Je fais un petit signe de main pour montrer à Greg que ce n'est pas bien grave. C'est nouveau tout ça, il va falloir du temps pour que l'on s'habitue à tout cela. À ces nouvelles conventions. Il ne va pas falloir se mélanger les pinceaux mais je sais qu'il est intelligent. Très intelligent. Et il n'y a rien de plus charmant qu'un homme qui sait se servir de son cerveau. " Et bien on part comme ça ! Je vais voir avec le créateur si c'est possible d'avoir un rendez-vous fin de semaine, histoire qu'il prenne ton tour de cou et le fasse sur mesure. Tu travailles samedi ? " Que je demande rapidement. Je ne connais pas l'emploi du temps du jeune homme sur le bout des doigts, loin de là même. Il y a des jours où j'essaye de le joindre sur sa ligne et ça ne répond pas, à mon grand regret. Mais il ne reste plus longtemps avant le bal alors il va falloir trouver du temps. Mais les 5-6 et 7 sont des jours mis entre parenthèses sur mon calendrier. Il me montre une nouvelle chemise et ce n'est pas ce qu'il faut. Je file, prends ce qui me semble sera parfait et reviens vers lui. Je suis la personnal shopper de mon employé, c'est le comble. Mais j'aime bien ce rôle, pour le moment. Il file et revient. J'ai l'impression de le suivre du regard dès qu'il bouge, pour être sûre que ce costume le met en valeur, sous tous les angles. Que ce costume - et lui bien entendu - montre qu'Ella Marriott-Wildingham a du goût. Il aurait trouvé un très beau costume tout seul mais là, ça sera parfait. Enfin, c'est parfait. Je souris à ses questions et tourne le visage vers la vendeuse au loin. D'un signe de doigts, elle arrive rapidement vers nous. " Vous avez un noeud papillon pour ce costume ? Rouge. Coquelicot. Pas rouge cerise, ni rouge sang. Coquelicot " Que je souffle avant de me tourner vers Greg qui commence par me vouvoyer et termine sa phrase par un tutoiement. Ça m'arrache un large sourire. " J'adore, c'est parfait. Les manches de la chemise, tu préfères comme ça ou sans boutons de manchettes ? Mon père disait souvent que les boutons de manchettes, c'est classe mais c'est contraignant " Que je lui confie, une voix un peu plus basse, moins haut perché et plus triste que le ton enjoué de nos derniers échanges. La vendeuse revient, je grimace et prends les deux choix qu'elle m'apporte. " C'est pas Coquelicot ça… " Je lève les yeux au ciel et lui en rend un. " Définitivement, samedi, on s'occupe du noeud papillon " Que je lance en m'approchant de lui. Je lui souris et regarde le tissu dans ma main. " Je peux ? " Je ne voudrais pas mettre mes mains autour de son cou s'il préfère le faire lui même… Mais j'espère qu'il ne refusera pas, on ne va pas se mentir…
Il faut juste que je me mette en tête qu'à l'hôtel je lui dis vous, alors qu'en dehors, je peux lui dire tu. Pas facile quand on sait qu'on ne sait jamais vraiment croisé en dehors de l'hôtel. C'est même plutôt surprenant qu'on se croise ici. Ce n'est pas forcément le genre de magasin dans lequel elle doit aller en temps normal je pense. Je peux toujours me tromper, mais je ne pense pas. Bref qu'importe. Elle me propose de voir avec le créateur de sa robe pour me faire un noeud papillon spécialement pour moi. J'avoue que c'est surprenant comme demande, mais j'accepte. Au moins je suis sûr de ne pas me tromper de rouge. " Samedi ? Oui je travaille, mais le matin uniquement, donc je libre à partir de 14 heures. " Que je lui dis finalement en souriant. Je bosse du matin, pour aider à préparer les petits déjeuner et les apporter aux clients qui le souhaitent. Donc clairement l'après midi, je suis plutôt libre et je n'ai rien de prévu, à part aller courir un peu. " Et à part aller courir, j'ai rien prévu de spécial, donc samedi ça devrait pouvoir le faire. " Que je finis par dire, alors que je prends la chemise qu'elle me tend ainsi que la veste. J'attrape le tout pour filer de nouveau dans la cabine d'essayage et faire rapidement le changement de chemise et de veste. J'en ressors rapidement et franchement ça me plaît plutôt bien. Je me place devant le miroir pour me regarder et là j'adhère complètement. Oui c'est vraiment top. J'aime bien. Je finis par me tourner vers Ella pour pouvoir lui demander son avis. Après tout c'est elle qui a trouvé la chemise, donc il faut que ça lui plaise. Elle adore. C'est parfait. Pour reprendre ses mots. Je souris quand elle me