Food for the soul | Alex Ralston

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w/ @Alex Ralston

La journée d’Eris se passait on-ne-peut-plus normalement. Elle avait déjà eu quelques heures de cours dans la matinée et avait traîné dans les étendues d’herbe en attendant la pause déjeuner. Elle savait qu’Alex avait une option en plus qui le rendait occupé jusqu’à la pause déjeuner mais que ce serait sympathique d’aller l’embêter une fois qu’il aurait sa pause. Vers midi, elle s’arracha donc à sa position allongée sur les coudes au soleil, et alla jeter sa cigarette dans une poubelle avant de passer par le Starbucks. Elle ne mangeait que rarement à midi, préférant se faire un énorme caramel macchiato chantilly avec supplément expression comme déjeuner que de manger toujours les mêmes repas autour du campus. Elle régla son café, le prit et se mit à en route vers la cafétéria où elle était sûre de retrouver son pote.

Une salopette en jeans, un débardeur et un gros pull trop large par-dessus voilà comme la demoiselle débarquait dans le restaurant étudiant. Tous les styles étaient dans la nature après mais Harvard voyait tout de même passer pas mal de richissimes qui aimaient le montrer et son look détonnait certainement par rapport à eux. Elle reconnut son pote de dos et trotta vers lui avant de lui passer une clé de bras autour du cou.

- Salut le moche ! dit-elle en posant son café avant de le faire tomber, reprenant sa main libre pour venir lui ébouriffer les cheveux bien comme il faut.

Ne réussissant pas à rester sérieux face à la coiffure qu’elle venait de lui faire, Eris laissa échapper un petit rire. Sans qu’elle ne sache réellement pourquoi, Alex faisait ressortir un côté gamine en elle qui était parfois un peu – voire carrément – puéril. Elle s’assit à côté de lui et se mit en tailleur sur sa chaise en lui souriant.

- Comment ça va ? demanda-t-elle avec un grand sourire dessiné sur ses dents blanches, reprenant son café qu’elle sirota avec un sourire.

Il y avait quelque chose de malicieux qui brillait dans ses yeux. Du genre qui va essayer de vous faire sécher un cours pour aller fumer un joint assis contre un arbre. Du moins, c’est ce qu’elle ferait avec n’importe qui d’autre mais Alex c’était particulier. Elle avait un super bon feeling avec lui, mais Veïa faisait une réaction chimique chez elle qu’elle ne pouvait pas expliquer. Quelque chose de toxique et délicieux à la fois, comme toutes les meilleures drogues, qui faisait qu’elle avait envie de la « salir » d’une manière ou d’une autre. Alors que ce côté « vanille » chez Alex ne faisait monter en elle aucune pulsion si ce n’était celle de le taquiner très gentiment.

- T’as déjà été poser ton devoir chez M. Nicholson ? Je me suis arraché les cheveux dessus moi, j’te jure, soupira-t-elle en s’étirant un peu.

Elle avait visiblement passé quelques heures de sa nuit dessus mais ça en valait la peine. Daryl Nicholson était son professeur favori, celui qui l’avait aidé pour son mémoire et pour trouver son stage. Ils avaient plein de choses en commun et un vrai bon feeling passait entre eux, elle était prête à se casser le cul pour son cours.

