C. NEVADA EOVA-TESSIER ► Katerina Graham

Toute vie commence par la rencontre de deux personnes, moi je suis le fruit d’un mélange de deux cultures. Mes parents auraient pu ne jamais se rencontrés et donc j’aurais pu ne jamais exister si le destin n’avait pas bien fait les choses. Mon père, à la tête d’une entreprise spécialisée dans l’électronique se devait de recruter un nouvel assistant et ma mère, fraichement arrivée sur le sol américain, avait pour but de se présenter à cet entretien d’embauche si le métro new-yorkais ne l’avait pas retardé. C’est donc avec plusieurs heures de retard qu’elle s’est présenté à ce rendez-vous alors que mon père avait déjà retenu un candidat. Cependant il ne put résister au charme de la jeune femme et à défaut de lui offrir un poste, il lui proposa un café et de fil en aiguille ce fut plus que des cafés par la suite, de vrai rendez-vous, puis la cohabitation à deux dans une grande maison new-yorkaise, un mariage après quatre ans de relation et puis moi. Après neuf mois de grossesse difficile et sous surveillance médicale, je venais au monde sous l’identité de Chanel Nevada Eova-Tessier, mes parents ayant décidé que je porte leurs deux noms ainsi que leur nationalité respective. Ils voulaient certainement que je cultive le mélange dont j’étais issue. Dès ma naissance, ils étaient fiers de moi visiblement, en même temps ce genre d’évènement rend forcément heureux même si dans le cas de mes parents c’est un peu spécial or je n’apprendrai la partie la plus sombre de ma naissance que bien plus tard !

Parce que même dans ma vie d’enfant choyée dans un milieu social aisé, il y a des coups durs. J’ai du subir le divorce de mes parents, à l’époque je ne comprenais pas trop le pourquoi du comment. En même temps comment peut-on si connaître en amour à l’âge de 6 ans alors qu’on ne pense qu’à s’amuser et qu’on a 10 amoureux qui changent tous les jours. Du jour au lendemain, ma mère m’éloigna de mon père m’emportant avec elle dans le pays de son enfance : la France, à Nice plus particulièrement. Elle y avait rencontré quelqu’un là lorsque s’était rendu là bas durant de longs mois car son père était sur son lit de mort. A son retour à NYC, elle annonçait la dure vérité à mon père préférant être honnête avec lui. Pour mon bien être, ils se sont plutôt quittés en bon termes. Je laissai donc ma vie américaine derrière moi pour une vie française sur la côte méditerranéenne. Heureusement pour moi que je maitrisai déjà la langue de Molière, je n’eu donc pas trop de mal à m’acclimater à tous ses changements. Faut dire que je n’étais en manque de rien, que j’avais une famille aimante et que j’étais très sociable comme petite fille.

Au fil des années, je grandis, je deviens une belle plante comme dit si bien mon père. Malgré la distance, il n’y a pas une année que je passe sans le voir ni même un jour sans que je lui téléphone, depuis la séparation de mes parents. Personne ne remplace un père et j’ai toujours des tas de choses à lui raconter, des anecdotes à lui dire. Je pourrai parler longtemps avec lui, de ma vie entre Nice et Paris. Depuis que ma mère a implanté un de se restaurants dans la capitale c’est devenu mon deuxième lieu de résidence pendant les vacances scolaires. C’est dans cette ville que j’ai fait pas mal de rencontres durant mon adolescence. C’est là bas que vit Solweig ma meilleure amie, rencontrée lors d’un gala de charité où ma mère avait été invitée. Tout de suite nous avions accrochés et avions promis de nous revoir au plus vite. Depuis ce jour on ne se quitte plus même si c’est difficile avec la distance mais bon on ne manque jamais une occasion de se voir, surtout avec notre amie en commun Abygaelle. Hélas même si je suis très complice avec Sol, je lui ai caché la relation que j’ai entretenue avec son frère Ashley. Ce fut le premier homme de ma vie, ma première fois également, j’avais 15 ans à l’époque lui était plus âgé. J’étais mal de cacher cela à mon amie mais j’étais obligée car à peu près certaine qu’elle n’accepterait pas cette liaison. Au bout de quelques mois de bonheur, je décidai de mettre fin à notre histoire parce que j’en avais marre de mentir à ma plus grande amie mais aussi parce que la distance était dure à gérer. De toute manière ce genre d’histoire ça ne dure jamais, faut pas se leurrer. Je fus soulagée lorsque je rompu avec lui, ça m’a enlevé un énorme poids sur les épaules ! C’est également durant mon adolescence que j’ai commencé à mettre un pied dans l’humanitaire et la défense pour les animaux. Dès toute petite, j’étais passionnée, pourquoi, je ne saurai vraiment le dire en fait. Peut être un sentiment de culpabilité parce que j’avais une belle vie comparée à d’autres et puis j’ai toujours été une fille généreuse et prête à donner de mon temps.

