« save your tears for another day » ∇ LEANDRA

save your tears for another day
→ ft. @Leandra T. Carreirao  
Le bal. Y aller en trainant les pieds, par pure obligation sociale. Pour donner l’illusion que tout va bien, que rien n’atteint sa carcasse. On y croit pas, Callaghan. Elle a laissé Jude à l’appartement pour se rendre dans cette boutique, et passer quelques robes. Y a l’espoir que ça change quelque-chose à son envie d’y aller, que le tissu remotive ses pas, et lui rappelle combien ces cérémonies pouvaient être amusantes. Mais sans Deirdre, Quito, Jude, la fête ne sonnait pas si joyeuse. Surtout si c’était pour voir Abelard se pavaner au bras de la première dinde croisée pour remplacer sa brillante meilleure amie. Pas sûr que la soirée ne se finisse pas en drame. Pas sûr que les essayages ne se finissent pas dans quelques robes déchirées, puisque je me poste à tes côtés Carreirao, devant le miroir. « Ca te va pas cette couleur. » Les prunelles qui regardent ton reflet plutôt que le mien. Un fin sourire se pointe au bord des lèvres. « Salut Leandra. » Puis se concentre à nouveau sur sa propre silhouette. Les doigts qui se perdent dans la crinière pour dégager le dos, et pouvoir regarder ce que donne cette robe-là, l’air de rien. J’ai quelques rancœurs sous la langue.

save your tears for another day
→ ft. @Alexis Callaghan  
J'en avais pas envie, de ce bal, mais à force, je suppose que je me suis mise à y réfléchir. Mon dernier mal. Le dernier, tout dernier. Comme une cloture de toutes mes années passée ici. Une cloture qui ne sera même pas faite en beauté. Aucun cavalier, personne à mon bras, personne avec qui danser, rien qu'une dernière fois. La robe pourrait être belle que personne ne la verra. « Ca te va pas cette couleur. » Le visage se tourne, inspire un moment, regarde ma robe et hausse les épaules. C'est peut-être fait exprès, tu sais. "Alexis." toujours les bons mots, toujours la compliment qui fait plaisir. « Salut Leandra. » Je sais qu'elle ne m'apprécie pas, je la comprends, je serais probablement pareille qu'elle si nos rôles avaient été inversés. "T'as fais un bon choix, toi." offre un sourire, tu vois Alexis, je ne mens même pas. Cette robe te va bien. Je suppose qu'on peut être deux dans la même pièce sans se fusiller du regard et en évitant les épines.

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→ ft. @Leandra T. Carreirao  
L’appartement vide, la rupture, ça aide pas. Mes griffes se referment sur Jude, qui supporte seul ma crainte de l’abandon, de tous ces gens qui se barrent et me laissent sur le carreau. Alors tu vois Leandra, t’es pas ma préférée. Tu l’étais pas avant, et désormais, ça s’empire. Peut-être parce que j’assiste de loin à ses tentatives de s’remettre de toi, et que je vois que ça marche toujours pas, qu’importe l’énergie qu’il y met. "Alexis." Alexis qui se pavane devant le miroir, le corps couvert d’épines. Faut pas s’approcher trop près. J’attends la lutte, ou au moins un peu de répartie. "T'as fais un bon choix, toi." Et j’me fais cueillir par une réplique. Les paupières se plissent légèrement. « Non, ça va pas. » Ca allait, jusqu’à ce que j’essaye de m’imaginer dedans, au bal. J’arrive pas à m’imaginer là-bas tout court, qu’importe le tissu qui ira sur la peau. Attrape une robe rouge, que je te tends. « Tiens, essaye ça, ça devrait t’aller. » Si la couleur se marie à ma carnation, je suppose qu’elle ira avec la tienne. « C’est ton dernier bal non ? Faut que tout le monde te regarde. » Faut que les hommes regrettent, que les filles jalousent. Il faut s'aimer dans le miroir, c'est le plus dur.

