en l’air. Le dernier bouleversement en date remontait à hier soir lorsque j’avais dû quitter le travail en urgence afin de rejoindre Côme… Afin de rejoindre Laurys. C’était l’anniversaire de la mort de ses sœurs et, contrairement à ce qu’il m’avait annoncé par texto au cours de la journée, il ne gérait pas du tout. Il n’allait pas bien. Il était presque dans le même état que celui dans lequel j’avais été lors du quinzième anniversaire de la mort de ma mère quelques semaines plus tôt. Cet anniversaire qui m’avait totalement retourné me poussant même à quitter Boston tant j’avais l’impression de suffoquer par ici. Alors, lorsque j’avais reçu le message d’urgence, j’avais quitté le boulot faisant une croix sur ces heures supplémentaires dont j’avais pourtant tant besoin financièrement. Mais, il passait avant. Il passerait toujours avant. Je m’étais rendu chez lui pour l’aider à gérer toute cette histoire. J’avais passé la soirée avec lui tentant de prendre soin de lui en l’aidant à encaisser un tel événement. J’avais veillé sur lui toute la nuit ne dormant que deux petites heures à peine. Et encore, si j’avais dormi autant d’heures cela me semblait assez formidable. Lorsque j’étais rentré chez moi en milieu de journée, je m’étais empressé de me laisser tomber sur mon canapé pour tenter de trouver le sommeil. C’était vain n’est-ce pas. Bien sûr que ça l’était. Les chamboulements ne se limitaient pas à l’extérieur. Les cauchemars étaient de retour dans mon existence. Ils me semblaient toujours si réels. Ils étaient tellement violents. Ils me bouffaient si cruellement que je me réveillais en sursaut. Et, après ces réveils, j’étais toujours trop incapable de me rendormir. Je ne parvenais jamais à glisser de nouveau dans un repos qui serait agréable. Mon après-midi était fichue… Mon repos était foutu… Ça l’était encore plus à cause de ce stress qui me bouffait. Le stress de l’opération de mon mollet. Elle approchait. Plus que quelques jours avant que je ne me retrouve dans la cage blanche entre les mains de médecins. Plus que quelques jours avant que je ne me retrouve coincé dans un lit pendant un foutu mois. L’opération qui approchait avait réveillé trop d’angoisses à tel point que j’avais choisi de voir tellement de personnes qui comptaient pour moi. J’avais organisé tellement de choses… D’ailleurs, attrapant mon téléphone, je m’empressais d’envoyer un message à Katalia pour savoir si nous pouvions nous retrouver à Carson Beach dans quelques heures parce qu’il était temps. Je ne soufflais pas réellement le pourquoi de ce rendez-vous, mais peut-être qu’elle s’en douterait. Peut-être qu’elle se douterait à cause de mes mots que l’instant était venu. Celui des révélations. Celui des confessions. Ce moment qui lui permettrait de tout savoir. Alors, toujours mort de fatigue, j’avais fini par me rendre à Carson Beach pour attendre l’Italienne et tout préparer. Pourquoi ici ? Pourquoi à l’extérieur ? L’air frais m’éviterait de paniquer. Le bruit des vagues saurait me calmer. Et, surtout, ici, personne n’était enfermé. Si Kat’ décidait de partir, elle ne me claquerait pas de portes au nez et ça ferait peut-être moins mal… Peut-être ouais…
Portant la bière que j’avais ouvert à mes lèvres, je la terminais beaucoup trop vite. Merde, ce n’était pas de ma faute. J’étais tellement angoissé. Mon ventre était si tordu. J’avais besoin de boire pour me calmer. J’avais besoin de trouver du courage. Mes doigts tremblaient. Mon cœur cognait si fort. Et j’attendais. Je l’attendais glissant une cigarette entre mes lèvres avec l’espoir qu’un peu de nicotine m’aiderait à m’apaiser. Stupide gamin. Mes yeux se relevaient soudainement tandis que je percevais du mouvement à quelques mètres de moi. Katalia était là. Elle arrivait au loin sur la plage et mes prunelles la suivaient du regard. Le stress remontait vivement à l’intérieur de mon être tandis que je tirais nerveusement sur ma clope. Je me remettais sur pied prêt à accueillir mon ange comme je le devais. Comme il le fallait. Je parcourais les derniers mètres qui me séparait d’elle avant de la prendre dans mes bras parce que c’était comme ça que je la saluais. Parce que je ne voulais pas la saluer d’une quelconque autre façon. J’avais besoin de la sentir proche de moi. J’avais besoin de la retrouver. J’avais aussi peut-être besoin de me rassurer un peu. De me calmer. Gardant la demoiselle contre moi, je ne tardais pas à ouvrir la bouche pour souffler « Hey mon