Calliopé L. S.-Warner ► Lorde

Calliopé Loreleï Stein-Warner

— La pfo, une evidence pour Calliopé. Les élitistes, la haute d’Harvard, tout le beau monde s’y fréquente. Une sorte de famille, une évidence pour elle de l’intégrer. Ne pas avoir de maison ? Assez inimaginable pour elle de concevoir Harvard sans ces maisons, ses conflits, ses anecdotes, une façon pour elle de s’intégrer, maintenant qu’elle n’est plus obligée de vivre comme sa mère le souhaite. Un nouveau départ avec des gens qui pourront, peut-être, la comprendre.

L’entrée à Harvard ? Elle se présentait comme une évidence aux yeux de Calliopé, mais surtout à ceux de sa mère. L’élitisme est tout ce qui compte pour elle, faire toujours plus, toujours mieux que tout le monde. Calliopé a dû mettre les bouchées doubles pour ses examens d’entrées. Il ne suffisait pas seulement de réussir mais plutôt de faire partie des meilleurs, toujours le haut du panier. Les SATS ? Presque un jeu d’enfant. Habituée à côtoyer les meilleurs, elle commence à savoir comment se vendre, comment tenter de se démarquer et du lot du reste des élèves.

Calliopé est une personne qui a intégré la notion d’élitisme et qui ne lâche rien afin d’arriver à ses fins, même si celles-ci sont différentes de celles souhaitées par sa mère. Au fond d’elle, elle veut réussir et c’est pour ça qu’elle a décidé d’étudier autre chose que la musique, pour ne pas finir comme sa mère, une pianiste ratée en situation d’échec. Elle a cette fâcheuse tendance à penser que ceux qui ne réussissent pas ne valent rien, qu’il faut rester dans le chemin qui nous est initialement défini. Cependant, elle reste une jeune femme qui a acquis une sensibilité assez extraordinaire et sait captiver un auditoire avec une aisance plutôt déconcertante, surtout lorsqu’elle joue. Elle n’est pourtant pas quelqu’un de très sociable, ayant eu peu de temps pour se faire des amis, ou du moins les garder à cause de ses leçons lui ayant dévoré tout son temps libre. Cette enfance et adolescence de course et de concours, sans aucun répit, lui ont fait développer des troubles anxieux assez fréquent.

1/. Calliopé est la fille de Mr. Warner, PDG de la célèbre société Warner Bros. Il a eu d’autres enfants d’un précédent mariage dont il avait la garde en alternance avec leur mère et dont l’aîné a 19 ans de plus qu’elle. Il a eu avant elle trois fils et une fille.

2/. Sa mère est une pianiste ratée et a rejeté toute l’ambition qu’elle avait pour elle-même sur sa fille, refusant qu’elle puisse s’intéresser à un autre instrument que le piano, forgeant tout ses espoirs sur elle.

3/. Elle a gagné plusieurs concours de piano, mais tout l’argent a directement était empoché par sa mère pour subvenir « au coût de son éducation ».

4/. Les parents de Calliopé ont divorcé suite aux nombreuses disputes qu’ils ont eu au sujet de l’éducation de leur fille ainsi que sur le fait de lui révéler qu’elle avait été adoptée. Mais surtout, la mère de Calliopé savait que cette dernière avait été proposé à l’adoption parce qu’elle avait été dérobée à ses parents et avait même laissé une grosse somme d’argent pour « obtenir » cet enfant qu’elle ne pouvait avoir. Lorsque le père l’apprit, il demanda le divorce, ne voulant plus cautionner les actes de sa femme mais ne pu obtenir la garde de sa fille.

5/. La mère de Calliopé a fait du chantage à son père afin que celui-ci ne réclame pas la garde.

6/. Calliopé apprit finalement qu’elle avait été adopté, à l’âge de ses 15 ans, par sa mère, lui annonçant au passage que si elle ne l’avait pas su avant, c’était de la faute de son père. Manipulation.

7/. Son second prénom, Loreleï, lui a été donné par rapport à la légende allemande de la sirène Loreleï envoutant les marins par son chant.

