trigger warning : catfishing, harassment, suicidal thoughts, anorexia07.08.97 | boston | noora bates.
cheveux bruns, grands yeux bleus. mains potelées qui s'accrochent aux tissus. à la peau. à la vie. le petite rire qui nait dans le jour, les pleurs qui dérangent la nuit. gamine normale. qui court et qui tombe. qui s'écorche et qui pleure. alimentation de terre et de sable. petites mains derrière le dos, balancement sur les pieds pour demander
tu veux jouer avec moi ? l'innocence, la simplicité. les fleurs arrachés sur le terrain de la voisine pour donner en cadeau à maman. les robes puis les shorts. les ciseaux dans les cheveux, toupet massacré. maladresse et plats brûlés. tu aimes le jaune, tu aimes le bleu. tu aimes le vert qui est un mélange équilibré des deux. mains vertes, peintes, collées sur les murs. les chicanes et les desserts refusés. le chien pointé du doigt,
c'est sa faute à lui. une enfance toute en banalité. //
nootnoot is now online.
[22:04:12] nootnoot: dsl gacy, je faisais mes devoirs.
[22:10:32] nootnoot: gacy ? tu boudes ?
[22:14:43] nootnoot: ????
gacy is typing...
gacy is now offline.
tu regardes l'écriture rouge. longtemps, si longtemps qu'elle se déforme sur l'écran. tu fermes les yeux et tu t'appuies sur ton meuble de travail. ton index effleure une touche du clavier au hasard, pensive. lorsque tu lèves ton regard clair, tu butes sur le petit papillon adhésif collé sur l'emplacement de la caméra. tu pivotes la tête vers la porte de ta chambre entre-ouverte, puis de nouveau vers le petit papillon coloré. tu te lèves et te rend à la porte, jette un coup d'oeil dans le couloir avant de maintenir la poignée assez longtemps dans la paume de main pour que le loquet s'enclenche sans bruit. tu perçois les nuances de la télévision à l'étage inférieur, puis t'appuies le dos sur la porte, les yeux rivés sur ton ordinateur. mordillement de lèvres, angoisse innocente. d'un pas de velours, tu reviens à l'éventuelle erreur alors que tu croises les mains sur la bordure de ta camisole pour la retirer. gacy voulait une photo. tu ne voulais pas. mais tu refusais d'être ignorée par la seule personne qui semble réellement te comprendre. tu glisses tes doigts froids entre tes omoplates pour en détacher ton soutien-gorge. lorsque celui-ci chute au sol, tu retires le papillon et tu ouvres le logiciel. //
[13:03:44] nootnoot: on s'rencontre quand ?
[13:03:58] nootnoot: ta caméra fonctionne toujours pas ?
[13:05:33] gacy: j'suis malade noora !
[13:05:38] gacy: j'vé te l'dire cmb de fois ?
[13:05:40] nootnoot: désolé ! désolé ! pas besoin de te fâcher... j'me dis qu'après un an ça serait bien que je te rencontre 4 real, pas seulement en photo.
[13:09:10] gacy: c'est juste pas l'temps
[13:10:21] nootnoot: et ça sera quand, le temps ?
[13:11:43] gacy: tu l'découvrira bien vite.
gacy is now offline //
tu t'arrêtes, à bout de souffle, sur le coin d'une rue, les mains jointes à tes genoux, penchées vers l'avant. tu attends que le bitume se replace et que ta tête cesse de tourner avant de reprendre ta course. les bonnes notes ne suffisent pas. tu dois aussi te tenir en forme. l'idée d'avoir un père entraîneur pour l'une des équipes sportives d'harvard. corps redressé, grand soupir abandonné, tu reprends le pas de course. la musique à tes tympans, le cordon qui frappe contre ton coeur, tu ne te rends pas compte qu'une personne peut apparaître à la jonction du bâtiment. alors tu percutes un homme, possiblement le double de ton âge. il te retient de justesse et tu t'empresses de retirer un écouteur pour te confondre en excuse. l'homme te scrutes et tu lui donnes raison de le faire. tu aurais tendance à dévisager quelqu'un dans la même situation. dans un au-revoir gestuel tu reprends la route, avec l'étrange sentiment que les yeux de l'inconnu glisse encore sur ta nuque. sans t'en rendre compte, tu accélères le rythme. peut-être par honte. ou par l'étrange sentiment angoissant qui te tiendra éveillé la nuit suivante. //
tu lèves les yeux au commentaire de ton père. il était déçu que tu ne t'amourachais pas d'un garçon qu'il entraînait. tu avales un cube de pomme de terre lorsque la sonnette retentit. maman, déjà au comptoir pour se servir une deuxième coupe de vin se rend à la porte. coup d'oeil dans le judas et elle déverrouille le tout pour laisser le vent jouer dans ses bouclettes brunes. son attention se lance au loin, mais elle ne voit personne. seulement une enveloppe aux teintes jaunes abandonnée sur le tapis. elle se penche, analyse l'écriture et referme la porte en s'assurant de remettre le loquet. elle s'approche vers toi et dépose l'enveloppe matelassée sur la table.