Ange... Comment ça va ? » La question passait la barrière de mes lèvres. Elle était beaucoup trop importante. Elle était réellement essentielle ce soir. C’était LA question indispensable avant de commencer quoi que ce soit ce soir. Après tout, si jamais mon Ange n’allait pas bien, il était sûr et certain que ma soirée confessions tomberait à la poubelle. Je ne parlerai pas si elle allait mal. Je refusais de l’accabler de mon histoire si elle n’était pas prête pour ça. La question devait passer. La réponse devait être sincère. J’en avais besoin. Il fallait que je sache vers quoi nous nous dirigions ensemble. Je finissais par m’éloigner de l’Italienne agitant la main pour montrer toute l’installation que j’avais mis en place sur cette plage. Cette installation qui m’avait prit quelques minutes seulement quand bien même l’idée de cette soirée m’avait bouffé depuis des jours. Glissant ma langue sur mes lèvres, je finissais par présenter tout ce qui se trouvait ici « Tout est prêt pour notre soirée… Des bières, du vin blanc, des pizzas, une couverture et j’ai même pris un sweat en plus si jamais tu as trop froid… » Tout prévoir pour tenter de passer un bon moment malgré ce qui passerait entre mes lèvres et qui bouleverserait sans doute notre relation. Tout prévoir pour veiller sur la demoiselle encore et toujours, pour être sûr et certain qu’elle irait bien. J’avais dit à Kat’ de se couvrir ce soir, mais je ne savais pas combien de temps nous allions passer tous les deux sur cette plage. Je ne savais pas combien de temps cette confession nous prendrait…. Si seulement elle avait lieu. J’avais préféré être prévoyant. J’avais préféré apporter ce vêtement supplémentaire quitte à ce qu’il ne serve pas. Mais, si jamais elle avait froid, j’étais paré pour contrer ce problème. M’éloignant de la demoiselle, je venais me réinstaller sur la couverture tapotant la place à mes côtés pour qu’elle vienne me rejoindre. Et, en l’attendant, j’attrapais déjà une nouvelle bière que je m’empressais d’ouvrir. Il me fallait du courage alcoolisé ce soir. Il me fallait un peu d’aide parce que je plongeais dans un précipice trop incertain.
Je ne cessais de connaître des chamboulements. Je ne cessais de subir des bouleversements qui foutaient ma vie en l’air. Qui me foutait en l’air. Le dernier bouleversement en date remontait à hier soir lorsque j’avais dû quitter le travail en urgence afin de rejoindre Côme… Afin de rejoindre Laurys. C’était l’anniversaire de la mort de ses sœurs et, contrairement à ce qu’il m’avait annoncé par texto au cours de la journée, il ne gérait pas du tout. Il n’allait pas bien. Il était presque dans le même état que celui dans lequel j’avais été lors du quinzième anniversaire de la mort de ma mère quelques semaines plus tôt. Cet anniversaire qui m’avait totalement retourné me poussant même à quitter Boston tant j’avais l’impression de suffoquer par ici. Alors, lorsque j’avais reçu le message d’urgence, j’avais quitté le boulot faisant une croix sur ces heures supplémentaires dont j’avais pourtant tant besoin financièrement. Mais, il passait avant. Il passerait toujours avant. Je m’étais rendu chez lui pour l’aider à gérer toute cette histoire. J’avais passé la soirée avec lui tentant de prendre soin de lui en l’aidant à encaisser un tel événement. J’avais veillé sur lui toute la nuit ne dormant que deux petites heures à peine. Et encore, si j’avais dormi autant d’heures cela me semblait assez formidable. Lorsque j’étais rentré chez moi en milieu de journée, je m’étais empressé de me laisser tomber sur mon canapé pour tenter de trouver le sommeil. C’était vain n’est-ce pas. Bien sûr que ça l’était. Les chamboulements ne se limitaient pas à l’extérieur. Les cauchemars étaient de retour dans mon existence. Ils me semblaient toujours si réels. Ils étaient tellement violents. Ils me bouffaient si cruellement que je me réveillais en sursaut. Et, après ces réveils, j’étais toujours trop incapable de me rendormir. Je ne parvenais jamais à glisser de nouveau dans un repos qui serait agréable. Mon après-midi était fichue… Mon repos était foutu… Ça l’était encore plus à cause de ce stress qui me bouffait. Le stress de l’opération de mon mollet. Elle approchait. Plus que quelques jours avant que je ne me retrouve dans la cage blanche entre les mains de médecins. Plus que quelques jours avant que je ne me retrouve coincé dans un lit pendant un foutu mois. L’opération qui approchait avait réveillé