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Un jour, une histoire

Je me souviens de ce jour où l’on m’assit sur ce grand tabouret de velours noir face à cet océan de touches bicolores. Mes petits doigts potelés s’étaient posés sur le Do qu’ils martelaient frénétiquement avec amusement. Une voix sèche claqua derrière moi, me sommant de cesser immédiatement et menaçant de refermer le couvercle sur mes doigts.

Calliopé devint alors l’ombre du piano, doux son enjoliveur ayant la faculté d’envoûter quiconque se laissait l’écouter. Son jeu était plus demandé par sa chère mère qu’elle-même, elle n’attirait les regards que par son talent. Devenu objet de foire, talent convoité, Calliopé ne faisait qu’exécuter les ordres stricts et sévères de sa mère et de son professeur de piano.

Je me souviens que dans cet océan noir, la lumière que j’apercevais au loin avait le visage de mon père. Mais plus j’avançais vers lui, plus la route était parsemée d’embuches. Une barrière se hissait entre lui et moi : ma mère. Cette mère qui me martelait de bien travailler, de bien écouter, de persévérer sur un ton doucereux avant de faire claquer sur mes doigts cette petite baguette en bois à la moindre hésitation de ma part, tentant de prendre place intégrale dans ma vie.

Ce qu’elle ignorait totalement c’étaient les disputes incessantes entre ses deux parents dont son père essayait de l’épargner. Cet homme qui était contre les méthodes employées par sa mère, la violence psychologique dont elle pouvait faire preuve à l’égard de leur enfant, les propos qu’elle pouvait lui tenir et le fait qu’elle refuse de dire à Calliopé qu’elle était adoptée.

Et puis un jour, ma mère et moi emménageons à Boston, laissant dernière nous à Boston mon père. « Ton père travaille trop, il n’a pas besoin de ta présence qui pourrait le déranger », me répétais sans cesse ma mère dès que j’évoquais la présence de mon paternel. Mais en réalité, l’étau c’était refermé sur moi, ne me laissant plus aucun moment de vie. L’école et le piano étaient devenus le principal centre d’occupation de mes journées.

La mère de Calliopé lui coupait alors toute relation avec son père et ses demi-frères et demi-sœurs, restés eux-aussi à New-York. Les exigences que sa mère lui imposait étaient toujours plus sévères et ses professeurs de piano toujours plus stricts et virés toujours plus rapidement. Et rapidement, son nom fut inscrit à plusieurs concours, avec des répétitions toujours plus longues. Calliopé cumulait indéfiniment ses leçons de piano et ses cours au collège, lycée, puis université, devant viser toujours plus haut. Calliopé se trouvait isolée sans vraiment pouvoir s’en rendre compte.

J’ai réussi à faire flancher ma mère sur mon choix d’étude. Elle qui voulait que j’étudie la musique, toujours plus, a accepté que j’étudie la médecine lorsque je lui ai fait miroiter les possibilités que cela m’offrait, surtout financièrement, le temps de me lancer en tant que pianiste. Je lui ai promis de jouer tous les soirs et de m’entrainer encore plus le week-end, quitte à ne presque plus dormir. Mais je sais que je ne veux pas forcément faire du piano toute ma vie, malgré les concours gagnés qui semblent laisser penser que j’y suis prédestinée.

Ne serait-ce pas un début de prise de conscience que de ne pas vouloir faire de son métier quelque chose que l’on nous a imposé toute notre vie ? La médecine, quelque chose dans laquelle elle se sentait enfin utile, enfin existante, à sa place. Faire de la musique, égailler le cœur des autres était important certes, mais elle n’y trouvait, au fond, pas sa place.

Maman a été admise à l’hôpital, les médecins ne savent pas encore ce qu’elle a mais ça semble grave, beaucoup trop pour qu’elle puisse seulement avoir quelques rendez-vous et soins à domicile. Papa a même fait le déplacement depuis New-York, chose assez exceptionnelle pour le mentionner. Il m’a dit que ça le rassurerait que j’aille vivre quelques temps chez mon frère vivant lui-aussi à Boston, et qu’à terme, si ça ne s’arrangeait pas pour elle, me prendrait un logement pour moi seule.

Cette maladie, encore inconnue et inexpliquée, lui laisser la possibilité de s’extirper un peu plus du carcan qu’il l’entourait, pour enfin découvrir un peu plus la vie.

(Invité)