Quelques semaines avaient passés depuis ce fameux attentat qui nous avait tous profondément marqué. Certaines personnes plus que d’autres, c’est certain. Je me sentais un peu chanceuse dans tout ça, j’étais saine et sauve avec une légère blessure et je n’avais perdu aucun de mes proches. Et franchement cela me rassurait, quitte à paraître égoïste mais après tout dans ce genre de tragédie tout le monde l’est un peu. Enfin je n’en oubliais pas moins mes amis. J’avais pris des nouvelles d’à peu près tout le monde, histoire de me rassurer mais il y avait encore une personne pour qui je m’inquiétais. J’avais beau être en froid avec Andy, je m’étais inquiétée pour lui au point de lui envoyer un message d’excuses pensant que j’allais mourir. Hélas il n’a pas pu lire ce message d’adieu, enfin c’est ce que je pense vu la mauvaise position dans laquelle il se trouve depuis des jours. J’avais eu le courage de le voir de temps en temps à l’hôpital, pour parfois lui parler dans son sommeil sans grande conviction qu’il se réveille mais bon ça fait passer le temps et puis j’en ai besoin. Son amitié me manque même si je ne laisse pas transparaître cela. Cela dit en apprenant son réveil, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller le voir quelques jours après cette merveilleuse nouvelle. Je voulais quand même qu’il profite de ses premières heures avec ses amis et ne pas trop le déranger. Loin de moi l’envie de vouloir l’importuner surtout s’il n’a pas envie de me voir. C’est donc armée d’une boîte de chocolats que je suis venue lui rendre visite en ce jour, avec une petite boule au ventre, avouons le. Toquant à la porte, j’apparaissais un peu intimidée." Je peux entrer ? " autant restée prudente et être polie en lui demandant si ma présence le gênait ou pas.

Combien de temps j'allais encore rester à l'hôpital ? Je n'en avais pas la moindre idée, mais je n'en pouvais déjà plus, c'était insupportable. Passer toutes mes nuits seul dans cette chambre trop vide, trop blanche, trop silencieuse et trop petite, bouffer de la nourriture infecte, boire dans un verre en plastique, misérer pour me lever ne serait-ce que pour aller pisser... Ce n'était pas moi tout ça, je supportais pas qu'un abruti kamikaze m'ait enlevé ça, qu'il m'ait enlevé Stanislav aussi. Combien de temps il me faudrait pour faire mon deuil ? Je savais pas non plus. En tout cas j'allais rester un moment dans ce fichu hôpital, ils craignaient que j'ai des séquelles qui ne se soient pas encore manifestées mais surtout, ils avaient peur que je refasse une dépression. Je fixais la télévision sans trop l'écouter, regardant les images défiler les unes après les autres sans vraiment y porter attention, puis je vis du mouvement à l'entrée. Je vis alors... Nevada, et la première expression qui se lut sur mon visage fut sans doute la surprise. J'avais bien reçu son sms, mais je n'avais pas eu le temps d'y répondre. Je pinçai les lèvres et acquiesçai d'un signe de la tête pour qu'elle entre. Ca faisait depuis le mois de septembre que nous n'avions pas véritablement parlé elle et moi, les quelques rares fois où elle avait essayé d'engager la conversation je l'avais envoyée bouler et aujourd'hui je ne savais plus où nous en étions après son sms d'excuses et mon coma. J'avais beau être rancunier, entre son sms d'excuses, le fait que j'ai frôlé la mort, et sa présence dans ma chambre, ça ne me donnait pas envie de l'envoyer sur les roses. Je m'attendais pas à te voir... Enfin si, mais non. Ok c'était pas très explicite. Mais à bien y réfléchir, c'était pas si étonnant qu'elle soit là, vu son sms... Je baissai légèrement les yeux en me mordillant la langue, ne sachant pas vraiment quoi lui dire.

