@Toni Caldwell JAN, SAT, 09:30 Les néons s’affolent et dansent autour de toi, alors que t’es simple poupée de chiffon au milieu de ce ballet que tu n’as pas demandé. T'es perdue dans un couloir sans fin. Ta tête tourne, t’as l’impression de perdre l’équilibre, t’as l’impression de tomber violemment. Tu te réveilles en sursaut, la peau trempée à cause de ta psychose et surtout, de ton cauchemar. L’hôpital. Ces couloirs interminables et beaucoup trop blancs, cet espèce d’agitation constante et surtout l’odeur. L’odeur. Elle t’emplit le nez alors que, pourtant, tu te trouves dans ton lit, chez toi et seule. Ton oreiller et les cheveux dans ta nuque sont trempés. Tu viens glisser une main sur ton visage, et places l’autre sur ta poitrine, là où ton cœur cavale à toute allure. Il te faut quelques secondes pour te calmer alors ton google home t’indique qu’il est seulement six heures du matin, après lui avoir posé la question de ta voix rauque, déshydratée et fatiguée. Tu te redresses quelque peu et viens attraper la petite bouteille d’eau sur ta table de nuit. T’es draps sont bons à être changés. Ça fait un certains temps que tu n’avais pas aussi mal dormi. Dormi n’était pas le bon mot, été tourmentée serait plus exacte. La dernière fois que tu t'es réveillée dans cet état de panique et de mal être, c’était lorsque tu avais arrêté les somnifères, il y a trois ans. Après tout, la conséquence-cause de ton problème est à la porté de compréhension de tous. Il y a trois ans, après ton expérience de mort imminente - dont tu as cru, à l’époque, ne jamais en ressortir vivante - tu as ouvert les yeux dans un hôpital. C’est là que tous s’est effondré. Tes idéaux, ton couple, tes fiançailles, ta vie, tout. Tout ce que tu as toujours cru être le centre de ta vie était parti en fumée, sans préavis et en un claquement de doigts. Ça avait été le début de la fin, le commencement de ton mal être, le commencement de tes problèmes d’addiction aux somnifères qui ont duré quelques mois tout de même. Depuis, tu avais toujours fuit les hôpitaux comme la peste. Mais hier, lorsque tu as appris la nouvelle de la catastrophe, tu t’es empresser de t’y rendre. Dans cet endroit de malheur où tu avais espéré y trouver un peu de réconfort. Le réconfort de découvrir tes amis sains et saufs et en bonne santé. Tu avais difficilement quitté le chevet de Neal en lui promettant de revenir le voir le lendemain, et tu étais rentrée chez toi le cœur lourd, dans le but de te reposer. Évidement il n’en avait rien été, car ton cerveau s’est fait un malin plaisir et te rappeler tous tes horribles souvenirs pendant ton sommeil. Ce matin, tu n’arriveras pas à retrouver le sommeil, alors tu décides de t’extirper de ton lit pour rejoindre ta douche. L’eau chaude qui coule sur ta peau nue te fait un bien fou. Tu restes beaucoup plus longtemps que d'habitude et ressors de la salle de bain embouée, une serviette enroulée autour du corps et une autre recouvrant tes cheveux mouillés. Tu prends le temps de te préparer, de t'habiller, de te maquiller un peu et de prendre un petit déjeuner, encore sonnée par la violence de ton réveil et de tes songes. De toute façon, les visites à l'hôpital ne débutent qu'à 09h30 et il faut bien que tu arrives à t'occuper les pensées d'ici là. C'est à peu près au moment où tu décides de te chausser et enfiler ton manteau que ton téléphone sonne et que tu découvres un message de Toni t'apprenant qu'il se trouve à l'hôpital suite à l'accident. Ton cœur a comme un loupé, tu restes dans le silence un instant dans ton grand appartement vide, avant de comprendre ce qu'il est en train de se passer. T'es secouée d'un spasme, t'as comme un sanglot qui remonte alors que, plus qu’inquiète, tu tapes une réponses du bout des doigts avant de cliquer sur envoyer sans même te relire. Tu n'attends pas la réponse avant de filer hors de ton appartement et de te mettre à descendre les six étages par les escaliers. Hors de question de prendre l’ascenseur, t'as bien trop peur qu'il reste coincé, tu n'aurais pas le temps d'attendre que le gardien vienne à ton secours. Alors que tu te presses à l'intérieur de l’habitable du taxi que tu as commandé, tu vois la réponse de Toni, t’annonçant qu'il se trouve au Massachessetts General Hospital. Tu indiques au chauffeur l'adresse avant te tenter de calmer la panique qui prend possession de tout ton être. Une fois arrivée à l’hôpital, tu te précipites vers le numéro de chambre que la secrétaire médicale t'a indiqué. La main posée sur la poignée de la porte, tu as une seconde de doute. C'était il y a moins d'une semaine. Moins d'un semaine que le petit film romantique que tu avais commencé à produire dans ta tête avait été réduit à néant par tes erreurs du passé. Tu as d'abord tenté de revenir vers Toni, et ne voyant aucunes réponses de sa part, as ensuite décidé de lui laisser le temps de réfléchir. A chaque fois que t'y avais pensé, ces derniers jours, une horrible sensation avait prit possession de tout ton corps et de ton cœur. Jamais tu n'aurais pensé qu'il aurait pu se retrouver dans cette rame de métro, jamais. Et pourtant, ça avait été le cas. Tu secoues doucement la tête de gauche à droite, prends une grande inspiration avant de finalement appuyer sur la poignée et pousser la porte pour entrer dans sa chambre. Il est là, dans son lit d’hôpital. Cette vision est horrible, cette vision est affreuse. Tu t'approches doucement et d'une voix frêle, tentes d'attirer son attention vers toi. « Toni ? »
(Katalia Borgia)