c'est pour toi. tu hausses un sourcil et prend l'objet que tu déchires d'une extrémité. tu jettes un coup d'oeil à l'intérieur avant de verser le contenu sur la table. pages de journaux déchirés, jointes à ça des fractions de photographie te mettant en oeuvre avec ta copine. ou même ton petit ami, complètement calciné. l'objet le plus lourd percute la table. un porte-clé offert par ton père que tu croyais avoir égaré. tu sens la pression descendre dans ton corps. tu as juste le temps de te redresser pour vomir dans l'évier. //
tes mains poussent la porte derrière les policiers et tu poses ton front sur la surface refroidie par le temps extérieur. l'accumulation de tes angoisses et de tes cauchemars n'étaient pas assez tangibles pour que les autorités fassent quoi que ce soit.
mais ils allaient y jeter un coup d'oeil. ils n'avaient pas vérifié la fenêtre de ta chambre forcée. ils n'avaient pas prit l'enveloppe. ni les lettres. ton corps se tend et tu sursautes lorsque tu perçois le fracas d'un verre sur le plancher. tu te tournes vers le son et t'approches du salon. maman se tient debout. papa plonge son visage dans le creux de sa main. des photos de toi, compromettante sur l'écran de son ordinateur. les larmes se jettent à tes joues. coulent t’inondent. elles sont douloureuses, poignantes. tu entrouvres les lèvres. impossible de jeter le moindre mot, le moindre son. mais la voix de ton père gronde. soudainement inconscient de ton mal. déception hallucinogène. à ce jour, il pense que tu cherches l'attention. parce qu'il ne peut pas faire autrement. la noirceur, que la noirceur soudaine. lui qui ne veut plus rien voir de ses deux yeux. tu ne t'approches pas. tu t'enfermes. tu t'enfermes et tu ne ressortiras plus jamais de toi-même depuis ce jour.
gacy is now online
[17:20:07] gacy: UR JUST A BITCH NOOR
[17:20:12] gacy: fckng get a life
[17:20:20] nootnoot: gacy ??
[17:20:22] gacy: fcking sl** !!!
[17:20:33] nootnoot: qu'est-ce que j'ai fait ??? gacy ??
[17:20:51] gacy: i wish you didn't miss ur shot.
[17:21:01] nootnoot: ARRÊTE !!
gacy is now offline
tu hoquettes, un poids lourd sur la poitrine. ton chandail se froisse entre tes doigts serrés alors que tu le tires vers ton visage pour l'essuyer. tu fermes l'écran de ton ordinateur et les jambes molles tu te redresses pour t'approcher de ton lit. tu y prends appuie avant de te glisser vers le sol. tu n'es plus capable de te contrôler. tu ne sais pas vers qui te tourner. peut-être que ton rendez-vous hebdomadaire chez le psychologue te décrochera de tout ça. tu sais que les regards vont se tourner vers toi, car tu n'auras pas prit la peine de nettoyer ton maquillage cascadant sous tes yeux. parce que tu as manqué le rendez-vous de la semaine précédente et que ta silhouette ne cesse de s'amincir de jour en jour. ils te regarderont parce qu'ils te comprendront sans te forcer. ils te laisseront une chance comme personne d'autre ne l'a fait. tu sais qu'ils t'écouteront sans te juger, si tu sépares tes lèvres. mais tu laisses le loquet à ta voix. et tu ris à la sortie une fois la rencontre terminée. l'une te propose de t'héberger. l'autre te propose de te raccompagner. tu préfères être seule avec tes démons. lorsqu'une silhouette se met à te suivre. et le regret s'empare de tes larmes qui se remettent à couler. peur au ventre. //
[21:54:22] nootnoot: hjälp mig...
[21:56:43] sixten: ge mig lite tid. sois patiente.
[22:01:31] nootnoot: j'tiens plus six.
[22:03:53] sixten: les papiers sont bientôt terminés.
[22:04:18] sixten: bara en vecka.
[22:06:17] nootnoot: p-e que j'serai d'ja morte. for real.
ton menton reste logé dans le creux de ta main. tu ne sens plus ton coude, engourdi sur le meuble. tes yeux sont rivés sur la boite ouverte au sol. une lettre aux menaces morbides et une panoplie de petits os appartenant sûrement à un animal. tu bouges la jambe dans un rythme constant. l'acide te remonte dans l'oesophage. t'as plus rien à vomir. t'as rien manger de la journée. tes yeux longes le pseudonyme de gacy. tu ne l'as pas vu en ligne depuis des semaines. dans un sens, c'est pas plus mal que ça. tu te pousses avec ta chaise d'ordinateur vers ton lit où repose un sac a moitié rempli. ou a moitié vide ? officiellement, tu amenais beaucoup trop de choses pour une petite virée en forêt avec des copains. mais même si une fraction de ta vie s'est envolé de ton âme, t'as encore un soupçon d'intelligence. celui qui te dit qu't'allais jamais revenir. peu importe ce que ça voulait dire. peu importe ce que ça implique. tu enfonces ton dictionnaire suédois entre deux chandails et referme la fermeture éclaire. tu allais garder les yeux ouverts jusqu'à l'envolée d'oiseau du matin. jusqu'à ce que tu quittes cette maison, sans jamais y jeter un regard d'aurevoir. [en cours]