dit tout ça. Et elle me parle des boutons de manchettes mais de son père aussi. Je sens que sa voix est plus faible et je comprends très rapidement. Après tout, son père a été le patron de Marriott International pendant des années. Il est forcément connu et quand il est mort, on en a tous entendu parler dans le monde de l'hôtellerie. Et je sais qu'on approche du six mai et donc de sa mort. Je me doute qu'elle doit être triste. " Je dois avouer qu'en effet je trouve ça plutôt classe aussi les boutons de manchette. J'ai bien envie de tester pour ensuite donner raison à votre père et dire que c'est contraignant. " Que je finis par lui dire. J'aurais pu réagir par rapport à son père, mais je n'ai pas envie de la voir triste. Perdre un parent ça doit être compliqué. Je ne l'ai pas vécu et je n'ai pas envie de le vivre. La vendeuse vient vers nous afin de nous donner un noeud papillon rouge, et je peux m'empêcher de rire à la réflexion d'Elle concernant la couleur. " Ca marche. " Mais on va quand même essayer pour être sûr que ça puisse m'aller. " Je te laisse faire. " Je soulève juste le col de ma chemise, la laissant alors faire, passer ses mains autour de mon corps. Mon regard est plongé dans le sien. Je ne bouge pas, jusqu'à ce qu'elle ait finit de faire. " Verdict ? Même si ce n'est pas le bon rouge, est-ce qu'il me va au teint ? " Que je demande finalement en souriant aux lèvres, alors que je me tourne ensuite vers le miroir, pour pouvoir regarder le résultat.
Bien. Je note que samedi, il faut que je demande au créateur de ma robe d'être là pour 14 heures. Nous pourrons faire un dernier fitting mais aussi tout préparer pour le noeud papillon de Greg. Je suis contente qu'il accepte ma proposition parce que je me doute bien que ce n'est peut-être pas facile de dire oui. Enfin, il va devoir venir me voir dans son environnement professionnel mais pour quelque chose de personnel. Nos deux mondes se mélangeront, chez moi. Je chasse toutes ces images qui me viennent en tête et pars à la recherche de la chemise et de la veste idéale. Je regarde tout, la coupe, les boutons, les coutures aussi. Rien de grossiers et de cheap. Il y a de tout ici et même si ce n'est clairement pas mon genre de boutiques, j'apprécie la variété des tissus, des coupes et des propositions. Ce n'est pas monotone. Certaines choses mériteraient d'être brûlées mais d'autres sont vraiment pas mal. Il ressort dans un costume complet qui lui va parfaitement. Je souris à sa réflexion. " Il serait ravi de l'entendre. Mon père adorait entendre qu'il a raison… Je tiens cela de lui " Que je souffle en essayant de me replacer dans le moment présent. Ce n'est pas le moment de déprimer, de pleurer dans les chaumières et tout ce qui va avec. Je prépare déjà le milieu de la semaine pour cela. Et puis, mon père préfèrerait que je parle comme ça de lui plutôt que de mettre en avant toute la peine que j'ai sur le coeur. J'ai toujours été chouchoutée par mon père mais au niveau professionnel, toujours mise de côté. Mais c'est comme ça. Et il n'y a plus rien à changer à ce sujet maintenant. Alors que j'ai un noeud papillon rouge en main, je lui demande l'autorisation de lui passer. Je ne voudrais pas le prendre par surprise ou le mettre mal à l'aise. Mes doigts agiles lissent le tissu, je fais le noeud et rabaisse le col pour pouvoir le centrer. Mes doigts sur le tissu, je bouge légèrement le noeud de haut en bas pour le centrer parfaitement. Il est très proche de moi quand il me demande mon avis. Je fais un pas en arrière et hoche de la tête. " C'est magnifique. Ça ressort parfaitement avec tes yeux " Il a toujours un joli sourire sur le visage. Mais cette couleur accentue la douceur de ses iris et je m'y perds quelques secondes. " Quand je te vois comme ça, je me dis qu'on devrait vraiment refaire les tenues du Copley. Ça manque un peu de couleur " Et de folie. Et allez savoir pourquoi, c'est à Greg que j'associe ce mot. La Folie. L'insouciance. Et le plaisir aussi. Avec sa candeur, son sourire et son regard, j'oublie tout. Et ça fait du bien. " Eh bien écoute… Je crois que tu as trouvé ton costume " Je souris doucement. Et c'est peut-être là que je devrais partir ? Mais j'ai envie de passer un peu plus de temps avec lui, pour apprendre à le connaître un peu. Histoire que le 15 mai soit un peu moins… étrange pour lui comme pour moi.
