Chapter One : I was born in the middle of nothing
Avec du recul, je me dis que je suis vraiment chanceuse. Quand je jette un regard en arrière et que je constate que pendant les dix huit premières années de ma vie, tout n'a été que désolation et désordre. Et d'ailleurs, ces deux dernières années n'ont pas été mal non plus, mais j'ose croire que des jours meilleurs se profilent devant moi, et que bientôt, tout ira mieux. Quand est-ce que tout à commencé ? Je serais tentée de vous dire, le sept septembre de l'année mille neuf cent quatre vingt onze, quand je suis née, à Phoenix, en Arizona. J'aurais du prévoir que j'aurais une vie de merde, rien qu'en provoquant la mort de ma mère à ma naissance. Voyez vous, elle était déjà malade quand elle est tombée enceinte. Mais elle a refusé d'écouter mon père, qui lui conseillait fermement l'avortement avant que je ne lui ôte la vie. Elle, bien sur, n'en a fait qu'à sa tête, et cela lui a coûté la vie. Elle s'est éteinte à l'hôpital, elle a rendu son dernier souffle pour sombrer dans l'inconnu, expirant son dernier souffle le jour où moi, je poussais mes premiers cris en entrant dans la lumière. Enfin bref, c'est donc ce jour là que je suis née, au grand désespoir de mon père, qui à partir de ma naissance s'enfonça progressivement dans l'alcool et la drogue. J'étais encore une petite fille, trop jeune pour comprendre les raisons pour lesquelles il rentrait si tard, et se comportait étrangement. La seule chance que j'ai eue qui fait que je sois encore en vie aujourd'hui je pense, enfin, si on peut appeler ça vivre, c'est le fait que ma grand mère ait vécu sous notre toit jusqu'à mes seize ans. Elle a vu la chute progressive de mon géniteur, et a toujours tout fait pour m'en préserver. Je crois que, au monde, il n'y a pas plus admirable femme. Toujours calme, sure d'elle, sachant trouver le moindre mot pour m'apaiser lorsque j'avais peur de mon père. Souvent, étant petite fille, je lui posais des questions sur ma mère, pour savoir comment elle était à mon âge, si elle était sage, si … Si je pouvais devenir comme elle, même sans avoir connu ma mère, qui aurait sans aucun doute été aussi formidable que ma grand mère. Celle ci me raconta que maman était une excellente danseuse. Le lendemain, excitée comme une puce, agrippée à la main de la vieille dame, je m'inscrivais au cours de danse. J'avais alors six ans. C'était mon échappatoire, ma seule raison de vivre, en dehors de ma grand mère évidemment. J'enchaînais les concours, les médailles d'or, je faisais la fierté de ma grand mère, en l'honneur de sa fille, ma mère. Chacun de mes pas je les faisais en tournoyant gracieusement sur moi-même, avec une mélodie imaginaire en tête.
Chapter Two : Unlucky childhood Seulement, les choses, bien évidemment, ne pouvaient pas se poursuivre sur cette route. Mon paternel commença à devenir de plus en plus violent, de plus en plus désagréable. Un soir, alors que j'avais dix ans, il me poussa jusqu'aux larmes, en disant que je n'étais qu'une erreur, et que sans ma naissance, aujourd'hui, il vivrait encore paisiblement avec maman. J'ai commencé, lentement, à m'enfoncer dans la culpabilité et le blâme de moi-même. Ma grand mère avait beau m'assurer fermement le contraire, les choses étaient claires : Ma mère est partie, morte, par ma faute, et mon père s'est enfoncé dans ce merdier par ma seule et unique faute également. Sans moi, leur vie aurait été, qui sait, peut-être idyllique. Mois après mois, je commençais à ne vivre que pour la danse, mais je ne me nourrissais plus suffisamment, et perdais progressivement de la force, jusqu'à ne plus être capable de danser correctement. Moi qui rêvais d'intégrer les plus grandes écoles de danse de l'état, je voyais mon idéal s'envoler. Comment lutter contre la fatalité ? Tous ces désirs se sont envolés, ils ont disparu comme par magie au profit d'un flot de regrets inépuisable. Chaque