NASTYA BOUKREÏEV ► snoh aalegra

un. gamine des rues, gamine qu’on n’éduque plus. t’es née à boston un trois janvier, y a trente ans de ça, dans une famille qu’étrangement, tu changerais pour rien au monde. deux. ta génitrice est une lâche, elle vous a abandonnés, ton père et toi. il a été là, dur comme un roc, pour t’élever à sa manière. trois. des origines serbes et russes que t’arbores fièrement, certainement un peu trop. chef-d’œuvre slave, comme aimait tant te le dire ton père. quatre. pourtant, t’as pas vécu de ces enfances heureuses ; t’es pas de ces mômes qui couraient dans la rue pour jouer aux billes. non. toi, t’es de ceux qu’on aimait pas, de ceux qu’on regardait de travers à chaque fois que tu passais devant une maison voisine. cinq. fille de gangster malgré tes airs, ton père a durant plus de vingt ans été à la tête d’un trafic d’armes et de drogues à boston. trafic dissimulé par un restaurant qui lui a longtemps servi de vitrine aux allers-retours incessants de sa fine équipe, éparpillée jusqu’à new-york. six. princesse d’un gangster jusqu’au jour où la seconde te vole la vedette de ses yeux en amande, jusqu’au jour où la marâtre et sa fille s’imposent à toi. la haine qui te consume dès ton jeune âge, la douleur camouflée par des regards noirs. sept. alors, pour échapper à cette réalité qui te pèse, tu fugues. des heures, des jours, des nuits, avec pour seul contact ton père qui ne te comprend que trop. huit. deux mille trois, cette année dont tu te serais bien passée. la sentence qui tombe finalement, le trafic de ton père démantelé. peine de vingt ans d’emprisonnement alors prononcée, ta sœur et ta belle-mère qui disparaissent. neuf. seule et sans famille, l’orphelinat qui te guette comme l’épée de damoclès ; persuadée que personne ne voudra jamais accueillir la gamine d’un gangster. ce sont finalement les martinez qui t’ouvrent leurs bras, amie depuis cinq ans avec leur fils, ton allié, le seul. dix. rythme de vie radicalement modifié, tu t’adaptes tant bien que mal aux nouvelles normes qu’on t’impose, soutenue par sonny à treize ans seulement. onze. en deux mille quatre, les martinez et toi allez vous installer à new-york où tu suis tes cours en soutenant sonny dans son amour pour le sport, et plus précisément le basket. douze. tu le suis en deux mille huit à l’université de duke puis à harvard en deux mille douze où tu te spécialises en droit pénal, finissant parmi les meilleurs de ta promo à force de volonté et de travail. treize. à vingt-et-un ans tout juste, t’es devenue playmate avant d’y mettre un terme deux ans plus tard. quatorze. de retour à boston depuis deux mille douze, t’exerces actuellement en tant qu’avocate en droit pénal. quinze. et malgré cela, les manigances n’ont aucun secret pour toi. t’es bien plus sombre qu’il n’y paraît, épaulant dans la plus grande discrétion quelques malfrats.