Bon si je comprends bien, je la revois samedi après mon service. Ok parfait. J'y serais. Elle me donnera l'heure et le lieu du rendez vous et je serais là bien évidemment. J'apprécie évidemment le geste. Après tout elle aurait pu juste me laisser me débrouiller seul dans cette recherche de costume mais je suis bien content qu'elle m'air accompagné. Parce que je pense qu'elle me conseille bien mieux que la vendeuse. Et quand elle me parle de son père, je sens évidemment une petite forme de tristesse et je comprends. Sa mort nous a tous marqué. Marriott international est le leader mondial dans l'hôtellerie. Donc forcément on en a tous entendu parlé. Donc je peux comprendre son chagrin. " Ton père, de ce qu'on en disait à l'école, avait l'air quelqu'un de bien... Je sais que c'est une période compliqué pour toi et ton frère en ce moment, et je suis là... " Je suis là pour faire quoi ? Aucune idée. Lui servir du champagne ? Ou peut être simplement l'écouter parler de son père. J'aimerais tellement en savoir plus sur lui. il représente énormément pour nous, les gens de l'hôtellerie, un peu comme un grand chef cuisinier, meilleur ouvrier de France, il est forcément admiré par tout cuisinier et quand un grand nom s'éteint, et bien ça choque et on en parle. Et bien là c'était le cas avec son père. Enfin, je relève le col de ma chemise, pour la laisser me mettre le noeud papillon. On est proche. Je sens presque son souffle contre ma bouche. Mon regard est plongé dans le sien et ça me rappelle des souvenirs, que j'aimerais réitérer. " Oh... Merci c'est gentil. " Ca va bien avec mes yeux. J'accepte avec grand plaisir le compliment d'Ella. " C'est vrai que la tenue est stricte, mais au moins ça passe pour tout le monde. " Et puis ça ne l'a pas empêché de me sauter dessus quand elle en a eu l'occasion non ? Mais ça j'évite de lui dire tout de même. " Super, merci beaucoup Ella... Je vais me rhabiller et passer à la caisse alors. " Je m'approche d'elle pour déposer un baiser sur sa joue. Simple réflexe pour la remercier ou peut être je sais pas. Je repars en cabine pour pouvoir retirer tout le costume et pouvoir en ressortir habillé en tenue de tous les jours, c'est à dire, jean basket et chemise. Je laisse le noeud papillon et je pars en caisse avec le reste, pour pouvoir payer le tout. Je passerai au pressing pour faire nettoyer tout ça et repasser. " Je peux te payer un café pour te remercier ? Un café ou autre, peut importe. " Elle m'a été d'une grande aide après tout, j'aimerais pouvoir la remercier et si on doit se revoir pour le bal, j'aimerais qu'on apprenne un peu à se connaître non ?
