J'ai toujours voulu être unique. Manque de bol pour moi, j'ai hérité d'une jumelle à la naissance. Tout à donc commencer le jour de notre naissance, le 1er octobre 1990 à Londres. Je suis née la première, quelques minutes avant Apple. Dans notre famille, il y avait déjà Kenny, qui a trois ans de plus que nous. Au début, tout allait bien. On était un peu la petite famille anglaise parfaite. Notre mère était la propriétaire et rédactrice en chef de Vogue, le magazine de mode, et notre père était le proprio du Universal Musique. Autant dire que niveau fric, on était très loin d'être dans le besoin. Tant mieux, je dois dire que j'apprécie l'argent et les facilités que ça procure. Heureusement pour moi, Apple et moi n'étions pas des jumelles identique. J'en étais ravie, je voulais être moi, Charlie Kovalevski, et pas seulement une des jumelles Kovalevski. Je ne sais pas d'où ça vient, mais j'ai toujours eu un très fort besoin d'avoir une identité à moi. Peut-être était-ce parce que j'avais, déjà à cette époque, l'impression que mes parents préféraient Apple. Enfin bon, reprenons.
Après notre enfance à Londres, nous avons déménagé à New York quand j'avais 15 ans. Je pense que c'est à ce moment-là que le côté Miss-Parfaite d'Apple a vraiment commencé à me taper sur le système. C'est vrai aussi que c'est à cette époque que nos différences de caractère se sont vraiment faites sentir, beaucoup plus que lorsqu'on était jeune. Nous étions toutes les deux populaires, mais dans un style totalement différent. Elle jouait à la fille parfaite, croyante et qui faisait le bonheur de nos parents. Moi j'étais la biatch à la limite de la délinquance. J'ai commencé à fumer et à boire beaucoup, parce que ça me vidait l'esprit, et que je trouvais que fumer me donner un certain style. Et puis, ça me plaisait de ne pas être comme Apple, de ne pas prendre exemple sur elle comme mes parents me le répéter à longueur de temps. Ca me tuait aussi de voir que mes amis appréciaient Apple et l'admiraient presque, alors que les siens me regardaient comme si j'étais folle à lier. Oui, elle était plus populaire que moi, même si tout le monde savait qui j'étais. Et ça me tuait. Non seulement c'était elle la préférée de nos parents, mais en plus elle était la fille la plus admirée du lycée. Mais je pense que le moment qui a brisé définitivement notre relation, c'était l'affaire Sullivan. J'en étais tombée raide dingue amoureuse. A mes yeux, il était parfait. A pars une chose peut-être. Lui n'avait d'yeux que pour Apple. Je crois que quelque chose s'est brisé en moi après ça. Avant, j'étais juste jalouse d'Apple, mais avec ça, j'étais en colère contre elle, contre le monde entier, et contre moi aussi. Parce que les autres ne voyaient pas que la fille parfaite qu'elle leur montrait n'était qu'une façade, que cette personne n'existait pas vraiment. En colère contre moi parce que je ne serai jamais aussi belle qu'elle, jamais aussi populaire. J'avais beau être née avant elle, je me rendais compte que je passerais toujours après, que je serais, des deux sœurs, celle qui étaient la moins bien.
Cette réalisation a entrainé beaucoup de choses en même temps. J'ai commencé à faire la fête, encore plus qu'avant. C'est là aussi que j'ai séduit mes premiers garçons. Pour me prouver que j'étais désirable, pour montrer que sans Apple, le monde faisait attention à moi. Et j'ai arrêté de manger. Pour, enfin, faire mieux qu'elle sur un point. Je serai la plus mince, et donc la plus belle. Mes parents se sont rendus compte que quelque chose clocher et peu de temps après, le diagnostique est tombé. Anorexie Mental. Et un aller simple pour Londres, chez mes grands-parents, là où je ne ferai pas honte à la famille. Le seul qui n'avait pas honte de moi, qui a voulu me soutenir et être là pour moi, c'est Kenny. Pour ça, je lui en serais à jamais reconnaissante, même si on est pas toujours d'accord sur tout. Par contre, ma colère contre Apple s'en trouva décuplée. Si mes parents m'envoyaient à Londres, c'était parce qu'ils avaient auprès d'eux leur Miss Parfaite, celle qui faisait toujours tout juste et qui les rendaient si fière. Quand j'y pensais, je ne pouvais rien avaler pendant plusieurs jours. Même si au final, je me plaisais pas trop mal à Londres. Mes grands-parents me chouchoutaient, ils me laissaient tout passer dans l'espoir que je redevienne leur gentille petite-fille. Ce que je n'avais jamais été et que je ne serais jamais, mais bon, j'avoue que j'en profitais au maximum. Et quand ils essayaient de me garder à la maison pour m'imposer un certain contrôle, sur ordre de mes parents, je m'arrangeais pour sortir par la fenêtre. Kenny me manquait, mais j'étais bien contente de ne plus voir Apple et nos parents. Penser à eux me donner envie de vomir, ce que je faisais la plupart du temps. Je les trouvais lâche de m'abandonner ainsi, et je leur en voulais de ne pas respecter la personne que j'étais. Je n'avais du coup qu'une envie, m'affirmer encore plus.