Il y a des moments dans la vie qui ne sont jamais faciles à vrai dire. On a tous du à un moment ou à un autre, faire un choix qui déterminera notre avenir. A 18 ans, mes principales préoccupations, étaient mes études, mes amours et mes amis. Enfin mes amours, je n’en avais qu’un qui comptait dans mon cœur. Deux ans que je file le parfait amour avec Isaac, tout le monde dit de nous que nous formons le couple parfait. Il faut dire que les disputes entre nous sont rares, certainement car sur de nombreux points nous nous ressemblons. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, n’est ce pas. A cause de mon ambition, je n’avais pas envie de poursuivre mon cursus scolaire dans une simple université française, aussi bien soit-elle, non j’avais envie de plus. J’avais toutes mes chances de pouvoir intégrer un établissement de prestige et j’avais tenté ma chance en déposant mon dossier en secret à Harvard, c’était quitte ou double. Cependant j’avais eu raison d’y croire dur comme fer parce qu’en trouvant le courrier d’Harvard un matin dans ma boîte aux lettres, j’avais littéralement sauté au plafond. Malgré tout cette joie fut de courte durée, je devais annoncer à Isaac que je partais de France et que je n’y reviendrai peut être pas enfin du moins pour quelques années. J’ai passé des jours et des nuits trouver la meilleure des solutions et mettre au courant mon petit ami, qui c’est certain n’avait pas les moyens financiers pour me suivre là bas et puis les inscriptions étaient closes. Un peu dépassée, je finis par choisir la facilité, mettre un terme à notre relation était ce qu’il y avait de mieux à faire après tout. Et puis nous étions jeunes encore, on s’en remettrait vite j’en étais certaine. C’est donc sans scrupules que je plaquai Isaac sans réelles explications et à quelques jours de mon départ pour les USA, ce ne fut pas une partie de plaisir car c’était quand même une des choses les plus horribles que j’avais faite à ce jour, quoique l’avoir trompé une nuit avec un russe de pacotille c’est pas mieux non plus. Enfin ça il ne le saura jamais puisque désormais un océan nous séparera.

