DARCY OSBORN ► sonia ben ammar

I. contrairement aux idées reçues, il n'y a rien de glorieux dans la naissance d'un enfant. c'est une bataille, la première de la guerre d'une vie, et darcy a bien commencé la sienne, hurlant déjà une rage de vivre, faisant face à son premier abandon. ennemi original à son navire, sa mère disparait après la naissance de sa fille, la laissant à la garde de sa grand-mère, l'unique figure parentale que la brune n'ait jamais connue. quant à son père, personne n'a jamais su qui il pouvait bien être, et ça lui est bien égal, comme à tout le monde. ici, seul compte ce que tu es, ce que tu te bats pour être. II. née à boston, darcy connaît son quartier comme sa poche, à la fois son terrain de jeu et l'extension de l'appartement exigu qu'elle habite avec sa grand-mère depuis toujours. elle est la fille de la bande, véritable petite soeur de ceux que tout le monde regardaient de loin, bénéficiant d'une protection que personne n'auraient osé remettre en cause. voyous, mauvaise graines, bons à rien, les murmures sont nombreux, fondés sur des préjudices qui ne valent rien. tous savaient pertinemment ce que le monde extérieur à la cité disait d'eux. ils préféraient en rire, profitant de la famille qu'ils formaient, certains crachant bien souvent sur la richesse, le pouvoir et plus que tout, une autorité qu'on leur imposait. III. la précarité, c'était son quotidien jusqu'à il y a peu, survivant grâce aux petits boulots qu'elle enchaine depuis qu'elle est en âge de le faire, même plus tôt que ça à coup de fausse carte d'identité qu'on lui fabriquait. c'était parfois très difficile mais avant de se battre pour elle, elle le faisait pour sa grand-mère, la seule famille du sang qu'elle ne connaisse et reconnaisse. IV. c'est cette dernière qui a tout de suite vu le talent brut dans le regard de lune de darcy, cette intelligence qu'elle ne devait pas abandonner, cette étincelle qu'elle a tenté de préserver jusqu'au bout, encourageant sa petit-fille à poursuivre ses études bien plus loin que la majorité des gosses du quartier, malgré leur situation. c'est aussi cette dernière qui l'a aidée dans les démarches de demandes de bourses, sa demande d'admission à harvard, tout ce qu'elle pouvait obtenir pour financer des études qui lui étaient bien trop inaccessibles. V. quelques mois après son entrée en  maitrise de sociologie à harvard, darcy est démarchée dans la rue par un représentant d'une agence de cosmétique de luxe qui l'invite à prendre contact. la proposition semble réelle, lui laissant miroiter un poste chez eux, pour un peu qu'elle accepte de prêter son visage à leur marque. la somme proposée est plus que la brune ne peu appréhender. l'appel est trop tentant, l'hésitation n'oppose que peu de résistance aux opportunités qui se profilent. darcy accepte. aujourd'hui, cela fait plus de deux ans qu'elle travaille pour eux, se forgeant malgré elle une réputation dans le milieu, son salaire auquel elle n'ose que peu toucher la sortant définitivement des difficultés financières dans lesquelles elle baignait. plus que tout, lui permet de payer les soins de sa grand-mère, gravement malade depuis plusieurs mois. VI. monte sa propre association à but non lucratif à sa sortie d'harvard. destinée aux jeunes des quartiers défavorisés de boston, afin de leur permettre un soutien éducatif, psychologique et dans différentes démarches administratives, elle revient s'installer là où tout a commencé. l'idée est de les pousser en dehors de la délinquance qui hante les rues. elle garde son métier de mannequin à coté, celui-ci lui ayant permis de financer les projets que les donations aux début timides ne permettaient pas de couvrir. et, qu'elle se l'avoue ou non, parce que ce métier, elle a apprit à l'aimer.