(ainswock) ―✩ one boy, thousand feelings

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(( QUELQUES JOURS APRES L'ACCIDENT DE METRO ))

C’était compliqué, je l’admets, d’être dans cet hôpital et d’ouvrir les yeux le matin face à ce mur blanc. Moi, je voulais être à tes côtés, à chaque fois, tout le temps. Je voulais dormir avec toi, sentir ton odeur, t’embrasser quand l’envie me prend. Et je rêvais de ça depuis l’instant où j’ai repris connaissance. Mais je faisais la valse avec les docteurs, avec les infirmières. C’était épuisant alors je dormais, souvent. Beaucoup trop. Peut-être que je t’avais manqué à chaque fois que t’étais passée. Est-ce que même tu es passée ? Je me dis que si ça avait été le cas, tu m’aurais laissé un mot, ou un sms ? Mais rien… Alors peut-être que tu vas mal ? Peut-être que t’es à la morgue et personne ne m’a mis au courant. J’ai donc pris les devants, t’envoyant un message dans le but d’avoir une réponse. Au final, rien de dramatique. Je dormais à chaque fois que tu passais et tu voulais pas rompre ce repos dont j’avais besoin. Tu étais vraiment parfaite et j’avais hâte de te retrouver. Tu avais de la visite donc j’attendrai ton prochain moment libre pour poser mes yeux sur ton visage. Je n’avais aucune idée de ce que tu avais, de l’état dans lequel tu pouvais être. Je suppose que j’aurais la réponse bien assez vite. Mais le temps passait bien trop lentement et je finissais par m’endormir, encore et toujours. C’était difficile de rester éveiller quand mon corps était encore bien trop endolori par tous les traumatismes subis. Mais je comptais sur toi pour me réveiller. J’entendais d’un coup d’un seul ta voix, si proche et pourtant si loin. Mes yeux s’ouvraient alors, pour te chercher. Et tu étais là, juste là. Ton doigt sur mon nez et rapidement, mon visage se détendait. Un sourire était même présent, et des yeux de l’amour te bouffaient littéralement. Tu étais belle malgré tout ce qui venait de se passer. « Bébé… » que je disais alors d’une voix mielleuse. Je levais doucement ma main pour venir attraper la tienne et la poser sur mes lèvres. « Attends… j’vais te faire de la place » Je me redressais doucement, non sans grimace, histoire de me décaler sur le côté afin que tu viennes t’installer à mes côtés. Et je me rendais compte qu’il n’y avait aucun bruit… ma tête se tournait et il n’y avait plus de lit à côté. Ils l’ont enfin jarté ? Tant mieux pour moi. « Tu as l’air de bien aller… T’as eu quoi ? Rien de grave j’espère ? » J’étais peut-être un peu trop réactif mais tu m’as manqué et je voulais tout savoir ce que j’avais loupé. Tu n’imagines même pas à quel point je chéris ce moment passé avec toi.

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(( QUELQUES JOURS APRES L'ACCIDENT DE METRO ))

Je te voyais enfin et j’étais rassuré, tu n’imaginais même pas. J’étais quand même pas mal dégoûté de t’avoir loupé les fois où tu étais passé, même si je suppose que le coma n’a pas aidé, puis ensuite la fatigue constante. Je l’étais encore, preuve étant que tu avais été obligée de me réveiller. Enfin, je t’avais presque menacé de le faire, puisque tu avais tendance à vouloir me laisser me reposer. Mais tu étais là et je retrouvais toutes mes forces, presque. Me décalant pour te laisser de la place, tu n’imagines même pas à quel point le soulagement me parcourait de part en part. Tu étais bizarre par message et… ouais, j’avais peur qu’un truc n’allait pas. Mais à te voir là, à mes côtés, je me sentais mieux, rassuré. « Non mais t’as quoi ? Bien sûr que je m’inquiète » T’es ma copine, on a tous les deux vécu quelque chose d’intense, dangereux, mortel pour certains. Je voulais pas te perdre, pour sûr, alors ouais, je m’inquiétais. « Promis… la prochaine fois, je dirai au métro de rester sur les rails » Un sourire sur les lèvres, content de ma connerie. Trop tôt peut-être ? Je sais pas. En tout cas, on était tous les deux en vie et c’était le principal. Cependant, pas certain qu’on vienne à reprendre le métro de sitôt. Calant ma tête contre la tienne, je serrais ma main dans la tienne, comme pour t’empêcher de partir. Mais tu finissais par relever la tête pour me regarder, une question franchissant tes lèvres. Question que tu semblais retenir depuis un moment. « J’suis… pas malade » C’était un peu plus compliqué que ça. Et je me mettais à grimacer, parce que je savais que ça n’allait pas te plaire cette histoire. « Ils m’ont greffé un cœur… pour la deuxième fois » soufflais-je. C’était le deuxième fois qui n’était pas forcément évident à admettre. « C’est compliqué comme histoire, j’sais pas si tu veux vraiment avoir les détails » Après tout, ce qui est fait est fait. Et on pouvait pas retourner en arrière.

