Don't leave me ♥ Viki

L'attentat à la bombe avait été une rude épreuve pour tous les étudiants de Harvard. Mais pour Read, qui pourtant désertait les bancs de l'école, cela avait aussi était difficile psychologiquement parlant. Nombre de ses amis avaient été blessés, et parmi eux, Nevada, et son épouse. Viktoria avait une jambe paralysée, ayant été cruellement touchée... De quoi l'handicaper pour un certain temps. Les médecins ne sauraient dire pour l'instant si elle pourrait danser de nouveau un jour ce qui avait fait planer l'inquiétude chez les Priest. Read s'était souvent rendu à l'hôpital lorsque Viki était hospitalisée, tous les jours à vrai dire, et il avait passé des heures en sa compagnie. Dieu soit loué, elle était sauve... Ce qui n'était pas le cas de tous les étudiants. Read n'en pouvait plus de supporter la tristesse et le malheur engendré par la mort de proches. C'était juste un point qui le tuait, à petit feu. Un mois que ce tragique attentat avait eu lieu et Read ne pouvait pas oublier toute la douleur qui en avait émané. A certains moments, il s'était même demandé pourquoi il n'avait pas été à l'Université ce jour-là et pourquoi il n'y était pas décédé ? Mais lorsqu'il voyait Viktoria lui sourire, il comprenait qu'il avait tout faux. Il devait être là pour elle. Les sentiments qu'il ressentait pour elle n' étaient juste pas négociables. Son cœur revivait après le décès de Mary... Un lueur au bout du tunnel.

Voilà quelques jours que Viktoria était sortie de l'hôpital et qu'ils avaient repris leur train-train quotidien. A cela près qu'ils étaient proches, très proches, et de plus en plus proches chaque jour. Un vrai couple né d'une fausse union.

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Partie ? Viki était partie ? Read lisait le message qu'elle lui avait laissé avec effroi alors qu'il venait de voir qu'elle avait pris sa valise et vidé une partie de son placard. La demoiselle avait pris le juste nécessaire et était partie... Bagages en main. Elle l'avait quitté. Oh bon sang. Il crut en faire une attaque cardiaque alors qu'il cessa de respirer un instant, se prenant la tête entre les mains. Sur la table du salon, les papiers du divorce signés de la main de l'Ukrainienne, et une petite lettre où elle lui expliquait ses regrets et ses craintes, nombreuses. Que pouvait-il faire ? Il ne comprenait pas, mais il paniquait, il ne voulait pas que Viki s'en aille. Il n'avait aucune piste pour la rejoindre, aucune. Il ne la retrouverait jamais si elle s'en allait. Et alors, comment ferait-il pour vivre sans elle ? Comment ? Après plusieurs échecs en tentant de la joindre, lui laissant plein de messages vocaux sur son répondeur, il s'était rendu à l'évidence. Réfléchir. Rapidement. Les larmes lui coulaient, alors qu'il prit son téléphone afin d'appeler Nevada. Elle pourrait l'aider. Elle saurait le conseiller... Et qui sait ? Bien qu'elle n'aimait aucunement Viktoria, elle saurait peut-être des informations?

Une fois raccroché, ses mains tremblaient. Vite, une décision. Vite. Il allait la rattraper. Sortant en toute hâte de l'appartement, prenant à peine le temps d'enfiler une veste et de fermer la porte, il courut héler un taxi. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard ! Il ne savait pas où elle était allée exactement, ni comment, mais si elle comptait rentrer en Ukraine, la case « aéroport » était obligée. Bien qu'il ne sache ni quel vol, ni quand, ni comment...