Je regarde Greg et lui adresse un léger sourire. " Les histoires qu'on raconte de lui ne lui font probablement pas justice… Il était sévère mais je ferais n'importe quoi pour l'avoir à mes côtés, ne serait-ce que cinq minutes " Mais je sais aussi que si j'avais cette chance, je ne serais que plus frustrée de le revoir partir. On a beau avoir eu de nombreuses discussions houleuses, de nombreuses disputes, mon père reste l'homme de ma vie. Ça peut sembler si étrange pour certaines personnes mais pour moi, c'est comme ça. Je suis la petite fille à son papa et ça ne changera jamais. Même mort, je suis toujours cette gamine qui courait partout et sautait dans les jambes de son père dès qu'elle entendait la porte s'ouvrir. Je ne compte plus le nombre de fois où je m'empêchais de dormir, juste pour le voir. Juste pour l'apercevoir venir embrasser mon front avant de filer faire de même avec Dimitri et Camila. Perdue dans mes pensées, il me faut quelques secondes pour répondre à la deuxième partie de sa phrase. " Merci. J'apprécie " Parce que c'est le cas. Ça me fait plaisir qu'il dise ça alors qu'il n'est pas obligé. Il pourrait juste faire son job et voilà. Il n'est pas l'épaule sur laquelle je vais pleurer, c'est sur. Mais un peu de soutien ne fait jamais de mal. Plus proche de lui pour le noeud papillon, j'aimerais que notre proximité soit dans un endroit moins public, juste pour pouvoir l'embrasser et oublier tout cela. Oublier que le 6 mai va me frapper en plein visage et que je vais avoir le coeur brisé. Alors, pour ne plus y penser, je complimente le jeune homme. Parce qu'il le mérite. Je me demande bien comment il fait pour être célibataire. Un mec comme ça, je ne le laisserais pas filer. Enfin, de ce que je sais de lui. Peut-être que sa vie privée est aux antipodes de sa vie professionnelle. Il me remercie et quand ses lèvres s'écrasent sur ma joue, je me sens toute con. J'ai l'impression d'être dans cette série que je regarde le dimanche soir pour me détendre ; Zoey's Extraordinary Playlist et que je viens donc de lui chanter je ne sais quel tube pop qui pourrait consister en toutes ces pensées. Je le regarde filer et me dirige vers mon sac à main et le tote bag plein de livres que j'ai. Je lui emboite le pas en direction de la caisse et souris à sa proposition. " Il y a un très bon vendeur de beignets au bout de la rue, ils font des cafés aussi " Parce que je doute qu'avec un corps comme ça, il se goinfre de sucre. " Je n'ai pas mangé depuis … hier midi je crois alors mon estomac commence à faire des siennes " J'ai mangé des chips à l'hôpital, ainsi qu'une barre de chocolat ou deux. Et c'est tout. Je n'appelle pas ça manger, tout comme des beignets mais j'en rêve. Je rêve encore plus des beignets de chez Krispy Kreme… Vivement Londres !
Je me sentais obligé de réagir par rapport à son père. Je ne le connaissais pas. On ne connaissait que les on dit, mais il m'avait l'air quelqu'un de bien bien, et quand je vois ses deux enfants, clairement je suis sûr qu'il est fière d'eux. Après je ne gère par l'immense société, mais je pense que Dimitri et Ella font un travail remarquable depuis trois ans. " Oui je comprends bien... J'aurais adoré le rencontrer aussi. " Mais au lieu de le rencontrer, je rencontre ses deux enfants et je les sers. Je fais même plus que ça avec sa fille. D'ailleurs je lui dis que je suis là en cas de besoin. J'ignore ce que je pourrais lui apporter. Je ne le connaissais pas personnellement, mais peut être que je peux lui apporter une épaule et une oreille pour l'écouter, aucune idée, mais je veux qu'elle sache que je suis là, même si ça dépasse le cadre professionnel. On l'a déjà dépassé et plus d'une fois. On n'a pas couché qu'une fois ensemble et là on vient tout de même à faire du shopping ensemble. Elle vient tout de même de faire ma Personal Shopper. Mais au moins j'ai trouvé le costume qui me va, et qu'il me faut pour cette soirée. Il manquera plus que le noeud papillon qu'on fera donc samedi après midi. Bizarrement j'ai déjà hâte de cette journée, pour pouvoir la revoir en dehors d'un cadre professionnel. Enfin je vais en caisse pour pouvoir payer mon costume. J'attrape la housse, et je propose à Ella de lui payer un café ou autre pour pouvoir la remercier. Je pourrais la remercier d'une autre façon, mais on est dans un lieu public, vaut mieux pas. " Beignet et café, moi ça me va. " Que je finis par dire en souriant, alors qu'on finit par sortir de la boutique et qu'elle me dit n'avoir rien mangé depuis hier midi. " Alors je crois que les beignets sont une bonne solution pour se remplir l'estomac. " Que je dis en souriant, alors que je la suis. J'ignore de quel endroit elle parle. Des vendeurs de beignets il peut y en a voir tellement ici. " Si je peux me permettre, il s'est passé quoi hier pour que tu ne manges pas ? " Après tout je connais Ella, en général, elle mange. Elle aime plutôt ça, tout comme son frère d'ailleurs. Mais là elle me dit qu'elle n'a rien mangé depuis hier midi. Qu'est ce qui s'est passé?