Depuis le divorce de mes parents, j’avais déjà reposé les pieds sur le sol américain mais là je comptais m’y installé pour quelques temps. Avant de m’installer à Cambridge, j’avais décidé de faire un détour par NYC, histoire de passer un peu de temps avec ma famille là bas et mes amis new-yorkais. Et puis je devais me remettre dans le bain de vivre à l’américaine tous les jours. Ca risque de ne pas être facile, il me faudra un certain temps d’adaptation et certaines habitudes ainsi que mon accent francophone risquent de ne pas disparaître de sitôt. Fut le temps où ma vie d’étudiante à Harvard débuta. Les premiers jours j’étais vraiment émerveillée devant cette université, une ville dans la ville à vrai dire. Là bas, j’y ai trouvé une seconde famille : les Quincy, très vite je me suis attachée à cette maison qui prône des valeurs me tenant énormément à cœur et puis tous les membres de cette confrérie sont des amours. Sans eux je ne me serai peut être pas intégrée si facilement. Mais malgré tout ces points positifs, je ne réussi pas à oublier Isaac, il hante mes pensées jours et nuits et c’est exactement pour ça que je n’arrive pas à garder un nouvel homme dans ma vie. Je me suis fermée et les sentiments amoureux n’existent plus chez moi, j’arrive plus à les exprimer. C’était une erreur de le quitter, je m’en rends compte mais sans ça je n’aurai pas pu être ici et franchement même si je dois passer pour une égoïste, je préfère encore mes études à un homme. Ce n’est pas une chance qui revient 2 fois que d’intégrer Harvard. Pendant 3 années, je me suis concentrée sur ma vie d’étudiante, sur mes amis et mis les hommes aux seconds plans. Je sais qu’on me voit un peu comme l’ange d’Harvard, j’en suis flattée même si parfois ça peut m’énerver, je veux dire personne n’est parfait. Si seulement les gens savaient ce qui se cache en moi, ils en seraient étonnés. En parlant d’amitié, y’a une personne dont je dois vous parler : Read, celui qui est très vite devenu mon double, mon siamois, mon meilleur ami, mon confident, mon frère. Jamais je n’ai entretenu une relation si fusionnelle avec quelqu’un. Je sais bien que certaines personnes se demandent pourquoi on n’est pas en couple, la réponse tient en un seul mot : inceste. Non je ne peux pas concevoir une relation comme ça avec lui, ça me ferait trop bizarre en fait. Mais il n’empêche qu’il est la personne à laquelle je tiens le plus dans ce monde et le seul homme à qui je me suis attachée, chose que je n’aurais pas cru possible. Enfin c’est sûrement parce que y’a que de l’amitié entre nous et rien de plus. Au bout de ma troisième année, j’ai accédé au poste de vice-présidente de ma maison. Je m’y étais présenté mais sans grande conviction alors j’avoue avoir été surprise mais encore plus quand j’ai obtenu le poste de présidente au cours de l’année suite au départ d’Azur. J’ai oublié de vous dire également qu’à Harvard, j’ai pu retrouver mes amies Solweig et Abygaelle, ce fut une grande surprise à laquelle je ne m’attendais pas.

A la fin de mes examens ô combien stressants de ma troisième année, il était temps de s’accorder une pause. Comme la plupart des étudiants, j’allais passer mon été dans le Vermont lors du célèbre Summer Camp mais j’étais loin de me douter que celui-ci serait bouleversant et marquerait un tournant dans ma vie. Pourtant tout avait bien commencé, je m’étais lié d’amitié avec Andy, chose que j’avais cru impossible au vu de nos différences, mais les apparences sont parfois trompeuses. Je profitais un maximum de toutes les activités possibles durant cet été, je voulais passer le plus de temps possible avec mes amis histoire de rattraper le temps perdu, que je n’avais pas pu leur consacrer pendant l’année scolaire. Mais voilà, faut bien que le destin en décide autrement en me gâchant mon été et en faisant revenir dans ma vie Isaac que j’avais un temps soit eu oublier dans le lit de charmants étudiants pour le temps d’un soir. Je vous laisse imaginer ma torpeur en apprenant qu’il avait eu la fabuleuse idée d’intégrer Harvard. Pendant des jours j’ai été dévasté et je me sentais impuissante, tiraillé par mes sentiments toujours présents à son intention alors que je pensais clairement qu’il était impossible de recommencer notre histoire là où elle a été arrêtée. Trois ans qu’on s’était pas parlé c’était tout bonnement impossible n’est ce pas, chose que je lui ai fais totalement comprendre. Envoyer boulet le même mec, deux fois ça tient quand même de l’exploit et puis qui l’aurait cru venant de moi ? Pour arranger tout mon malheur, il faut qu’en plus un de mes plus proches amis Ethan finissent l’été, noyé dans un lac. Suite à ça je me demande comment je vais faire pour affronter une nouvelle année scolaire.

