GABRIEL CIPRIANO ► Tom Hardy

Une maman anglaise richissime qui décide d’acheter une résidence secondaire en Sardaigne. Où elle rencontre papa, artiste éperdu d’amour qu’il fallait qu’il le chante tous les soirs au bar pour les touristes de passages, ou qu’il le peigne de toutes les couleurs possibles avec ses pinceaux et ses crayons. Pif paf pouf, l’amour leur tombe dessus quand notre touriste anglaise se retrouve dans le restaurant où notre italien ténébreux est en train de gagner son pain pour manger le lendemain, le tout en jouant de la musique et en séduisant les belles demoiselles. Mais attention, en Italie on ne rigole pas avec les gonzesses. On fait les beaux, les crooners, mais on est des gentleman.

Ainsi ils y trouvèrent tous deux leur compte, Mlle devint Mme Cipriano. Et qui dit amour, dit souvent enfants. Et bien ça n’a pas manqué. Me voilà, Gabriel. En réalité, Gabriel Roberto Cipriano. Pas longtemps après moi, la merveilleuse Rose Mary Cipriano. Tout le monde a toujours cru, et tout le monde croit toujours que c’est elle l’aînée et moi le deuxième. C’est une simple question de tempérament ! Je suis un ‘british cool’ quand ma sœur est elle ‘une italienne bobo’. C’est ça qui fait la différence.
Néanmoins, pour nous, la famille c’est la base. C’est le centre, c’est du béton. Ca ne bouge pas. Et surtout, on ne touche pas…

Que reprocher à cette enfance de rêve ? Les domestiques trop présents et avec des ambitions trop ambitieuse ? Oui tien, parlons-en. Bon, je suis un gentil. Voilà c’est dit. Un gentil qui fait (faisait?) confiance à tous les domestiques de sa maison, qui les connaissait, et qui ferait n’importe quoi pour eux. Et quand j’avais environ 9 ans, il y en a une qui m’a promis la montagne d’M&M’s la plus grande du monde si je la suivais pour l’aider à rapporter des trucs chez elle. Et puis elle me disait des trucs bizarres comme quoi son prénom c’était ‘maman’. What ?
Sans comprendre et hypnotisé par l'appât du gain, j’ai dit oui à tous ses caprices et je l’ai suivi jusque chez elle. Une fois là, j’ai fini par trouver qu’il était temps de rentrer à la maison. Mais elle n’a pas voulu que cela se passe ainsi. A force de me rebeller contre elle pour rentrer, elle a été obligée d’utiliser la force pour me calmer et me tenir en place. Après je ne me souviens plus trop quoi où quand comment. Je sais juste que j’avais épuisé tout le stock d’eau de mon corps entre les larmes et la transpiration de ne jamais savoir ce qui allait me tomber dessus. Et puis j’ai cligné des yeux, j’ai vu tout blanc, tout noir, deux fois tout blanc, et enfin c’est mon papa qui me prenait dans ses bras en détachant les cordes autour de mes mains. J’ai appris plus tard que j’ai été enfermé tout une semaine. Cet événement a mis un terme à ma capacité à faire confiance à l’autre, hormis mes parents et Rose qui étaient venus en personne me sortir de cette situation improbable.

On pourrait croire facilement : « bon ils ont de l’argent, c’est facile tout va toujours bien pour eux ». Mais l’argent ne fait tellement pas le bonheur ! Ce qui fait le bonheur, c’est les relations, le contact avec les autres, les échanges. Dans ma famille c’est aussi comme ça que nous avons été élevés. Malgré l’attachement de mes parents à essayer de me ré-inculquer la confiance en l’autre, à part eux et Rose il n’y avait pas moyen que je cède et que je laisse qui que ce soit d’autre en savoir plus sur moi. Ou bien essayer de m’embarquer dans des choses à cause de l’émotion. Depuis j’analyse toujours énormément mes émotions pour m’assurer qu’aucun choix n’est fait sur la base d’un sentiment immature. Même avec du sang italien, j’ai du mal à faire des choses sur le coup de l’impulsion. Tout est très réfléchis pour ne pas me retrouver dans le pétrin. Par ailleurs, j'ai même pris depuis ce jour là des cours de box pour ne pas me retrouver accroché comme un con, en étant dépendant de la capacité des autres à intervenir pour moi.

Suite à l'événement critique de mon enfance, nous sommes partis de l’Italie pour l’Angleterre. Et depuis, pour la carrière de mon père nous avons également emménagé aux Etat-unis, côte Est, où il a pu donner des cours dans les facultés d’art de la région. De Montclaire State jusqu’à Harvard par moment.

Aujourd’hui je suis agent pour les artistes en devenir, ou déjà connus. Enfin disons plutôt que j'ai ouvert une agence. Au début j'étais seul, et maintenant je suis chef. De moi même, mais aussi des autres. C’est comme une maison d’édition pour les livres ou une maison de production pour les musiciens. Mais c’est pour les artistes qui travaillent sur une scène un peu moins populaire, du moins un peu moins connue. Et qui ont largement besoin d’aide pour pouvoir se faire un nom et une place. Ca peut aller du peintre artiste dans son garage, un peu comme un père,  au grand designer de meuble, ou architecte sans projet. J’adore ce que je fais ! Je n’ai pas le temps de m’occuper de relation compliquée concernant l’amour, ou de me retourner d’alcool tous les weekend. Quand il m’arrive d’avoir du temps, c’est moi qui prend le pinceau et qui me met à faire deux trois tentatives. Mais je vois très bien, car c’est mon travail de repérer ce genre de chose, que je n’ai pas le talent qu’a mon père, ou encore les artistes que je promeus. Je suis installé à Boston pour travailler directement avec les étudiants en devenir d’école prestigieuse qui ont besoin d'un petit dernier coup de pouce afin de lancer la carrière de rêve.