Les mots de Greg sont simples mais ils m'emplissent de bonheur. Je ne peux pas expliquer pourquoi mais de savoir qu'il aurait adoré rencontrer mon père, ça me touche. Il a toujours été apprécié dans son milieu bien que ces décisions et sa gestion de Marriott International a beaucoup fait parler à certains moments. Mon père et mon grand-père ont pris des risques fous pour l'époque mais aujourd'hui, nous sommes les numéro un au Monde et cela ne vient pas en se tournant les pouces devant une série Netflix. Le monde n'appartient pas forcément à ceux qui se lèvent tôt mais il appartient carrément à ceux qui se démènent pour faire bouger les choses et faire ce qu'ils aiment de leur vie. Greg ira loin dans la vie, par exemple. Et alors que nos chemins pourraient se séparer ici, nous décidons d'aller manger un petit quelque chose. Je suis plus thé que café - j'ai vécu sept ans en Angleterre après tout - mais je ne suis pas contre un moment de calme où discuter et apprendre à le connaître. Nous sortons de la boutique et je mène la danse pour aller chez ce petit café que j'aime tant. Les beignets sont énormes et fourrés à des tas de goûts. Je rêve déjà de celui crème-framboise. Je le regarde et souris doucement. " Francesca devait venir chez moi mais elle a eu un accident de voiture sur le chemin. Rien de grave mais bon… J'ai passé la nuit à l'hôpital et je ne me souvenais pas que la bouffe d'hôpital était si… infecte " Que je souffle doucement. Ça serait un bon endroit où investir ça. Offrir autre chose que de la soupe sans sel, du pain tout mou et du boudin noir à ses patients. Et les pâtes. J'en aurais des renvois rien que d'y penser. " Du coup j'ai mangé des cacahuètes, des chips et.. voilà. Ce matin, j'avais besoin de m'aérer l'esprit alors j'ai pris une douche, me suis habillée et me voilà " Que je souffle en regardant droit devant moi pour repérer la boutique au loin. Nous entrons rapidement dans le petit shop et je pose mes deux sacs à une table. " Les beignets Oreo et Caramel au beurre salé sont géniaux. Mais mon préféré est celui à la crème et à la framboise. Ça me rappelle tellement Londres " Que je souffle doucement. Le comptoir est plein de douceur et j'ai envie de tout prendre. Oh. Celui au citron… " Tu viens de New York, c'est ça ? " Que je demande rapidement au jeune homme. Je ne fais rarement attention aux CVs de mes employés, mais quand l'un d'entre eux sort du lot, je m'y intéresse un peu plus. Et je m'intéresse grandement à Greg, on ne va pas se mentir.
Son père j'aurais vraiment voulu le rencontrer, malheureusement ce n'est jamais arrivé. Mais oui il avait l'air quelqu'un de bien et quand on voit ses enfants, ils sont sympas. Je ne les connais pas très bien. Mais je n'ai pas forcément à me plaindre. Que ça soit Ella ou Dimitri, ils ne me traitent pas mal, bien au contraire, je ne céderai ma place à personne. Encore moins maintenant après cette folle matinée avec la jeune femme. Et puis vraiment j'ai envie d'apprendre à la connaître. Donc c'est aussi pour ça que j'accepte ce rendez vous pour samedi. J'ai vraiment envie d'avoir ce noeud papillon de la même couleur et même tissu de sa robe. Mais avant, elle me donne quand même son avis sur mon costume. Au moins je suis sûr que je vais lui plaire. Donc je passe par la caisse pour payer le tout et repartir avec tout ça. Mais je n'ai pas envie de la laisser partir. Je l'invite alors à aller boire un café, ou manger quelque chose. Et elle me parle des beignets. Parfait. Moi ça me va. Elle n'a rien mangé depuis hier midi donc je la questionne pour savoir ce qui s'est passé. " Oh... Il fallait me le dire, je serais venu apporter un meilleur repas, malgré que j'étais en repos. Mais content d'apprendre que Mademoiselle de Bourbon aille bien. " C'était dimanche. J'étais en repos mais si elle m'avait demandé, j'aurais pu aller lui chercher un repas quelconque pour pouvoir la livrer à l'hôpital. Je m'en fous et je n'aurais pas râlé. Je