La naissance. Richard pointa le bout de son nez dix minutes après sa sœur jumelle. Ils venaient tous les deux compléter une famille presque au complet. Un père qui lorsqu’il était petit représentait un modèle, une personne avec qu’il voulait toujours être. Une mère qu’il aimait plus que tout et vers qui il cherchait la moindre attention. Un grand frère de quatorze ans de plus que lui qui malgré la différence d’âge était toujours présent et une sœur de sept ans son aîné à qui il s’attacha très vite. Une famille heureuse, joyeuse dans ses souvenirs. Où les rires et les moments de rigolades étaient constamment présents.
« Et j’aurais voulu que ces moments dures toute la vie. Que cette famille soit aussi unie qu’elle l’était au début. J’aurais voulu leur crier que cette putain d’époque me manque, celle où la joie était présente continuellement. »
Le départ du grand frère. Lorsque son grand frère parti faire ses études, Richard ressenti un vide dans la maison. Un vide laissé par son modèle, celui à qu’il voulait ressembler. Son frère avait une grande place dans la famille, en tout cas dans la vie de Richard qui même lorsque ce dernier voulait se retrouver seul n’arrêtait pas de le coller. Cependant ce n’était pas parce qu’il était parti qu’il n’était plus là, il venait quand il pouvait et finalement Richard s’habitua à cette absence et son enfance resta la même au final. Simplement parce qu’il ignorait ce qu’il se passait réellement et ce qu’il allait arriver.
« Si j’avais su, j’aurais supplié mon frère de rester prêt de nous. De ne pas s’en allait, de ne pas le laisser. Je lui aurais dit que c’était certainement grâce à lui que ça allait à la maison et que sans lui, rien n’aurait été pareil. J’aurais voulu lui dire, ça mais comment j’aurais pu alors que j’ignorais encore tout ? »
Le divorce. Richard ne comprit pas pourquoi ses parents s’étaient séparés. « Ils ne s’entendaient plus » fut la phrase qu’il entendit le plus souvent. Mais qu’est ce que cela signifiait, pourquoi ? Comment deux êtres qui s’aimaient autant, pouvaient du jour au lendemain se détester ? Il posait souvent la question, sans avoir de réelle réponse et finalement il arrêta de la poser. Sa réponse il l’eut bien plus tard. Leur père eut la garde des enfants, puis de toute façon leur mère ne voulait pas les avoir avec eux. Il ne l’a pas su sous ces mots là au départ Richard, puis ce n’était pas parce qu’il ne vivait pas avec sa mère qu’elle n’était plus sa mère n’est-ce pas ?
« J’aurais voulu être moins stupide à l’époque et dire à ma mère de nous prendre avec elle, ou si elle ne le pouvait pas de nous éloigner de notre père. Clairement j’aurais voulu lui crier de jouer son rôle. Mais putain quand on est gosse, parfois nous ne voyons pas les choses telles qu’elles le sont réellement. »
Le drame. Richard avait onze ans lorsqu’il découvrit ce que la vie était réellement autour de lui, ce que sa sœur vivait au quotidien. Ce jour était gravé dans son esprit et les souvenirs aussi vives que le jour même. Il ne comprenait pas pourquoi lorsque les amis de son père venaient à la maison il devait rester enfermé dans la chambre avec sa sœur. Il ne comprit pas non plus lorsque sa grande sœur est arrivé en courant et criant dans les pièces, les envoyant tout aussi rapidement dans un placard qu’elle ferma comme elle put. Les cris. Les pleurs. Sa sœur aux mains de ces hommes tout s’était passé si vite et pourtant il avait le sentiment qu’une éternité s’était écoulée entre l’instant où elle les a envoyés dans le placard et où ils en sont ressortis. Ils sentaient que sa sœur jumelle voulait sortir, mais lui était tétanisé. Un coup de fusil, des sirènes et le grand frère, le sauveur était arrivé à temps.