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(( QUELQUES JOURS APRES L'ACCIDENT DE METRO ))

Tout ce que je voulais dans le fond, c’était passer du temps avec toi. C’est pour ça que j’avais insisté sur le réveil. On était ensemble quand ça a eu lieu, mais on a été dans les premiers touchés. Et maintenant, regarde nous, tous les deux hospitalisés, avec qu’une hâte, rentrer chez nous et nous reposer. Mais bon, j’étais tenté de demander à quelqu’un de venir vivre chez nous le temps qu’il faut pour s’assurer qu’on risquait rien. Après tout, j’avais deux beaux traumatismes crâniens, en plus de ma greffe et c’était clairement pas idéal. Sachant que toi aussi tu as quelques trucs… je préférais qu’on soit sécurisés. « Fais attention à toi surtout… ils ont raison de s’occuper de toi tous. Tu sais quand tu peux sortir ? » Parce que je sais que moi, j’dois attendre encore un moment. Entre le nouveau coeur et ce que j’ai à la tête, mon bandage tout autour pouvait le montrer, j’étais bien atteint. Mais rapidement, tu prenais un ton plus sérieux, qui me faisait un peu peur je l’admets. C’était à propos de mon coeur, à propos de ce cœur que j’avais et le pourquoi j’ai du avoir une greffe. Une maladie que t’as compris, c’était plus compliqué que ça dans le fond. Tu te redressais un peu plus, laissant l’incompréhension prendre le dessus sur la situation. Tu ne comprenais clairement rien et je m’en rendais compte. Me pinçant les lèvres, je viens de me souvenir que je t’avais menti à propos de ma cicatrice sur le torse et ça me remontait en pleine tronche. En même temps, j’avais pas l’intention de me faire greffer une seconde fois, pensant pas à un rejet et encore moins à un accident de métro qui avait précipité sa dégradation. Je passais alors ma main sur mon visage avant de hocher la tête, les yeux fermés. « J’avais dix-huit ans » soufflais-je alors avant de rouvrir les yeux, prêt à affronter la déception dans tes yeux. « J’aime pas en parler et… quand tu m’as posé la question, j’suis resté vague, sans entrer dans les détails. J’ai pas envie que tu me vois comme un mec en porcelaine » C’est surtout ça. Mais maintenant, alors que je viens d’avoir un cœur pour la deuxième fois, c’est l’image qu’on retiendra de moi.

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(( QUELQUES JOURS APRES L'ACCIDENT DE METRO ))