L'attentat à la bombe avait affecté tout le monde. Plusieurs personnes étaient mortes, d'autres étaient blessées. Heureusement Read ne se trouvait pas sur le campus à ce moment là, ce qui m'avait beaucoup rassurée. Je ne me trouvais pas dans un lieu ayant été beaucoup touché mais j'avais quand même eu des éclats de verre dans la jambe et avec la puissance du choc, elle avait été sacrément amochée. J'avais rapidement été prise en charge par les secours, ils avaient réussi à sauver ma jambe mais elle n'en était pas sortie indemne non plus. On m'avait appris à l'hôpital qu'elle devait rester immobilisée pendant quelques temps et que je ne pourrais pas recommencer à danser avant un moment. Ce fût le coup de grâce. Danser c'était ma passion, ma vie. Et avec une jambe immobilisée je ne pourrais même plus bosser en tant que serveuse, ce qui nous ferait un revenu en moins. Décidément je ne suis pas à la hauteur des espérances de Read, lui qui avait mis tellement d'espoir en moi et voilà que je gachais tout comme toujours. Neva avait raison, je n'avais fait que du mal à mon pseudo mari. Je n'aurais jamais du accepté le mariage, ça lui cause que des problèmes. Tout est de ma faute, c'est certain. Pendant que je séjournais à l'hôpital, Read était passé me voir une fois ou deux et la conversation n'était pas au rendez-vous. L'appel que j'avais passé avant l'explosion m'avait laissée en suspens. Je pense que j'allais lui dire les fameux trois mots mais ça a coupé avant que je n'ai eu le temps de le dire. Je ne sais pas si je lui aurai dit, peut être mais de toute manière, on ne saura jamais. Cela faisait quelques jours que je réfléchissais à l'avenir que je pouvais avoir ici auprès de Read et je ne voyais que des points négatifs. C'est pourquoi, le lendemain de mon retour à "la maison", j'ai pris une décision importante : retourner à Kiev en Ukraine. Je voyais bien que ma présence ici avec lui, lui apportait plus de malheurs qu'autre chose et ma blessure à la jambe n'a fait que confirmé mes pensées. Je ne pouvais décemment pas m'être attaché à lui, tout devait être carré et là rien n'allait plus; Mon destin de prostitué m'attendait et on ne fuit pas sa destinée. C'est pourquoi j'ai rempli les papiers du divorce,écrit un petit mot concis pour Read, le tout accompagné de mon alliance. J'ai tout laissé en évidence dans l'appartement puis je suis partie avec ma maigre valise en direction de l'aéroport. J'avais assez d'économies pour me payer le taxi et un aller pour Kiev. C'est le coeur serré et les joues humides que je quitte notre appartement qui n'est d'ailleurs plus le mien désormais. Après quelques minutes de taxi, je me trouvais enfin devant l'aéroport. J'avais l'impression de me retrouver un an en arrière alors que j'arrivais pleine d'espoir et d'insouciance. J'attendais dans le hall que l'heure de mon vol arrive. Mes bagages étaient enregistrés, tout était prêt. Il ne me restait plus qu'à attendre en priant pour que Read ne voit le mot qu'une fois que je serais dans l'avion. Je ne voulais pas avoir à lui dire au revoir ou même à lui expliquer le pourquoi du comment. C'était déjà assez dur comme ça, pas la peine d'en rajouter. Les minutes semblaient être des heures et je fus soulagée quand enfin j'entendis "Les passagers du vol 456 à destination de Kiev sont demandés Hall 5. Les passagers [...]" Ca y est, c'était le moment de quitter les USA. Je redoutais le passage du contrôle des papiers mais de toute manière, j'avais un visa ukrainien, donc tout devrait bien se passer. Pourvu que Read ne débarque pas maintenant, s'il vous plait !

Il n'avait que très peu de temps, d'après les dires de Neva', pour arriver à l'aéroport. Si bien que lorsque le taxi fut bloqué dans quelques petits embouteillages dus à une déviation, il en sua toute l'eau de son corps. Il était prêt à terminer le chemin à pied s'il le fallait... A courir jusqu'à ce que son cœur en lâche. Au bout de plusieurs minutes, la rue fut libérée et les divers véhicules purent poursuivre leur route... Mais les aiguilles de la montre du jeune homme semblaient avoir accéléré leur mouvement. Il n'avait rien sur lui, il était juste paniqué et paya en tendant n'importe quel billet, se fichant s'il avait donné assez ou trop au chauffeur, avant de foncer et de traverser les diverses portes du terminal des vols internationaux. Il se hâta de trouver la bonne porte, regardant les écrans avec des yeux égarés. C'était un homme plein de sang-froid, habituellement, le genre de secouriste à garder tous ses sens, à ne pas sombrer dans trop d'émotion, quel que soit son patient. Mais là, il s'agissait de la femme de sa vie, de ce nouvel amour... Comme si Mary, en partant, avait veillé à ce que quelqu'un prenne la relève... Read le savait à présent : il était amoureux de Viki, et il ne voulait pas la perdre. Ce serait la cerise sur le gâteau, la dernière pierre de la montagne qui provoquerait, en tombant, l'avalanche ultime. Et alors, plus rien ne serait assez consistant pour ramasser les miettes de notre jeune étudiant en médecine. Pauvre gars.
Enfin, il vit le numéro tant recherché et remarqua qu'il était déjà l'heure de l'embarquement. Oh non ! Pourvu que Viki n'était pas déjà dans l'avion. Il courut le plus vite possible pour rejoindre la jeune femme. Mais lorsqu'il arriva sur les lieux, Viki venait de reprendre ses papiers et de passer le portique donnant sur le couloir menant à l'avion.

« Viki ! »s'écria-t-il à plein poumons. « Viki, je t'en prie ! » continua-t-il, en s'approchant. L'un des membres du personnel lui demanda ses papiers alors qu'il avait eu le mouvement réflexe de vouloir passer au plus près. « Je veux juste rattraper ma femme... »expliqua-t-il. Mais rien à faire, il ne pouvait pas passer. Il tenta d'attirer l'attention de son épouse par de nombreux signes des bras, mais rien à faire. Soit elle ne l'entendait pas, soit elle faisait semblant de ne pas l'entendre. Elle ne se retourna pas. Et Read sentit une petite larme rouler le long de sa joue. Elle s'en allait vraiment. Elle partait là, devant lui, simplement car elle pensait être un boulet à son pied et il ne pouvait rien y faire. Mais c'était faux, au contraire, elle était sa raison de vivre.