serais venu leur apporter un bon repas, d'un bon restaurant, ou d'un fast food, comme je l'ai déjà fais par le passé avec Ella. Enfin on finit pas rentrer dans le shop et me donner son avis sur les beignets. " Je vais prendre celui au caramel beurre salé alors et au pire je volerai un bout de framboise. " Que je dis en souriant amusé. Ella me demande si je viens de New York et j'hoche la tête. " Oui c'est ça, de New York, j'y suis née, mais j'ai des origines espagnoles de ma mère. " Que je finis par lui dire. C'est ce qui explique mon teint un peu. Je parle couramment l'espagnol, parce que souvent quand je parle que avec ma mère, on s'exprime dans cette langue. " Et toi ? Washington ? T'es née là bas ? " Que je demande. Après tout je connais certains détails sur son père, mais sur elle ou même sur Dimitri, je ne connais rien. Enfin on commande nos beignets, nos boissons, et j'en profite pour tout payer directement. Je lui ai dis que c'était moi qui offrait tout ça pour la remercier de l'aide. " Et du coup Harvard ? Tu étudies quoi ? En rapport avec ton rôle dans la société ? " Que je demande finalement. Au final je ne connais rien sur elle et inversement.
Je lui offre un joli sourire, sincère, quand il met en avant le fait qu'il aurait pu venir nous apporter à manger bien qu'il était en repos. Je crois aussi que c'est à ça que l'on voit que quelqu'un est bon. Le fait qu'il est prêt à mettre entre parenthèse un moment personnel pour aider ceux qu'il sert déjà toute la semaine. " C'est gentil mais tu n'es pas mon serviteur Greg.. On aurait pu commander mais ça ne nous est même pas passé par l'esprit, c'est pour dire " Trop paniquée par l'état de Frannie, de trop nombreux souvenirs remontants à la surface. Et puis, je dois aussi avouer que je n'avais pas trop d'appétits. Enfin, assez pour manger des chips mais ça s'arrête là. Maintenant, je regrette un bon plat de pâtes faites maison… Nous nous dirigeons vers le shop et je lui donne quelques conseils. Qui n'en sont pas vraiment puisque toute la carte est divine. Parce que oui, je les ai tous goûté. Je le regarde, un peu surprise quand il me dit qu'il volera un bout de mon dessert. Ah. C'est nouveau ça. On mange dans l'assiette des autres maintenant ? " De l'ambition… J'aime ça ! " Je ris légèrement et enchaîne. " Celui qui piquera dans mon assiette n'est pas encore né. Mais je te laisserais peut-être l'autorisation d'essayer " Que je souffle avec un regard des plus charmeurs avant de faire un clin d'oeil en sa direction. On my terms, maybe. J'écoute ce qu'il me dit. Des origines espagnoles. Intéressants tout cela… J'espère qu'il parle espagnol, parce que ça c'est grave sexy… J'adorais me prendre la tête avec mes collègues lors de mon stage à Madrid juste pour les entendre me crier dessus dans cette langue. " Non, je suis née à Londres. Ma mère est anglaise et mon père biologique… Je n'en ai aucune idée. Ma mère a fait appel à un donneur. Elle voulait un enfant et n'avait personne qui lui convenait dans sa vie… On a vécu à Londres deux ans et un peu après la naissance de Dimitri, on a déménagé à Washington, où on a toujours vécu. Jusqu'à… Mes dix-huit ans puisque je suis partie vivre à Londres. Enfin, Oxford plutôt " Je ne trouvais pas ce que je voulais, ici, dans ce pays alors je suis rentrée chez moi. J'ai passé du temps avec mes cousins, ma famille et suis revenue à l'annonce de la rechute de mon père. Il paye tout et je fronce les sourcils. " Si on reprend quelque chose, c'est pour moi " Normalement, la personne qui aurait fait ça aurait surement droit à une scène du type "je suis une femme qui peut se payer ses beignets" -je peux même probablement acheter le shop- mais avec Greg, je suis plus douce. Un peu naïve peut-être. Mais lui, il ne me donne pas envie de l'étriper, juste d'arracher ses vêtements. On s'assoit et je pose mes coudes sur la table, mes mains l'une sur l'autre, je pose mon menton sur mon poing. " Oui. Je suis en deuxième