TWIGGY PRIMAEL HAWTHORNE ► Behati Prinsloo.

10 mai 1990, Boston, Etats-Unis. 19h34 précisément. Une nouvelle petite fille vient au monde. Cheveux châtains et yeux clairs. Ce nouveau-né, c'est moi. Prénommée Twiggy Primael Hawthorne, fille d'une mère cardiologue et d'un père soldat.

J'ai eu une enfance facile, aimée par mes parents ainsi que par mes amis. Douée à l'école, en bonne santé. On partait en vacances en famille au moins une fois par an, lorsque que mon père était disponible. Bref, la belle vie quoi. Rien de très exaltant, passionnant à raconter.

A l'adolescence, ce fut un tant soit peu différent. C'était la terrible période des premières fois. Période tellement agaçante et redoutée mais néanmoins nécessaire. Dans le genre rite de passage de l'enfant à l'adulte. Durant cette période il y a eu le premier baiser, le premier amour, la première relation sexuelle, les premières disputes, le premier chagrin d'amour. Mais toutes ces émotions ne représentaient rien comparé à la peur qui me tiraillait le ventre à chaque minute de la journée. Peur que mon père parti en mission ne revienne pas, qu'il se fasse emporter par La Faucheuse. Enfant, je ne comprenais pas tellement l'enjeu de son départ, là c'était simplement angoissant. Il partait à peu près chaque année pendant environ six mois. Et miraculeusement il revenait toujours. Je le voyais en quelque sorte comme un super-héros. Sauf que voilà, l'année de mes dix-huit ans, on lui a diagnostiqué un cancer de la prostate qui progressait très rapidement. J'ai tout fait pour le réconforter et le rendre heureux, tout comme ma mère. Il a pu venir à la remise des diplômes et était d'autant plus fier de moi que j'étais major de la promo. Il est décédé trois semaine plus tard. Mon père, ce héros, emporté par une foutue maladie. C'est dégueulasse. C'est à ce moment précis que j'ai décidé de consacrer mes études, et même plus, ma vie à la lutte contre le cancer.

J'ai été admise à Harvard dans la foulée, ayant envoyé ma candidature quelques mois auparavant, et me suis installée sur le campus. La première année, ce fut très difficile. J'étais toujours en deuil et au bord de la dépression. Mais je m'accrochais du mieux que je pouvais. Je travaillais dur en pensant à mon père, je lui parlais même parfois le soir en regardant les étoiles, oui oui, véridique. Je sortais pour soit-disant me faire penser à autre chose et m'amuser, mais ça ne fonctionnait pas réellement. Et puis avec le temps, la peine s'est estompée. Je me suis liée d'amitié avec des personnes qui m'ont aidée à surmonter mon chagrin. Et petit à petit, j'ai repris goût à la vie. La bonne vieille Twiggy bout-en-train, drôle et pleine d'énergie a refait surface. Même si me souvenir de mon père reste douloureux, cela va sans dire.

La vie, c'est pas toujours facile, il y a des hauts et des bas, mais il faut s'y habituer. Bref, dans la vie, au début on naît, à la fin on meurt, entre les deux il se passe des trucs. C'est comme ça, on y peut rien.