Afin d’oublier au mieux le décès de celui qui fut mon meilleur ami, je me suis concentrée à fond pour la campagne concernant la présidence des Quincy, il faut dire que j’étais heureuse de retrouver ma famille, ma maison. J’ai même eu le droit à un nouveau colocataire (vu que Briony m’a lâché pour les Mather ), je me suis donc retrouvé mes chats et moi à devoir supporter Nael et son lion. Je dois dire que la cohabitation est explosive mais ça c’est parce qu’on s’adore tellement qu’on ne peut pas s’empêcher de se taquiner. En tout cas le moins que l’on puisse dire c’est que j’ai retrouvé un peu la joie de vivre et que je papillonne toujours de droite à gauche à la recherche d’une simple proie d’un soir. A vrai dire je n’ai pas envie de m’encombrer avec quelqu’un, j’ai décidé que m’amuser et laisser éclater la fille un peu moins sage qui vit en moi serait une bonne chose. La preuve de mon renouveau, au cours d’une soirée, j’en suis venue au point d’embrasser une de mes amies (un bon moyen pour rameuter les garçons autour de nous …) hélas cet acte ne fut pas sans incidences et remonta tout de suite aux oreilles d’Andy qui du jour au lendemain ne m’adressa plus la parole. Comme si je n’avais pas assez de problèmes comme ça alors que je devais gérer la descente aux enfers de mon meilleur ami. Je le savais que je ne pouvais pas être heureuse trop longtemps, Dieu nous punit de nos erreurs un jour ou l’autre, faut s’y faire. Enfin voir le seul homme, qui compte vraiment dans ma vie, au fond du trou a eu de quoi me foutre un coup au moral.

C’est un peu le moral dans les chaussettes que je m’étais rendu à un rendez-vous détente proposé par un ami, Alek, celui là même à qui je me confiais d’ordinaire et notamment sur mes peines de cœur mais j’étais loin de savoir qu’il allait en une journée réparer tous mes problèmes de quelques natures qu’il soit. Rien ne prédisposait que cette journée au SPA aussi banale soit-elle dérape d’une toute autre manière mais le destin en a destiné autrement. Pour la première fois depuis des années mon cœur s’est réveillé en sa présence. Pourquoi face à lui ? Je ne saurai le dire. Pourtant je le connaissais depuis quelques temps et l’idée d’éprouver des sentiments à son encontre ou même finir dans son lit (non parce qu’aux dernières nouvelles il était en couple…) ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Un coup de foudre ? Je vois que ce mot pour définir la situation qui nous a poussés à tenter une aventure à deux. Jamais je n’avais ressenti autant d’amour ni de passion pour un homme et j’avais désormais une vrai raison pour vivre. Dès les premiers jours j’étais trop attaché à lui pour laisser filer ma chance de vivre le parfait amour, j’avais arrêté de regarder les autres hommes (de toute façon personne n’arrivait à la cheville d’Alek ), c’était lui et personne d’autre qui possédait mon cœur entre ses mains et j’ose espérer que ce sera ainsi à tout jamais.

La rencontre qui bouleversa le plus ma vie, c’est certainement cette fille que j’ai malencontreusement bousculé dans un couloir de l’université, un jour où j’étais en retard. Je pensais que ma maladresse allait se contenter à un simple « désolé » mais non en dévoilant son identité la jeune demoiselle Cheyenne, révéla au passage un pan entier de ma vie que mes parents m’avaient cachés et ils avaient réussis leur coup. J’aurais jamais pensé que mes géniteurs seraient capables de ne pas me dire la vérité quand au fait que je suis venue au monde avec une jumelle, malheureusement enlevée à sa famille quelques jours après sa naissance. Je ne saurais vraiment dire pourquoi j’ai eu confiance en elle, lorsqu’elle m’a raconté son (enfin notre) histoire ? Ca a sûrement à voir avec ce lien invisible qu’entretiennent les jumeaux. J’avais, de ce fait, plein de nouvelles choses à découvrir sur moi-même, sur ma nouvelle famille. De suite, je me suis promis de ne jamais la laisser tomber, nous avions tant de choses à rattraper et puis elle semble si frêle et fragile, un peu ce que j’étais lors de mon arrivée à Harvard.