année de doctorat en relations publiques. J'ai bientôt fini avec tout ça, à mon grand bonheur ! Après dix ans d'études, j'en connais plus que certains de mes profs à ce sujet " Que je lance sans gêne aucune. Parce que je sais que c'est vrai. Je passe plus de temps à faire de la technique que de la théorie, ce que certains n'ont pas le luxe de faire. " J'ai une licence en information et communication des organisations, un master en communication interne et un en communication externe-relations presses… Enfin, pas que je veuille me la jouer mais je suis fière de mon parcours " Que je lance alors que la serveuse nous apporte nos boissons et nos beignets. " Tu as étudié à Genève, c'est ça ? Pourquoi là bas ? Il n'y avait pas d'écoles similaires ici ? " Je n'y connais rien au monde hôtelier. Enfin, du point de vue staff. Les études, les formations, tout ça, ça me passe un peu plus au dessus de la tête. Mais j'ai hâte de l'entendre me dire tout ce qu'il sait là dessus. Je regarde mon beignet et croque dedans. Le glaçage est génial, comme toujours. Et l'intérieur… " Si tu veux un bout, c'est maintenant ou jamais… Je ne suis pas sûre qu'il y en ait encore dans quelques minutes " Que je lui lance, tendant mon beignet pour qu'il le prenne et croque dedans… Il est prévenu.
" Oui je comprends vous étiez inquiet et ça ne vous a pas forcément rappelé de bons souvenirs. " Je sais que leur père souffrait d'un cancer et qu'il est mort de cette maladie. Donc je me doute que repasser une soirée entière à l'hôpital pendant cette période de l'année, ça n'a pas du être évident. C'est pour ça que je n'aurais pas refuser de leur apporter un truc à manger. Certes, je ne suis pas leur serviteur, mais si je peux leur rendre un service, je le ferais sans aucun problème. Je suis comme ça. Un mec généreux, au grand coeur. Enfin je l'écoute me donner des conseils pour choisir mon beignet et je vais prendre celui au caramel beurre salé, alors que je la laisse prendre celui à la framboise, lui disant que je pourrais lui voler un bout de son beignet et je peux m'empêcher de me mordre la lèvre inférieure quand elle me dit que celui qui lui volera de la nourriture n'est pas encore née. " J'accepte le défi. " Que je dis en souriant amusé. Ella et la nourriture. Elle me questionne alors sur mes origines et de où je viens. Je lui fais rapidement un topo pour lui dire que j'ai des origines espagnoles, malgré avoir vécu quasiment toute ma vie à New York. Je décide de lui poser la question, parce que au final, je ne sais rien d'elle. Je sais des choses sur son père, mais pas sur elle. J'apprends alors qu'elle est née à Londres d'un père inconnu, parce que sa mère a procédé à une fécondation invitro. " Oh je vois... Du coup ton père t'as adopté pour que tu portes son nom de famille ? Que je finis par demander. Je sais qu'elle porte officiellement les deux noms de famille, donc j'en conclus alors qu'elle a été adopté par son père. C'est un geste fort. Après tout il n'était pas obligé d'adopter la fille de sa femme. Oui il aurait pu l'élever comme son propre enfant, mais il a fait mieux, et je trouve ça remarquable. Enfin les commandes sont passées et je m'occupe de payer. C'est pour la remercier d'avoir prit de son temps pour m'aider dans ce choix de costume. J'hoche la tête quand elle me dit que si on reprend quelque chose ça sera pour elle. Bon ok. Je capitule. Elle payera la prochaine commande, s'il y a prochaine commande. On s'installe à table et je la questionne un peu plus sur ses études. Je sais qu'elle est à Harvard, mais j'ignore totalement le type d'étude qu'elle fait, et qu'elle fait par le passé à Oxford. Je l'écoute me raconter son CV et me raconter son parcours et je suis assez surpris d'apprendre tout ça sur elle. " Ca fait pas mal d'études tout ça, mais je pense qu'en effet tu peux être fière de ton parcours. " Que je finis par lui dire, alors qu'elle me retourne ma question. " Lausanne pour être plus précis, même