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→ ft. @Alexis Callaghan 
On est les mêmes, Alexis. Regarde dans le miroir, et tu verra. Je suis seulement moins frontale que toi, et si je veux te faire du mal, je ferai en sorte que rien ni personne ne relie ton mal à moi. Toi, tu t'en moque. Toi, t'arrive et tu frappe. C'est probablement la seule différence entre toi et moi. On est toutes les deux faites d'épines. La fleur est belle, sanglante, elle a du caractère, mais quand on s'y approche trop près, elle s'éloigne. On sait pas s'engager, et je me souviens pas de toi aux côtés de quelqu'un Jamais Jude ne m'a parlé de personne à tes côtés. Alors soit c'est toi qui ne sait pas les garder, soit tu t'en échappe. Tiens, ça te rappelle quelqu'un ? « Non, ça va pas. » hausse les épaules, c'est juste une robe. ça importe que si tu as quelqu'un à impressionner, et personnellement, personne ne sera au bal à me regarder à travers sa cavalière. « Tiens, essaye ça, ça devrait t’aller. » attrape la robe, secoue la tête en plissant le nez. "J'ai pas envie de me faire remarquer." pas de rouge, pas de blanc, pas de couleur qui attirera les regards. Du noir, du bleu marine. « C’est ton dernier bal non ? Faut que tout le monde te regarde. » secoue la tête en se pinçant la lèvre ; "ça sert à quoi d'avoir cent regards vides quand tu peux en avoir un seul vrai ?" pense à tout ceux que t'as abandonné, laissé de côté, derrière, sur le champs de bataille. Attrape une robe bleu, retourne se changer, et reviens vers le miroir. "Ce sera celle-là. Elle est dans le thème, c'est tout ce dont j'ai besoin." ça, et de m'y sentir bien.


la robe, pour que Alexis sois sympa

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→ ft. @Leandra T. Carreirao  

Le truc, c’est que c’est pas juste une robe. C’est tout qui va pas là-dedans, dans le tissu, dans la boutique, dans la fille qui se met dedans. La soirée avec le cavalier qui n’a pas le bon nom, et le sourire qu’il faudra accrocher sur les lèvres pour faire semblant que tout va bien. J’suis pas brillante quand il s’agit de faire illusion, dans la durée. Regarde, ça se craquelle déjà. Alors, pour cacher les fêlures, on met des accessoires, on fout des trucs qui brillent, on détourne l’attention. J’attrape une robe à la couleur qui tranche, puisque les tiennes de failles dégueulent à l’air libre, on n’voit que ça Leandra."J'ai pas envie de me faire remarquer." La tête se secoue de gauche à droite, Callaghan qui n’approuve pas. « C’est quand même mieux si ton cavalier est capable de se rappeler qui tu es, dans la foule de filles qui elles, se feront remarquer. » Les hommes, ça oublient vite, quand on leur agite un peu de dentelle devant les yeux. L’idée, c’est d’être celle dont on ne pourra se détourner. J’ai encore un peu de boulot sur le sujet, y a qu’à voir mes doigts vides, et mon cœur plein. "ça sert à quoi d'avoir cent regards vides quand tu peux en avoir un seul vrai ?" Les doigts se plantent sur les hanches, et les prunelles détestent la vue. Sa propre silhouette. « Quand tu ne peux pas en avoir un seul vrai, autant en avoir cent vides. » Qu’elle souffle, alors que tu disparais, pour réapparaître vêtu d’une robe choisie par tes soins. "Ce sera celle-là. Elle est dans le thème, c'est tout ce dont j'ai besoin." Un léger sourire en coin. « Elle doit aussi te plaire, ça compte. » L’index qui mime un tournoiement. « Tourne un peu. » Une vrai robe de bal, ça tourne, ça vole, ça emporte quelques rêves sur son passage. « C’est qui, le cavalier ? » J’oublie pas la curiosité, j’oublie pas que j’ai un roi à protéger dans cette histoire.  

