SYEDA BABAJIDE ► christina nadin

Ses parents se sont connus à l'université centrale de technologie en Afrique du Sud. Sa mère étudiait en communication tandis que son père ingénierie. Des regards furtifs au premier abord, des sourires complices et un baisé échanger à la fin. Deux amoureux transits. Un amour pur se définissait par un homme près à tout donner, une femme prête à tout abandonner. Des mois et des années inoubliables qui furent sceller par le mariage. Une magnifique union. Par plus tard, un enfant unique tissé d’amour. Une fille au prénom de Syeda. Héritière des cheveux bouclés de sa mère, mais les yeux pétillants de clairvoyance de son père. Ce dernier était fier comme un paon de sa princesse. Ils vivaient au Kenya, proche de la famille de son père, car une bonne partie de celle de sa mère avait immigré aux États-Unis. En un claquement de doigts, Syeda est devenue la coqueluche de la famille Ajema . Il y avait toujours une ambiance conviviale, sauf de la part du frère cadet, d’humeur cynique en permanence. Sa mère s’est tout de suite méfiée, mais ne dit rien à son mari pour ne pas le blesser. Ils l’avaient accepté avec beaucoup d’amour, elle ne voulait pas gâcher le moment. Plus les années passent, plus le comportement de son père changeait. D’un époux aimant à un étranger violent, sa mère ne reconnais plus l’homme qu’elle avait connu. Quelque chose se tramait sous cette couche d’animosité. L’intuition de sa mère lui disait que leurs vies allaient tourner vers le pire. Regardant son enfant, Syeda qui n’avait que trois ans, les yeux remplis d’incompréhension et d’innocence, fut la raison première pour sa mère de s’enfuir à l’ambassade américaine, car cette dernière était d’origine éthiopienne, mais de nationalité américaine. Elle avait décidé de poursuivre ses études universitaires en Afrique, car elle souhaitait contribuer au développement rural de certains continents toujours affecté par la pauvreté. Malheureusement, elle n’a jamais pu accomplir ce qu’elle souhaitait faire. Il était hors de question pour elle que son enfant grandisse dans une ambiance sordide et violente. Elles fuirent le Kenya, ne laissant aucune trace derrière qui pouvait donner une piste où elles se retrouvent.

Puisque Syeda était qu’un bambin quand elle a immigré aux États-Unis, à New York, la transition de cette nouvelle-vie fut plutôt facile que si elle aurait été plus âgée. Surtout grâce au support de la famille de sa mère. Un jour, lors d’un matin, Syeda engloutissait ses céréales, venant tout juste de se rétablir d’un rhum, tandis que sa mère sirotait son café en regardant l’actualité. Cette dernière resta pantoise devant la chaîne de nouvelle. L’actualité du jour expliquait le meurtre d’un journaliste américain qui travaillait au Niger afin de couvrir le mouvement des rebelles de Boko Haram. La chaîne montrait un extrait de la vidéo qu’avaient envoyé les attaquants aux dirigeants du pays. Visage couvert par un tissu, deux hommes noirs se tenaient chaque côté du journaliste dont la tête était caché sous un sac en tissu brun. Les malfaiteurs quémandaient de l’argent en échange de la libération de l’homme, mais puisque les États-Unis ne voulaient pas leur verser le montant qu’ils voulaient, ils avaient froidement exécuté le pauvre homme innocent. Un amère présentiment parcouru les veines de sa mère. C’est comme-ci elle le savait, sans toutefois être certaine. Malgré son visage camouflé, elle reconnaissait son mari et son beau-frère. Syeda, plus lucides que les autres de son âge, ne posa pas de question quand sa mère lui demanda qu’elle reste dans sa chambre sans justification. Et n'en sort pas quand elle entend les sanglots de sa mère à travers la porte.

Son père était devenu un sujet tabou dans la famille. Syeda a vite appris qu’elle n’aura pas de réponses à ses questions. Sa mère refusait que les actes terroristes de son ex-mari atteignent la santé et le bien-être mentale de sa fille, donc elle refusait de parler de lui à Syeda. Il était resté au Kenya, c’est tout ce qu’elle sait. Voyant dans quelle misère elles vivaient, Syeda fit de son mieux en tout. En tant que fille, en tant que personne et en tant qu’étudiante. Elle se surpassait en tout. Quitte à n’avoir qu’une minuscule poignée d’ami, ou même du tout. De ses cours élémentaires au lycée, elle enchaînait les réussites. Ayant peu, mais arrive à tout. Elle chérissait le rêve d’ouvrir un orphelinat au Kenya. Ses efforts furent amplement récompensés en faisant maintenant partit des rares étudiants ayant obtenu une bourse d’études à Harvard. Rien d’étonnant selon sa mère. Syeda avait ce caractère que peu avait, se battre bec et ongles pour donner le meilleur de soi-même.