Ma vie amoureuse n’avais jamais été aussi belle, de toute façon je ne vois pas comment on peut faire mieux, c’est tout bonnement impossible. Et malgré le fait que j’ai un homme dans ma vie, je trouve encore du temps pour mes amis, notamment Read et ce fameux soir (enfin début de matinée) où il m’a sorti de mon lit pour m’apprendre le décès de sa fiancée. Alors j’ai fait tout ce qu’une meilleure amie devait faire en ce genre de moment : le soutenir. Malheureusement je suis à peu près certaine que cette relation si fusionnelle que j’entretiens avec Read posera un jour problème à Alek. Je sais que c’est mal d’imposer un 2ème homme mais j’y peux pas grand-chose, c’est comme ça point final. M’enfin au vu du fait que mon meilleur ami a décidé de se marier en cachette à une totale inconnue, les choses sont beaucoup plus compliquées. Pour la première fois, il y a cette tension entre Read et moi et tout ça à cause d’une fille. Moi, jalouse ? Peut être mais voir débarquée une potiche blonde comme ça du jour au lendemain, y’a de quoi s’inquiéter. Et pour la première fois de ma vie, j’éprouve une haine immense envers quelqu’un, cette Viktoria, au point d’aller lui mettre mon poing dans sa figure parce qu’elle n’a pas su s’occuper assez bien de Read pour lui éviter un séjour de plus à l’hôpital. J’espère que j’arriverai à retrouver très vite mon amitié d’antan avec Read.

19 janvier, un jeudi habituel comme les autres où je n’avais que mon premier cours à 14h, mais en tant qu’élève assidue, j’avais décidé de passer mon midi à la bibliothèque à potasser les bouquins avec un café. Tout était bien parti jusqu’au fatidique moment où alors que je m’apprêtais à prendre un livre dans un des rayons, l’annonce la plus des effrayantes retentissait à travers les hauts parleurs de la bibliothèque. Harvard ? Bombe ? Exploser ? A ces mots, je commençais à perdre mes moyens alors que rien ne pouvait laisser croire que cette annonce n’était pas une blague d’un étudiant ô combien idiot. Premier réflexe, joindre Alek, alors qu’au même moment le Doyen affirmai aux Présidents et VPs que tout cela n’était pas un exercice. La panique m’envahissait tellement que je ne savais gérer la chose. On me demandait en tant que présidente de calmer les autres, encore faudrait-il que je puisse me calmer. Heureusement qu’Alek m’avait assuré ne pas se trouver à l’intérieur, ni lui ni ma soeur. Les savoir en sécurité, loin de tout ça, était la seule chose qui me permettait de garder le contrôle sur moi-même. Et Dieu sait combien cette chose est compliquée. Je ne pouvais pas mourir là à Harvard, non je refusai d’y croire et pourtant ce qui devait arriver arriva. Le mal avait atterri au dessus de nos têtes sans qu’on ne demande rien. Après l’explosion et coincée sous une bibliothèque, je me rattachais à une seule image comme Alek me l’avait demandé : notre futur ensemble. Je ne pouvais pas sombrer car si je le laissai seul, je m’en voudrai même de là haut, de ne pas avoir été à la hauteur pour lui, de ne pas avoir tout donné pour survivre. Entre deux mondes, il m’avait semblé entendre sa voix. Je sais pas si c’était la réalité ou bien mon imagination mais perdue et confuse, j’avais répondu à son appel avant de prendre conscience que l’horreur autour de moi n’était pas un rêve mais bel et bien le présent. Mais je ne comprenais toujours pas pourquoi il était là à m’aider de sortir de cette merde alors qu’il avait lui-même le corps en sang et qu’il n’était pas censé se trouver là. C’est à cet instant que je me rendais compte que je ne pouvais pas vivre sans lui, parce qu’il me connaissait par cœur. Il avait osé me mentir juste pour pas m’inquiéter encore plus, risquer sa vie rien que pour moi. Jamais quelqu’un n’avait fait tout cela pour moi. Je me demandai comment j’allai pouvoir le remercier de tout ça : l’aimer plus que je ne l’aime déjà ? C’est quasiment impossible vu toute la passion que j’éprouve déjà envers lui.