jour qui passait était un jour de plus loin de tout, comme si j'avais été condamnée à l'exil, un exil forcé et interminable, depuis que je savais la vérité sur ma personne. Je rentrais tard de l'école, les joues creuses, l'expression décomposée, et mon père, une bouteille à la main comme si elle y était greffée depuis ma naissance, me sermonnait, me hurlait dessus, m'insultait de tous les noms. Le jour de mes quatorze ans, en guise de « joyeux anniversaire », il tenta de me lever la main dessus parce que j'avais eu une mauvaise note. Fort heureusement, mamie était toujours là pour me protéger, pour empêcher ce salaud de s'en prendre à moi. Seulement, cela ne faisait qu'entretenir la rage que j'éprouvais envers moi même. J'ai commencé à me scarifier, appréciant la sensation d'une lame sur mes poignets. Un soir, ça ne suffisait plus, et j'ai carrément été fouiller dans l'armoire à pharmacie. Un coup de chance que ce soit ma grand mère qui m'ait retrouvée étalée sur le sol de la salle de bain. Si ça avait été mon père, il en aurait sûrement profité pour m'achever. Quoi qu'il en soit, on m'emmena à l'hôpital de toute urgence, et sur place ma grand mère découvrit avec horreur les traces sur mes poignets, et ma maigreur à mourir que je cachais depuis des années sous des tee-shirts amples. A partir de là, je fut placée en cellule psychiatrique le temps que je redevienne à peu près normale... Je suis sortie peu après mes seize ans. En arrivant chez moi, ma grand mère n'était plus là. Décédée pendant mon internement, on ne m'avait pas laissé l'autorisation même d'assister à son enterrement. Soit disant que cela m'aurait trop affectée psychologiquement. Je leur en ai voulu, et leur en veut toujours car ils m'ont empêché d'adresser un dernier adieu à l'unique personne ayant jamais pris soin de moi dans ma famille. Mais, à bien y réfléchir, peut-être bien qu'ils m'ont sauvée la vie en me gardant si longtemps dans cette prison pour les fous. Ce n'était certainement pas pire que la vie chez moi sans ma grand mère sous notre toit. A partir du moment ou j'ai de nouveau posé mes valises dans la maison, j'ai su que je signais officiellement mon arrêt de mort. Le géniteur, lui, était toujours là, guettant la moindre occasion pour me lever la main dessus. Pendant des mois, sans défenses, il me frappa, et me menaça de mort si je prévenais la police. Je m'enfermais dans ma chambre, en larmes, priant pour avoir la vie sauve au moins jusqu'au lendemain. Alors, j'essayais de me persuader qu'un jour j'aurais la force (enfin) de tout envoyer balader, de partir et d'attraper cette lueur de bonheur qui n'existait que dans les chimères de mon sommeil. Un soir, à peine rentrée du lycée, il m'attendait déjà pour recevoir ma volée de la journée. Je m'en suis sortie avec un coquard et une coupure sur le bras, car il m'avait poussée sur la table basse en verre, qui se brisa sous mon poids, entaillant mon bras. Furieuse, ne supportant plus cette situation, j'ai attendu qu'il s'endorme le soir pour quitter la maison une valise à la main et errer toute la nuit, çà et là dans la ville avant d'aller passer la nuit dans ma vieille salle de danse désaffectée, enroulée dans une couverture. Quand je suis passée par chez moi en me dirigeant vers la salle de danse, j'ai vu avec effarement les pompiers qui éteignaient ma maison, en flammes. Sur un brancard, empaqueté dans un sac noir, ils transportaient un corps. Celui de mon père. Puis, soudain, me revint en tête ce que j'avais fait avant de partir de la maison : Allumer les bougies dans le salon. A tous les coups, j'avais provoqué l'incendie. En panique, ne sachant plus quoi faire, j'ai pris ma valise, sauté dans ma voiture, et conduit sans m'arrêter, les larmes ruisselant sur mon visage. Mais dans le fond, j'éprouvais une immense satisfaction : Celle d'avoir tué l'homme qui, seize années durant, m'avait pourri l'existence.
