A man is not where he lives, but where he loves ⱷ JUDE & ROXANNA

A man is not where he lives, but where he loves ⱷ Jude & Roxy

Impatiente, ne tenant plus en place, Roxanna n'osait plus regarder Jude, et s'était contenté de tourner le regard vers le ciel, en attendant une quelconque réaction de sa part. Elle avait longuement pesé le pour et le contre, sachant parfaitement qu'un voyage à Paris, c'était plutôt énorme comme cadeau alors qu'ils étaient ensemble depuis si peu. Mais, après tout, qu'est ce qu'elle y pouvait si Apple les avait présenté seulement deux semaines avant la St Valentin ? Absolument rien, et elle n'allait pas s'en plaindre quand même, le principal, c'est qu'elle l'ait rencontré. Et après avoir longuement réfléchi, en payant les billets, elle n'avait eu aucun remord. Après tout, ça ferait un bon entraînement pour Jude et ses études de français, il allait surement la remercier une fois qu'il aurait fini ses examens ! Alors qu'elle attrapait avec ses dents nerveusement sa lèvre inférieure, elle sentit la main de Jude passer sur son visage, pour la contraindre à tourner la tête dans sa direction, chose qu'elle fit sans y opposer la moindre résistance. Il affichait un énorme sourire, un sourire qui voulait tout dire sauf "Je veux pas de ton cadeau". Roxanna fit un sourire timide, avant de joindre ses lèvres à celle de Jude tendrement, l'enlaçant avec douceur. Elle ferma les yeux un instant, alors qu'il se reculait pour replacer une de ses mèches de cheveux derrière son visage. « Merci…vraiment…merci.. » Elle colla son front contre le sien avec un sourire plaqué sur son visage, et leva sa main libre pour caresser sa joue, tandis que l'autre tenait la main de Jude avec douceur. « Comme ça tu pourras me commander des croissants... » dit-elle alors en riant légèrement, faisant une bouille innocente. Bah quoi, elle savait pas parler français, et Jude prononçait très bien le mot "croissants" : parfait! « T’imagine pas à quel point ça m’fait plaisir… » Roxanna se mordit la lèvre inférieure et fit un sourire en coin. « Rien que ce beau sourire m'en donne une petite idée »dit-elle en effleurant ses lèvres à nouveau, doucement, avant de reculer son visage.

« Ton cadeau est vraiment…vraiment moins bien… » Roxanna fronça les sourcils et serra la main de Jude dans la sienne avec douceur. Elle savait qu'il n'avait pas les même moyens qu'elle, et ça semblait le tracasser. Elle s'y était attendue. « Jude ... Je suis une Eliot, j'ai forcément, beaucoup plus de moyens que la plupart des autres étudiants des autres maisons. Mon plus beau cadeau, c'est toi. Et je suis sure que celui que tu as pour moi sera génial. » dit-elle sincèrement. « J’te donnerais le tiens quand on arrivera au campus » Roxy hocha doucement la tête avant que Jude ne capture ses lèvres à nouveau, tendrement. Elle resserra son étreinte autour de son corps et ne put retenir un sourire contre ses lèvres. Elle était tellement à l'aise, calme, sereine. Et elle allait à Paris à la fin du mois avec l'homme qu'elle aime. Oui, qu'elle aime. Pour de vrai. Jude rompit le baiser, mais ne se sépara pas de Roxanna pour autant, gardant une certaine proximité entre eux. « J’crois que j’t’ai pas encore dit, que j’te trouvais vraiment magnifique ce soir… » La jeune fille fit un sourire et embrassa à nouveau Jude avant de lui mordre légèrement la lèvre inférieure avec un air malin sur le visage lorsqu'elle recula ses lèvres à nouveau : « Tant mieux si ça te plait ... Avec Apple on a écumé les magasins tout notre après midi de lundi ! » Dit-elle en riant. Elles avaient réellement cherché les robes parfaites, Apple pour Ocean, et Roxanna pour Jude. « Et toi, je t'ai pas dit qu'être habillé dans ce costume noir te rendait encore plus beau ? » Elle réajusta son col tout en parlant, ayant légèrement été mit en vrac quand ils s'étaient allongés sur le sol.

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I wouldn't be here if it wasn't for you

Ca me faisait bizarre, d’être en costume comme ça. Je ne me mettais jamais en costume et la seule fois que j’en avais mis un de toute ma vie, c’était il y a quatre mois à l’enterrement de Kyle et de ma mère. Et encore, si on pouvait appeler ce que je portais ce jour-là un costume. Enfin, au départ, je n’étais pas trop sûr de ma tenue, mais comme dans tous les films à l’eau de rose, le gars qui donne rendez-vous à sa copine le soir de la saint-valentin porte un costume, je n’avais pas tellement le choix. Et puis, vu que j’avais été faire un tour au bal juste avant, j’avais du mal à me voir entrer là-bas en jean et en tee-shirt, ça aurait fait légèrement tâche. Bon, je n’avais pas joué non plus le grand jeu à mettre une cravate, mais bon, j’avais fait un effort pour paraitre un minimum classe et puis, quand je voyais à quel point Roxanna était belle dans sa petite robe, aussi bien coiffée et tout ça, j’aurais été vraiment con de ne pas faire un effort de mon côté, surtout que ça ne me coutais rien, de porter un costume. La jeune femme m’avait dit que mon sourire lui donnait une idée de à quel point son cadeau me faisait plaisir, ce qui me fit sourire encore plus. On peut dire que à ce moment-là, à ce moment précis, j’étais heureux. Je n’osais même pas imaginé ce que j’aurais fait, si je ne l’avais pas connu…et aujourd’hui, rien que l’idée qu’elle aurait pu être avec un autre, rien que l’idée qu’elle aurait pu aimer un autre, ça me rendait malade : je la voulais pour moi, et pour moi tout seul. Je voulais être le seul à qui elle penserait tout le temps, être le seul à qui elle dirait je t’aime. Juste…être le seul, être spécial. Et je me sentais, spécial, ça faisait tellement du bien, de sentir qu’on est important pour quelqu’un…

