HANNE VON HOLSTEIN ► scarlett leithold

son enfance n’a rien d’insolite, rien d’inhabituelle pour son statut, rien de grandiose. hanne, elle n’a jamais du faire face à aucune difficulté, faire preuve d’aucune excessive bravoure. née dans un cocon d’or et de soie, elle n’a toujours eu conscience que du monde qui l’entourait, plein d’opulence, de complaisance, d’une dévotion à son égard jugée naturelle par l’enfant qui grandissait. mais toute facilité a un prix. le sien fut l’absence de présence parentale, l’absence d’une famille qui a souvent été près d’elle que principalement lors de reception et évènement officiel. peu importe le statut, peu importe la richesse, n’importe quel enfant en souffrira toujours. et la petite blonde n’a pas fait exception, multipliant pourtant les actes remarquables dans le but d’attirer ne serait-ce qu’une petite attention à son égard. et ce geste a finit par s’ancrer. cette peur de la solitude et de l’indifférence également, réveillant régulièrement en elle une incertitude, telle une vague violente s’écrasant contre les rochers de son coeur. sa famille, la jolie danoise se l’est donc construite auprès d’aksel et tobias, deux garçons issus du même milieu qu'elle, voire bien plus. hanne développa vite pour eux une affection indéchiffrable, qu'il serait bien trop réducteur d’appeler de l’amitié. ils étaient à la fois les frères qu’elle n’avait jamais eu et ses meilleurs amis. et tellement plus encore qu’elle ne pourrait le concevoir. avec eux, elle grandit et s’épanouit. jusqu’à l’adolescence, durant laquelle les regards évoluent, les désirs également, le ton au coeur du trio changeant radicalement. c’est à cette époque qu’elle se met en couple avec aksel, dans une continuité semblant naturelle, là où tout le monde les attendait. il était son seul, son tout, l’hésitation et la fièvre des premières fois. le maitre des clés de son coeur et de son corps, son refuge et sa seule certitude. qui parfois elle-même vacillait, lorsque les courbes d'autres le frôlaient d’un peu trop près, lorsqu’elles riaient à ses mots, surjouant souvent. alors hanne en venait une fois encore à douter d’elle-même et de sa capacité à le garder auprès d’elle. et ça la rongeait. c’est pour cette raison qu’elle la suivit à harvard, convainquant tobias de les accompagner, n’étant encore pas prête à se séparer des deux hommes de sa vie. les années qui suivent se déroulent sans accro, dans une continuité fluide de son adolescence. à boston, elle s’installe avec aksel, se maintenant dans les meilleurs de sa promotion de droit, et si la routine s’installe au fil des années, avec des hauts et des bas, la solidité de leur couple semble perdurer. jusqu’à ce fameux après-midi où elle a tout gâcher, voyant sordidement ses peurs les plus primaires se réaliser et sa chute se précipiter. hanne trompe son petit ami avec tobias, devant les yeux d’aksel, rentré plus tôt de son voyage. et à partir de là, tout dégringole. sa vision de brouille, son esprit bourdonne un effroi libéré alors que ses prunelles horrifiées se verrouillent avec les siennes. alors hanne panique, coure à sa poursuite, s’évertue de le retenir, bégaiement incompréhensible d’excuses illégitimes. elle ne sait pas quoi dire pour sa défense, elle n’en a aucune. mais elle essaie, de tout son être. vainement. elle se souvient du reste avec lenteur, alors que ses genoux se dérobe sous elle, son dos glissant contre la porte nouvellement claquée, ses longs doigts manucurés maintenant les derniers sanglots presque criant entre ses lèvres. qu’avait-t-elle fait…? c’est tobias qui la relève pourtant, ignorant que chaque contact de sa peau contre la sienne lui ramène la réalité hurlante de son erreur. hanne retrouve la force de respecter les volontés d’aksel, et quite l’appartement, ne laissant derrière elle que les derniers effluves de son parfum et son piano, au coeur du salon. les semaines qui ont suivies ne sont qu’une cascade d’horreurs. la vidéo de ses ébats se retrouve sur veritas, roxane la congédie de la pforzheimer, achevant de briser au mille morceaux cette image à laquelle elle tenait tant. hanne vit une boucle cauchemardesque de laquelle elle ne sort plus, parvenant tout juste à préserver en public une dignité presque exemplaire. mais le frigo de son nouvel appartement reste vide, comme les signes de vie d’aksel. elle aimerait tant lui parler, ne serait-ce que le voir, malgré ses croyances, ses soupçons. elle se moquerait presque qu’il soit l’auteur de sa déchéance. elle se moquerait presque qu’il soit celui à l’origine de cette vidéo. tant qu’il lui revenait…