Chapter Three : You can change your identity card but you cannot change your past. Changement d'identité, de vie, je suis arrivée à Boston en changeant de nom. Alice Lewis ? Inconnue au bataillon. Désormais, je me nommais Alice Roxanna Blackburn, juste appelée Roxanna, seize ans, native du Minnesota. J'avais eu juste assez d'argent pour me payer un changement total de vie. Nouvelle carte d'identité, passeport, tout. J'ai pris mon deuxième prénom - celui par lequel je m'étais toujours fait appeler, Alice étant le prénom de ma mère - et le nom de famille de maman, Blackburn. Mais après tout cela plus un rond. C'est donc naturellement que j'ai cherché un emploi pour survivre. Mais la vie à Boston n'est pas comme dans les films. Je me suis rapidement fait recruter par un sale type, et naïve, je me suis laissée enrôler dans le strip tease avant même d'avoir l'occasion de toucher les portes d'une école de danse ou d'une université. J'ai été logée dans la boite jusqu'à ce que ma paie me permette de m'acheter un appartement miteux, dans lequel je me logeais jusqu'au soir. Je ne voulais connaître personne, ne voulais parler à personne. Je bossais, je dansais – bien que ce ne soit pas vraiment le genre de danse que je voulais faire - mais je dansais au moins. Je dansais, et je séduisais les hommes. Je n'ai jamais connu les belles scènes romantiques comme dans les films, durant mon adolescence. Dans ce type de job, les hommes sont violents, obéissant à des pulsions qui ne m'inspiraient que dégoût. Mais à la longue, on s'y faisait. Je pense que ça aurait pu durer comme ça longtemps. Jusqu'à un soir, quand j'avais dix-sept ans, en sortant de la boite, je me promenais dans la ruelle quand j'ai vu un des habitués de la boite, en train de parler plutôt crûment et de faire des avances un peu trop violentes à une fille, un peu plus jeune que moi. Et elle ne bossait certainement pas avec moi. J'ai débarqué, chopé le type par le col, et plaqué contre le mur opposé à celui ou il se trouvait. A voix basse, un air mesquin plaqué sur le visage, j'ai simplement dit
« Je ne pense pas que Shiloh apprécie ce que tu fais sur les murs de son territoire. » Je me récoltais un regard noir, mais aussi apeuré. Qui était Shiloh ? Mon patron, et un type plutôt con, faut l'avouer. Mais vous pouvez être sur que s'il cause du tort à sa mine d'or, il tuera tout ce qui bouge. Pestant contre moi, le type s'est barré, et j'ai récupérée la jeune fille contre moi, visiblement à la fois apeurée et surprise. J'ai su trouver un bobard pour expliquer le fait qu'il m'ait écoutée, mais peu rassurée à l'idée de la laisser seule (l'autre idiot aurait pu revenir une fois moi partie), je l'ai raccompagnée chez elle. Premier contact humain en un an, autant vous dire que j'étais plutôt sauvage, mais elle semblait plutôt compréhensive. Le temps du chemin, elle me dit s'appeler Holly Enora James, et avoir 16 ans. Soit un an de moins que moi. Bizarrement, malgré ma façon plutôt sèche de répondre à ses questions (par des mensonges évidemment), elle s'attacha à moi, et me proposa quelques sorties. J'acceptais toujours quand c'était de jour. Et, au fur et à mesure, Holly est parvenue à briser un peu ma carapace, m'aidant à retrouver la jeune fille que j'étais auparavant, sans blessures. Je lui ai parlé de ma passion pour la danse, que je tenais de ma mère, de ma passion pour l'art et la musique, la photographie. Mais dès qu'elle voulait en savoir plus sur ma famille, je devenais muette. Chose qu'elle respectait trop pour me pousser à parler. Progressivement, au fil des mois, je suis devenue plus ouverte, je sortais d'avantage, il m'arrivait même d'avoir des éclats de rire sincères, honnêtes.
Chapter Four : It wasn't enough and she gave me a way out Auparavant, je me protégeais, je me cachais, je me fuyais, je fuyais les autres, mais dans le fond, je savais rien n'est jamais fini, tant qu'on fuit. Depuis que je passais du temps avec Holly, je n'aimais plus ma façon de vivre, l'individualisme, l'isolation. Mais je ne pouvais pas me permettre d'abandonner mon travail. La vérité, c'est que j'avais peur de changer. Je gardais mes distances malgré tout avec Holly. Un jour, la jeune fille me proposa de sortir au cinéma. Le soir. Immédiatement, catégorique, j'ai refusé, ayant un brusque mouvement de recul, qui interloqua la jeune fille. Alors, à mon insu, le lendemain soir, elle me suivit jusqu'à la boite de Shiloh. C'est à deux heures du matin, en sortant, que je l'ai trouvée, m'attendant, furieuse. J'ai tracé sans même la regarder. Elle m'a suivie.
« Rentres chez toi, Holly. » -
« Alors c'est ça, ta passion ? Tu comptes vivre longtemps comme ça ? Maintenant tout s'éclaire concernant le jour de notre rencontre. Pourquoi ce connard t'as écoutée. C'est un de tes clients ? Putain Roxanna, t'as même pas dix huit piges ! » -
« J'ai dit rentres chez toi. Ce ne sont pas tes affaires. Occupes toi de toi, je m'occupe de moi. » J'avais dit ça d'un ton sec, m'arrêtant brutalement d'avancer. Mais Holly ne démordait pas. Arrivée sur le pas de ma porte, elle se planta devant moi, déterminée.