Comme la plupart des étudiants d’Harvard, tout ce que je voulais à présent, c’est penser à autre chose que le drame qui nous est tombé dessus. Pourtant c’est difficile d’oublier, parce que ce n’est pas le genre de chose qu’on efface si facilement de notre vie et puis je n’ai de cesse d’aller à l’hôpital, afin d’aller au chevet d’Andy. Je m’en voudrais s’il finissait par nous quitter sans que je n’aie pu véritablement lui parler en face. Pour me changer la tête, Alek a eu la fabuleuse idée de m’emmener loin de tout ça, à Paris, la capitale française, où j’avais passé pas mal de temps durant mon enfance. Je vous laisse imaginer ma joie quand j’ai su que je retournais dans ce pays qui me tient tant à cœur. Rien ne pouvait me faire plus plaisir et puis Paris c’est la ville de l’amour alors y aller avec l’homme de ma vie, ça prend tout son sens, plus que je n’aurai pu m’en douter d’ailleurs. Ce séjour, je m’en souviendrai toute ma vie c’est certain et surtout de ce fameux soir. Il m’avait emmené au restaurant, essayé par tous les moyens d’aligner deux mots dans un français correct, manger selon mes coutumes de végétarienne, bref un moment agréable mais ce que je retiendrai surtout de ce dîner c’est qu’il allait changer ma vie. Alek avait décidé de passer un cap dans notre couple en me demandant ma main, en voulant faire de moi sa femme. Ca pouvait paraître fou après seulement quelques mois de relation mais ce n’est pas ça le plus important, la seule chose qui compte c’est l’amour indestructible qui existe entre nous. Enfin vous avez compris j’ai accepté sans aucune hésitation de devenir une future Lewis-Kennedy. C’est donc la bague au doigt que je rentrais aux USA, et en étant la plus heureuse des femmes. Rien ne pouvait entraver mon bonheur si ce n’est moi évidemment. J’en ai fait des conneries dans ma vie mais celle de dormir (et seulement dormir) avec mon meilleur ami à la suite d’une soirée trop arrosée chez les Quincy alors que je suis fiancée, ce n’est pas vraiment le bon plan. Et puis je sais qu’Alek est quand même possessif. J’aurais pu rien lui dire, passer cette petite histoire sous silence mais je ne pouvais vivre avec ce poids de ne pas avoir été sincère avec lui. J’ai jamais été aussi mal de lui parler au téléphone, je ne voulais pas m’engueuler avec lui mais c’était inévitable. A quelques jours de la Saint Valentin, mon fiancé ne me parle plus et mon moral est au plus bas. Tout ce que j’espère c’est qu’il me pardonnera, qu’on tirera un trait sur tout ça et qu’on reprendra notre belle histoire là où elle s’est arrêtée. Dans ce malheur j’ai un peu de chance, parce que j’ai quand même appris le retour de mon meilleur ami Deon, que je n’ai pas vu depuis un an. Ces retrouvailles amicales risquent d’être extras, espérons que le destin soit clément et que je puisse raconter ma joie, de retrouver un ami, à Alek. Moi qui aspire seulement à vivre le plus beau des mariages, et fonder une famille avec lui.