« Tu te fous de moi ? »
« Non, je t'assure, il a débarqué comme ça, avec sa valise et nous a fait : " J'ai quitté ma femme, je suis désolé de vous avoir abandonnées." Et directement, ma mère s'est jetée dans ses bras. J'ai cru que j'allais vomir.»
Jules qui la regardait avec de gros yeux éclata de rire. Athénais avait tendance à tourner à l'humour les situations qu'elle jugeait dramatiques. Elle ne pouvait pas s'en empêcher.
« Et.. Tu lui as parlé depuis qu'il est rentré ? Jveux dire, directement quoi. »
« Nan j'étais trop occupée à faire cramer les peluches qu'il m'a ramené. Je crois qu'il a oublié que techniquement, quand tu pars pendant plus de dix ans, les enfants grandissent. »
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« Athénais ? Athé, ma chérie, viens dire bonjour à tout le monde ! »
Qu'est-ce que c'était fatiguant toutes ces réunions remplies de la soit disant famille alors qu'elle ne connaissait pas le quart des personnes présentes. A croire que les Westfield avaient leur arbre généalogique épinglé au frigo pour se rappeler de bien inviter tout le monde. Ces gros dîners avec toute la populace avaient lieu tous les six mois environ. C'était assez rare, mais c'était tellement chiant que ça compensait largement.
La jolie brune s'avança d'un pas décidé vers la dame. Sa robe en tulle blanc volait à chacun de ses pas, lui donnant un petit air féérique qui était accentué par les compensées blanches à lacets qui montaient jusqu'à ses genoux. Elle afficha un sourire radieux, fit la bise à sa "tante" et répondit avec un peu trop d'enthousiasme à ses questions sur ses études. Quand sa mère et la dame s'éloignèrent, la jeune fille se permit un soupir. Elle avait l'habitude de jouer la petite fille de riches parfaite mais la salle entièrement fermée, la foule de personnes dans son salon, le bruit et ce devoir d'être comme il faut devant tout le monde l'étouffaient de plus en plus.
« Tu n’as pas besoin de te forcer pour être parfaite, tu sais. »
Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Cette voix… Cette voix elle la connaissait mieux qu’aucune autre. Cela lui faisait la même chose à chaque fois qu’elle l’entendait : le pouls qui s’accélère et des papillons dans le ventre.
« Jules ! Bon sang où étais-tu ? J’ai passé la moitié de la soirée à dire bonjour à des vieux… »
Son meilleur ami dévoila un large sourire et la prit dans ses bras. C’était si bon de se sentir protégée, ainsi, entourée de ces grands bras musclés… Et puis cette odeur qui l’enivrait et lui faisait perdre la tête à chaque fois… Comme un mélange de menthe et cannelle…
Non. Stop. Ne pas fantasmer sur l’odeur ou les bras de Jules. Surtout ne pas faire ça..
Il prit sa main et l’entraina vers la porte qui menait au jardin à l’arrière de la maison. Une grosse dame se pointa devant eux si vite qu’ils manquèrent de la percuter.
« Oh ! Mais ce ne serait pas le petit Jules ? Bonjouuuur ! Et elle, c’est ta petite amie ? »
Athé commençait à s'énerver. Depuis toute petite, ses parents la faisaient participer à ces dîners mondains plus barbants les uns que les autres. Heureusement, Jules, qui vivait les même tortures depuis la naissance était toujours là pour mettre un peu d'ambiance dans ces tristes vies. Ces deux là se connaissaient depuis le bac à sable. C'était la grande histoire d'amour entre eux à cette époque. Ils s'étaient même mariés avec des bagues en plastique une fois. Au fil du temps, c'est devenu comme une blague...
Comme toujours, Jules fit preuve de politesse et de tolérance. Comme toujours, il maitrisait la situation à merveille alors qu'Athé, elle, était en train de s'imaginer en train de pousser la grosse dame dans une benne et de la jeter du haut d'une falaise.
« Non Tante Jane, voici Athénais, c’est une très bonne amie. Mais elle est tellement à croquer que je comprends tout à fait que vous l’ayez prise pour ma petite amie. »
Il adressa un clin d’œil à Athé qui se détendit un peu et se força à offrir un sourire à la vieille vache qui leur barrait la route. Nate s’excusa auprès de cette énième tante et lui expliqua qu’ils étaient pressés puis entraina la brunette à l’extérieur.
« J'ai un cadeau pour toi, princesse ! De quoi passer une bonne soirée nous aussi. »
Le garçon sortit de derrière un buisson une bouteille de whisky qui, vu la bouteille, devait couter un bon petit pactole. Son premier verre de scotch, c'était lui qui lui avait servis. A sa première cuvée, c'était également lui qui lui tenait les cheveux en arrière à vrai dire... Ah ! Que de souvenirs !
Harvard... Grands bâtiments, une foule de jeunes adultes, de cris, des pleurs, des pom-pom-girls... Qu'est-ce qui l'avait attiré ici déjà ? Ah oui.. Jules, ses parents, la renommée de l'université... Pourtant Athé était tout de même là, plantée au milieu de la cour, sans savoir réellement que faire. Elle avait cette envie de partir en courant pour se cacher qui la rongeait de l'intérieur. Elle se redressa, dévoila le plus beau sourire qu'elle pouvait offrir et avança droit devant elle. La foule de première années suivaient une jeune fille qui leur faisait visiter le campus. Autant les suivre, comme ça elle éviterait de se perdre...
Et puis là, au fur et à mesure qu'elle avançait, la blondinette prenait confiance. Elle commençait à aprécier les courbes des bâtiments, les saluts des élèves, les commentaires des professeurs... Non je déconne ! Le moment où elle s'est vraiment sentie chez elle, c'est cette fête surprise que Jules lui avait organisé juste derrière l'université. C'était tellement un truc de malade que... en fait elle ne se souvient que du début de la soirée. Vous imaginez bien l'état dans lequel elle était donc !