Je savais que le jugement dernier allait pas tarder à arriver. Je sentais dans tes yeux, ta posture, ta façon d’être que ça ne te plaisait pas tout ça. Et je me rends compte aussi des conneries que j’ai pu faire et… ouais, ça allait pas me plaire ce qui allait se produire. Tu étais comme un volcan, prêt à exploser. La vérité, c’est que je minimise peut-être trop les choses, parce que j’étais seul, j’assumais mes propres conneries. Mais là, tu étais là, Maddie était là et les choses devaient être plus soignées. Je devais être plus responsable. Tu devais te dire que tu faisais face à un gamin et c’était possible. J’avais encore du mal avec la vie d’adulte. J’avais du mal avec la paternité et chasser cette partie de moi, le mec fragile qui doit faire attention à son cœur, c’était pas forcément intelligent. La preuve, tu t’inquiétais pour moi alors que si je t’avais expliqué, rien de tout ça ne se serait produit. Tu te lèves du lit, t’éloignes de moi et j’avais envie de me redresser, de t’empêcher de partir. Et je te vois te tenir au siège, tu devais être prise d’un vertige. J’étais alors prêt à te venir en aide mais ton signe me stoppait. Tu voulais pas du moindre contact avec moi. Tu voulais de l’air, respirer. Tu voulais aussi vider ce que t’avais sur le cœur. Je me mords alors l’intérieur de la joue, écoutant le moindre de tes mots, de tes ressentiments. Possible que les larmes commençaient à s’agglutiner au coin de mes yeux. Je te décevais, plus que jamais j’avais déçu quelqu’un. Le pire c’était de voir les larmes couler le long de tes joues. Putain mais j’voulais pas ça moi. J’voulais pas te décevoir et être la cause de tes maux. J’voulais être celui qui embaume ta vie, qui te fait rire et sourire, qui te fait voir la vie en rose s’il le faut. « C’est pas ça… » Tu penses vraiment que t’es qu’une meuf de passage ? J’suis pas comme ça, pas de ceux qui les enchainent. Quand je me mets avec quelqu’un, c’est pour de vrai. T’es la deuxième meuf que je fréquente, la deuxième à qui j’ai dit “je t’aime”. La seule à qui j’ai proposé de vivre ensemble. C’était pas rien tu sais… Mais cette simple omission semblait foutre le doute dans tout ce qu’on a vécu. « J’suis désolé… okay, j’ai merdé je sais mais… » Tu peux pas comprendre ce que ça fait, tu sais pas et… Je soupirais, cherchant les mots pour tenter d’arranger les choses. « J’ai pas menti pour l’accident. Quand j’avais treize ans, j’ai eu un accident très grave de voiture et c’est ce qui a fragilisé mon cœur » J’avale ma salive, prêt à te donner tous les détails. « Pendant toute mon adolescence, j’étais obligé de faire attention, de pas faire trop d’efforts, de me ménager, de bien manger, pas boire et tout. Quand t’es ado, c’est compliqué. Alors j’ai pas écouté, j’ai vécu ma vie comme je l’entendais… jusqu’à faire mon premier arrêt cardiaque » C’était pas cool comme vie, comme expérience. « J’ai du attendre environ six semaines avant d’avoir un nouveau coeur » soufflais-je alors. « Tout ce que je voulais, c’était être normal. Pas être celui qui vit avec le cœur d’un autre. En soi, ça change rien tu sais, j’ai juste des médocs à prendre et avoir une vie… plus ou moins saine. Ok, j’ai pas trop respecté ça et c’est sûrement pour ça que je faisais un rejet… mais j’vais m’améliorer » Parce que je t’ai toi, parce que j’ai Maddie, j’ai Halston. J’ai beaucoup à perdre. « J’veux pas t’perdre, pas pour une connerie comme ça » Rrrrh. Mauvais choix de mot. « Enfin pas une connerie mais.. ça là, la situation »

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(( QUELQUES JOURS APRES L'ACCIDENT DE METRO ))

J’allais pas utiliser ma fatigue comme excuse pour échapper à cette conversation qui te tenait à cœur. Evidemment, je me rendais compte que j’avais pas mal merdé en omettant de te parler de tout ça, mais le mal est fait alors pourquoi revenir dessus ? Tu es au courant maintenant et c’est pas comme si je pouvais me racheter de cette situation. J’ai été greffé, deux fois. J’avais des cachets à vie pour devoir supporter cet organe qui n’était pas mien. C’était pas quelque chose dont j’étais fier mais qu’est-ce que je pouvais y faire. « J’suis désolé » soufflais-je à propos des cachets. Ouais, j’aurais pu te le dire depuis longtemps mais comment t’inities une conversation de ce genre ? “Ah au fait, tu te souviens de ma cicatrice sur le torse ? C’était une greffe du cœur quand j’avais dix-huit ans.” Ouais, non, je sais pas. Disons que les choses étaient confuses dans ma tête quand il s’agissait de ça et… je voulais pas que ton regard sur moi change. C’était sûrement un peu trop égoïste, je l’admets. « Je t’aime aussi et.. on est sur la même longueur d’ondes, ok ? On est sur la même longueur d’ondes » soufflais-je avant de tenter encore une fois de t’expliquer ma façon de voir les choses. Parce que de toute évidence, la déception venait du fait que tu comprenais pas pourquoi je t’ai caché quelque chose comme ça. « Reste, s’il te plait… C’était pas contre toi, d’accord ? C’est juste… c’est mon fardeau. Ma greffe, mon cœur, mon fardeau… J’voulais pas que tu t’inquiètes inutilement pour moi, que tu aies peur pour ma vie en chaque instant. J’voulais juste qu’on soit un couple normal, avec des envies et des expériences normales… Pas qu’on soit là à checker mes médocs de peur que je rejette le greffon » soufflais-je. Mais je sentais que tu étais dans ton idée, dans ta déception et qu’en parler allait faire qu’empirer les choses. « Bébé… j’suis désolé » Ma tête contre l’oreiller, penchée sur le côté, j’étais au bord des larmes, mais je me contenais. « Je t’aime » répétais-je, histoire d’être sûr que tu le saches, encore une fois.

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