« Si je te vois retourner là bas, Alice Roxanna Blackburn, je te dénonces au flic. T'es mineure, tu sais à quoi t'attendre. Tu préfères quoi : Quitter ce truc dans la merde, ou démissionner tout simplement ? » -
« Tu sais pas de quoi tu parles. » Mon regard s'assombrit, et Holly me prit par les épaules.
« Roxanna, ta passion c'est la danse, mais pas dans ces conditions ! Écoutes, si tu arrêtes d'aller là bas, je te paie des études dans l'école de danse de Cambridge, à Harvard ils font un programme de danse très connu! Une vraie école, pour devenir une professionnelle. » Elle avait dit cela dans le but de m'encourager, mais, hélas, tête de mule, je me suis plongée dans une colère noire, et l'ai écartée de mon chemin en criant avant de refermer ma porte sur son nez :
« On ne m’achète pas ! » La porte claquée, je n'entendis plus un bruit. Dépitée, la jeune femme avait du faire demi tour pour pouvoir mieux contre attaquer plus tard. Je me laissais lentement couler le long de la porte, avant de terminer assise à terre, le visage entre mes mains. Je ne savais plus ce qu'il y avait de mieux pour moi, et j'étais trop têtue pour admettre que la main qu'Holly me tendait, était un échappatoire pour vivre la vie que j'ai toujours voulu.
Chapter Five : Everything falls and I build a new life Les jours suivant, je me suis enfuie avec ma voiture pour être sûre de ne pas recroiser Holly. J'ai quitté la ville un moment, perturbée par sa proposition. Je ne savais plus quoi faire, comment agir. Et si tout simplement je l'écoutais et allais dans cette école ? C'était absurde. Une semaine plus tard, je suis revenue au travail, et ait été accueillie par un Shiloh tout sauf joyeux. Mécontent de mon absence, et n'observant aucun motif valable, je me suis pris une gifle en pleine tête, m'accordant une jolie marque sur la joue. Quand je suis sortie, au coin de la rue, j'ai vu Holly qui m'attendait. Elle avait quand même pas guetté ma sortie tous les jours cette semaine ? Sans prêter attention à elle, cachant ma marque derrière mes cheveux blonds, elle a tout de même réussi à me suivre jusque chez moi, pour me sermonner, et réitérer sa proposition, que j'ai refusée fermement.
« Qu'est-ce que tu y gagnes ? C'est par fierté que tu fais ça ? Tu trouves pas que ta fierté en prend sacrément un coup quand ton propre patron te tabasse ? Tu vas aller où avec ça ? A partir de maintenant tu vas arrêter tes conneries et accepter l'inscription dans cette école. J'ai les moyens de t'offrir un meilleur avenir et je ne vais pas rester assise comme une conne à te regarder passer à côté de ta vie par orgueil ! » Après cela, je me suis levée, et lui ai balancé tout ce que j'avais sur le cœur, les larmes aux yeux. La dispute s'étala sur des heures, durant lesquelles je lui ai confié les grandes lignes de mon passé, le fait que je ne méritais pas la danse, et que la merde dans laquelle je m'étais plongée, il n'y avait que ça que je méritais réellement. Elle répliqua que c'était ma famille qui m'avait infligée tout ça et non pas l'inverse. Après de longues heures de débat, je finit par accepter, ravalant difficilement ma fierté. Aujourd'hui, je crois que je lui serais éternellement reconnaissante de m'avoir réappris à vivre. A l'école de danse de Harvard, je me suis libérée de toute cette frustration accumulée au fil des années. J'ai osé aller à la banque, après une année sans le faire, pour me rendre compte que toute ma famille m'avait légué sa fortune. Sans doute une œuvre de ma grand mère, sachant que mon père ne touchait plus à la paperasse économique depuis qu'il avait arrêté de travailler dans son entreprise. Je revivais, réellement. Petit à petit, Holly m'a socialisée, en me présentant certaines personnes. Je suis rapidement devenue connue à la fac, libérée de mes angoisses, je devenais beaucoup plus agréable à vivre. Mais c'était sans compter sur les problèmes de drogue de ma meilleure amie. Elle succomba à une overdose, sans même que je puisse la sauver. Elle était en vacances de Noël chez ses parents à ce moment là. Dévastée, j'avais l'impression d'avoir perdu le seul être ici bas qui m'importait. Plus qu'une amie, en me sortant de la merde dans laquelle je m'était fourrée, Holly était devenue une sœur. Je n'ai même pas été conviée à son enterrement. Voir les cours continuer, normalement, me rendait folle de rage. Je m'enfonçais dans la dépression petit à petit, jusqu'à ce que, dans un accès de colère et de tristesse, j'ai roulé dans m'arrêter, vite, tellement vite que j'ai eu un accident. Je suis rentrée dans un arbre, ma voiture fumait, et je me suis laissée sombrer dans l'inconscience, sans même tenter de m'échapper. Je désirais mourir. J'en avais assez de cette vie de souffrance et de pertes. Seulement, le destin me fit croiser la route d'un autre homme, Soliman. Quand je me suis éveillée de ma torpeur, réanimée, échappée de la mort, cet étudiant était penché au dessus de moi. Ses yeux bleus brillaient d'un éclat de peur, et de soulagement lorsqu'il me vit émerger. Alors, je me suis redressée, et j'ai fondu en larmes dans ses bras. Il m'a étreinte, sans même me demander le pourquoi du comment. Il savait que ce n'était pas le moment.