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22/06/2015

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w/ @Eris O'Hara

Une journée comme une autre. Des cours qui se suivaient, des intervenants différents avec des pédagogies différentes. Des fois, je me demandais ce que je foutais là. Je devrais être en train de profiter de la vie, plutôt qu’être enfermé entre quatre murs à écouter les gens partager leurs connaissances. C’était cool, d’apprendre. Mais des fois, je me dis que je devrais faire autre chose de ma vie. V avait totalement tout laissé tomber pour s’occuper de sa pâtisserie. Peut-être que je pouvais faire de même ? Enfin, dans la limite du raisonnable. Je n’avais encore aucune idée de ce que je pouvais faire d’autre que de l’informatique. Pour l’instant, c’est le seul domaine où j’ai un semblant de capacités. M’enfin, j’allais au moins finir l’année comme ça et je verrai par la suite. Là, je terminais mon dernier cours de la matinée et j’étais prêt à aller manger à la cafet. J’étais déjà crevé mais bon, il fallait reprendre des forces pour le reste de la journée. Un repas avec protéines et sucres lents, c’était pile ce qu’il me fallait. Installé sur une table, écouteurs dans les oreilles tout en lisant un bouquin, j’étais en train d’avaler tranquillement mais sûrement tout ce que j’avais pris. C’était sans compter la surprise d’avoir un bras autour de mon cou qui me coupait dans tout ce que j’avais entrepris de faire. Mes écouteurs tombaient et j’entendais ta voix singulière s’exprimer derrière moi. C’était sans étonnement que l’ébouriffage de cheveux s’en suivait. « Ça va, tranquille. Et toi ? » Je coupais la musique de mon téléphone, fermait mon bouquin et me tournais vers toi avec le sourire aux lèvres. T’étais quand même cool comme fille, et mon côté gamin ressortait un peu plus que la normale quand j’étais à proximité de toi. Mais des fois, on avait quand même quelques discussions assez sérieuses, notamment à propos des cours. Même si on était gamins, on était adultes, des fois. Juste des fois. « Non mais laisse tomber, j’ai passé deux nuits blanches dessus. Il est cool mais là, il a clairement abusé, c’était too much.. J’espère au moins avoir un B » Même si l’idéal serait d’avoir un A. Après tout, il me l’avait promis parce que j’aime les licornes. Mais je vais éviter d’en parler à tout va. « Je crois qu’à cause de lui, je suis devenu pro de Stackoverflow » Je riais avant de choper une frite et de t’en tendre un autre, histoire que tu manges quelque chose, non pas juste ton Starbucks posé sur la table.

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(Kaze Faulkner)

“already pulling me in, already under my skin. And I know exactly how this ends, I Let you cut me open just to watch me bleed —”

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Eris opina en haussant un peu les épaules en s’asseyant face à son camarade de cours. Est-ce qu’elle allait bien ? Sa vie était trop chargée dans tous les sens pour qu’elle puisse sincèrement se poser cette question alors pour le moment, la seule réponse qu’elle pouvait donner c’était ça :

- Ouais, tranquillement ! répondit-elle donc sans réellement mentir mais sans savoir si c’était toute la vérité.

Lorsqu’ils parlèrent du devoir, elle opina pour confirmer ce que disait Alex et passa ses mains sur son visage en mimiquant de s’arracher les cheveux.

- Ah non mais ça me rend ouf… dit-elle en faisant la moue. Genre je fais mon mémoire avec lui et tout, si j’ai pas que des A avec lui, j’ai l’impression qu’il va perdre tout son respect pour ma gueule quoi… Mais là, ce serait un putain de miracle que j’ai pas un B ou C franchement.

Elle passa sa main dans sa nuque, la nuit blanche ayant laissé quelques séquelles sur ses cervicales. Poussant un petit soupire, elle secoua la tête pour essayer de se réveiller, se rappelant ensuite que c’était bien pour ça qu’elle avait acheté un café, le ramenant aussitôt au bord de ses lèvres.

- Bah tu m’étonnes ! Ah nan mais, c’est clairement le prof qui m’aura le plus formée – mais vraiment formée je veux dire – de toute la faculté, c’est certain.

Avec un petit rire, Eris accepta la frite qui lui fut tendue et la goba.

- Tu t’inquiètes pour ma nutrition chaton ? C’est mignon… dit-elle avec un petit hochement de tête négatif qui exprimait à quel point c’était une cause perdue.

Se balançant un peu sur sa chaise, elle s’étira. C’était une relation étrange qu’elle avait Alex car à la fois elle avait le sentiment de tout pouvoir lui dire et en même temps elle savait très bien qu’il y avait un sujet qu’elle ne pouvait absolument pas aborder avec lui ou en tout cas, elle ne voulait pas avoir plus de détail qu’elle n’en avait déjà par V’ elle-même.

- Quoi de neuf sinon ? demanda-t-elle en posant ses coudes sur la table avec un sourire. T’es sorti un peu ce week-end ou t’as geeké ? A part bosser sur le devoir je veux dire hein… dit-elle avec un regard entendu.