« Jude ... Je suis une Eliot, j'ai forcément, beaucoup plus de moyens que la plupart des autres étudiants des autres maisons. Mon plus beau cadeau, c'est toi. Et je suis sure que celui que tu as pour moi sera génial. » Je souris légèrement, baissant mon regard, toujours aussi gêné. Je n’avais jamais pensé au fait qu’il y aurait un peu une différence de budget pour…à peu près tout, entre elle et moi mais c’est vrai que les Eliot étaient pas mal réputés pour être des fils de riches. Enfin, j’espérais que ça ne gênerais pas notre relation et surtout, il fallait que je trouve quelque chose pour pouvoir me faire un peu d’argent : ma mère avait mis dans son testament que je ne pourrais toucher mon héritage si il lui arrivait quelque chose qu’à l’âge de vingt-deux ans et pour le moment, je n’en avais que vingt et un. Je ne lui en voulais pas, d’avoir fait ça : ma mère savait que si je venais à la perdre, j’allais replonger. Et elle ne voulait sans doute pas que je fasse n’importe quoi avec son argent. Notamment que j’achète de la drogue, ou ce genre de chose. Et le fait que Roxy n’en ai rien à faire, que je sois fauché, montrait aussi à quel point elle était extraordinaire, car les Eliot étaient aussi connus, pour ne pas se mêler à tout le monde, surtout avec à un Mather dans mon genre complètement drogué.

« Tant mieux si ça te plait ... Avec Apple on a écumé les magasins tout notre après-midi de lundi ! » je ris légèrement, baissant à nouveau mon regard sur sa robe même si dans le noir, et avec sa veste au-dessus, je ne voyais pas très bien, mais j’avais eu le temps de bien m’en rendre compte avant que nous venions ici. « Et toi, je t'ai pas dit qu'être habillé dans ce costume noir te rendait encore plus beau ? », annonça-t-elle alors que je cru apercevoir un sourire sur son visage, réajustant mon col qui s’était un peu mal placé tout à l’heure. Je ris légèrement et je me pinçais la lèvre, au moins, elle avait remarqué que j’avais fait un immense effort exceptionnel : j’étais loin d’être un garçon parfait, en fait. J’étais bordélique, j’avais une écriture de cochon (merci les études de médecine), je n’étais jamais coiffé parce que je détestais ça et je trouvais que j’avais une tête de cul lorsque je m’obstinais à me coiffer et enfin, j’étais…dépressif, même si en ce moment, ça ne se voyait pas tellement. « Merci », murmurais-je doucement en la laissant faire, souriant. « Mais toi tu restes la plus belle », ajoutais-je en lui souriant alors que j’enroulais mes deux bras autour de sa taille. J’haussais les épaules en souriant. « La plus belle fille que j’ai eu l’occasion d’emmener dans ma grotte secrète », dis-je en riant doucement, même si en fait, Roxanna était la seule fille que j’amenais dans ce par cet donc, dans cette grotte. Je souris et j’approchais pour l’embrasser sur la joue, juste au coin des lèvres. « Alors…qu’est-ce que t’a envie de faire maintenant ? »

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Faire partie des Eliot, c'était à la fois un privilège et un poids. D'un côté, Roxanna était respectée, et avait une grande influence dans l'université, tout comme tous les autres membres d'Eliot House. Mais d'un autre, il y avait le fait qu'il faille qu'elle surveille ses arrières, quoi qu'elle fasse. Elle était enviée pour son prestige, pour son argent, beaucoup de personnes voulaient se rapprocher des Eliot histoire que d'avantage de portes s'ouvrent à eux. De nombreuses fois, au début de ses études à Harvard, Roxanna avait remarqué qu'il y avait deux catégories d'amis : Les vrais, ceux qui apprennent à te connaître, à te découvrire, et les autres, ceux qui te disent d'un air innocent "Pour Noël j'adoreraaait avoir les moyens de me payer les dernières paires de Louboutin". Autrement dit, superficielles et fauchées, donc profiteuses. Ces personnes là, voilà longtemps que Roxanna les avait virées de son existence. Et elle se remerciait chaque jour de l'avoir fait tant elle haïssait ce genre de personne égocentrique et manipulateurs. Son argent, elle préférait l'utiliser de façon intelligente, même si beaucoup d'Eliot sont plutôt du genre à se payer tout et rien. Et elle avait trouvé judicieux de payer ces billets d'avion pour la France.

Jude fit un sourire lorsque Roxanna commenta sa façon d'être habillé. C'est vrai, c'est pas tous les jours qu'elle pourrait le voir en costume, et ça lui allait plutôt bien, voire même très bien. « Merci. Mais toi tu restes la plus belle » Elle fit un sourire gêné et passa ses deux bras derrière la nuque de Jude, tandis que lui encerclait sa tailler de ses bras en ajoutant avec un sourire. « La plus belle fille que j’ai eu l’occasion d’emmener dans ma grotte secrète » Roxy fit un rire léger et haussa les épaules en se mordant la lèvre inférieure, un petit air malin sur le visage :« Facile, ça, je suis la seule ! » dit-elle en riant, mais non pas moins fière de ce qu'elle venait de dire. Oui, elle était la seule à qui Jude avait montré cet endroit, et elle se rappelait encore de combien elle avait été touchée lorsqu'il l'avait emmenée ici, le premier soir où ils s'étaient rencontré. C'est qu'il avait vraiment confiance en elle ... Sans doute autant qu'elle avait confiance en lui.