Chapter Six : i won't give up on my life Par la suite, j'ai repris les cours. Lorsque j'ai atteint mes 20 ans, on m'a autorisé de recevoir tout mon héritage venu de ma grand mère et de ma mère, je ne sais pas comment. Cela m'a permis de financer mes études, néanmoins je fais attention à mes dépenses, et j'ai pu intégrer la maison Eliot, une maison de prestige ou j'ai fait quelques connaissances telles que Charlotte Rockefeller, devenue une excellente amie. Je vois souvent Soliman, très souvent même, ainsi que notre autre meilleur ami, Damen. On est proches, et ils me protègent beaucoup, sans doute de peur que je ne refasse une bêtise après ce qu'il a déjà vécu une fois avec moi. A ma deuxième année d'études, j'ai fait la connaissance de Billie, une jeune femme tout sauf atypique, aussi discrète que moi. Je me suis rapidement lié d'amitié avec elle, si bien que je l'ai vite considérée comme ma meilleure amie. Il ne se passait plus une journée sans que nous soyons séparées, elle en avait même les clés de ma chambre chez les Eliots, étant de cette maison également, et elle me rendait toujours visite pour me taquiner, m'embêter un peu. J'étais loin de connaître son véritable passé, plus dur encore que le mien, que je n'ai découvert que récemment. Pour revenir sur une note plus joyeuse, dans cette même année j'ai fait la rencontre de celle que je considère également comme ma meilleure amie : Apple Kovalevski. Rencontre relativement originale, puisque c'est au centre commercial en flashant sur le même top - et surtout le dernier - que nous nous sommes parlé. Nous avons acheté le vêtement à deux, que nous nous sommes prêté à tour de rôle. Apple incarne tout de la grâce et de la beauté. Présidente des Cabots, elle a toujours su comment me parler et me convaincre de tout ce qu'elle voulait, de part son dynamisme et son humour. Mais également, sa compréhension. Car si Billie savait tout de mon passé tumultueux, Apple, elle, respectait mon silence, et l'a respecté pendant longtemps Cependant, elle savait une chose, et n'importe qui pouvait le deviner en voyant des traces encore légèrement visibles de scarification sur mes bras : J'avais eu un passé trouble, complexe, mais surtout, très douloureux. Fiancée à l'époque au président de ma maison, Ocean, elle ne cessait de tenter de me convaincre de trouver l'amour. Je m'obstinais à refuser, préférant de loin jouer avec les nerfs des hommes jusqu'à les abandonner au dernier moment, quand ils me pensaient prête à aller trop loin. Traumatisée par mon père, puis Shiloh et tous les hommes dans la boite ou je bossais, je percevais la gente masculine comme incapable d'aimer vraiment, en dehors de mes proches amis qui avaient été en mesure de gagner ma confiance. Et je ne me voyais pas capable d'aimer. Sincèrement. Pour moi, mon coeur s'était arrêté de battre bien avant que j'aie l'âge de penser aux sentiments, le fait qu'on ai voulu plusieurs fois, me voler ma vertu alors que je n'étais qu'une adolescente, m'avais convaincue à la garder et ce jusqu'au bout. C'était sans compter une fois de plus sur Apple.
Chapter Seven : And she will be loved Ce jour là j'étais allongée dans mon lit, téléphone entre les mains, distraite. Quand Apple m'a demandé si j'étais célibataire. Curieuse question à laquelle j'ai répondu à l'affirmative.