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22/06/2015

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Mine de rien, on était assez proches toi et moi. Pas aussi proches que des amis qui se voient tous les jours en dehors des cours mais suffisamment pour pouvoir râler de tout et rien quand les choses ne vont pas. Bon, là c’était surtout à cause d’un devoir de Daryl, parce qu’il avait pas mal abusé le professeur Nicholson. Mais je ne lui en voulais pas, c’était sûrement pour nous pousser dans nos derniers retranchements. « J’en peux plus, j’veux juste dormir là, genre une semaine entière dans un lit, à faire l’étoile de mer » Enfin presque, je me devais de me sociabiliser un minimum aussi, et puis voir ma copine ça pouvait être pas mal cool. Seulement, ces histoires de devoir à rendre rapidement quand ils sont plus difficiles que tous les autres devoirs réunis, c’était du suicide. « J’veux bien te croire, il est doué ce mec, vraiment doué » Et puis, c’est comme ça qu’on apprend. L’école de la vie. Celle où on cherche soi-même les solutions à nos problèmes. Mais bon, j’te filais une frite, ne serait-ce que pour ajouter quelque chose de consistant dans ton estomac, outre le café que tu étais en train de boire. « J’veux pas que tu nous fasses un malaise » Surtout si t’as passé des journées comme moi, aussi longues que vingt-quatre heures. Continuant de manger un peu, tu finissais par relancer la conversation. « À part que V’ et moi c’est officiel… rien de neuf, et toi ? » C’était déjà une bonne grosse news, moi qui n’avait encore pas été réellement en couple depuis Glasgow, c’était une prouesse. Mais qu’importe, tu ne le savais pas toi. « J’ai passé un peu de temps à l’hôpital, pour aller la voir, j’ai un peu geeké. Oh, j’ai déménagé dans une nouvelle coloc, je sais plus si j’t’avais dit. Connexion meilleure que jamais, j’ai pu jouer sans râler pendant deux heures et demi » Un rire suivi d’un grand sourire. Ouais, des fois la connexion internet pouvait être merdique, mais j’étais tombé sur le bon bail. « Et toi, à part te chercher une perruque pour cacher tous tes cheveux arrachés ? » Oui oui, ce devoir c'est la mort.

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Devoir faire semblant d’être heureuse pour V’ et lui, ça lui arrachait le coeur. Elle ne savait pas l’étendue de ses sentiments pour la jeune femme sachant qu’il se perdait dans l’obsession qu’elle pouvait avoir de posséder l’autre. Étrangement, malgré tout ce qu’elle lui cachait, Alex était peut-être une des relations les plus saines qu’elle pouvait avoir car elle n’avait jamais été – et ne serait probablement jamais – troublée par des sentiments ou un quelconque désir. Dans ses relations, elle avait besoin d’être dominante ou dominée et Alex faisait partie des rares personnes qu’elle n’arrivait pas à envisager ni dans un rôle ni dans l’autre. Et les moments qu’elle passait avec lui faisait partie des rares où son être lui appartenait complètement et où elle n’était pas mue par 23 forces contraires.

- Je suis contente pour V’ et toi… Vous faites un joli couple, dit-elle en opinant doucement.

Par réflexe, elle toucha ses cheveux pour vérifier si ça se voyait qu’elle portait une perruque, oubliant un instant que cela faisait depuis l’été qu’elle avait des grosses dreadlocks. Elle eut un petit rire en comprenant sa blague, se sentant un peu bête de l’avoir pris au premier degré.

- Moi… J’ai été voir une pote un peu secouée par l’accident du métro… Et sinon j’ai pas mal geeké sur AC Odyssey… J’avoue je me suis fait un petit plaisir en m’achetant le DLC. Ce sera sans doute le dernier grand AC de la PS4 alors je vais le poncer mon petit pote ! dit-elle avec un petit rire.

Elle avait encore du mal à réaliser à quoi elle avait échappé en n’étant pas dans ce métro. Tellement de proches s’étaient retrouvés dedans et avaient failli mourir. Elle s’était surtout concentrée sur eux, quand ils avaient besoin d’elle et tout ça… et n’avait pas encore réellement réalisé à quel point cela avait impacté toute la ville, qu’on ait été un passager ou non.

Sirotant son café, elle le regarda manger en silence un moment, ses pensées dérivant.

- Des fois je me demande à quel point c’est utile ce qu’on fait… on a failli perdre tellement de gens dans ce putain de métro, on aurait pu y être aussi… Est-ce qu’on est vraiment là où on voudrait être ? demanda-t-elle, le regard absent, pensive.

Relevant les yeux vers Alex, elle laissa échapper un petit rire, réalisant que c'était particulièrement sombre comme pensée qu'elle venait de formuler.

- Désolée, c’est devenue très dark, très vite ! s’excusa-t-elle.

