Le Brésil, un beau pays chaud de l’Amérique du Sud. Pour les voyageurs, vacanciers, riches, c’est peut-être le paradis. Il y a les belles plages de sable blanc et la mer turquoise qui s’étend à perte de vue. Cependant, pour ses habitants, c’est bien différents. Je suis le 12 septembre 1993, dans la ville de Rio Branco, capitale de l’état d’Acre, donc plus au nord du pays. Ce n’est donc pas très touristique. Mes parents m’ont prénommés Tamara Milayni da Silva. J’étais la septième de ma famille et loin d’être la dernière. Bien que notre famille soit pauvre, c’est une valeur très importante dans notre pays. On doit donc tous faire des sacrifices pour son prochain. Nous habitions une maison, enfin si de la tôle et quelques bouts de bois peuvent être considérés comme une maison, dans un bidonville. Peut de gens fréquent ici les écoles. J’avais donc un avenir peu prometteur. Je finirais comme ma mère, c’est-à-dire à avoir des enfants et passer mes journées à faire à manger, quand nous réussissons à avoir de la nourriture, et laver des choses. Ici, c’est bien mieux de n’être du sexe masculin, pour pouvoir travailler et rapporter de l’argent. Les hommes avaient tous des emplois physiques, qui demandent souvent beaucoup d’efforts sous la chaleur du soleil du Brésil, donc que les femmes ne peuvent effectuer. J’avais un an alors que mon père eu un accident au travail. Il est mort en tombant d’un édifice à dix étages, n’ayant bien sûr pas d’harnais pour le retenir. Ma mère se retrouvait donc sans source de revenue, seule, avec ses huit enfants à présent. Elle n’eut d’autre choix que d’en abandonner quelques uns. Ou plutôt d’en «vendre» à un orphelinat. Comme ça, elle se retrouvait avec un peu plus d’argent, et moins d’enfants à s’occuper. Elle y laissa les quatre plus jeunes, donc je m’y retrouvai. Là-bas, on était nourri au minimum. On n’avait rien en surplus et on ne grossissait pas. Il n’y avait pas d’école, pas d’activités, on restait tous dans nos chambres jusqu’à ce qu’une famille d’ailleurs vienne nous adopter. Toutefois, les enfants ici n’avaient rien d’attrayant. Ne recevant d’amour de personne, ne mangeant que très peu donc ayant la peau sur les os, nous faisions peine à voir. Je passai là-bas trois ans de ma vie, que je ne me souviens que très peu. Parfois aujourd’hui, j’ai des images de ça, des cauchemars, mais je crois que ce n’est que des inventions que ma tête me fait, j’étais beaucoup trop jeune. J’aimerais bien retrouver le reste de ma famille, savoir où sont rendus les trois autres frères ou sœurs qui se sont fais adoptés comme moi et bien sûr ma mère. Je ne lui en veux pas. La vie n’est pas pareil pour tous, elle n’est pas aussi clémente avec certain. Heureusement pour moi, même si Dieu n’en avait pas décidé tout de suite comme ça, mon enfance allait changer radicalement, vers le mieux, lorsque je me fis adopter à l’âge de quatre ans. Monsieur et Madame Swarovski étaient tous les deux venus jusqu’au Brésil pour adopter un nouvel enfant. Ils avaient déjà une petite fille, Candice, qui était alors âgé de trois ans. Le père était à présent stérile donc ils ne pouvaient avoir d’autres enfants et étrangement, ils craquèrent pour moi. Bien sûr, je ne parlais pas l’anglais, mais plutôt le portugais comme tout le monde ici. J’ai d’ailleurs toujours gardé une base dans cette langue, mais parlant dorénavant couramment l’anglais comme si c’était ma langue maternelle. J’avais à présent de l’amour de deux parents, ainsi que d’une petite sœur. Cependant, je ne savais pas déjà que j’étais tombée dans une famille riche, possédant la très populaire bijouterie de diamants du même nom, Swarovski. J’avais carrément passé d’un extrême à l’autre, vivre quasiment dans la rue au Brésil, à une famille aisée à New York, au États-Unis. Bien sûr, ce fut un gros choc physique. Je commençai à manger pour la première fois de ma vie comme je le voulais, ou au moins comme j’en avais besoin. Je bougeais plus, m’amusant et riant même. J’eus donc une enfance des plus parfaites suite à ce gros bouleversement. Bien sûr, mon père adoptif n’était pas des plus présents dû à son travail, mais dès qu’il était présent, il s’occupait de moi comme de sa propre fille. Mes parents n’ont jamais essayé de me cacher que j’avais été adopté. Enfin, c’est certain que j’étais loin de leur ressembler. Bien que j’aie perdu un peu de mes couleurs dû au froid de New York, je restais une très grande