Je suis retournée vivre avec eux quand Kenny est entré à Harvard. Toute la famille avait déménagé à Cambridge pour être plus proche de lui. Pourquoi pas, après tout, il était encore le seul que j'avais envie de voir. Autant dire que j'étais très peu à la maison. Je trainais des heures dehors en sortant des cours, pour ne pas retrouver cette maison où je savais être considérée comme une déception. J'avais réussi à contrôler mon anorexie, même si j'avais toujours une relation compliquée avec la nourriture. Et puis, j'avais découvert les drogues. Enfin, surtout le shit au début. Mais ça me vidait la tête, et j'adorais ça en soirée. Je me sentais plus libre car je ne fréquentais absolument pas les mêmes personnes qu'Apple. Ils ne me comparaient donc pas à elle et donc il n'y avait pas de compétition. En parlant de compétition, c'est aussi à cette époque que j'ai passé les tests d'entrée pour Harvard. Apple aussi d'ailleurs, même si maintenant je m'étais décidé à faire comme si elle n'existait pas, du moins, tant qu'elle ne venait pas me casser les pieds. On a été admises, toutes les deux. Je me souviens encore de la joie de nos parents à l'idée d'avoir leur deux filles chez les Cabots. Ils ont vite déchanté quand j'ai rejoint la Mather House. Tout ce qu'ils détestaient et en même temps tout ce que j'aimais. Mais j'avais muri, et tant pis s'ils n'acceptaient pas. C'était ma vie, et je la vivrai à ma façon. De toute façon, ils avaient déjà Apple dans le modèle Cabot parfaite, autant varier les plaisirs.
A Harvard, je me suis rapidement intégrée. Faut dire que j'avais pas peur des shoots, que je fumais mes clopes et pas seulement, et que je n'hésitais pas à aller vers les autres. Je me comportais comme une biatch, mais j'adorais ça. Je n'ai pas non plus négligeais mes études de graphiste. Parce que j'adore ça, du coup c'était plus facile. Je sais que Kenny désapprouve totalement mon style de vie, et je connais son opinion sur la Mather House, mais tant pis. Je suis qui je suis et le plus tôt il l'acceptera, le mieux ça se passera entre nous. Quand à Apple, je suis sa vie de loin, sans m'y intéresser. Enfin, quand Elia et Roxanna m'essaient pas de nous faire faire la paix. Mais bon, généralement ça se finit assez mal et j'espère qu'elles vont laisser tomber, même si je trouve ça touchant qu'elles essaient. Mais ses derniers temps, j'hésite à tenter un vrai rapprochement avec ma soeur. Il faut dire qu'elle en a pris pleins la tête ses temps, et que ça m'adoucie par rapport à elle. Je ne suis plus la seule dans cette famille à souffrir. En plus, elle semble se détacher de son image de jeune femme parfaite, et elle a même renoncé à la présidence des Cabots. Ok, elle est partie chez les Eliots, mais au moins elle ne joue plus ce rôle. Avec l'arrivée de Coraleen, je me suis aussi rendue compte que je ne voulais pas ne pas faire partie de la vie de ma nièce. Et pour être dans la vie de la petite, il fallait que je sois dans la vie de ma soeur. J'ai aussi eu une violente envie de tabasser ce type qui a fait circuler ses photos. J'ai beau lui crier dessus plus souvent que je lui parle, mais Apple reste ma soeur et je ne supporte pas que quelqu'un lui fasse du mal comme ça, gratuitement. Et puis, elle était mère de famille maintenant, c'était des choses qui ne se faisait simplement pas. Même moi, la biatch de service qui n'hésite pas à faire plonger les gens que je n'aime pas, je ne m'abaisserai pas à ça. Je sais, c'est un peu louche comme réaction, mais bon, comme quoi tout change. Enfin, j'ai eu tellement peur pour elle et Kenny quand la bombe a explosé, ça remet pas mal de choses en questions. Et puis, au pire, on se criera dessus, rien de neuf là dedans.