(lydox) la nuit des fées

Elle avait bien du mal à se remettre dans le bain la brune. Fallait atterrir, quitter l'accent italien, le soleil. Revenir à la grisaille, elle avait ça en horreur Maddox. Ça se voyait sur son visage non ? Son petit minois rebel arborait sa parure boudeuse. Pas d'éclats de rire aujourd'hui, juste des sourcils froncés et des soupirs à ne plus en avoir d'air dans les poumons. Vite que cette journée se termine. La voilà qui retombe dans ses études en prenant le train en marche, en rattrapant des choses, s'adaptant au mieux et enfin, en fourrant toutes ses affaires dans son sac pour partir le plus vite possible. Rentrer, se déshabiller et lézarder sur le lit. Madd en rêvait depuis le matin déjà. Ses pas qui avancent assurément vers la sortie et une blondinette qui se pointe pour l'aborder. Un tour complet et voilà que la Tenenbaum tourne le dos à son objectif pour faire face à la jeune femme. "J'peux déjà te dire que je ne suis pas intéressée" Parce qu'elle a d'autres choses en tête et avant même que tu n'ouvres la bouche, elle sait déjà qu'elle n'a pas envie de perdre plus de temps.

@Lyra Bain

Une nouvelle page se tourne et l’histoire reste à créer. Les cheveux tirés en une queue de cheval étudiante, écouteurs aux oreilles, et tenue adéquate. J’ai l’air aussi inoffensive que possible, aussi insignifiante que la grisaille ambiante. Il n’y a que cette lueur azurée là au cœur de mes prunelles, qui vient éclairer le morne, qui hurle la détresse et sans doute des choses plus lourdes. Je feins la lecture, je feins l’errance. Je dois tout simplement approcher des jeunes femmes, aux courbes graciles, aux minois magnétiques et qui s’épancheraient facilement contre quelques billets. Je vois les choses d’une certaine façon. Je veux des femmes libres à mes côtés, je veux qu’elles aient du caractère. Je veux que finalement on impose la force des femmes dans les enfers, quand bien même les hommes pensent au pouvoir. Laissons-les être la tête, nous en serons la nuque. Celle qui insuffle la direction finalement. Je viens ranger mon bouquin pour me rapprocher de la sortie des cours, mes yeux observent mais j’arbore cet air indifférent, un peu perdu. Mon regard se pose sur elle. Sur ses traits caractériels, sur des billes célestes et une chevelure de jais. J’en aime le contraste. Et qui sait ? Mes épaules se haussent à sa réplique, et je rentre un peu la tête. « Je suis désolée de te déranger, en réalité, je viens pour un échange étudiant de New-York et je cherche désespérément la bibliothèque, je suis paumée et pas très douée pour me repérer. Si tu peux m’accorder quelques minutes pour m’accompagner, ce serait vraiment super. » Le sourire contrit s’adopte, la mine de chaton égarée. Espérons que ça fonctionne, parce qu’elle est réellement dans le genre d’Alliée que j’aimerais recruter.

Et là, tu te sens conne Maddox ? Tu recommences à être cette nana sans cœur, revancharde qui s'attaque à des personnes qui n'ont rien demandé. La blonde a à peine eu le temps d'ouvrir la bouche que tu lui as déjà demandé de la boucler. Pourtant, elle a l'air si douce que ça te contrarie quand tes prunelles croisent les siennes. Tu ne vas pas t'excuser pour ton comportement, c'est ainsi que tu es désormais. Détestable, il t'arrive de l'être, mais chassez le naturel, vous connaissez la suite. La brune regarde autour. A t-elle vraiment mieux à faire ? Non, pas vraiment. Bien que l'appel du lit et des écrans était fort. Mais la mine de la blonde est redoutable, assez pour semer de l’intérêt. « Je suis désolée de te déranger, en réalité, je viens pour un échange étudiant de New-York et je cherche désespérément la bibliothèque, je suis paumée et pas très douée pour me repérer. Si tu peux m’accorder quelques minutes pour m’accompagner, ce serait vraiment super. » Un échange. C'pas comme si tu venais d'en faire un, dans un pays dont tu ne parlais pas la langue et que tu avais été dans le même cas qu'elle. Un soupir et tes traits s'adoucissent quelques secondes. « Oui, c'est d'accord » La main qui indique la direction et les pieds qui se mettent en marche. « Ce n'est pas très loin » et par conséquent, ça ne prendra pas beaucoup de temps. Madd réajuste son sac et tourne brièvement le regard vers l'inconnu. « Quel domaine d'étude ? ». Tu vois, tu sais encore t’intéresser aux autres Madd.