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→ ft. @Alexis Callaghan 
T'as beau te dire que tu peux tout cacher avec ta robe, la réalité c'est que tu cachera pas les creux. Tu sais, ce qui fait que quand on frappe contre ta poitrine, il y a ce bruit de vide. Tu connais ce bruit, toi aussi ? Tu sais, c'est pas un bruit qui sonne moins creux chez moi sous prétexte que j'ai deux enfants. Ils complètent le cœur, c'est vrai. Ils apportent de la joie de vivre, m'offrent des hauts quand je regarde en bas, mais cette présence, ou ce manque de présence, le soir, dans tes draps, c'est pas un enfant qui la comble. Je le sais, je te le dis, je fais comme toi. Je tourne en rond, et aucune des positions n'est la bonne. Aucun côté. Ni même le gauche, ni même le droit. Ni même celui que l'autre à habiter. « C’est quand même mieux si ton cavalier est capable de se rappeler qui tu es, dans la foule de filles qui elles, se feront remarquer. » hausse les épaules en offrant un sourire. La réalité c'est que c'est même si grave, si les yeux de mon cavalier coulissent sur d'autres peaux. J'ai déjà eu trop de regards sur la mienne, elle a été trop rongé, tu remarques pas qu'on ne voit désormais presque plus que les os ? « Quand tu ne peux pas en avoir un seul vrai, autant en avoir cent vides. » Je rigole et secoue la tête, "J'aimerais tellement que ça marche comme ça." la vérité c'est que les cents regards vides ne m'intéressent pas, ne m'importent pas. J'attrape une nouvelle robe, l'enfile, arrange un peu les contours. « Elle doit aussi te plaire, ça compte. Tourne un peu. » Tourne un peu, joue avec le voile du côté droit, laisse apparaître une jambe en souriant. C'est léger, Alexis. C'est pas normal. Tu me fais baisser ma garde. « C’est qui, le cavalier ? » Tu me fais baisser ma garde pour ta prochaine attaque. Maline. "Un ami." regarde la vénimeuse dans les yeux, avant d'ajouter ; "Pas le genre d'ami avec qui je coucherai, si ça peut te rassurer." Toi, ou la personne que tu tiens à protéger. Mes yeux tombent sur ma robe. Je suis convaincue, c'est un bon choix. Puis lentement, ils remontent sur l'amazone face à moi. Les yeux dans les siens. Puisque tu vis avec Jude, puisque tu lances les attaques, puisqu'on est plus intelligentes que faire semblant ; "Vous avez couché ensemble ?" parce que je sais que t'es une belle femme, parce que je connais Jude et je connais sa manière de noyer son chagrin. Parce que faire la conversation, on sait pas faire. On est plus intelligentes que ça, on pose les questions qui nous intéresse. Finalement, je suis ravie d'avoir croisé ton chemin.

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→ ft. @Leandra T. Carreirao  
Apprendre à combler les vides, ça devient une habitude. Remplir l’absence, simuler la présence, remplacer l’irremplaçable. Tu sais faire, j’le sais. On est autant perdue l’une que l’autre, ça s’voit dans le miroir, dans ces tenues qui cachent les failles. On a peut-être juste choisi des techniques différentes. Tu dissimules quand j’exhibes, mais l’essentiel se terre toujours dans un coin. On est seules. Entourées, mais le cœur vide. Trop plein. Qu’importe, il ne bat pas comme il le faudrait, et nos mains sont vides. Le bal aurait pu être attendu, mais les sourires arborés ne sont pas adaptés à cette joie qui s’est fanée. Dans une de ces autres vies, on aurait pu se comprendre. Peut-être même qu’on aurait pu être amies. Se conter nos malheurs, nos erreurs, et essayer de les réparer ensemble. Je faiblis, presque, quand tu tournois. Je faiblis, puisque la reine de glace s’est envolée en Asie, laissant mon feu à Boston. Que je titube sans mon éternelle alliée. Tout mon poids repose désormais sur les épaules de Jude. Et je prends toute la place, inutile d’essayer de t’y frayer un chemin. "Un ami." Je ne crois pas en tes amitiés Leandra, on m’a trop souvent conté combien la différence était faible, entre un ami, et des draps occupés. "Pas le genre d'ami avec qui je coucherai, si ça peut te rassurer." Un rictus aux lèvres, alors que les prunelles se posent sur ta silhouette dans la glace. « Tu n’as aucune idée de ce qui peut me rassurer. » Pas ça, justement. Va, choisit d’autres bras, laisse les siens libres pour une femme plus digne. Répands ton venin sur autre victime. Laisse-le respirer, reprendre des forces pour mieux reculer quand tu avances. "Vous avez couché ensemble ? " Le sourire devient plus tranchant, et l’amusement se pointe. « T’en as mis du temps. » Tu t’inquiètes avec un temps de retard, Carreirao. Le mal est fait depuis longtemps. « A ton avis ? » J’ai le secret qui me censure la langue, et la vérité n’est jamais aussi douloureuse que le doute. Distillé, injecté. « Qu’est-ce que ça changerait, de le savoir ? » Le visage se tourne, se lasse du reflet, préfère se poser sur l’original. « Tu l’as quitté après tout. » Il ne faut pas quitter l’homme, si tu veux t’assurer de le garder pour tes propres doigts. Mais, à l’inverse, je briserais les mains des femmes qui effleureraient Halgrove. Tu vois, dans une autre vie, cette amitié qu’on aurait pu avoir, ces problèmes qu’on cumule.  