Jude embrassa Roxanna à la commissure de ses lèvres, et en riant la jeune fille tourna bruquement la tête sur la droite pour déposer ses lèvres sur les siennes. « Alors…qu’est-ce que t’a envie de faire maintenant ? » Roxy haussa les épaules, réfléchissant un moment, puis un courant d'air vint lui rafraîchir les idées, la faisant frissonner de la tête aux pieds. « On pourrait commencer par rentrer tranquillement sur le campus ... Et faire notre propre soirée de Saint Valentin tous les deux, qu'en penses tu? » Elle fit un petit sourire et embrassa Jude sur le front tout en se redressant. « Je t'avouerais que j'ai même acheté un vrai pyjama de jeune fille en couple, et donc sans nounours ! » Dit-elle en riant légèrement de sa propre bêtise. Les pyjamas pour petites filles, ça va un temps, mais il fallait quand même qu'elle apprenne à faire un peu plus ... Féminine. Roxanna prit la main de Jude dans la sienne et ils sortirent tous les deux de leur "tanière", ramassant leurs affaires avant de s'éloigner vers la barrière du parc. Elle leva la tête, des nuages commençaient à couvrir les étoiles, et de fins flocons de neige commencèrent à tomber dans la rue. « Je crois qu'on a décidé de filer pile au bon moment, sinon on aurait été bon pour terminer en véritables esquimaux ! » Jude escalada la barrière, et Roxanna l'imita, retombant presque correctement sur ses jambes, mais s'appuyant néanmoins sur le jeune homme pour être sure de ne pas se casser la figure.

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L’air commençait à se faire frais, et pour cause : il commençait à être certainement tard. C’était incroyable à quel point le temps passait vite, lorsque j’étais avec elle. J’avais vraiment hâte de faire ce voyage, je n’osais même pas imaginer à quel point ça allait être parfait, et il allait sérieusement falloir que je cherche de l’argent pour pouvoir faire des choses là-bas et pour pouvoir lui payer des trucs, histoire de ne pas avoir l’air complètement ridicule. Même si la jeune femme était capable de comprendre que je n’avais pas forcément la fortune du roi de Chine, mais il ne fallait pas abuser non plus. Je n’avais pas forcément le temps de me trouver un petit boulot à côté de mes cours, j’allais quand même devoir essayer de le faire, histoire de gagner un minimum le temps que je puisse toucher l’argent que ma mère m’avait laissé à la banque après sa mort. Je frissonnais légèrement alors qu’un coup de vent assez fort vint jusqu’à ébouriffer légèrement les cheveux de la jeune femme, me faisant sourire un peu plus. « On pourrait commencer par rentrer tranquillement sur le campus ... Et faire notre propre soirée de Saint Valentin tous les deux, qu'en penses-tu? », demanda-t-elle après avoir frissonnée, commençant à avoir froid ce qui n’était pas étonnant dans la petite tenue qu’elle était. J’hochais la tête, acquiesçant, j’avais quand même hâte de rentrer pour être bien au chaud avec elle. Et puis, c’était l’occasion de lui donner son cadeau, même si j’avais de plus en plus peur qu’il ne lui plaise pas ou quoi que ce soit de négatif.

« Je t'avouerais que j'ai même acheté un vrai pyjama de jeune fille en couple, et donc sans nounours ! », dit-elle en riant après avoir déposée un baiser sur mon front, se levant alors que je l’imitais, ramassant l’enveloppe avec les billets d’avion pour les glisser dans la proche intérieure de ma veste. Quand je lui avais dit que je la trouvais mignonne avec son pyjama à nounours, j’étais sérieux. Ça lui donnait un petit air enfantin que je trouvais plutôt amusant, surtout que je me demandais ce qu’elle voulait dire quand elle parlait d’un pyjama de jeune fille en couple. Glissant sa main dans la mienne, je resserrais mes doigts entre les siens, la suivant en dehors de la petite grotte. Je levais le regard vers le ciel, qui était assez gris, cachant les étoiles qui étaient habituellement visibles à cette heure-ci. Nous nous avancions vers la sortie alors que des flocons de neiges commençaient à tomber du ciel. Je ris légèrement, nous étions en février et il neigeait encore, c’était vraiment pas croyable le temps pourris que nous avions, ici. « Je crois qu'on a décidé de filer pile au bon moment, sinon on aurait été bon pour terminer en véritables esquimaux ! » Je souris et j’hochais la tête, elle avait bien fait de vouloir quitter cet endroit, car elle avait raison, on aurait pu être vraiment dans la merde si nous étions restés trop longtemps. Je traversais la barrière et j’aidais à nouveau la jeune femme à la traverser après moi. Elle commençait à être douée, pour escalader les barrières : il fallait qu’elle ait l’habitude, avec moi car nous ne viendrons ici que la nuit, donc quand le parc est fermé.

Je re-glissais sa main dans la mienne alors que nous marchions pour rentrer sur le campus. Un léger sourire se dessina sur mon visage, en pensant que nous prenions exactement le même chemin que lors de notre premier rendez-vous, sauf que cette fois, je ne comptais pas la raccompagner chez elle et la laisser toute seule pour la soirée. Non, surtout pas un soir de Saint-Valentin. La neige continuait à tomber, de plus en plus fort même alors nous avons accéléré le pas afin d’arriver le plus vite possible sur le campus. Il y avait malgré tout pas mal de monde dehors, surtout des couples qui se tenaient la mains et rentraient peut-être du bal qui devait être en train de se terminer. « Tu restes chez moi ? », lui demandais-je alors que nous arrivions sur le campus. Je lui souris, « J’ai ton cadeau et…c’est pas grave si t’a rien pour dormir, j’te prêterais un de mes tee-shirt…enfin, si tu veux » Même si je lui avais posé la question, je n’attendais pas vraiment la réponse puisque je me dirigeais directement chez les Mather. Quelques lumières étaient allumées dans la grande maison, mais il n’y avait pas l’air d’y avoir du monde. Je l’amenais à l’intérieur et je montais directement les escaliers pour aller jusqu’à ma chambre. Je lui ouvrais la porte, la laissant entrer à l’intérieure avant de refermer la porte derrière moi, appuyant mon dos contre celle-ci alors que je la regardais en souriant. Je lui montrais du regard la petite boite embrassée que j’avais posée sur mon lit, « Si tu veux ton cadeau, il est juste là », murmurais-je en regardant le cadeau. J’avais hâte qu’elle le voit, quand même, j’avais acheté cette petite boite à musique chez un antiquaire, elle était assez vieille et je trouvais que c’était ça, qui faisait son charme. Surtout avec la petite danseuse qui tournait sur elle-même lorsqu’on l’activait. Je la regardais prendre le cadeau et le déballer, je baissais alors la tête en me pinçant la lèvre et j’ajoutais, « J’me suis dit…que ça pourrait t’aider, quand t’arrive pas à dormir à cause de tes cauchemars…. »