Il faut rester dans le rôle, vulnérable, insignifiante et chétive. Je vois que ça fonctionne. Alors, je me concentre. Je pense que ce genre d’approche sera longue mais qu’elles finiront par payer. Le tout étant de ne pas se faire griller comme un vulgaire dealer de drogues. « Merci c’est super sympa. » Mon sourire s’accentue alors qu’elle me montre la direction et amorce le pas. Je la suis, en sautillant quelque peu puis en me calant à son rythme. « C’est si sympa ici mais c’est grand. Ça l’est aussi à New-York mais je ne sais pas, c’est plus regroupé tout de même. » Ici c’est presque une ville à part entière le campus. Je laisse mes billes errer sur les bâtiments et je me fais cette réflexion, qu’en réalité j’aurais tout donné pour être ici, pour apprendre, être une fille normale, respectable, banale, mais la vie en a décidé autrement. J’allais pas attendre passivement qu’on décide de mon sort et qu’il soit misérable, ma destinée finalement, je la forge par moi-même. Et je sens une trempe similaire chez toi. « La littérature classique et moderne. Et toi ? » Disons que c’est le domaine où j’ai un minimum de connaissances pour avoir l’air crédible. « Au fait, moi c’est Mathilda. » Prénom de ma cadette, je n’expose pas le véritable. Mais c’est un mensonge sans en être un en réalité.

« Merci c’est super sympa. » Les lèvres se pincent et le corps se s'anime pour se mettre en marche. La bibliothèque. Maddox revenait d'un long voyage loin de Boston, et pourtant, il y a des chemins qui ne s'oubliaient pas. Le temps du trajet, c'était l'occasion de faire de nouvelles rencontres par ici, histoire de remplacer les personnes dont elle n'avait plus de nouvelles. C'était horrible dis comme ça, mais ça arrivait. On passait notre vie à sympathiser et puis, à oublier. À se renouveler. « C’est si sympa ici mais c’est grand. Ça l’est aussi à New-York mais je ne sais pas, c’est plus regroupé tout de même. » - "Tu t'y feras vite..." Comme tout le monde. Au début, ça surprend et après, ça devient une habitude. "Surtout que tu n'as pas besoin de tout le campus..." Seulement les zones liées à tes études, à ta potentielle confrérie. La brune continue sur sa lancée. Le temps serait long s'il n'était pas occupé. Les études ? « La littérature classique et moderne. Et toi ? » Hochement de tête approbateur, finalement, leurs filières ne sont pas si éloignées. "Histoire des Arts" Elle insiste pas, elle pose des questions, mais en offre peu en échange. La confiance se mérite aux yeux de la brune, même pour des informations superficielles. « Au fait, moi c’est Mathilda. » Comme Roald Dahl. "Maddox" Un bien curieux prénom pour une fille de pasteur. "Tu vois le bâtiment avec la petite tour ? C'est celui que tu cherches." Ni plus, ni moins.

On sent que tu ne manques pas de caractère et ce n’est pas pour me déplaire. Cela te rend plus difficilement approchable et je ne suis pas certaine que tu sois intéressée par ce que j’aurais à proposer mais peu importe. Je ne perds rien à tenter. « Sans doute oui mais c’est impressionnant au départ. » Je hausse les épaules, sourire aux lèvres. En réalité, l’être humain est capable de s’adapter à peu près à n’importe quoi et je suis le parfait témoin pour ça. On chemine toutes deux alors que je te fais part de mes études imaginaires. « Y’en a un en particulier que tu préfères ? » L’Art c’est vaste, passionnant, mais je n’en connais pas autant sur le sujet que je voudrais. « J’ai toujours admiré les personnes qui ont du talent pour ça. » Hormis l’écriture, je n’en ai pas vraiment. Tu me décris la petite tour, et je suis des yeux ce que tu indiques. « Original Maddox ! » Jamais entendu ce prénom avant ? « Merci en tout cas ! » Je tente un nouveau sourire, me mordant les lèvres, et plissant des yeux pour mieux voir la bâtisse.