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→ ft. @Alexis Callaghan 
Et tu vois la vérité c'est que j'en doutais même pas. Je n'y pensais pas. Je le lançais comme ça, sans y croire. La vérité c'est que c'est le seul angle d'attaque que j'avais pour répondre, mais tu vois, je pensais pas une seule seconde que quoi que ce soit puisse se passer entre vous. Parce que je connais Jude. Je sais qu'il met des frontières en amitié, je sais qu'il comprends très mal ce qu'il se passait entre Jasper et moi. Je sais qu'il ne ferait pas ça. Je le sais, alors c'était même pas une possibilité, dans ma tête. « Tu n’as aucune idée de ce qui peut me rassurer. » Et c'est vrai. Je sais que tu préfererais probablement me voir loin de lui, plutôt que toujours proche. Je sais que tu ne souhaite que sa protection, et je suis le virus qui s'attaque au système, qui s'infiltre sous la peau, et toi, t'es celle qui regarde ça de loin, impuissante. Il existe pas d'antivirus, Alexis. Je le sais. « T’en as mis du temps. » et là, le regard devient interrogateur. Quoi ? Comment ça ? De quoi tu parles, Alexis ? « A ton avis ? » rigole nerveusement, secoue la tête. A mon avis ? J'avais pas d'avis, avant que tu parles, que tu me donne ta réponse à cette question. « Qu’est-ce que ça changerait, de le savoir ? Tu l’as quitté après tout. » le cœur loupe un bon, attends, quoi ? Et tel un virus, tu l'a posé. La graine, celle qui sonne dans le cerveau, résonne dans les entrailles. Jude et toi ? J'y croyais pas. J'y croyais pas. Est-ce que j'y crois ? Rigole nerveusement, "Rien du tout, je faisais juste la conversation." un faux sourire plus tard, la robe qui se retire, les vêtements qui se remettent. "J'vais prendre celle-là, bon courage pour faire ton choix." parce que toi aussi, tu ne sais pas trancher. Tu ne dis pas oui, tu ne dis pas non. Regarde toi, à m'imposer le doute. Regarde moi, à tomber dans le piège. Est-ce que c'est vraiment un piège ? Tu joues de ma faiblesse, et c'est pas comme si elles sont dissimulées. Je suis un livre ouvert, avec trois côtés à attaqué. Lui, Lui, et eux. Fait attention Alexis, parce que je ne montre pas encore les crocs, mais au moment où je les sors, il sera trop tard. Tu sais ce que c'est, on jette le même venin.

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→ ft. @Leandra T. Carreirao  
Craquer l’allumette et compter les secondes, avant que tes prunelles ne prennent feu. J’suis même pas sûre d’avoir eu le temps d’entamer les chiffres. T’as trop longtemps pensé que Jude t’appartenais Leandra, qu’il devait attendre patiemment dans un coin le temps que tu te lasses de ta nouvelle compagnie. Que tu comprennes que c’était lui, le mec qu’il fallait avoir dans ta vie. Et, c’est là que mon job de meilleure amie commence. J’pourrais laisser traîner mes ongles sur sa peau, si ça pouvait aiguiser ta jalousie. Oublier quelques vêtements, exiger sa présence quand tu la réclames. Le secret est gardé, mais j’en souffle les contours, pour que tu devines le reste. Que ça te bouffe un peu, que t’imagines, exagères, comme t’as pu foutre le bordel dans ses pensées à lui. C’est que le début. Dis-toi que j’vis avec lui désormais, pour quelques semaines. J’ai aucun problème à donner les coups qu’il osera pas t’infliger.  "Rien du tout, je faisais juste la conversation." Les lèvres se pincent, alors qu’un fin sourire amusé se pointe. « Bien évidemment. » J’te rattraperais pas, et je viendrais pas bloquer les idées qui doivent déjà s’agglutiner dans ton esprit. J’devrais, pour lui ; c’est ce qu’il aimerait. Il est trop patient avec toi, trop compréhensif quand il aurait déjà dû brûler ce livre qui est le vôtre. Alors, oui, j’devrais, mais j’suis juste capable d’ajuster un peu mieux cette robe que j’vais surement acheter, et te regarder dans la glace sortir de la cabine, vêtue de tes vêtements de ville. "J'vais prendre celle-là, bon courage pour faire ton choix." Tourne les traits, pour te regarder faire quelques pas. « Merci ! Ca m’a fait plaisir qu’on parle un peu. » Un sourire doucereux sur les lèvres acides. Tout n’est pas faux, ta compagnie n’était pas désagréable dans les premiers instants. Il est toujours rassurant de croiser des êtres aussi abîmés que soi. Alors, tiens debout, ouvre la voie de la survie.

FIN