Ca y est ! Je ne suis plus qu'à quelques pas de l'avion qui me ramènera chez moi. Le controleur me rendait enfin mes papiers après les avoir examiné sous tous les angles mais il n'avait rien à redire, un truc préoccupant en moins. La peur des papiers me suivait tout le temps, partout où j'allais et je savais qu'une fois en Ukraine, il me serais impossible ou quasi-impossible de faire marche arrière mais c'était ce que je voulais ou du moins ce qui était le mieux pour tout le monde surtout pour Read. Alors que je pensais à lui, j'entendis une voix familière, et je priais fort que ça ne soit pas lui, c'était déjà assez dur, alors s'il venait y mettre son grain de sel ça n'irait pas, ça ne m'aiderait pas à tourner la page. Je l'entendis m'appeler à de nombreuses reprises et ça me déchirait littéralement le coeur mais je ne pouvais pas faire marche arrière, ça n'était pas possible. J'avais trop fait d'erreurs auparavant le concernant, maintenant il était enfin temps de faire quelque chose de bien, de mature. Il fallait que je ne pense plus à lui, que je l'oublie et surtout il fallait qu'il fasse la meme chose. Je voulais qu'il comprenne mes motivations et qu'il m'oublie. C'est pour ça que je ne me retournais pas dans sa direction meme si j'en mourrais d'envie, il devait comprendre que c'était "fini". Je l'entendis dire ma femme ce qui me serra le coeur, mais j'étais sure qu'il passerait à autre chose, il avait réussi à un peu oublier la peine de la mort de Mary, il était fort, il m'oubliera Au revoir Read .. chuchotais-je. Une fois loin du portique, je me suis autorisée à m'asseoir sur le sol appuyée contre le mur, mes mains sur mon visage, des larmes coulaient sur mes joues. C'était dur, je m'étais attachée à lui plus que je ne me l'était imaginée ... Je crois meme que j'étais amoureuse de lui mais je ne l'aidais pas et je ne voulais pas de cette vie pour lui. C'est les yeux rouges que j'arrivais dans l'avion où on controla mon billet. Je m'envolais enfin pour Kiev où j'allais retrouver mes parents et ma soeur ainsi que mon job de prostitué ...

Viki ne se retourna pas. Pas un seul regard, rien, pourtant, vu la façon dont il s'égosillait, il paraissait impensable qu'elle ne l'ait pas entendu. Le pauvre jeune homme l'observait traverser les derniers mètres qui la séparaient d'un endroit où il ne la verrait plus, avant qu'elle ne pénètre dans le long couloir et disparaisse totalement de sa vie. Et maintenant, que faire ? Devait-il baisser les bras, pleurer son départ et se mettre mal ? Peut-être en finir, comme il avait voulu en finir le jour où Mary était décédée. Mais, comment lutter alors qu'il n'avait aucune idée de la suite des événements ? Il ne connaissait rien de la vie de Viki à Kiev, ils avaient très peu parlé de son passé... A vrai dire, ils avaient souvent bien plus discuté avec leur corps qu'avec leur voix. Read l'aimait plus que tout et en même temps, il avait eu tellement de mal à communiquer ses sentiments, et surtout à la connaître mieux. Il regarda son alliance, qu'il avait au doigt, avant de s'asseoir sur l'un des sièges de la salle d'attente, résigné. Mais peu à peu, une idée fleurissait dans son esprit... Le prochain avion était à dix-huit heures... Il avait le temps de rentrer, prendre ses papiers d'identité, son passeport et de revenir. Il fallait juste orchestrer les choses de façon intelligente, mais il était paniqué et excité à la fois... Alors, il se hâta, comme un imbécile jusqu'à l'un des points d'accueil, afin de se renseigner sur le nom de la compagnie qui partait sur Kiev. Il ne lui fallut ensuite pas plus de quelques minutes pour se retrouver à leur point d'accueil et de vente... Et un immense paru sur son visage lorsqu'on lui annonça qu'il restait des places sur le prochain vol. Si Viki pensait qu'il allait abandonner si facilement, elle se faisait des idées. Il l'aimait, et il était prêt à partir dans un pays étranger dont il ne connaissait même pas la langue, sans préparer le voyage, juste pour la retrouver. S'il la trouvait, et il avait bon espoir, malgré le peu d'informations qu'il possédait, et qu'elle lui disait qu'elle préférait rester en Ukraine, il resterait avec elle. Read avait perdu Mary, et il en souffrait chaque jour, mais il ne pourrait pas survivre une minute de plus en sachant qu'il avait perdu Viki, alors que, pourtant, elle était bien vivante quelque part dans ce monde.