AHSAN QURESHI ► riz ahmed

C'est le 1 décembre 1989, sous le soleil fiévreux de Kasur au Pakistan, que mes poumons se tuméfient pour la première fois  + Je suis l'unique progéniture qui résulte de la relation entre Amir Qureshi et Yasmin Qureshi née Khan + Enfant de foi, l'islam en unique loi, je suis musulman et Allah est le seul en lequel je crois + Je suis pansexuel, le cœur désintéressé par toutes les cases que dépeint la société +  Ma couleur préférée est le vert sous toutes ses nuances + Ma locution est lente, presque soporifique + Mon chiffre préféré est le 9 et le 3 est celui que j'évite plus que de raison + Les injustices et les discriminations me font sortir de mes gonds + Mon signe astrologique est sagittaire. Si je ne suis pas un fervent défenseur de l'horoscope, j'aime me laisser bercer par les lignes évasives et fluettes qui pensent tracer ma destinée + Bien qu'aisé, je vis sous mes moyens, de manière modeste et désintéressée. Les événements mondains ne sont pas ma priorité + Je ne supporte pas le café au petit matin + Je n'aime guère la cuisine qui contient du poisson ou des crustacés + Mes origine me tiennent à cœur, ce qui me pousse à particulièrement apprécier les traditions et les plats pakistanais + Pudique, je ne révèle que très peu mes sentiments et les problématiques qui nuancent ma vie + Mon père est assassiné le 2 février 1996 à Kasur par des fondamentalistes chrétiens assoiffés de vengeance, déterminés à rendre les coups encaissés par leur allégeance +  Ma mère inquiète et chagrinée, décide de quitter le pays après l'enterrement de mon père. C'est ainsi que le 15 février 1996, j'emménage à Babylon, un petit village de l'état de New-York en Amérique du Nord + Identité clivée, culture égarée, je réalise très vite que je suis étranger, celui que personne ne peut aimer tant qu'il n'est rien de plus qu'un immigré. Parenthèse infantile de ma vie où je me détache de ma propre personnalité pour être apprécié + Passionné, je passe de nombreuses heures à décortiquer l'actualité pendant mon enfance, me sentant concerné de part la tragique histoire de mon paternel décédé + Abandonné dans ces paysages où les limites sont gommées, je décide un jour de me maquiller pour être comme ces personnes esquissées à travers les pixels du téléviseur bon marché. Un trait noir aux yeux, de la poudre aux paupières et des paillettes aux cheveux, une expérience innocente et anodine qui me rend heureux. Ma mère, elle, y voit une déviance qu'il faut impérativement soigner. Prétextant une balade, elle me fait finalement interner à Manhattan le 10 août 2002 et ce jusqu'au 4 septembre 2002 + Pendant plusieurs mois, j'accompagne ma mère lorsqu'elle va travailler dans le but d'obtenir de l'argent de poche pour me payer du matériel adapté pour filmer. Alors agent d'entretien, j'apprends à nettoyer méticuleusement des chambres totalement désordonnées + Motivé, je réalise des premiers courts-métrages durant ma scolarité dans lesquels je dénonce la discrimination au cœur des cours de récré + Studieux, j'obtiens une bourse dans le but d'étudier le journalisme à la prestigieuse université d'Harvard et commence mon cursus le 14 septembre 2007 + J'obtiens sans grande surprise un baccalauréat en journalisme le 16 juin 2011, diplôme qui signe finalement mon entrée dans la vie active + Je tourne un premier documentaire au Memphis King à Schenectady, un restaurant qui d'après les rumeurs ne paye pas ses employés racisés. Armé d'une fausse identité, je deviens serveur pour cet établissement et filme depuis les coulisses l'injustice avant de démissionner et de l'afficher publiquement à travers une oeuvre audiovisuelle + Le documentaire sur le Memphis King se révèle être un vrai succès, ce qui lance définitivement ma carrière de documentariste et m'amène à travailler sur de plus gros projets + Ambitieux, je me lance dans un projet risqué, un documentaire en Afghanistan sur l'armée, ses conditions de vie et les discriminations qui y sont inculquées. Ébauche inachevée, le voyage tourne au drame lorsque trois de mes collègues perdent la vie dans une attaque du camp opposé le 3 mai 2017, ce qui avorte la production de ce film pourtant convoité + Voleur d'identité, je n'hésite pas à me faire passer pour autrui sur les réseaux ou en temps réel pour accéder aux informations que je souhaite récupérer + Mon éthique n'est qu'ombre lorsqu'il est question de ma carrière + Je souffre d'un stress post-traumatique suite à mon séjour en Afghanistan. Les détonations même les plus futiles, comme l'éclat d'un ballon font imploser mon cœur et dans les nuits noires je revis cet instant de terreur + Je joue double-jeu, en surface je suis un homme bien rangé, cependant lorsque les regards ne sont pas braqués sur moi, je suis une toute autre personne dont les vices n'ont de limites + Je consomme certaines drogues à de rares occasions + Je ne supporte pas la fumée, cela me donne des migraines