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Main dans la main, Jude et Roxanna se dirigeaient lentement vers l'université, alors que de fins flocons blancs commençaient à s'éparpiller sur le sol des rues. Incroyable, en février, bien qu'étant encore en hiver, il neigeait toujours. Roxy n'avait jamais vraiment apprécié le froid, à part la neige, peut-être, mais elle préférait l'été, la chaleur, se baigner dans une piscine ... En hiver, elle a plutôt envie d'hiberner que d'aller en cours. Arrivés sur le campus, il y avait déjà plus de monde. Certains couples se promenaient, ou rentraient dans leurs maisons respectives. Le bal de Saint Valentin devait sans aucun doute bientôt toucher à sa fin. Ils avançaient toujours vers une destination inconnue jusqu'à ce que Jude lui propose : « Tu restes chez moi ? J’ai ton cadeau et…c’est pas grave si t’a rien pour dormir, j’te prêterais un de mes tee-shirt…enfin, si tu veux » Elle fit un sourire à son tour, et hocha la tête positivement, acceptant avec joie. Après tout, ce n'était pas comme si depuis une semaine ils n'arrêtaient pas de dormir l'un chez l'autre, ou de passer la soirée ensemble. « Ça me va, en plus comme ça j'aurais ton parfum sur moi avec le tee shirt. Fais gaffe après je voudrais plus te le rendre! » dit-elle avec un demi sourire avant de rire légèrement. De toutes manières, avant même qu'elle ait répondu, Jude devait savoir qu'elle songeait à dire oui puisqu'ils se dirigeaient déjà à grandes enjambées vers le bâtiment des Mathers.

Arrivés sur place, Jude ouvrit la porte, et Roxy entra sans lâcher sa main, gravissant les quelques marches qui menaient à son étage. Il ouvrit la porte, fit entrer la blondinette, puis entra à son tour avant de refermer la porte. Elle retira sa veste et la posa sur le dossier d'un siège, avant de faire face à Jude, appuyé contre la porte de la chambre. Le jour où ils s'étaient embrassés pour la première fois, ç'avait été la même situation, mais inversée. « Si tu veux ton cadeau, il est juste là » dit alors le jeune homme en désignant du regard son lit. Intriguée, Roxanna se retourna, et s'avança vers le lit de Jude, où elle s'installa assise correctement, juste à côté du paquet qu'elle prit délicatement entre ses mains. Elle regarda son petit ami, qui lui fit un sourire, attendant qu'elle ouvre le paquet calmement.

Le paquet avait l'air plutôt fragile, et elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il avait eu l'idée de lui prendre. Et déchira doucement le papier, le posant en morceaux à côté d'elle, puis ouvrit la petite boite en carton, pour en sortir une boite. Une boite ... A musique ? Elle était très jolie, et semblait plutôt ancienne. Elle leva son visage vers Jude, qui lui baissa la tête en se pinçant les lèvres. « J’me suis dit…que ça pourrait t’aider, quand t’arrive pas à dormir à cause de tes cauchemars…. » Sans plus attendre, la jeune fille ouvrit la boîte à musique, et un sourire apparut instantanément sur son visage : A l'intérieur de la boîte, une danseuse tournait sur elle même avec une petite musique douce, comme une berceuse. « Elle est ... Adorable... Une danseuse en plus. Elle est magnifique. » Elle contempla un moment la danseuse qui tournait toujours, comme hypnotisée, puis referma la boîte tout aussi délicatement que lorsqu'elle l'avait ouverte, pour la reposer sur le lit. Elle se leva, et se dirigea vers Jude en courant pour se jeter dans ses bras. « C'est tellement bien pensé ... Merci ... » Son coeur battait la chamade. Ce genre de cadeau pouvait sembler insignifiant lorsqu'on en connaissait pas le contexte. Mais cette boîte avait tout pour plaire à Roxanna : Une danseuse, représentant son rêve, et surtout, un objet pour la rassurer lors de ses nuits agitées par des cauchemars. Elle redressa le visage de ude et plongea son regard dans le sien avant de l'embrasser doucement. « Merci Jude, encore et encore. On ne m'a jamais fait de cadeau aussi beau. » A vraie dire, en dehors de ses quelques amis et de sa grand mère pour son anniversaire, elle n'avait jamais eu de cadeau. Mais de tous, c'était le plus touchant.

