Rebecca Marlène Jones > Yvonne Strahovski

Sous le grand arbre des amoureux dans le parc d'Harvard s'est assit une jeune femme. Une jolie jeune femme dont les longs cheveux blonds s'envolent au gré du vent frais qui souffle sur la célèbre université. De son doux regard bleu elle admire les lieux autour d'elle, les élèves qui papotent, vont en cours ou se pressent de rentrer pour échapper à l'orage qui menace d'éclater. Un doux sourire apparut sur les lèvres de la délicate jeune femme qui se plongea dans ses souvenirs.

Le Massachusetts ne ressemblait vraiment pas à la Pennsylvanie ni même à New York mais c'était quand même une belle région. Marlène aimait bien cette région même si parfois, Erie lui manquait. Ils avaient été tellement heureux là bas. C'est là bas qu'elle était née. Rebecca Marlène Jones, née un magnifique jour de mai, le 8 pour être précise, de l'année 1985. Et oui ça lui faisait donc vingt-sept ans. Il s'en passe des choses en vingt-sept ans. Elle avait vécu de belles années là bas avec ses parents. Et d'autant plus que cinq ans plus tard est née la plus belle chose qui soit pour Rebecca. : Sa petite soeur, Andréa. Quand elle avait appris que sa maman était enceinte la petite fille avait sauté de joie mais ce fut lorsque Andy fut née que Marlène comprit qu'elle ne laisserait jamais personne faire du mal a ce tout petit être endormi au creux de ses bras. Elle avait aimé Andréa dès le premier instant. Et c'était resté. Les premières années a Erie furent les plus belles pour la famille. Puis ils déménagèrent à New York. L'amitié, et la complicité des deux soeurs grandirent en même temps qu'elles. Plus elles grandissaient et plus elles étaient proches. Bien sûr il y avait quelques petites disputes comme entre chaque soeurs mais elles finissaient toujours par se réconcilier et elles s'adoraient. Dès que quelqu'un faisait du mal à Andy, Rebecca rappliquait illico et lui collait une sacré raclée et si c'était l'inverse, alors c'était Andy qui fichait un coup de pied bien senti. Elles étaient comme ça les Sister. Fusionnelles.


Marlène soupira en secouant doucement la tête. Les années avaient passées, si vite. Elles avaient grandies si vite chacune ensembles, si liées. Marlène se leva, épousseta ses vêtements, prit son sac et marcha quelques pas tout en retournant dans ses pensées.

- Becca ? Qu'est ce que tu fais ? fit une petite voix malicieuse. Rebecca sourit et répondit à sa soeur sans lever le nez de son croquis. - Je dessine petite fée, répondit sa soeur en esquissant un mouvement ample. Andy grimpa sur le lit de sa soeur et vint contre elle pour regarder. L'adolescente passa un bras sur son épaule, serra sa petite fée contre elle et lui raconta ses projets de maison. - Un jour, je me construirais une maison comme celle la. Tu pourras venir habiter avec moi si tu veux ! proposa Rebecca. Les yeux d'Andy s'agrandirent de joie. - C'est vrai ? Han t'es la meilleure grande soeur au monde Becca !!


La meilleure grande soeur au monde ... ouai mais la meilleure grande soeur au monde n'avait pas pu empêcher ce qui était arrivé. N'aurait jamais pu l'empêcher ... Le cancer de leur mère. Marlène baissa la tête et affronta le vent froid et les gros nuages noirs qui s’amoncelaient dans le ciel. Le cancer de leur mère ... Personne n'avait pu le prévoir, ni même le guérir. Et pourtant Dieu sait si elle c'était battue. Elle s'était acharnée, pour son mari, pour ses filles. Mais on gagne rarement contre une maladie aussi terrible. Et la matriarche Jones avait perdu. Lorsque Becca avait apprit ça, elle avait foncé chercher sa soeur à la fac puis elles s'étaient rendues à l'hôpital. Marlène secoua la tête pour se sortir cette image de la tête mais trop tard ...