« Voilà... y'a mon meilleur pote, Jude Montgomery qui est célibataire et en ce moment il est un peu... enfin il se sent seul ! J'ai pensée que lui présenter quelques copines serait bien pour lui et j'ai pensée à toi ! J't'assure que c'est pas un raté :p il est plutôt beau gosse ! » J'ai bien rit en regardant mon téléphone, plutôt perplexe. Je n'arrivais pas à croire qu'elle veuille me caser avec son meilleur ami, qui plus est un type avec lequel je n'avais jamais parlé !
« Ça c'est ma partie préférée ! mdrr (parler des mecs quoi xD) Il est beau brun, yeux foncés également et entre nous ; il a plutôt de belles fesses, ahha ! Sinon il étudie en médecine et il fait partie des Mathers ! Il est intelligent et charmant, et c'est le meilleur ami que tu ne puisses pas avoir. [...] Par contre... Jude a de petites tendances dépressive... il a un passé très malheureux le pauvre :/ Mais il ne faut pas que ça t'effraies, okay ? » Eh bien vous voulez savoir ? Je crois que c'est à partir de la fin de ce message que j'ai été intéressée, étrangement. L'idée de connaître quelqu'un qui, comme moi, avais un passé douloureux, m'intriguais. Alors je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai accepté de prendre son numéro un peu plus tard dans la journée, et il m'a envoyé un sms à son tour. Jude Montgomery.
« Alors comme ça y parait qu'on doit se rencontrer ? (: » Voilà comment tout à commencé. On a discuté un bout de temps, avant de se fixer un rendez vous quelques jours plus tard, au restaurant, pour manger des Lasagnes. Et je crois que je ne m'étais jamais senti aussi rapidement en confiance avec un parfait inconnu. J'avais l'impression que toute la souffrance que j'ai pu ressentir, il l'avait ressentie également, si bien qu'à l'issue de ce premier rendez vous, j'étais profondément chamboulée ... Charmée ? En tout cas, c'est ce dont Apple était certaine lorsque je l'ai appelée après cette soirée. Selon elle, Jude et moi étions faits l'un pour l'autre, totalement. Et elle avait peut être raison, puisque quelques jours plus tard à peine après notre première rencontre, il m'a rejoint dans une salle de danse au milieu de la nuit, et c'est là que nous avions échangé notre premier baiser. Ce soir là également, il a appris la vérité sur mon passé à cause d'un cauchemar que j'ai fait, et il m'a acceptée comme ça. Tout comme moi je l'acceptais malgré ses problèmes d'addiction à la drogue. Je savais que mutuellement, nous pouvions nous en sortir. A partir donc du 7 février, Jude et moi sommes sortis ensemble. Apple avait réussi son pari, et avait eu raison sur toute la ligne, puisque nous étions littéralement dépendant l'un de l'autre, si bien qu'un mois après notre premier baiser, j'ai également passé ma première nuit "intime" avec lui, au Mexique, à Cancun. Cela pouvait paraître précipité, mais j'avais l'intime conviction qu'avec Jude, tout était différent. Qu'entre lui et moi, les choses étaient faites pour durer.
Chapter Eight : I thought it would be over Mais évidemment, les choses ne pouvaient pas continuer de façon si idyllique. Progressivement, Apple et Jude se sont éloignés l'un de l'autre, jusqu'à ne plus se supporter mutuellement. La séparation d'Apple d'avec Ocean et le fait qu'elle ait perdu sa virginité avec un type qu'elle n'aimait même pas, chose à laquelle la brunette tenait particulièrement, plongea Jude dans une colère noire envers Ocean, le fautif, celui qui, en trompant Apple en embrassant une autre au bal de St Valentin, l'avait poussée dans les bras d'un autre. Un soir, alors que nous étions avec Apple dans la chambre de Jude, une dispute entre eux a explosé, et Apple a claqué la porte. J'avais terriblement mal au coeur de voir que ma meilleure amie, celle qui m'avait présenté l'homme dont j'étais amoureuse, était désormais presque contre notre relation, se moquant de Jude et de ses dépressions, de ses tentatives de suicides, elle qui l'avait toujours soutenu. Parallèlement, Jude disait d'elle qu'elle n'était plus qu'une traînée depuis qu'elle avait passé le cap de sa virginité. Qui plus est, le fossé entre nous s'agrandit lorsque Apple se mit à sortir avec Andy McDougall, un type que je ne supportais vraiment pas, et encore plus depuis que, ivre, il avait tenté de se battre avec Jude à Cancun. Il s'opposait à notre relation, par le fait que j'étais une Eliot comme lui, et donc