MAD ABOUT YOU, MUM Une naissance, le début de la vie, parfois le début de choses moins cool. Une séparation de deux êtres qui sont sensés rester ensemble. Toi tu restes, elle s'en va, tu ne te souviendras pas d'elle avant bien des années. Tu as une soeur jumelle que tu ne verras pas avant longtemps. Ton père ? Inconnu, tu ne connais ni son nom, ni son visage, mais tu t'en fous, t'as pas besoin de lui pour vivre, visiblement. Ta mère ? C'est une autre histoire.
Tu as trois ans maintenant. Tu marches, tu vas à la petite école, tu parles, on te demande
"C'est qui ton papa ? Il fait quoi comme travail ton papa ?" et toi tu baisses les yeux, t'essayes de trouver un truc pour sauver le navire
"Il est dans l'armée, il fait la guerre..." Ouf, ils te laissent tranquille, l'année prochaine tu pourras dire qu'il est mort, pour toi c'est tout comme.
Quelques années ont passées, ta mère, qui est prof de littérature sombre peu à peu. Tu ne connais pas la raison du naufrage, t'es trop jeune pour comprendre, c'est ce qu'elle te dit. Tu as huit ans, quand la déchéance se fait de plus en plus sentir. Tu vois des hommes, des femmes baiser ta mère dans le salon, ca sent bizarre, tu ne sais pas ce que c'est pour l'instant. Tu sauras plus tard que c'est de la marijuana, de l'héroïne et de la coke, de la MD, du LSD et compagnie. Tu t'occupes de tout dans le petit 40m² que vous occupez dans le quartier gay de Los Angeles. Tu la surveilles, tu dis adieu à ton enfance, comme tu dis adieu à ta normalité, rapidement, comme si tu le faisais avec un couteau sous la gorge.
DID YOU FORGET TO TAKE YOUR MEDS ?
La déchéance commence désormais pour toi, tu poses trop de questions, elle n'arrive pas à gérer. Sa seule solution, te dire que tu es schizophrène et qu'elle avait réussi à gérer cela durant ton enfance. Tout ca pourquoi ? Parce que tu veux connaître ta famille, ton passé, et que tu t'énerves parce qu'elle ne répond pas. Elle t'emmène voir un psy qu'elle a corrompu à coup de billets pour qu'il accepte de dire que tu es vraiment schizophrène. Traitement obligé à vie. Tu te mets dans la tête que t'es vraiment folle, tu t'inventes une seconde identité. Gee, qui se prononce Dji. Pourquoi ? Parce que tu penses que si c'est court, elle aura moins d'impact sur toi. Détrompes toi, elle a presque fait en sorte que tu oublies qui tu es vraiment. Tu gardes la haine en toi presque tout le temps maintenant. Celle que tu penses être Gee n'est en fait que le ressenti que tu as en toi, le dégout que ta mère t'insuffle quand tu la vois, mais tu n'arrives tellement pas à canaliser cette haine, qu'elle se retourne contre tout le monde. Tu essayes de canaliser tout ça dans le dessin et la musique, mais il n'y a rien de plus noir que ce que tu fais. Ton art est aussi noir que ton âme, triste, haineux. Tu as déjà pensé à mettre fin à tes jours, alors tu te droguais en rentrant chez toi, alors que ta mère était déjà raide défoncée. Tu la regardais avec dédain et tu lui disais
"Tu vois maman, je deviens comme toi. Une loque humaine." Ta petite amie de l'époque t'envoie suivre une cure de désintoxication, tu ne termines pas ton séjour, tu deviens folle sans tes cachets. Dix-huit ans, ton permis, ta voiture, ta machine à tatouer, tes cachets. Tu pars à Harvard grâce à une bourse, soit disant. Vingt ans, tu perds ta mère. Vingt et un ans, tu finis en psychiatrie, où tu apprends bien des choses sur ta vie. Tu vas bien, tu n'as pas besoin de ces poisons. Mais tu as une soeur jumelle, du nom de Dylan.
CAUSE I AM ME, THE UNIVERSE AND YOU.
Retour à Harvard, tu n'as pas pu aller au Summer Camp, même si t'en avais envie. T'as pas revu tes potes de L.A. à cause de ce putain de centre. Tu a réussi à gratter pour rentrer en quatrième année malgré tes nombreuses absences de l'an passé, tout ça parce que tu sentais plus cette présence qui te faisais sentir entière, bien. Puis tout à basculé dans ta vie, un dimanche matin, à Central Square. Ca t'es tombé sur le coin de la gueule comme une averse. Ta soeur jumelle, là, face à toi. Tu t'imagines une enfance à ses côtés, un semblant de famille, sans père, avec une mère normale et aimante, tout le contraire de la tienne, de la votre. Le tout face à une bouteille de whisky, à faire serrer la famille près de vous, qui s'enfuient en bouchant les oreilles de leurs enfants. Tu lui expliques comment elle était, toute la haine que t'as envers elle malgré l'amour que tu peux lui porter. Elle reste ta mère. Tu as enfin une famille, tu as Dylan. Tu as Neal, votre cousin du côté de votre mère. Tu te reconstruis peu à peu. Une nouvelle vie s'offre à toi.
ALL YOU NEED TO SAVE ME Six mois se sont écoulés depuis ton retour à Harvard. Deux coups de coeur t'ont abandonnée comme une chaussette. Lullaby et Eireen. Tu as toujours des plans cul, mais ca ne fait pas tout. Tu as besoin d'autre chose maintenant. T'as envie de te poser un peu avec une fille, la relation étrange que tu as entretenu avec Abigail t'as prouvé que tu pouvais être sentimentale, même si tu lui mentais. Quand tu vois tous ces couples autour de toi, t'as envie d'être comme eux parfois. Mais il faudra changer ton côté infidèle, ton côté handicapée sentimentale, et ca ne sera âs si simple, alors que tu as toujours été comme ça.
Et puis récemment, tu es devenue paraplégique, tu ne t'en remets pas. Tu refuses d'avancer dans ta vie, tu refuses d'évoluer. Tu restes bloquée sur le fait que t'étais là lors de l'attentat et que tu te sens terriblement seule depuis ce jour là. Mais il va falloir avancer, te relever, et marcher à nouveau. On dit que souvent, le bonheur se trouve où on ne s'y attend pas.