Elle la revoyait sur son lit. Si maigre et si pâle. Aussi fragile et éthérée qu'un esprit égaré. Ses beaux yeux bleus qu'elle avait légué à ses filles étaient fermés pour l'éternité et ses lèvres si pâles ne souriraient plus jamais. Plus jamais la chaleur ne remplirait ses beaux yeux d'ange. Elle était partie. Définitivement partie. Rebecca sentit une boule se former dans sa gorge l'empêchant de respirer convenablement et des larmes affluèrent à ses yeux. Pourtant quand elle vit sa soeur et son père s'effondrer, elle ravala le tout et se contenta de les serrer fort. Très fort. Ce fut elle qui organisa l'enterrement de sa mère. Elle qui aida sa famille à survivre les semaines qui suivies. Elle qui soutint sa soeur et son père dans cet effort. Et chaque soir quand tout le monde s'était endormis profondément, quand tout était propre et rangé alors elle descendait, se rendait dans le jardins et se laissait aller aux larmes, et elle pleurait, elle pleurait si fort, si longtemps. Elle laissait échapper toute sa peine, son chagrin, sa douleur. Elle laissait tout ça s'échapper et au matin elle était de nouveau souriante et en forme, prête à tout affronter pour sa famille. Pour sa soeur. Sa tendre petite soeur qu'elle aimait tant.


Marlène soupira et salua le gardien à l'entrée de l'université. Elle réfléchissait aux cadeaux d'anniversaires de ses nièces. A ses nièces ... imprévues, surprenantes, trop craquantes.

Rebecca soupira et secoua la tête en regardant son devoir. Non ça n'allait pas, quelque chose clochait. Elle n'y arrivait pas ... Soudain son portable sonna. Elle décrocha sans regarder qui appelait. - Allô ? fit elle en regardant son bouquin. - Becca ? Becca il faut .. il faut que tu vienne ... s'il ... s'il te plaît ... hoqueta une voix que l'étudiante en architecture aurait reconnue entre mille. Aussitôt elle décrocha de son devoir et fut en alerte. - Andy ? Qu'est ce qui se passe ma petite fée ? paniqua t-elle. -Je suis ... en ... en ... enceinte ... Rebecca mit trente secondes a comprendre. Quand elle répondit à sa soeur elle était déjà au milieu des escaliers. - Tu es à la fac ? Ne bouge pas j'arrive ! ordonna t-elle d'une voix ferme. Moins d'une demi heure plus tard elle y était. Andréa et elle parlèrent un long moment avant de décider qu'il fallait qu'Andy en parle au père du bébé. Ce qu'elle fit. Il l'accepta ... dans un premier temps. Puis il paniqua et abandonna Andy juste avant son accouchement. Jamais Rebecca n'avait eu autant envie de tuer quelqu'un. Elle l'aurait déchiqueté si elle n'aurait pas dû aller en prison en suivant.

Taisant sa haine, la jeune femme était restée aux côtés de sa soeur, la soutenant autant qu'elle le pouvait. Et quand les jumelles naquirent, elle proposa de devenir leur responsable pour soulager sa soeur. Elle avait vingt-cinq ans, un boulot et était dans les premières de sa promo autant dire qu'elle serait mieux prise au sérieux que sa petite soeur de vingt ans à peine. Mais c'était Andy leur maman ça resterait ainsi. Rebecca devint seulement leur responsable sur les papiers importants.


Marlène sourit en se rappelant la suite avec Andy, Hope et Scarlett. Un vrai combat. Mais elles avaient finis par bien s'en sortir La pluie se mit à tomber et Marlène accéléra le pas. Elle avait hâte de rentrer chez elle, retrouver sa soeur chérie, ses nièces adorées et surtout sa fille. Sa fille ... Aelina ...

- Bien pour ce devoir vous vous placerez par groupe de deux je vous prie, lança le professeur d'architecture ancienne. Rebecca soupira et laissa les autres bouger. Quelqu'un s'assit face à elle. Un jeune homme aux cheveux noirs un peu en bataille et aux yeux gris pétillants. Il lui sourit. - Salut je m'appelle Caliban mais tu peux m'appeler Cal et je suis officiellement ton binôme ! déclara t-il malicieux. - Voyez-vous ça ... rétorqua Rebecca un brin amusée et un sourcil arqué. - Tout à fait ! Alors je peux savoir ton prénom ? Ca me serait utile ... reprit Cal sûr de lui et espiègle. - Reb ... Marlène. Je m'appelle Marlène. Ou Linie au choix. répondit la jeune femme après un temps d'hésitation. - Très beau prénom, il te va a ravir. Et maintenant j'ai le droit d'avoir ton numéro de téléphone ? attaqua de nouveau Cal. Marlène le regarda interloquée puis éclata d'un rire chaud et musical. - Tu es toujours aussi direct ? demanda t-elle après quelques secondes de fou rire. - Avec une fille qui me plaît ? Carrément ! répondit Cal. Marlène rit de nouveau.