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C’était drôle, comme une personne pouvait nous changer. Depuis la mort d’Aurore, je n’avais jamais été très galant avec les filles : ne voulant aucune relation sérieuse, j’évitais tout contact…comment dire…qui pourrait me pousser à m’attacher à quelqu’un. Dans ma tête, l’attachement, finissait toujours par la rupture et la rupture, ça faisait mal, très mal, trop mal. Mais sans savoir pourquoi, j’avais adopté la méthode tout à fait inverse, avec Roxanna et ce, dès le premier soir de notre rencontre : je me revoyais encore lui tirer sa chaise pour qu’elle s’assoit ou ce genre de chose que les garçons bien élevés et surtout, galants font et même si je n’arrêtais pas de me demander ce qui m’avait pris d’agir comme ça alors que je ne connaissais même pas la jeune femme à l’époque, je n’arrivais à tirer aucune conclusion, aucune réponse. Peut-être qu’au fond, j’avais cru qu’Apple avait raison et que tomber amoureux pourrait être la seule manière de me sauver : peut-être qu’au fond, j’ai voulu plaire à Roxanna et mettre toutes les chances de mon côté pour que ça arrive, même si je restais toujours un peu perplexe quant au plan de la petite Apple. En tout cas, je ne regrettais pas de l’avoir fait, car malgré que j’eu passé une semaine plutôt difficile à cause de mon sevrage, j’avais tout de même, passé une semaine assez satisfaisante, et ça faisait vraiment longtemps, que je ne m’étais pas dit que j’étais content d’avoir passé cette semaine aussi gaiement. Pire, je n’arrivais pas à rester une journée sans parler ou voir la demoiselle, j’étais vraiment en train de devenir accroc, mais bon, c’était de sa faute : elle s’était proposée à devenir ma nouvelle drogue à la place de la coc’ ou des autres merdes que je prenais, je ne faisais qu’exécuter son invitation (a)

J’étais plutôt nerveux, alors qu’elle ouvrait mon cadeau, délicatement. Elle avait dû comprendre que l’objet était assez fragile. En fait, j’avais pensé à la boite à musique, parce que je me souvenais que mon père en avait offert une à ma mère. Je devais n’avoir que sept ans, mais j’arrivais à revoir la scène comme si c’était hier : mon père devait beaucoup voyager pour son travail, avant qu’il ne tombe malade et ma mère avait du mal à supporter le fait d’être toute seule, même si j’étais là, je ne comblais pas la présence d’un mari aimant auprès d’elle tous les soirs. Mon père lui avait donc, un jour, offert une petite boite à musique, semblable à celle que j’avais achetée pour Roxanna, lui disant que le soir, lorsqu’il n’était pas là et qu’il était loin d’elle, elle pourrait juste l’ouvrir, et s’endormir avec la mélodie qui la bercerait en pensant à lui, comme si il était là, auprès d’elle. Apple m’avait presque ris au nez lorsque je lui avais dit mon cadeau, elle trouvait ça nul et elle m’avait donné une angoisse supplémentaire, me mettant dans l’esprit que ce cadeau, était vraiment pourris. Je le relevais la tête en entendant la petite musique. Je vis un sourire sur le visage de la jeune femme, ce qui me rassura légèrement, j’étais toujours aussi nerveux. « Elle est ... Adorable... Une danseuse en plus. Elle est magnifique. », dit-elle sans quitter la boite des yeux, totalement hypnotisée par la petite danseuse qui tournait sur elle-même. Je souris légèrement alors qu’au bout de quelques secondes, elle referma doucement la petite boite pour la poser sur le lit. Je me pinçais la lèvre et elle se leva pour sauter dans mes bras…

« C'est tellement bien pensé ... Merci ... », j’enroulais mes bras autour d’elle pour la serrer contre moi, souriant un peu plus alors que mon cœur battait la chamade. Je pouvais bien sentir dans sa voix que le cadeau lui faisais plaisir et j’avais envie de crier à Apple qu’elle avait eu tort : en plus, j’en avais parlée à Meghan et elle, avait trouvé ça super, comme cadeau. Je continuais de sourire bêtement alors qu’elle se recula légèrement pour pouvoir me regarder dans les yeux, avant de déposer doucement ses lèvres sur les miennes, m’offrant un baiser doux et tendre. « Merci Jude, encore et encore. On ne m'a jamais fait de cadeau aussi beau. » je souris à nouveau, la gardant contre moi et je posais mon front contre le sien, la regardant dans les yeux. J’étais vraiment content de la rendre aussi heureuse avec un rien : comme quoi, la valeur d’un objet n’était pas dans son prix. J’haussais les épaules, ça n’était vraiment rien comparé aux billets d’avion qu’elle m’avait offert pour aller à Paris, mais de la voir aussi souriante et aussi touchée, ça me donnait vraiment envie de me trouver un petit boulot – un boulot honnête car dealer n’était pas vraiment considéré comme un boulot – pour pouvoir lui faire des cadeaux plus souvent : elle le méritait, vraiment et j’avais oublié ce que ça faisait, de rendre quelqu’un heureux, comme ça. « C’est pas grand-chose….mais j’suis content que ça te fasse tant plaisir….j’suis content d’avoir l’impression de te rendre heureuse… » , murmurais-je doucement alors que je ne décollais pas mon regard du sien. Je passais une main sur sa joue et je m’approchais pour l’embrasser à nouveau, un peu plus passionnément avec plus de conviction aussi, jusqu’à bout de souffle et entre deux baisers, je continuais, doucement, « …quand j’pense que si Apple nous aurait pas présentés, j’aurais fait une connerie et toi, tu s’rais tombée amoureuse d’un autre et tout ça… ça me rend dingue de t’imaginer avec un autre…» Je repensais soudainement à l’homme qui la faisait chier, je me demandais si il lui créait toujours des problèmes. J’espérais qu’elle m’en parlerait, car je n’hésiterais pas une seule seconde à lui casser la gueule rien que si il venait à lui causer des problèmes ou lui faire du mal…