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22/06/2015

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Une discussion simple mais qui fait du bien mine de rien. Voilà ce à quoi j’étais habitué avec toi. On pouvait parer de tout et de rien, c’était jamais trop. Si là on avait entamé la conversation sur les cours, les devoirs que Daryl pouvait nous filer, c’était sans compter les petites déviations. Là, c’était mon couple avec Veïa qui tombait sur le tapis et je pouvais pas m’empêcher d’avoir un sourire con sur les lèvres. Tu sais pas toi, à quel point j’avais attendu après elle. Depuis que je l’ai rencontrée. Depuis que mon regard s’est posé sur elle. « Merci.. J’suppose que je la rends aussi heureuse qu’elle me rend heureux » Son sourire était de toute évidence radieux et j’étais en manque d’elle toute la journée. Bon, là c’était compliqué avec l’accident, les blessés encore hospitalisés, y compris V. Mais bon, on gérait, comme on pouvait. Fier de la blague que j’ai pu faire, notamment le fait que tu ailles chercher si ta perruque était bien en place, je me mis à rire tout en secouant la tête. « Ahhh, les meilleurs week-ends ! Ne rien faire d’autre que jouer, la base. T’as bien avancé j’espère ? » Bon, je suppose que tout le monde avait tendance à aller à l’hôpital pour voir des proches. Toi c’est une pote, moi c’est ma meuf. Chacun son truc. Et forcément, repenser à cet accident, c’était ce que tu venais de faire également. La preuve, tes mots venaient montrer la sombre pensée qui t’habitait en cet instant. « T’en fais pas… C’est le genre de pensées que je me tape le soir en regardant le plafond » Un haussement d’épaules avant de siroter ma boisson. « J’me dis que… Y’a une raison à tout ce qui arrive. Que ce soit les gamins qui meurent tous les jours ou des connards qui vivent jusqu’à pas d’âge. Les accidents comme ce putain d’accident… Y’a un truc derrière tout ça, une leçon à tirer ou un changement à opérer pour que ta vie soit pas un misérable enchainement de souvenirs plus tristes les uns des autres.. » Je soufflais, le regard dans le vide avant de me reprendre, te regarder et manger une frite. Ouais, je peux vite partir dans le sombre moi aussi, t’as vu.

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Eris regardait son optimisme avec tendresse. Elle n’arrivait pas à penser que tout arrivait pour une raison. Sinon, pourquoi s’en prenait-elle plein la gueule depuis qu’elle était à Boston et glissait-elle dans une autodestruction de plus en plus nocive pour elle et probablement les gens autour d’elle ? Qu’avait-elle fait de mal pour mériter ça ? Elle baissa un peu les yeux et opina.

- Tu as raison, j’espère… dit-elle avec un petit sourire qui masquait sa tristesse.

Sa tasse en carton vidée, elle s’amusait à la déchiqueter entre ses doigts en silence, preuve qu’elle était pensive et qu’elle ne savait plus quoi dire. Elle releva les yeux vers Alex.

- Tu crois qu’il y a une bonne personne pour chacun d’entre nous ? dit-elle à mi-voix.

C’était bête de demander ça à quelqu’un qui était heureux en amour car probablement qu’il allait dire oui et que cela n’aurait aucune incidence sur sa vie amoureuse à elle mais elle avait besoin d’être rassurée… un peu. Depuis cette année de mémoire et que ses plans pour l’avenir devenaient de plus en plus spécifiques, elle commençait à vraiment angoisser de cette immense solitude qu’elle ressentait. Mais à qui en parler ? Pas à ses plans culs, ses copines avaient pour la plupart été dans l’accident et avaient d’autre soucis. Du coup pauvre Alex, c’était lui qui prenait.

- Je me demande si je devrais pas retourner à la Nouvelle-Orléans en fait… finit-elle par soupirer.

Pourquoi elle lui disait tout ça à lui ? Il n'avait rien demandé. Mais il avait cette aura si douce qui faisait un bien fou et qui donnait envie de se confier. Evidemment, ce n'était probablement pas le type de discussion qu'il avait envie d'avoir pour sa pause déjeuner.

- Pardon, je sais pas pourquoi je t'emmerde avec ça... s'excusa-t-elle en secouant la tête.