Le visage de Marlène se ferma radicalement alors que la pluie se mettait à tomber drue. Cal ... ils s'étaient aimés tous les deux ... un amour si fort, si pur qu'ils n'avaient attendus que six mois pour se fiancer. Cal ne cessait de répéter que Marlène était la femme de sa vie et que son amour pour elle finirait par le tuer. Ca faisait toujours rire Marlène mais aussi les parents de Cal. Avec lui, Linie découvrit un nouveau monde, une nouvelle famille qui les accueillis, elle mais aussi Andy Hope et Scarlett, à bras ouverts. La vie était douce, elle était belle. Mais vous la connaissez, quand elle donne elle peut reprendre. Et elle reprit ...

- Pourquoi n'accepte tu pas seulement le fait que j'ai raison ? lança Marlène en souriant. Cal grimaça. - Parce que j'ai horreur d'avoir tord ? proposa t-il en faisant rire sa fiancée. - Ta mère me donnera raison je suis sûre ! le taquina t-elle. - Ma mère te donne TOUJOURS raison Linie, elle te vénère ! rétorqua son fiancé avec une moue amusée. - Moi aussi je l'aime beaucoup ... fit elle doucement. - Et moi tu m'aime ? demanda Cal avec un espoir feint faisant rire de nouveau Marlène qui posa sa main dans sa nuque et la caressa doucement. - Oui je t'aime ... - Tant mieux parce que moi je t'aime à la fol ... - CAL ATTENTION ! hurla Marlène en le coupant. Un camion arrivait droit sur eux et ne s'arrêterait sûrement pas au stop. Cal braqua à fond mais ce ne fut pas suffisant, le camion leur rentra violemment dedans.

Marlène essuya une larme sur sa joue. Ce jour là, Cal s'était jeté sur elle pour la protéger et avait prit le plus gros de l'impact. Il ne s'en n'était pas sorti au contraire de Marlène. Quelques jours après elle découvrait qu'elle était enceinte ...


Ce fut un coup très dur mais Andy fut présente de même que les parents de Cal, Anita et Richard. Sans eux ... Cal avait laissé un joli héritage a sa fiancée et ses parents aidaient comme ils pouvaient les filles avec leurs bébés. Marlène apprit à revivre. A re-goûter à la vie. A ses plaisirs. Aujourd'hui elle allait mieux même si elle n'était jamais retombée amoureuse. Elle continuait ses études d'architecture et avait été prise comme apprentie dans une grosse boîte qui comptait l’embaucher à plein temps quand elle aurait eu son doctorat. Les deux soeurs qui étaient nées dans une famille pauvre ou du moins très modeste, n'étaient pas devenues milliardaires mais aujourd'hui elles s'en sortaient plutôt bien et c'était une bonne chose. Leurs filles grandissaient ensembles. Elle avait sa petite soeur avec elle. Elles étaient heureuses. C'était le principal. Pour elle. Mais Andy elle n'était pas heureuse.

Deux ans s'étaient écoulés après l'accouchement d'Andy et cette dernière n'avait pas reprit "vie". Elle survivait. La mort de leur mère puis le départ de son petit ami l'avaient anéantie. Alors Marlène avait prit la décision de partir. Elle les avaient inscrites à Harvard et elles avaient emménagés la rentrée suivante dans un bel appartement où elles vivaient toutes les cinq grâce à l'argent que Cal leur avait laissé. Leur père était resté à New-York mais les jeunes femmes se débrouillaient pour les petites, se relayant à leurs côtés sans pour autant oublier de vivre. Et puis les parents de Cal vivaient ici. Ils les aidaient comme ils le pouvaient. Cela fait 3-4 mois que les filles sont dans le Massachusetts maintenant. Elles se sont plutôt bien intégrées, elles sont de nouveau heureuses.

Marlène arriva enfin à l'appartement. Posant sac et manteau elle fit quelques pas dans l'entrée. - Je suis rentrée ! appela t-elle. Et quatre cris de joie lui répondirent, achevant de la convaincre que tout allait bien.

To be continued ...