Je dois dire que j'étais quelque peu gênée par la situation et cela pour plusieurs raisons. D'abord je me sentais mal d'être en bonne santé comparé à Andy encore dans son lit d'hôpital, même s'il semblait aller mieux, contrairement à lui, la bombe ne m'avait pas trop affectée physiquement parlant. J'avais été chanceuse pour une fois ce qui n'était pas le cas de mon ami. Enfin je sais même pas si on peut encore décrire notre relation ainsi vu le peu de paroles que nous avons échangés. Je comprends bien qu'il m'en veuille pour ce que j'ai pu faire mais l'amitié est une valeur tellement importante pour moi. Qui plus est j'ai encore de l'espoir quant à une possible réconciliation même si avec cette tête de mule qu'est Andy, ça ne risque pas d'être facile enfin bon qui ne tente rien n'a rien après tout. J'avais pris des nouvelles de tout mes proches il ne restait plus qu'Andy qui m'accueilli malgré tout nos différents actuels. J'étais surprise de son accord mais à la fois heureuse, le léger sourire qui se dessinait sur mon visage en était la preuve. Je m’avançai de quelques pas, laissant quand même une distance entre lui et moi, je me doutai qu'il devait être sur la réserve." Je m'attendais pas à te voir... Enfin si, mais non. " A ses dires, il devait être tout aussi mal à l'aise que moi concernant ces "retrouvailles". Je passai ma main dans mes cheveux, dissimulant comme je le pouvais ma peur de l'affronter." J'ai eu vent de ton réveil mais je voulais voir par moi même. Et j'avoue que tu as meilleure mine qu'avant. " C'est certain il est plus agréable de le voir en vie que dans le coma parce qu'une conversation à deux c'est toujours mieux et puis il méritait vraiment pas de passer la reste de sa vie plongée dans un long sommeil. Jouer à la belle au bois dormant, ça ne lui va pas très bien." Ca fait quoi de se sentir à nouveau vivant ? " J'avoue éviter le sujet épineux en commençant par prendre de ses nouvelles comme si tout allait bien entre nous. C'est la moindre des politesses tout de même.

L'atmosphère autour de nous étaient vraiment bizarre. Bon en même temps le lieu n'aide pas vraiment à se sentir bien. Les hôpitaux c'est loin d'être mon truc, j'aime pas trop voir la souffrance dans les yeux des gens. Je suis beaucoup trop sensibles quant à ce genre de choses, c'en est parfois pathétique mais hélas je ne peux renier ce qui est dans ma nature. Qui plus est, je n'étais pas la personne la mieux placée pour rendre visite à Andy car je pense que je ne fais plus trop parti de ses amis, à mon plus grand regret. D'ailleurs j'évitais soigneusement le sujet qui fâche et me concentrait plus sur ce qu'il ressentait par rapport à ces derniers jours. Je me sentais déjà un peu mieux en voyant qu'il me répondait. Il parlait comme si rien ne s'était passé entre nous. Franchement je pense pas que je pourrais y arriver moi, j'aime pas vivre dans le mensonge, ou dans le déni. Néanmoins, je restai attentive à ses paroles, c'est comme si je n'avais pas entendu sa voix depuis une éternité, enfin c'était presque le cas à vrai dire." Et bien déjà on peut dire que physiquement, je vais quand même mieux que toi. Enfin je suppose. " Je remerciai Dieu pour ne pas mettre retrouver dans un lit d'hôpital ou pire à la morgue, après cet attentat. A croire que j'avais une bonne étoile au dessus de la tête. " Hum sinon on fait aller, on essaye tous de se reconstruire une vie normale du mieux qu'on peut et avec ce qu'il nous reste. " Cette catastrophe avait affecté tout le monde et on voyait bien le nuage noir de tristesse et de désespoir qui s'était installé au dessus de nos têtes. Je pense qu'on a encore besoin de temps pour qu'il se dissipe totalement." Je suis désolé pour ce qu'il t'es arrivé ce jour là. Je suis heureuse que tu ais été assez fort pour rester parmi nous. Ca aurait fait un vide. " Je m'étais toujours évertué à être honnête envers les gens et je le prouvais encore aujourd'hui.