l'Elite d'Harvard, et Jude un mather ... Qui plus est leur président. Au bal de la St Valentin, des Mathers avaient profité de l'absence des Eliots pour saccager la maison... Le tout sans forcer la porte. Alors tout de suite commença la guerre, les Eliots accusant Jude de m'avoir volé la clé, d'avoir abusé ma confiance. Mais si au départ j'avais douté, bien vite je me suis rendu compte que c'était ce qu'ils voulaient ... Nous plonger dans le doute. Alors je l'ai soutenu, pendant que nos maisons se livraient une bataille, tel Roméo et Juliette nous nous aimions malgré les préjugés. Concernant Jude et Apple... Prise entre deux feux, je me contraint à fermer les yeux, gardant secrètement espoir d'entendre un jour mon petit ami et ma meilleure amie s'entendre à nouveau. Heureusement, Billie elle ne détestait pas Jude, bien au contraire, elle fut une des rares Eliots à ne pas rejeter notre couple à cause des différends Eliot/Mather, dont Jude était le président. Il nous arrivait alors de sortir de temps à autres, jusqu'au soir ou l'assassin du père de Billie l'a retrouvée, alors que nous sortions d'un bar. Martin Hannigan, ou un tueur sans pitié. Celui ci a pris un large plaisir à retracer du bout du couteau la cicatrice que mon père m'avait faite quelques années plus tôt. Il martyrisa particulièrement Billie, lui faisant vivre l'enfer jusqu'à ce qu'elle parvienne à lui voler son revolver pour le tourner contre lui. J'ai fait l'erreur de la convaincre de ne pas devenir une meurtrière, ce qui m'a valu une balle dans l'épaule de la part d'Hannigan, et surtout, j'ai pris son arme pour la retourner contre lui moi-même. Deuxième meurtre non intentionnel que je commettais, j'ai fini par sombrer dans l'inconscience jusqu'à me réveiller à l'hôpital. Paniquée à l'idée d'être interrogée par la police, j'ai pris mes jambes à mon cou, rongée par l'idée que Billie avait été blessée par ma faute lorsque je l'ai empêcher de tirer, mais aussi par l'idée que j'avais tenu cette arme et appuyé sur la gâchette. Même si Hannigan avait mérité de mourir, j'étais une meurtrière, et je gardais cette idée en tête, jusqu'à arriver à Phoenix. Retour aux sources, je m'enfermais dans mon vieux studio de danse, blessée, épuisée. J'étais prête à me laisser mourir pour de bon, laisser mon entourage en paix une bonne fois pour toute, arrêter de voir les gens blessés autour de moi. C'était sans compter sur Jude qui n'a pas hésité à conduire jusqu'en Arizona pour me chercher, et me trouver. Je l'avais aidé à sortir de la drogue quand il était au plus bas, et à son tour, il me sortait de ma déprime, me convaincant que je n'étais pas un monstre et que je devais retourner à Cambridge. Les policiers ont plaidé la légitime défense, et je n'ai rien eu en dehors d'un soutient psychologique avec Billie suite aux événements que nous avions vécu. J'ai changé de maison, ne supportant plus mon statut de "riche" pour aller chez les Cabots, rejoignant ainsi Apple. Parallèlement, Jude a eu une récidive de sa leucémie, et j'ai bien cru que j'allais le perdre, sombrant petit à petit dans la peur et la crainte. Mais nous nous sommes accroché, et grâce à Billie qui lui a fait un don de moelle osseuse, ses jours ne sont plus en danger. C'est définitivement ce qui m'a convaincu que je passerais le reste de mes jours avec Jude. J'avais eu tellement peur de le perdre que désormais, je ne voulais plus jamais me séparer de lui, jamais. J'ai fini par remonter la pente, et j'ai validé ma troisième année de danse, me permettant de passer en quatrième et dernière année. Durant le bal de fin d'année, à notre grande surprise, nous avons été élu couple de l'année avec Jude. Une belle récompense après tout ce que nous avions vécu. Au Summer Camp, le 7 juillet Jude m'a demandé en mariage, et depuis, nous sommes fiancés. Nous pensions enfin en avoir fini avec les soucis, jusqu'à ce que Billie meurt brutalement, assassinée à Boston, tuée par sa propre mère, de mèche avec Hannigan depuis le début. Nous venions tous deux de perdre une amie proche, et j'ai passé de longues journées enfermée dans ma chambre avant de me décider à vivre. J'en avais assez de me terrer dans l'ombre, de garder de la retenue. Désormais, je voulais vivre ma vie à fond et en profiter au maximum, quoi qu'il m'en coûte. Vivre tout ce que Billie n'aura jamais l'occasion de vivre à mes côtés.