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Il y a quelques jours de cela, Roxanna s'était interrogée longuement, alors qu'elle était seule dans sa chambre d'étudiante, après les cours. C'est vrai, dans le fond, comment se seraient passé les choses, l'avenir, si Apple n'avait jamais décidé de présenter Jude à Roxanna ? Si il ne lui avait jamais parlé de ses envies de mettre fin à ses jours, l'aurait-il vraiment fait ? Rien que d'y penser, elle avait eut froid dans le dos. Elle, sa vie aurait continué, elle aurait été touchée par le suicide d'un étudiant, mais sa vie d'étudiante aurait continué, elle aurait toujours flirté à gauche à droite, sans aucune attache particulière ... Elle n'aurait peut-être jamais su le sens du mot "amour", sans lui. Et maintenant qu'ils étaient ensemble, elle ne se voyait vraiment pas tomber amoureuse d'un autre homme. Jude était un cas exceptionnel, jamais elle n'avait eut de tels sentiments auparavant pour un homme. Oui, il y avait peut-être un autre homme capable de la séduire sur le campus, me direz vous, mais pour elle, ça n'avait aucune importance : Elle aimait Jude, juste lui, rien que lui. Son coeur n'avait jamais battu aussi fort pour une seule et unique personne, et elle savait que, dans le fond, c'était ainsi que les choses devaient se passer. Ils se complétaient, apprenaient mutuellement de l'autre pour se reconstruire, et l'un sans l'autre, il y avait eu un vide : D'un côté pour Jude, la dépression, de l'autre pour Roxanna, la peur de son passé, et le vide sentimental, ce creux qu'elle avait creusé dans son coeur, se jurant de ne s'attacher à personne.

« C’est pas grand-chose….mais j’suis content que ça te fasse tant plaisir….j’suis content d’avoir l’impression de te rendre heureuse… » Roxanna secoua la tête de gauche à droite en entendant les paroles de Jude, et murmura doucement « N'en ai pas l'impression. Tu me rends heureuse. C'est un fait. Personne ne sait me faire sourire et ne sait faire battre mon coeur d'un rien, comme tu le fais. » Et c'était sincère. D'un sourire, il réussissait à la faire rougir, ou sourire également. Son coeur battait dès qu'il la prenait dans ses bras, qu'il passait une main dans ses cheveux, dès que leurs lèvres se touchaient. Tout faisait qu'elle l'aimait. Tout. Agrippée à Jude, ne désirant le lâcher pour rien au monde, leurs lèvres se rencontrèrent dans un échange passionné, pris dans leur élan d'ouverture des cadeaux de Saint Valentin. Cette soirée aura été riche en émotions décidément. La jeune fille noua ses mains derrière Jude, prolongeant leur échange avec douceur. Entre deux baisers, à bout de souffle, il murmura alors « …quand j’pense que si Apple nous aurait pas présentés, j’aurais fait une connerie et toi, tu s’rais tombée amoureuse d’un autre et tout ça… ça me rend dingue de t’imaginer avec un autre…» Immédiatement, Roxanna plaqua son index sur les lèvres du grand brun, le faisant taire, et elle secoua la tête de gauche à droite. « Je veux pas que tu penses à de telles choses. C'est ... Toi qui m'a appris à aimer en si peu de temps, Jude. J'aurais jamais voulu ouvrir mon coeur à personne, si Apple avait pas décidé de nous faire nous rencontrer... Si les choses se sont passé comme ça, c'est que ça devait se passer comme ça. On est ensemble, et y a rien de plus important. »

Elle avait dit ces mots en le regardant droit dans les yeux, débordante de sincérité. Elle ne voulait plus imaginer les choses sans lui. Désormais, Jude faisait partie de son quotidien, de sa vie. Elle ne pouvait même pas imaginer de reprendre sa vie normalement, sans l'avoir connu. Elle retira doucement son index des lèvres de Jude, et se mordit la lèvre inférieure. « La seule chose que je sais aujourd'hui, c'est que ... Je t'aime. » Les battements de son coeur accélérèrent rien qu'en prononçant ces mots. « Et c'est bien la seule chose, avec toi, à laquelle je veux m'accrocher réellement. A nous. » Elle rougit légèrement en disant cela, elle qui n'avait jamais été du genre très romantique avec les hommes, avec Jude, c'était totalement différent. Son coeur parlait avant son cerveau. Chose qu'elle ne s'autorisait jamais à faire ordinairement.

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Elle m’avait fait me taire, posant son index sur mes lèvres. Mais ça avait été plus fort que moi. J’étais un scientifique, et les problèmes, les questions pleines de « et si, et si, ou alors », je n’arrêtais pas de m’en poser, et encore, c’était pire lorsque j’étais tout seul et que pensais. Comment est-ce qu’on ne pas imaginer sa vie autrement ? L’homme est un perpétuel insatisfait, c’est bien connu, et il ne peut pas s’empêcher de vouloir autre chose dès qu’il a eu ce qu’il voulait, il ne peut pas s’empêcher de se poser des milliards de questions qui, au final, sont complètement inutiles à notre existence et qui fait que nous compliquer la vie, en fait. Car penser à comment pourrait être notre vie autrement, c’était simplement se torturer l’esprit. C’est vrai, on ne pouvait s’en prendre qu’à nous même, au fond car là où nous étions aujourd’hui, la personne que nous étions aujourd’hui, n’était que la conséquence de nos choix passés, et même si ses choix se sont avérés mauvais, il fallait les accepter quoi qu’il arrive, et apprendre à vivre avec, apprendre à faire de nos anciennes erreurs, un atout. Mais je savais que elle, ça n’était pas une erreur. Roxanna, n’était pas une erreur, car elle m’avait tout simplement sauvé la vie. Ca faisait con, à dire comme ça mais si je n’étais pas tombé amoureux d’elle, jamais, jamais je ne serais vivant à l’heure qu’il était. J’avais vraiment l’intention de le faire, j’avais même la dose de morphine qu’il fallait dans ma chambre pour pouvoir faire une overdose : simple, rapide, non douloureux, et efficace. Enfin, je préférais garder ça pour moi, car j’imaginais bien Roxy arriver telle une furie dans ma chambre, à tout retourner pour trouver les médicaments et les jeter par la fenêtre, les piétiner, les bruler, bref, s’en débarrasser.

