YENNEFER BRUCKHEIMER ►Imogen Lehtonen

Ma vie... Elle n'a rien d'extraordinaire. Je suis née dans une ville de la côte ouest, d'une famille normale de la classe moyenne. Mon père est d'origine allemande, ma mère américaine. Ce sont des parents aimants qui m'ont donnés une bonne éducation. La politesse, le respect, jamais de gros mots. J'étais un véritable petit ange. Malheureusement j'avais une santé assez fragile. J'étais très souvent malade, ce qui me faisait souvent manquer l'école le soir pour suivre un traitement.

A cause de cela, j'étais souvent à l'écart des autres enfants que j'observais de loin, parfois avec envie. Ma mémoire l'a probablement occultée mais il parait que j'étais souvent à toute seule dans mon coin en train de regarder dans le vide ou grattant le sol avec un bâton.

Et puis nous avons déménagés à Boston et les choses ont empirés. Rien à voir avec ma famille, non. Eux étaient toujours les mêmes. Je parlais plutôt de ce qu'il m'est arrivé dans ma nouvelle école. Si on me laissait tranquille parce que j'étais une solitaire à Eureka, être seule à Boston me désignait comme une victime potentielle...

Je n'avais rien de particulier. Je n'étais pas noire, je n'étais pas grosse mais j'étais seule et passive. Mes camarades, voyant que je ne me défendais jamais, on fait de moi leur bouc émissaire. Et ma vie est devenue un enfer. On me volait mes affaires, rackettais mon déjeuner. Sans aucune violence physique, vu que je ne cherchais pas à me débattre. Mais la violence mentale était bien plus dévastatrice. Je n'osais en parler à personne et mon isolement s'accentua. Et mes résultats scolaires ont commencés à en pâtir.

Je n'osais pas en parler à mes parents. A leurs yeux, j'étais leur petite fille modèle, je ne voulais pas les décevoir. Mes notes commençaient à être un sujet de tension entre nous. A cette période, je jouais beaucoup aux jeux vidéos, pour échapper à mon quotidien plutôt merdique. Ils croyaient que c'était à cause de ce passe temps que mes résultats étaient en chute libre et prirent la décision de me supprimer ça le temps de l'année scolaire. Ça ne m'aida pas à aller mieux et encore moins à parler...

Il me fallut un peu de temps avant d'arriver à me faire quelques amis. Déjà que ma nature peu sociable me compliqué la tâche, les ados ne perdent pas de temps avec une personne qui peut leur coller la honte. La réputation avant tout.

Néanmoins j'ai quand même eu un petit ami à l'époque. Il était très gentil avec moi. Je n'avais jamais reçu d'amour de la part d'une autre personne que mes parents alors je m'imaginais déjà passer ma vie à ses côtés. Pour une fois je voyais la lumière au bout du tunnel... Malheureusement, c'était celle d'un lance flamme.

Ce garçon que j'aimais tant... Il était avec moi car il avait fait un pari avec ses copains. Du jour au lendemain, il a commencé à s'éloigner de moi. Ne répondant plus à mes messages ou alors disant qu'il était occupé. Je me suis rendu compte de la supercherie en le voyant avec un ami à lui alors qu'il était censé être chez ses grand-parents. Le prenant sur le fait, il m'a tout avoué. Y compris son dégoût pour moi. Je pensais avoir touché le fond, j'étais en train de creuser encore plus bas.

Mon harcèlement à l'école, cet amour déçu... Oui, j'ai voulu en finir... On ne pouvait avoir confiance en personne dans ce monde pourri alors je voulais le quitter une bonne fois pour toute. Ça a commencé avec des scarifications pour tenter d'évacuer la douleur... Et finalement un jour, je suis montée sur l'un des plus hauts immeubles de Boston, déterminée à m'y jeter. C'est à ce moment là que mon ange gardien est intervenue pour me rattraper avant que je ne saute.

Grâce à son intervention, je n'avais rien... A peine quelques égratignures. J'étais en colère contre lui, d'avoir interrompu le peu de courage qui j'avais pour faire ce saut mais j'étais également triste... Et dans mes sanglots je lui ai tout raconté... Ça m'a fait du bien... Beaucoup de bien... Cet ange a apporté sa vision des choses sur ma vie... Et tout a commencé à changer.

Les choses n'ont pas changés en un jour bien entendu mais je n'avais pas à encaisser les humeurs des uns et des autres sans rien dire. Est-ce qu'eux se soucier de ce que je pouvais ressentir ? Non, bien sur que non... Alors j'ai commencé à répliquer. A montrer quoi moi aussi, j'existais. Pour moi. Pas pour eux. La rencontre avec mon ange m'avait ouvert les yeux.

Mes parents ignorent toujours qu'il s'est passé à cette époque. Je n'ai pas trouver la force nécessaire pour leur dire. Peut être que j'emporterais ce secret dans ma tombe...

Mes résultats ont eu du mal à s'améliorer. Avec ces histoires, j'avais pris beaucoup de retard... Néanmoins j'ai eu la chance de tomber sur un délégué de classe particulièrement concilient au High School qui me donna des cours du soir. Je vous arrête tout de suite, il ne s'est rien passé entre lui et moi. Il était plutôt mignon et gentil, oui. Mais nous n'avions en commun que notre classe. Nous n'étions pas du même monde et je n'ai jamais fantasmé sur lui. C'est grâce à lui que j'ai pu me mettre au niveau pour rentrer à l'université.

Que dire de mes premières années d'université, mise à part que ma filière n'est pas vraiment la plus fréquenté de l'école. J'ai rencontré des gens merveilleux, trouvé mon rythme entre les cours, le travail, mes passions, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Jusqu'à ce que je tombe amoureuse du garçon qui était mon meilleur ami, Milo Novak... Je ne sais pas vraiment comment les choses ont dérapées, mais j'ai perdu le fil de ma vie. Le cœur brisé après qu'il m'ait quitté, j'ai appris que j'avais un cancer du poumon à un stade avancé. Veritas s'en est mêlé et voilà que tout Boston prend Milo pour un salaud.

Quelques temps plus tard, c'est l'homme que je considérais comme frère qui meurt, abattu dans une ruelle... C'était trop pour moi. J'ai lâché l'université et je suis partie au Japon pendant quelques temps... J'avais besoin de changer d'air, de vie... De repartir à zéro. J'y suis resté plusieurs mois.

Mais ma maladie a empirée... Et les hôpitaux japonais ne sont pas réellement une bonne expérience. On m'a fait rapatrié à Boston en urgence pour que je sois prise en charge par le médecin que Milo avait trouvé pour moi avant que je parte. Aujourd'hui j'en suis là... Je suis faible mais pas à terre.