Chapter Nine : And now I'm living slowly, trying to live my life. Les vacances ne se sont pas vraiment terminées comme je le voulais, puisqu'au lieu de me rapprocher de ma dernière meilleure amie, nous nous sommes un peu plus éloignées l'une de l'autre. Elle s'est encore une fois moqué de mon couple avec Jude, et surtout de Jude qui ne voulait qu'une chose, redevenir ami avec elle, et ce fut pour moi le coup de grâce, coupant les ponts avec Apple. Je quittais le Summer Camp à la mi-aout pour retourner sur Cambridge, l'ex de Jude accouchant là bas de son fils : Aaron. Apple cependant sembla mesurer l'étendue de son erreur puisqu'elle vint carrément en voiture jusque chez les Cabots, alors que je me préparais à déménager chez les Lowell, la maison des artistes qui m'avait proposé le poste de présidente pour cette année, poste que j'ai bien entendu accepté. La jeune femme, enceinte, me présenta ses excuses, et je la pardonnais, notre amitié redémarrant, lentement mais surement. En septembre, j'ai appris à ma plus grande surprise - et joie - que j'étais enceinte depuis fin juillet, époque à laquelle j'avais non seulement perdu Billie, mais également décidé avec Jude d'avoir un enfant. Nous avons alors décidé d'un commun accord que s'il s'agissait d'une fille, elle porterait en second nom Billie, en honneur à notre amie perdue. Cette nouvelle année fut mouvementée : A peine eus-je un vice président, Ethan, que celui ci mourut brutalement noyé. Kaelyn, qui est une de mes bonnes amies, lui succéda, et elle semble prendre à coeur sa tâche, ce qui me fait plaisir. Andy et moi nous sommes légèrement réconcilié, et même si nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde, on peut désormais dire que Judanna et A&A peuvent se supporter. A mon anniversaire, Jude et Apple m'ont organisé d'ailleurs une superbe fête surprise, durant laquelle j'ai eu de nombreux cadeaux. Parmi eux, Marloes, présidente des Mathers et bonne amie, m'a offert mon premier chien, Buddy, un adorable chiot. J'ai également adopté un autre chien, que j'ai appelé Clyde. Oui, Buddy et Clyde, ça fait penser à Bonnie et Clyde, mais comme les deux sont des males, j'ai épargné Buddy. Autre fait plus ou moins désagréable : A la rentrée, Samara, la mère du fils de Jude, a abandonné le bébé à son père, quittant Cambridge sans dire ou elle allait. Jude, profondément perturbé, et désormais père seul, avait alors besoin de tout mon soutient. Déjà que je détestais Samara Wilson, je la haïssais désormais, et profondément attachée à mon beau fils, je me promis de m'occuper de lui comme s'il était véritablement mon fils. En décembre, avec Jude nous avons appris que j'étais bel et bien enceinte d'une petite fille, et nous avons décidé que nous la nommerions Ailyn. 2012 s'est relativement bien terminé, mais hélas l'année suivante a démarré sur une mauvaise note. Apple, en larmes m'a téléphoné pour me parler d'un scandale ayant éclaté lors de son voyage au ski. Aleksei Ivanovitch avait profité qu'elle soit ivre pour prendre des photos d'elle avec lui, peu appropriées, et cela marqua la fin de son couple avec Andy. Il a fallu me retenir d'aller casser les dents à ce Eliot de mes deux. Je passais un maximum de temps avec ma meilleure amie, et un jour de mi-janvier, alors que nous étions en train de déjeuner calmement à la cafétéria de l'université ... Une annonce retentit dans les haut parleurs de Harvard. Un homme désespéré avait placé une bombe dans l'université, les issues étaient verrouillées ... Ainsi débuta le cauchemar. De longues minutes d'attente, ou tout le monde perdit peu à peu son calme ... Jusqu'à l'explosion. Que dis-je, les explosions, puisque ce malade avait placé plusieurs bombes dans l'université. Heureusement, les dégâts dans la cafétéria furent moindres, et Apple et moi-même nous en sortîmes avec seulement quelques hématomes et égratignures... Jude aussi, alors au théâtre, allait plutôt bien. Mais hélas, quand avec Apple nous avons été sur le parking, l'Enfer a commencé : Andy était grièvement blessé, tout comme Anastasiya, et Dexter, d'autres amis. Nous leur avons tenu compagnie jusqu'à l'arrivée des secours ... Malheureusement, Andy fut plongé dans le coma. Depuis le 17 janvier, les cours ont donc été suspendus ... Et nous, on se remet de nos émotions... Lentement, mais surement.