trop d’angoisses à tel point que j’avais choisi de voir tellement de personnes qui comptaient pour moi. J’avais organisé tellement de choses… D’ailleurs, attrapant mon téléphone, je m’empressais d’envoyer un message à Katalia pour savoir si nous pouvions nous retrouver à Carson Beach dans quelques heures parce qu’il était temps. Je ne soufflais pas réellement le pourquoi de ce rendez-vous, mais peut-être qu’elle s’en douterait. Peut-être qu’elle se douterait à cause de mes mots que l’instant était venu. Celui des révélations. Celui des confessions. Ce moment qui lui permettrait de tout savoir. Alors, toujours mort de fatigue, j’avais fini par me rendre à Carson Beach pour attendre l’Italienne et tout préparer. Pourquoi ici ? Pourquoi à l’extérieur ? L’air frais m’éviterait de paniquer. Le bruit des vagues saurait me calmer. Et, surtout, ici, personne n’était enfermé. Si Kat’ décidait de partir, elle ne me claquerait pas de portes au nez et ça ferait peut-être moins mal… Peut-être ouais…
Portant la bière que j’avais ouvert à mes lèvres, je la terminais beaucoup trop vite. Merde, ce n’était pas de ma faute. J’étais tellement angoissé. Mon ventre était si tordu. J’avais besoin de boire pour me calmer. J’avais besoin de trouver du courage. Mes doigts tremblaient. Mon cœur cognait si fort. Et j’attendais. Je l’attendais glissant une cigarette entre mes lèvres avec l’espoir qu’un peu de nicotine m’aiderait à m’apaiser. Stupide gamin. Mes yeux se relevaient soudainement tandis que je percevais du mouvement à quelques mètres de moi. Katalia était là. Elle arrivait au loin sur la plage et mes prunelles la suivaient du regard. Le stress remontait vivement à l’intérieur de mon être tandis que je tirais nerveusement sur ma clope. Je me remettais sur pied prêt à accueillir mon ange comme je le devais. Comme il le fallait. Je parcourais les derniers mètres qui me séparait d’elle avant de la prendre dans mes bras parce que c’était comme ça que je la saluais. Parce que je ne voulais pas la saluer d’une quelconque autre façon. J’avais besoin de la sentir proche de moi. J’avais besoin de la retrouver. J’avais aussi peut-être besoin de me rassurer un peu. De me calmer. Gardant la demoiselle contre moi, je ne tardais pas à ouvrir la bouche pour souffler « Hey mon Ange... Comment ça va ? » La question passait la barrière de mes lèvres. Elle était beaucoup trop importante. Elle était réellement essentielle ce soir. C’était LA question indispensable avant de commencer quoi que ce soit ce soir. Après tout, si jamais mon Ange n’allait pas bien, il était sûr et certain que ma soirée confessions tomberait à la poubelle. Je ne parlerai pas si elle allait mal. Je refusais de l’accabler de mon histoire si elle n’était pas prête pour ça. La question devait passer. La réponse devait être sincère. J’en avais besoin. Il fallait que je sache vers quoi nous nous dirigions ensemble. Je finissais par m’éloigner de l’Italienne agitant la main pour montrer toute l’installation que j’avais mis en place sur cette plage. Cette installation qui m’avait prit quelques minutes seulement quand bien même l’idée de cette soirée m’avait bouffé depuis des jours. Glissant ma langue sur mes lèvres, je finissais par présenter tout ce qui se trouvait ici « Tout est prêt pour notre soirée… Des bières, du vin blanc, des pizzas, une couverture et j’ai même pris un sweat en plus si jamais tu as trop froid… » Tout prévoir pour tenter de passer un bon moment malgré ce qui passerait entre mes lèvres et qui bouleverserait sans doute notre relation. Tout prévoir pour veiller sur la demoiselle encore et toujours, pour être sûr et certain qu’elle irait bien. J’avais dit à Kat’ de se couvrir ce soir, mais je ne savais pas combien de temps nous allions passer tous les deux sur cette plage. Je ne savais pas combien de temps cette confession nous prendrait…. Si seulement elle avait lieu. J’avais préféré être prévoyant. J’avais préféré apporter ce vêtement supplémentaire quitte à ce qu’il ne serve pas. Mais, si jamais elle avait froid, j’étais paré pour contrer ce problème. M’éloignant de la demoiselle, je venais me réinstaller sur la couverture tapotant la place à mes côtés pour qu’elle vienne me rejoindre. Et, en l’attendant, j’attrapais déjà une nouvelle bière que je m’empressais d’ouvrir. Il me fallait du courage alcoolisé ce soir. Il me fallait un peu d’aide parce que je plongeais dans un précipice trop incertain.
@Katalia Borgia
(Neal T. Hood-Spritz)