brune, loin du blond familial. Ma mère m’a toujours parlé de mon pays d’origine et ils avaient réussi à avoir, enfin payer pour, à l’orphelinat, quelques trucs de ma famille biologique. Donc le soir, en m’endormant, au lieu de me lire un conte de fée qui ne m’avancerait en rien puisqu’aucune histoire ne ressemble à ça dans la vraie vie, elle me parlait du Brésil, de ma famille, des gens là-bas. Quand j’eus l’âge de comprendre, elle m’expliqua au complet mon histoire, d’où je venais et tout. J’aurais voulu partir là-bas pour retrouver ma famille, j’étais une jeune adolescente, dans le début de sa rébellion, mais j’étais tellement ici dans ma famille adoptive et j’adorais tout simplement ma sœur. Nous n’avions qu’un an de différence, j’étais la plus vieille. On avait grandi ensemble, ayant les mêmes choses, mais nous étions tellement différentes. Candy est plus douce et moi plus… électrique. J’aime mener, décider, leader. Ce caractère se forgea de plus en plus durant mon adolescence. Le temps passe si rapidement et voici déjà le temps de s’inscrire à l’université. Il y a deux ans, je dus faire un choix. Je ne voulais pas quitter ma famille, mon nid donc je choisis une université proche, soit Yale. C’était bien sûr une université très prestigieuse, reconnue et qui demandait de bon fond, mais avec ma famille, je n’avais pas de problème, je pouvais aller où je le désirais. Je m’inscris donc en Langues, plus précisément le portugais. J’ai toujours eu une passion pour mon histoire, mon passé et je voulais vraiment travailler là-dedans, en ne perdant pas mes origines, même si j’avais à présent une famille géniale. De toute façon, je n’étais pas l’héritière première de l’Empire Swarovski, mais plutôt ma sœur Candice, puisqu’elle était leur fille biologique, donc je ne devais pas étudier en comptabilité, administration ou un truc du genre. Je choisis également une mineure en sport, puisque j’ai toujours été une vraie sportive dans l’âme. Tous les sports, je les ai joués. Peut-être qu’à première vue, j’ai plutôt l’air d’une gosse de riche qui ne fera rien pour suer ou se casser un ongle, mas je reste quand même classe, pourtant les plus beaux vêtements. Donc, cela fait à présent un an et demi que je suis à Yale. J’habitais toujours chez mes parents, à New York bien sûr, n’ayant pas nécessairement envie de quitter cette facilité d’avoir toujours des repas de fait, mes vêtements lavés et tout. Malheureusement, ma petite sœur a quitter tant qu’à elle le nid familial pour aller à Harvard. Nous ne nous sommes toutefois pas perdues de vue. Je vais souvent à Cambridge les week-ends pour la voir et passer du temps avec elle. Mais ça, c’était avant qu’on reçoive un appel à la maison, nous annonçant que ma petite sœur était dans le coma. Une bombe avait explosé à l’université Harvard et Candice avait été une victime. Bien sûr, moi et mes parents partirent rapidement à l’hôpital où elle était. Ma petite sœur resta dans le coma deux semaines et pendant tout ce temps, je restai près d’elle, ou presque. Je continuais à présent mes cours par distance, pour ne pas m’éloigner d’elle, je ne voulais pas la laisser. Puis, après un temps énorme, et beaucoup de stress, elle se réveilla. Vous ne pouvez vous imaginer le bonheur que j’ai ressenti en arrivant un jour à l’hôpital, la découvrant réveillé depuis quelques temps, avec d’autres personnes. Ma sœur elle est tout pour moi et même si nous n’avons pas le même sang, nous sommes liées par le cœur. Mes parents sont repartis à New York lorsque celle-ci allait mieux, ayant du boulot à faire. Tant qu’à moi, j’hésitai à rester. J’avais eu très peur de perdre ma petite Candice en effet, et je voulais rester près d’elle. Son moral ainsi que son physique n’allait pas très bien, donc je ne voulais pas qu’elle sombre encore plus, restant seule. Je demandai donc à être changé d’université. Yale était une très bonne école, reconnue, donc le transfère se fit très facilement. Les programmes se ressemblaient tout de même, et avec un peu d’argent de mon père, je pus arriver au début d’une session. Je commence donc aujourd’hui une nouvelle vie, dans une nouvelle vie, mais j’y rejoins à présent ma sœur, donc je ne suis pas elle. Je suis là pour elle et en même temps, ça me permet de découvrir plein de nouvelles choses ici, ayant beaucoup de liberté. Dans le fond, ça me fait plaisir de rejoindre Candice, une bonne raison pour commencer à vivre de par moi-même.