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22/06/2015

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C’était parti de façon assez dark pour le coup et je n’avais aucune idée que tu pouvais avoir des pensées si… sombres, effrayantes même parfois. C’était une facette de toi que je n’avais pas encore eu la chance de croiser. « J’espère ouais… Quand je me dis que nos grands parents ou même arrières-grands parents avaient tendance à trouver l’amour de leur vie, ça doit pas être si compliqué pour nous de faire de même. Non ? » Enfin j’aimais croire que c’était le cas. Veia, elle était parfaite en tout point, répondant à bien des aspects des attentes que je pouvais avoir. Je n’avais cependant aucune idée de si je répondais aux siennes. Peut-être pas toutes, qui sait. Et puis finalement, c’était toi, qui allait encore plus loin dans la réflexion, d’une façon qui me faisait légèrement flipper. « Tu m’emmerdes pas, arrête. Dis moi ce que t’as en tête… Pourquoi tu veux retourner là-bas ? T’es pas bien ici ? » Je veux dire… ouais, moi aussi j’ai eu des moments de doute, surtout après avoir perdu pour de bon Roxane de ma vie. Coup dur, envie de retourner là où je connaissais tout. Ma ville, mes habitudes. Ma main se posait sur la tienne, cherchant alors à capter ton regard. « Eris, tu me fais pas chier avec ça, si je peux aider, dis moi » soufflais-je, finissant par manger les trois dernières frites de mon plat.

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Eris baissa les yeux en se triturant les doigts maintenant qu’elle avait démonté son gobelet. Elle releva les yeux vers Alex lorsqu’il lui demanda ce qu’elle avait en tête. Tellement de choses si sombres qu’elle pourrait briser cette jolie innocence qui le caractérisait. Elle secoua la tête.

- J’adore mes études et tout, je prends vraiment mon pied… Mais… Elle s’interrompit en poussant un gros soupir. Je sais pas. J’ai l’impression que je descends une pente de plus en plus sombre… Et même si je déconnais aussi à la maison, j’avais toujours mon cocon familial pour me ramener à une réalité plus saine. Là, je vois juste pas d’issue… Je suis rentrée dans des rails de relations éphémères et je crois que…

S’interrompant, elle se mordit un peu la lèvre. Est-ce que ce qu’elle allait dire était vraiment au bord de ses lèvres ? Est-ce que c’était ça dont elle avait envie ?

- Je crois que j’ai peut-être envie de tomber amoureuse… dit-elle en baissant les yeux. Je pensais être différente, être bien dans le fait de pas vouloir de ça, mais peut-être que je suis comme tout le monde, tout simplement…

Ou de se sentir aimée. Mais n’était-ce pas la recherche de tout individu ? Cette normalité l’angoissait presque plus que sa différence. Elle pouvait gérer sa différence, mais chercher la même chose que tout le monde, ça c’était une source de panique.

- Non, tu peux pas m’aider… Mais ça me fait du bien de dire les choses… Merci de m’écouter… dit-elle à mi-voix.

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22/06/2015

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C’était pas supposé être une conversation profonde mais, de toute évidence, tu avais besoin de parler, d’extérioriser les choses. Alors je me portais oreille attentive, dans le but de te faire sentir mieux. Est-ce que ça marcherait ? Je n’étais pas certain à cent pourcents. Mais au moins, j’avais tenté. Et puis, c’était comme ça que fonctionnaient les amitiés non ? Être là pour l’autre, qu’importe ce qu’on dit ou fait. « Je comprends… La famille reste le meilleur soutien, dans tous les aspects de nos vies » Et des fois, je voulais retourner en Écosse, retourner auprès des miens. Mais Leo était ici, tout comme Veia. Il fallait reprendre ses esprits et persévérer dans les sombres objectifs fixés, ne pas les lâcher de vue pour mieux continuer. Harvard, le diplôme et pourquoi pas une vie avec la femme de ma vie. « Y’a rien de mal à vouloir tomber amoureux… C’est normal tu sais » soufflais-je doucement, poussant mon plateau pour m’affaler un peu plus sur la table pour te regarder. « C’est un sentiment normal que de vouloir être aimé, désiré. Et je suis certain qu’il y a une personne pour toi quelque part, qui t’attend » Avec un peu de chance, j’avais trouvé ma moitié et le reste de nos vies nous attendait, parcours liés et même entremêlés. En tout cas, tu admettais que je ne pouvais pas t’aider mais de toute évidence, être une oreille attentive semblait faire l’affaire. « Quand tu veux » Un sourire sur les lèvres, de la sincérité dans cette relation qui était platonique mais indispensable pour garder la tête sur les épaules. « Si t’as besoin de parler, un jour, un soir, qu’importe… t’as mon numéro » Je le rappelais, au cas où ça t'échappe.

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