« Je veux pas que tu penses à de telles choses. C'est ... Toi qui m'a appris à aimer en si peu de temps, Jude. J'aurais jamais voulu ouvrir mon coeur à personne, si Apple avait pas décidé de nous faire nous rencontrer... Si les choses se sont passé comme ça, c'est que ça devait se passer comme ça. On est ensemble, et y a rien de plus important. », dit-elle doucement. Je fronçais légèrement les sourcils, alors que je sentais son regard posé sur moi, avec ses grands yeux bleus. Rien que de la voir sourire comme ça, de l’entendre me dire tout ça….ça me faisait carrément fondre sur place. J’avais l’étrange sensation que plus le temps passait, plus elle parlait, plus je tombais amoureux d’elle : et là, des nouveaux « si », s’installaient dans mon esprit, me faisant encore imaginer pleins de choses farfelues, comme et si je replongeais et qu’elle finissait par me quitter ? Ou tout simplement, et si elle finissait par me quitter, se rendant compte que je n’étais qu’un abrutis dépressif trop pauvre pour la rendre heureuse. Je savais qu’elle n’était pas comme ça, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser, c’était plus fort que moi…

Elle retira son doigt de mes lèvres, et j’aurais voulu lui demander de ne pas le faire, j’aimais tant sentir le contact de sa peau sur la mienne, de ses lèvres contre les miennes, se doigts s’entrelaçant avec les miens, tout ça….bordel, j’étais carrément dingue d’elle. « La seule chose que je sais aujourd'hui, c'est que ... Je t'aime. » Je me pinçais la lèvre, je sentais mon cœur s’accélérait et j’avais l’impression d’être tout abasourdis par ce que je venais d’entendre. Même si elle me l’avait dit tout à l’heure, c’était en réponse à mon je t’aime. Là, elle venait de le dire d’elle-même. Un petit sourire se dessina sur mon visage, « Et c'est bien la seule chose, avec toi, à laquelle je veux m'accrocher réellement. A nous. » J’hochais la tête, sans éloigner mon visage du sien, comme si j’avais besoin de cette proximité, comme si c’était vitale, de la sentir aussi proche, comme si j’avais peur qu’elle s’éloigne, et que je me réveille, me rendant compte que tout ça, n’était qu’un rêve et que jamais ça n’arriverait. J’avais peur de perdre à nouveau ma joie de vivre, peur qu’un jour, on m’appelle pour me dire qu’elle a eu un accident et qu’elle aussi, elle soit partie pour toujours, j’avais tellement la trouille…Je fermais les yeux quelques instants, sentant que ma main s’était mise soudainement à trembler : à chaque fois que je pensais trop au passé, ou à la douleur que j’avais pu ressentir, les effets du manque refaisaient encore plus violement leur apparition, ce qui était normal : je me droguais pour les oublier, mon cœur et mon cerveau ne comprenaient pas pourquoi je ne continuais pas. « J’t’aime…j’t’aime aussi…tellement que….j’suis juste mort de peur à l’idée de te perdre toi aussi… » Je soupirais légèrement, gardant mes yeux bien fermés en essayant de contrôler ce foutu tremblement de ma main droite qui ne voulait décidément pas s’arrêter, devenant même de plus en plus intense… Je chuchotais alors à voix basse, à moi-même à propos de cet effet de manque qui commençait à se déclencher vraiment, au mauvais moment… « Bordel c’pas le moment là…» Je détestais qu’elle me voit dans cet état, j’avais toujours détesté qu’on me voit dans un moment de faiblesse, depuis que j’étais petit et que les infirmières me regardaient avec toute la pitié du monde quand j’étais hospitalisé pour ma leucémie…

A man is not where he lives, but where he loves ⱷ Jude & Roxy

« J’t’aime…j’t’aime aussi…tellement que….j’suis juste mort de peur à l’idée de te perdre toi aussi… » Roxanna ne quittait pas du regard Jude, qui, lui avait fermé les yeux. Elle comprenait qu'il ait peur de la perdre, après tout, il avait perdu dans son entourage toutes les personnes qu'il aimait : Sa petite amie, sa mère, son fils ... Comme quoi le sort devait s'acharner sur lui, et il devait avoir peur qu'un jour, la blondinette à son tour disparaisse d'une façon ou d'une autre. Mais elle ne voulait pas qu'il ait les idées noires, qu'ils puisse imaginer ce genre de chose. Il ne se faisait que tu mal de cette façon, et ça faisait de la peine à la jeune danseuse de la maison Eliot. Elle désirait réellement qu'il aille de l'avant, sans bien entendu oublier ces personnes, mais qu'il voit le bon côté des choses, qu'il ait confiance en l'avenir, et en ce qu'il pourrait lui apporter. Pas de malheur, juste une vraie vie sans dépression, sans drogue, ou autres médicaments. Roxy fit glisser sa main sur la joue de Jude. Il semblait contrarié, et elle crut alors que c'était suite à ce qu'il venait de dire. « Dis pas ça ... Tu me perdras pas Jude. Je te le promets, je te laisserais jamais tout seul. Plus jamais. » Elle n'avait pas été présente avant, puisqu'elle ne le connaissait pas à l'époque, mais aujourd'hui, les choses étaient différentes : Si Apple avait présenté Roxanna à Jude, c'est parce qu'elle savait que son amie pourrait aider son meilleur ami à remonter la pente. Et visiblement, elle n'avait pas eu tort, et Roxanna ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.