« J’aurais voulu sortir de ce placard, et faire ce que mon grand frère à fait ce jour-là. J’aurais voulu la protéger ma grande sœur, elle qui l’avait toujours fait pour Kate et moi. J’aurais voulu avoir le courage de bouger mon cul, de me lever, de crier, de faire quelque chose pour la sortir de ce cauchemar, mais je n’ai rien fait. Recroquevillé sur moi-même au fond du placard, là où Alyson nous a caché nous crions de ne pas bouger. Les yeux fermés, les mains sur les oreilles pour ne plus entendre les cris, les pleurs, les supplications. Lâche, j’ai été complétement lâche et tous les jours je m’en veux de l’avoir été. A chaque fois que j’y repense, à chaque fois que je vois Aly, alors je fais tout pour me rattraper comme je peux. En essayant de mettre un peu de lumière dans la vie des membres de ma famille, dans la sienne même lorsque ce n’est pas facile. »
La vie avec mamanRien n’était plus pareil pour Richard. La vie n’était pas aussi belle qu’il le pensait. Le jugement rendu, il se retrouve avec sa jumelle chez leur mère. Compte à Alyson elle partit avec leur grand frère. Qu’était-il arrivé à cette famille qui semblait si joyeuse et parfaite au début ? Est-ce qu’elle était même parfaite ou ce n’était que dans les yeux d’un enfant vivant dans sa bulle. Au côté de sa mère ce n’était pas facile. Elle n’était pas souvent de bonne humeur, elle ne faisait pas preuve d’attention envers ses enfants et le pire de tout elle accusait Alyson d’avoir été la cause de cette rupture familiale. Elle ne la croyait pas, pire encore elle la blâmait. Sa jumelle tentait tant bien que mal de la défendre alors que lui essayait de la tempérer.
« J’aurais voulu crier à ma mère de se taire lorsqu’elle parlait d’Alyson. J’aurais voulu lui crier que c’était à elle de la sortir de là, de nous sortir de là. De l’aider au lieu de la rabaisser. J’aurais voulu lui crier qu’elle ne connaissait même pas un quart de ce qu’avait vécu que sa fille et que putain, c’est de sa fille dont elle parle. Celle qu’elle devrait aimer plus que tout, celle qu’elle devrait protéger envers et contre tout. J’aurais voulu la détester pour la mère qu’elle n’a pas vraiment été, pour son comportement. J’aurais voulu la détester, mais je n’ai jamais réellement réussi à le faire, parce qu’au fond j’ose encore espérer qu’elle fait tout cela car elle regrette de ne pas avoir pu être là pour l’aider. »
L’école, les autres. A la maison ça n’allait pas forcément, alors à l’école, il faisait tout en sorte pour que cela se passe bien. Il mettait toutes les chances de son côté pour pouvoir quitter cette ville emplit de souvenir. De plus, la ville n’était pas si grande et à l’école tout le monde en parlait : les regards de pitié, les chuchotements, les moqueries, il avait droit à tout et pourtant jamais il ne s’énervait. Il préférait laisser parler les gens car après tout personne ne pouvait savoir ce que sa famille avait vécu. Alors plutôt que de se battre et de répondre comme le faisait sa sœur, il se taisait. Demain, tout ira mieux. Il essayait de se convaincre de cela même lorsque les cauchemars le réveillaient la nuit, lorsque les disputes éclataient à la maison, lorsqu’il devait venir canaliser sa jumelle. Il devait être celui qui met un peu de positif au sein de cette famille détruite. C’était le rôle qu’il décida d’endosser.
« J’aurais voulu être celui qui tape sur les personnes qui critiquaient ma sœur, ma famille. J’aurais voulu être le bagarreur à l’école et ne pas laisser ma jumelle se charger de ce rôle. Pourtant je le sais, j’aurais pu le faire sans trop de difficulté. Donner les coups, insulter, gueuler. Mais j’ai préféré me taire. Peut-être que cela m’aurait libéré de le faire, mais les problèmes, je les ai toujours évités, alors je laissais couler, en me disant que demain les rumeurs, les on-dit et autres cesseront. De toute façon, fallait bien que je tempère le caractère de feu de ma jumelle, qui contrairement à moi, ne se taisait pas. »
L'université. Il devait partir de chez lui, retrouver son frère et sa sœur et entrer à Harvard. C'était cette université et aucune autre. La meilleure selon lui. Pari risqué de ne faire qu'une seule demande, mais il avait mit toute les chances de son côté. Il savait ce qu'il voulait, entrer à Harvard et faire des études en médecine. Alors, les bonnes notes, il les avait, les recommandations également et le comportement adéquat. En plus de cela, il s'investissait dans les associations d'aide à autrui. Altruiste dans l'âme il aimait rependre le bien autour de lui. Cela lui faisait du bien d'aider, cela fait parti de lui et en plus de cela, il ressentait le besoin de se repentir en aidant les personnes dans le besoin, agir au lieu de rester assis. Comme il l'avait fait.
« Je me souviens de mon entretien de rentrée, si j'avais voulu faire mieux je n'aurais pas pu. La chose que j'ai fait le mieux. Me vendre pour rentrer dans cette université prestigieuse. Je n'aurais pu aller nul part ailleurs. C'était ici, pour le prestige, ici pour être avec ma jumelle, ici pour retrouver mon grand frère et Alyson. »
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