@Aksel De Danemark FEB, FRI, 08:30 Une fois, pas deux. C'est ce que tu t'es dis lorsque les lampes vives que tenaient les policiers sont venues brûler tes pupilles. Une fois, pas deux. Une fois, ce plan foireux avait fonctionné, Tomy était tombé nez à nez avec toi chez lui, et vous aviez réussi à discuter. Pas deux. Pas aujourd'hui. Tu n'as pas eu le temps de t'abandonner à ton petit exercice d'intrusion chez lui que, déjà, un voisin ou un passant avant du appeler la police, te voyant encapuchonnée dans le couloir. Sur le coup, lorsque t'as réalisé que leurs lampes se portaient sur toi, t'as juste eu envie de pleurer, et c'est surement que tu as fais. Mais tu ne t'en souviens plus car, prise d'adrénaline, les dernières heures t'ont semblé être seulement quelques secondes. Tu venais d'être arrêtée par la police, menottée comme une malpropre, toi, Katalia Borgia. Ce n'est pas possible, ce n'est juste pas possible. Et pourtant, le banc froid et dur sur lequel tu es assise dans la cellule de garde à vue te le rappelle avec fermeté. Malgré les minutes qui passent, tu n'arrives pas à oublier l'odeur qui monte dans tes narines et qui te prend au cœur à chaque fois que tu prends une inspiration un peu trop vive. Tu te sens minable, tu te sens sale. Et tu réalises que tu as été trop loin, beaucoup trop loin. La nuit passée au poste a été la nuit la plus difficile de ta vie, remettant tes nuits d'addiction aux médicaments au rang de récréation. Tu n'as pas fermé l’œil de la nuit, tu t'es juste contentée de surveiller ce qu'il se passait autour de toi, secouée de spasmes et de sanglots, les jambes repliées dans tes avant bras. Il avait été hors de question de fermer ne serait-ce qu'une paupière et ainsi de t'abandonner au bon vouloir de cette nana encore complètement stone à quelque mètres de toi. Parfois, elle ouvre la bouche pour hurler sur les policiers, et parfois, elle se contente de s'endormir, éprise de quelques frissons. Bon sang, mais qu'est ce qu'il t'es encore passé par la tête, Katalia ? C'est la question que tu te poses et qui tourne en boucle encore encore et encore dans ta tête, et ce depuis plusieurs heures. Tu n'en peux plus, tu dois sortir d'ici. Tu réalises que tu es en infraction et que tu es désormais à la merci de la loi. Tu laisses éclater un nouveau sanglot, alors que tu es étonnée d'être encore capable de sortir des larmes, n'ayant pas bu une seule goutte d'eau depuis des heures. C'est le petit matin, tu le remarques à la faible lueur paresseuse du soleil venant s'inviter dans la pièce. D'épais barreau te séparent d'un bureau, derrière lequel se tient un policier qui a le nez plongé dans ses dossiers papiers. Tes paupières commencent à être lourdes, mais tu dois tenir Katalia. Hors de question de perdre le contrôle de toi même dans un endroit pareil. Tu dois rester vive, et forte, et arrêter de pleurer. Le policier se décide enfin à relever le nez pour regarder sa montre et c'est à cet instant que le téléphone sonne. La sonnerie vient briser le silence sans remords et te fait même sursauter de son entrain. Tu restes scotchée aux lèvres du policier, tentant de décrypter ce qu'il était entrain de rire, en vain. Il finit par raccrocher et porter son regard sur toi. Katalia Borgia, le juge accepte votre libération sous caution. Vous pouvez passer un appel pour demander à quelqu'un de venir vous chercher. Si ton visage ne devait pas être déjà altéré par tes cernes, il aurait surement été sublimé par la joie qui vient remplir tes traits. Tu sautes sur tes deux pieds et attends qu'il ouvre la porte pour lui suivre docilement jusqu'au combiné vers lequel il t’amène. Tu as le droit de demander un numéro de téléphone, puis composes rapidement celui de ton ami. Aksel. Tu sais qu'il va venir, tu sais qu'il va t'aider, tu sais qu'il ne va pas te juger. Du moins, tu l'espères. Il sait déjà tellement de choses sur toi, et ça ne l'a jamais poussé à t'abandonner... Tu lui fais confiance. Lorsqu'il décroche enfin, tu n'as pas beaucoup de temps pour lui expliquer la situation, alors tu le fais rapidement et tu raccroches avec un sourire parce qu'il vient de te dire qu'il arrive. Retour en cellule jusqu'à son arrivée. Tu retrouves la honte et le désarroi que tu avais laissé là quelques minutes auparavant sur ce banc froid.
(Katalia Borgia)