si ça reste la Suisse. " Que je dis en souriant. Un pays que j'ai vraiment adoré d'ailleurs. " Il y a l'une des meilleures écoles hôtelière là bas, et j'ai toujours voulu apprendre des meilleures, donc je suis partis là bas à mes dix sept ans. J'ai toujours beigné dans ce monde là en quelque sorte. Mes parents tiennent un restaurant sur New York. Mon père cuisine et ma mère l'aide en salle de temps en temps. J'ai toujours aimé aider mon père en cuisine... Mais je sais pas, je voulais faire quelque chose de différent, alors me voici. " Que je lui dis alors qu'on reçoit nos beignets. Je regarde le mien, je regarde le sien et vraiment ça me donne envie. Je rigole à sa remarque alors qu'elle me tend son beignet, donc j'en profite pour croquer dedans rapidement. " Ah oui excellent, tient un bout du mien. " Que je dis en lui tendant le beignet. Elle connaît, mais bon elle a peut être envie de retrouver ce goût. " J'avais demandé un stage dans un hôtel à New York à la base, mais c'est au Copley que j'ai été accepté en premier et je regrette pas. " Parce que au final je suis dans le monde du luxe et je sers le frère et la soeur Marriott, donc ce n'est que bonus sur mon CV et franchement ils me traitent bien.
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Je fais un petit signe de main pour montrer à Greg que ce n'est pas bien grave. C'est nouveau tout ça, il va falloir du temps pour que l'on s'habitue à tout cela. À ces nouvelles conventions. Il ne va pas falloir se mélanger les pinceaux mais je sais qu'il est intelligent. Très intelligent. Et il n'y a rien de plus charmant qu'un homme qui sait se servir de son cerveau. " Et bien on part comme ça ! Je vais voir avec le créateur si c'est possible d'avoir un rendez-vous fin de semaine, histoire qu'il prenne ton tour de cou et le fasse sur mesure. Tu travailles samedi ? " Que je demande rapidement. Je ne connais pas l'emploi du temps du jeune homme sur le bout des doigts, loin de là même. Il y a des jours où j'essaye de le joindre sur sa ligne et ça ne répond pas, à mon grand regret. Mais il ne reste plus longtemps avant le bal alors il va falloir trouver du temps. Mais les 5-6 et 7 sont des jours mis entre parenthèses sur mon calendrier. Il me montre une nouvelle chemise et ce n'est pas ce qu'il faut. Je file, prends ce qui me semble sera parfait et reviens vers lui. Je suis la personnal shopper de mon employé, c'est le comble. Mais j'aime bien ce rôle, pour le moment. Il file et revient. J'ai l'impression de le suivre du regard dès qu'il bouge, pour être sûre que ce costume le met en valeur, sous tous les angles. Que ce costume - et lui bien entendu - montre qu'Ella Marriott-Wildingham a du goût. Il aurait trouvé un très beau costume tout seul mais là, ça sera parfait. Enfin, c'est parfait. Je souris à ses questions et tourne le visage vers la vendeuse au loin. D'un signe de doigts, elle arrive rapidement vers nous. " Vous avez un noeud papillon pour ce costume ? Rouge. Coquelicot. Pas rouge cerise, ni rouge sang. Coquelicot " Que je souffle avant de me tourner vers Greg qui commence par me vouvoyer et termine sa phrase par un tutoiement. Ça m'arrache un large sourire. " J'adore, c'est parfait. Les manches de la chemise, tu préfères comme ça ou sans boutons de manchettes ? Mon père disait souvent que les boutons de manchettes, c'est classe mais c'est contraignant " Que je lui confie, une voix un peu plus basse, moins haut perché et plus triste que le ton enjoué de nos derniers échanges. La vendeuse revient, je grimace et prends les deux choix qu'elle m'apporte. " C'est pas Coquelicot ça… " Je lève les yeux au ciel et lui en rend un. " Définitivement, samedi, on s'occupe du noeud papillon " Que je lance en m'approchant de lui. Je lui souris et regarde le tissu dans ma main. " Je peux ? " Je ne voudrais pas mettre mes mains autour de son cou s'il préfère le faire lui même… Mais j'espère qu'il ne refusera pas, on ne va pas se mentir…