« Sans doute oui mais c’est impressionnant au départ. » Les épaules qui se dressent. Je ne voyais pas les choses de la même façon. Malgré des périodes de doute intense, j'avais aujourd'hui une forte carapace. J'avais après au fil des années à me débrouiller de moi-même, sans devoir demander quoi que ce soit aux autres. C'était le meilleur moyen pour éviter les interactions qui pourraient potentiellement mal tourner. Pas le temps d'être impressionnée donc, à moins que cela ne vienne de ta candeur apparente, celle que tu m'exposes depuis qu'on s'est mise en marche. « Y’en a un en particulier que tu préfères ? » T'es loquace, curieuse quand moi j'aime cultiver une part de mystère. "La photographie, le cinéma..." Alors je reste vague, de toute façon, une fois que l'entraide sera terminée, tu oublieras aussi vite mon visage. « J’ai toujours admiré les personnes qui ont du talent pour ça. » J’acquisse d'un sourire, moi aussi, j'admire beaucoup de personnes dans le domaine. Mon grand frère pour commencer, j'ai toujours tendance à dire qu'il fait un meilleur travail photographique que le mien. On a juste deux styles différents. « Original Maddox ! » Ouais. Ça ne leur ressemble pas, à mes parents. C'pas étonnant. J'te montre le bâtiment, reconnaissable entre mille à juste quelques centaines de mètres, « Merci en tout cas ! ». Les lèvres se pincent, "pas d'quoi !". Puis, je m'arrête. "J'peux te laisser ici, ça ira ?" C'est pas que j'ai la flemme de base, mais un peu quand même.

Tu as une part de mystère, de ces facettes qu’on expose pas. L’apparence d’une fille sans histoire mais avec un certain caractère. Sans doute que des démons te rongent un peu trop malgré toi. Que tu sois prête à basculer dans les enfers, rien n’est certain et il est trop tôt pour le dire de toute façon. Tu te méfies et je ne peux rien contre ça, c’est même normal. Nous arrivons à l’endroit, alors que je tente. « Tu me montrerais ? » Sourire timide aux lèvres. C’est une réalité j’ai toujours admiré la photographie et même l’art plus en général, je n’ai pas eu la chance de recevoir une éducation solide en la matière. « Mais je ne veux pas t’embêter avec ça. » Je grimace légèrement griffonnant à la hâte sur un bout de papier mon numéro de mobile. « Je te remercie. » Et je te tends le bout de papier. « Si jamais un jour ça te dit, mais si tu n’as pas le temps, je comprendrai. » Tout le monde ne se précipite pas face à une demande d’amitié, une demande de plus. Mais peut-être que ta curiosité serait éveillée. Je ne perds rien à essayer. Pénétrant à l’intérieur de la bâtisse, je me retourne pour te faire un signe de la main . « Merci Maddox, à plus ! » Restant quelques instants à l’intérieur du hall, j’attends simplement que tu poursuives ta route pour sortir à mon tour, puisque je n’ai aucune carte officielle qui me permette réellement d’entrer.

« Tu me montrerais ? » Les épaules se dressent. "Ouais..." J'ai rien contre montrer mon travail, je ne perds jamais cette opportunité d'ailleurs. Sait-on jamais, chaque personne peut être un potentiel contact. « Mais je ne veux pas t’embêter avec ça. » - "T'en fais pas, une autre fois peut-être..." Tu as dû comprendre que aujourd'hui, je n'avais pas tellement eu envie de trainer. Je viens seulement de revenir d'Italie, ça me fait encore bizarre d'être ici. Il y a des personnes, une en particulier, que je n'ai pas envie de croiser - d'où mon empressement. Mes yeux suivent tes gestes. Tu griffonnes et me tend ton numéro sur un bout de papier, « Je te remercie. Si jamais un jour ça te dit, mais si tu n’as pas le temps, je comprendrai. » que j'attrape sans rechigner pour le fourrer dans ma poche l'instant d'après. Un hochement de tête pour ne pas avoir à parler, parce que je ne promets jamais. Il y a de grande chance pour que j'oublie le numéro d'ailleurs et que j'te recontacte quand tu ne te souviendras plus de moi. En tout cas, ma bonne action s'arrête là. J'te rends ton signe de main, pince mes lèvres à ton au revoir et tourne définitivement les talons pour rentrer chez moi.

FIN DU RP