Jude fronça les sourcils, et murmura quelque chose. « Bordel c’pas le moment là…» Sur le moment, Roxy ne compris pas, et regarda Jude bouche bée, intriguée. Puis elle baissa la tête, et resta figée par la surprise : Sans qu'elle s'en rende compte, la main droite de Jude s'était mise brusquement à trembler. Faisait-il une crise due au manque de drogue ? Tous ces évènements avaient du le chambouler, sans songer au fait qu'aujourd'hui, il avait failli craquer. Immédiatement, alarmée, Roxanna attrapa la main du jeune homme entre les siennes, et leva le visage vers lui. « Jude ... Ta main! Viens par là. » La jeune fille tira le bras de son petit ami pour le faire avancer dans la chambre, et lui retira sa veste avant de le laisser s'assoir sur son lit. Il semblait réellement gêné par le fait que sa main se soit mit à trembler si soudainement, mais Roxanna n'avait pas honte, ou quoi que ce soit d'autre. Elle avait juste légèrement peur pour lui, mais elle savait qu'ensemble ils pouvaient gérer la situation. Elle s'installa à ses côtés après avoir posé sa veste sur le porte manteaux, et reprit sa main dans la sienne, entrelaçant leurs doigts tant bien que mal avant de serrer sa main contre elle, comme si elle essayait d'arrêter les tremblements incessants. « Ça va aller ... Il y a quelque chose à faire pour que ça s'arrête, tu veux que je fasse quelque chose ? Ou il faut attendre ? » Elle garda la main de Jude dans la sienne, et le serra contre lui doucement de sa main libre. Elle ne comptait partir en aucun cas, même si cela le mettait mal à l'aise, elle comptait l'aider, et lui montrer qu'elle n'avait pas peur, qu'elle pouvait affronter ça même sans rien y connaître. Juste lui offrir sa présence même dans les moments durs tels que le manque.

There's so much that I'm going throught
I wouldn't be here if it wasn't for you

Nous n’avions pas encore vu les effets du manque, dans mes cours. Du moins, je n’avais pas encore eu de cours à propos des drogues ou ce genre de chose, ce qui serait, en soit, assez ironique quand on sait le nombre d’étudiants en médecine qui consomme ce genre de substances : sous toutes les formes, d’ailleurs. En première année, on commence à prendre quelques médicaments afin de pouvoir réviser le plus longtemps possible, ne pas fatiguer et pouvoir travailler longtemps. Après, les choses vont très très vites : en deuxième année, quand la masse de travail est beaucoup moins conséquente, on commence à être invité aux fêtes et à faire des fêtes : les étudiants en médecine étaient aussi connus pour leurs grosses et nombreuses fêtes et beaucoup se font avoir : ils arrêtent de bosser, allant beaucoup trop faire la fête, et loupent leurs années. Personnellement, j’avais toujours été assez « chanceux », de ce côté-là car je savais faire la fête, et travailler à côté. En fait, je n’avais pas besoin de travailler des masses, pour réussir mes examens et tout ça. Comme ma mère me disait souvent : j’étais intelligent, mais trop fainéant. Elle ne cessait de me dire que si je travaillais un peu plus, je pourrais même avoir des meilleures notes. Enfin, moi, je n’avais pas attendu d’être en fac de médecine, pour commencer les conneries avec la drogue et l’alcool, au plus grand désespoir de ma mère d’ailleurs, qui tentait d’essayer de me faire arrêter tout ça, en vain.

« Jude ... Ta main! Viens par là. » Je me pinçais la lèvre, fermant le poing afin d’essayer d’arrêter de trembler. Je me sentais un peu honteux, de trembler comme ça devant elle : d’habitude, j’essayais de tout faire pour ne pas qu’elle me voit comme ça, et même quand elle venait chez moi et que j’étais en état de manque, sa présence arrivait à m’apaiser et les effets s’estompaient, me permettant de pouvoir cacher un peu les « symptômes ». Je ne répondis rien, alors que la jeune femme glissa sa main dans la mienne, toujours aussi tremblante, la serrant bien dans la sienne avant de me tirer pour me faire avancer dans la chambre. Elle me retira ma veste, je la laissais faire, fronçant les sourcils : j’avais peur que les effets soient de pire en pire, et je n’avais vraiment pas envie que ça arrive, pas maintenant, pas devant elle et surtout, pas ce soir. C’était la saint valentin, notre première saint-valentin. Je m’asseyais sur le bord de mon lit, la regardant aller mettre mon manteau sur mon porte manteau à côté du sien. Elle s’asseyait près de moi à nouveau, et je demeurais silencieux, ne sachant pas quoi dire bien que je n’avais qu’une seule envie : celle de m’excuser. Elle glissa à nouveau sa main dans la mienne, la serrant fort, même cela n’arrêtaient en rien les tremblements.

Je soupirais, m’approchant un peu plus d’elle, fermant les yeux pour essayer de contrôler ma main mais rien n’y faisais, il fallait absolument que j’arrête de penser à tout ça, il fallait juste que je me vide la tête et que je ne pense à rien, ou alors, à quelque chose d’ « heureux ». Mais se vider la tête, ça n’était pas si simple que ça, à vrai dire. « Ça va aller ... Il y a quelque chose à faire pour que ça s'arrête, tu veux que je fasse quelque chose ? Ou il faut attendre ? » J’hochais la tête négativement, ouvrant les yeux pour la regarder, posant ma main libre au-dessus de la sienne alors que je pris une grande inspiration. « Nan…enfin faut juste…que j’pense à autre chose que….que j’me calme», murmurais-je avant de lui afficher un léger sourire, certainement pour la rassurer : je pouvais comprendre que je la situation la déstabilise un peu, ou même lui fasse peur : moi aussi ça m’avait assez impressionné la première fois que ça m’était arrivé et je m’en voulais vraiment, de lui imposer tout ça, mais dans un sens, je ne voulais pas qu’elle parte et qu’elle me laisse tout seul : c’était dans ces moments-là que j’étais le plus vulnérable. « Mais…rien que le fait qu’tu sois là…c’est déjà beaucoup…», continuais-je à murmurer doucement avant de me pencher vers elle pour l’embrasser rapidement avant de poser mon front contre le sien, fermant les yeux et me concentrant pour tenter d’arrêter ce foutue tremblement : je le sentais faiblir légèrement, mais il était toujours là… Après quelques minutes de silence, alors que les tremblement s'estompaient petit à petit, j'ouvrais les yeux pour la regarder : « Si tu veux, tu peux aller voir dans le tiroir de mon armoire, j'te laisse choisir ton pyjama » Je ris légèrement, faisait référence au fait que j'allais lui prêter de quoi dormir ce soir, un tee-shirt à moi, qui serait, certainement beaucoup trop grand pour elle.